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  • Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la délinquance étrangère en France.

     

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    Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur

    Les médias ont récemment braqué leurs projecteurs sur des faits divers, parfois tragiques, impliquant des étrangers présents en France, légalement ou non. Pour prendre la mesure quantitative de la délinquance étrangère dans notre pays, force est de constater que les statistiques disponibles sont à bien des égards insuffisantes. À la suite d’autres parlementaires et leaders politiques, la sénatrice Valérie Boyer a, il y a quelques jours, interpellé le gouvernement afin d’obtenir davantage d’informations à ce sujet. Dans l’attente d’une hypothétique réponse, il faut se contenter de l’existant. Le présent article recense quelques données chiffrées officielles disponibles, et, parfois, leurs limites.

    Immigré ou étranger ?

    Les statistiques présentées ci-après ne concernent pas les immigrés au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration : est un immigré une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France (1). Les chiffres retenus ne concernent en effet que les personnes de nationalité étrangère présentes en France. Seules des statistiques ethniques permettraient d’appréhender la délinquance parmi la population immigrée au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration, ou au sens plus large qui a cours notamment aux Pays-Bas (personne née de parents d’origine étrangère) (2).

    Les statistiques officielles, un prisme réducteur

    Il est tout aussi important de souligner que les statistiques officielles que nous présentons ne concernent que le nombre de personnes mises en cause, condamnées et écrouées. Elles ne rendent compte qu’imparfaitement de l’ampleur de la délinquance en France, qu’elle soit le fait de Français ou d’étrangers. En effet, de nombreux délits ne sont pas connus des forces de sécurité, et, quand ils le sont, tous ne sont pas élucidés. Seule la partie émergée de l’iceberg est donc présentée.

    Les étrangers parmi les personnes mises en cause en 2021

    Le ministère de l’Intérieur publie chaque année un bilan sur l’insécurité et la délinquance. Ce document comptabilise les procédures relatives aux infractions pénales enregistrées par les services de police et les unités de gendarmerie avant leur transmission à l’autorité judiciaire. La mise en cause pénale ne se traduit pas forcément par une condamnation. L’autorité judiciaire peut par la suite requalifier les infractions et, si la procédure va jusqu’à l’audiencement au tribunal, relaxer ou condamner les personnes mises en cause.

    Selon l’INSEE, les étrangers vivant en France représentaient « officiellement » 7,7 % de la population française en 2021 (3). Cette même année, le bilan établi par le ministère de l’Intérieur fait ressortir que les étrangers ont été fréquemment surreprésentés parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits (4) :

    Les étrangers présents en France ont représenté en 2021 :

    • 13 % des mis en cause pour violences sexuelles ;
    • 16 % des mis en cause pour coups et blessures volontaires ;
    • 18 % des mis en cause pour homicide ;
    • 22 % des mis en cause pour vols avec arme ;
    • 23 % des mis en cause pour escroquerie ;
    • 31 % des mis en cause pour vols sans violence contre des personnes ;
    • 35 % des mis en cause pour vols violents sans arme ;
    • 40 % des mis en cause pour cambriolages de logements.

    Les dernières informations relatives à l’origine géographique des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit produites par l’INSEE remontent à 2019. Celles-ci font apparaître que 37,6 % des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit cette année-là étaient issus du Maghreb, 20,6 % étant issus d’autres pays africains (5).

    Les vols et violences enregistrés dans les transports en commun

    Le service statistique du ministère de l’Intérieur recense périodiquement le nombre de personnes mises en cause pour vol et/ou violence dans les transports en commun (6). Le bulletin de septembre 2022 d’Interstats fait ressortir qu’en 2021 :

    • les étrangers représentaient 74 % des mis en cause pour vols sans violence et 50 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun hors Île-de-France ;
    • les étrangers représentaient 93 % des mis en cause pour vols sans violence et 81 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun en Île-de-France.

    Les ressortissants des pays du Maghreb sont les plus représentés parmi les étrangers mis en cause pour ces infractions, dans une proportion oscillant entre 39 % (vols avec violence hors IDF) et 68 % (vols avec violence en IDF).

    La délinquance des mineurs non accompagnés

    Deux parlementaires ont rendu public en mars 2021 un rapport d’information sur « les problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés » (MNA) (7). Les rapporteurs de la mission d’information soulignent l’absence de statistiques nationales sur la délinquance des MNA. Des auditions et le recueil d’informations glanées ponctuellement leur ont toutefois permis de dresser une tendance : les faits de délinquance de MNA augmentent fortement depuis quelques années.

    Le document contient notamment les informations suivantes.

    Le nombre de MNA déférés au parquet de Paris est passé de 1 557 en 2015 à 2 958 en 2019, soit une progression de + 7 %. Dans le périmètre de la préfecture de police de Paris, le nombre de MNA mis en cause n’a jamais été aussi important qu’en 2020 en nombre (5 046) et en proportion (11 % du total des mis en cause). Les actes délictueux seraient de plus en plus souvent commis avec violence.

    En province, à défaut de données statistiques nationales, les rapporteurs ont obtenu des informations de responsables départementaux de la sécurité publique. Ainsi, dans le département de la Gironde, « 23 % des mis en cause mineurs étaient MNA en 2018, contre plus de 40 % en 2020 ».

    Les condamnations

    Les informations les plus récentes du ministère de la Justice relatives au nombre de condamnations selon la nationalité et la nature des infractions concernent l’année 2020 (8). Celles-ci font ressortir les éléments suivants :

    • 305 condamnations ont été prononcées du chef d’une infraction criminelle (homicide, coup et violence, viol, etc.) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 17,64 % du total des condamnations (1 732). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour une infraction criminelle sont la nationalité algérienne (54) et marocaine (36).
    • 72 750 condamnations ont été prononcées du chef d’un délit (vols, escroquerie, destruction, dégradation) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 18,72 % du total des condamnations (463 445). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour un délit sont la nationalité algérienne (12 934), marocaine (8 368) et tunisienne (5 503).

    Les personnes écrouées en France

    Le ministère de la Justice publie chaque trimestre des statistiques sur les personnes écrouées en France (9). Il est important de signaler qu’écroué ne veut pas systématiquement dire condamné. Le bureau de la donnée de l’administration pénitentiaire précise à ce sujet qu’« est écrouée toute personne ayant fait l’objet d’une mise sous écrou. L’écrou est l’acte par lequel est établie la prise en charge par l’administration pénitentiaire des personnes placées en détention provisoire ou condamnées à une peine privative de liberté ». Le placement sous écrou peut se traduire par une autre mesure que la détention, comme le placement sous surveillance électronique ou le placement à l’extérieur sans hébergement.

    Les étrangers représentaient en octobre 2021 (derniers chiffres disponibles) 24,9 % des personnes écrouées et détenues. Les Africains représentaient 56,9 % des étrangers écroués et détenus, les Algériens 20,2 %, les Marocains 12,9 % et les Tunisiens 6,5 %.

    Ces différents chiffres montrent donc indéniablement une surreprésentation des étrangers parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits, parmi les personnes condamnées et parmi les personnes écrouées.

    Paul Tormenen (Polémia, 25 octobre 2022)

     

    Notes :

    (1) Immigré. Définition. Site de l’INSEE.
    (2) Michèle Tribalat. Assimilation : la fin du modèle français. Ed. du Toucan. 2013.
    (3) Population immigrée et étrangère en France. Données annuelles de 1921 à 2021. INSEE.
    (4) « Insécurité et délinquance : bilan statistique 2021 ». Ministère de l’Intérieur.
    (5) « Sécurité et société ». Auteurs des mis en cause par la police et la gendarmerie selon la nationalité. Année 2019. INSEE.
    (6) « Les vols et violences enregistrés dans les réseaux de transports en commun en 2021 ». Interstats Analyse n° 48.
    (7) « Problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés ». Mission d’information. Jean-François Eliaou et Antoine Savignat. Assemblée nationale. Mars 2021.
    (8) Nombre de condamnations selon la nationalité des condamnés et selon la nature de l’infraction. Ministère de la Justice. 21 décembre 2021.
    (9) Statistique trimestrielle des personnes écrouées en France. Situation au 1er octobre 2021.

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  • Des centres-villes abandonnés par les Français de souche ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michèle Tribalat, cueilli sur Atlantico et consacré à l'abandon des centre-villes par les Français de souche appartenant aux classes moyennes et inférieures. Michèle Tribalat est démographe et est l'auteur de Les yeux grands fermés - L'immigration en France (Denoël, 2010).

     

     

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    En Angleterre, les Blancs fuient les centres-villes... et en France ?

    À Londres, les blancs pourraient devenir minoritaires bien plus tôt que prévu, en raison d’un retrait des quartiers aux fortes concentrations au profit du périurbain et de la campagne. Il semble qu’il s’agisse plutôt de familles aisées. Ces départs renforcent les concentrations. À l’occasion de la publication des résultats du recensement de 2011, 1es Britanniques découvrent ce « white flight », jusque-là passé relativement inaperçu.

    En France, on retrouve ce processus de séparation dans lequel les natifs au carré[1] des catégories populaires sont tout particulièrement engagées. On a pris l’habitude de les appeler les invisibles. Mais qu’ont-ils donc d’invisible et aux yeux de qui ?

    Les catégories populaires sont encore majoritaires dans ce pays et formées à 80 % de natifs au carré. Ils ne devraient donc pas passer inaperçus.

    En fait, ils sont invisibles aux yeux des catégories supérieures dans lesquelles se recrutent les élites et qui résident dans les grands centres urbains. Vue de Paris, la classe ouvrière native au carré a disparu. À Paris, au cours des 40 dernières années (1968-2009), la proportion d’ouvriers parmi les actifs ayant déjà travaillé âgés de 25-54 ans est passée de 26 % à 8 %, celle des cadres de 14 % à 45 %[2]. Et les ouvriers qui y résident sont très majoritairement d’origine étrangère. Au total, en 2008, 6 % seulement des ouvriers natifs au carré âgés de 18-50 ans résidaient en Ile-de-France, contre 37 % des immigrés et des enfants d’immigrés de même âge et de même catégorie sociale.

    Les ouvriers natifs au carré habitent désormais préférentiellement loin des grands centres urbains : six sur dix âgés de 18-50 ans résidaient en 2008 dans les communes de moins de 20 000 habitants. Au contraire, les cadres (y compris les professions intellectuelles supérieures) résident dans les grands centres urbains, là où se trouvent aussi la nouvelle armée d’employés et d’ouvriers des services qui sont eux plutôt d’origine étrangère. Cette concomitance a laissé croire aux premiers que les catégories populaires se résumaient désormais à ces derniers. C’est aussi bien pratique, notamment pour une nouvelle gauche qui a décidé d’abandonner l’électorat des natifs au carré des catégories populaires à la droite ou à l’extrême droite au profit d’une cible électorale qui, d’après Jean-Philippe Huelyn « relève plutôt de la liste de course »[3] et dans laquelle « les minorités des quartiers populaires » figurent en bonne place.

    Ces natifs au carré des catégories populaires maximisent leur chance de vivre dans un environnement social pas trop dégradé dans les petites communes du rural ou du périurbain. Alors que c’est précisément le contraire pour les catégories supérieures qui maximisent la qualité de leur environnement social dans les grands centres urbains. Contrairement à ces dernières, ils n’ont pas les moyens financiers de la frontière dans les grands centres urbains. C’est toujours dans ces petites communes que les natifs au carré des catégories populaires vivant dans les quartiers les plus pauvres minimisent le voisinage avec des populations d’origine étrangère et notamment avec des musulmans. Voisinage dont sont largement épargnés, quel que soit leur lieu de résidence, ceux qui vivent dans des environnements plus riches. Et qui sont aussi précisément ceux qui ont un avis sur la manière dont les moins dotés devraient réagir à cette cohabitation : en faisant preuve d’ouverture et de tolérance.

     

     
    En vivant à la grande périphérie des grands centres urbains, les natifs au carré échappent aux quartiers les plus défavorisés et aussi plus volontiers aux expériences racistes qui vont avec. Ils échappent aussi à la mise en minorité qui leur enlève leur statut de référent culturel, selon l’expression de Christophe Guilluy[4].
     
    Michèle Tribalat (Atlantico, 4 février 2013)
     

    Notes :

    [1] Nés en France de deux parents nés en France.

    [3] « Où en est le vote ouvrier », note n°151, Fondation Jean-Jaurès, 8 janvier 2013.

    [4] Fractures françaises, François Bourin, 2010.

     
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