Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

référendum - Page 4

  • Les marchés et les oligarques n'aiment pas la démocratie !...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la crise grecque. A l'issue de ces quelques jours, on a bien compris que non seulement les oligarques n'aimaient pas la démocratie mais aussi qu'ils ne rechigneraient pas à la museler le cas échéant... Nous sommes plus si loin de la doctrine de la souveraineté limitée chère à Brejnev et aux dirigeants de l'Union Soviétique...

    Oligarques.jpg

     

     

    Les marchés et les oligarques n'aiment pas la démocratie

    Après des semaines de palabres et de sommets internationaux, les gouvernements avaient laborieusement mis au point un nouveau plan de sauvetage de la petite Grèce dont le risque de faillite menaçait, paraît-il, la survie de l’euro : un plan qui exigeait de nouveaux « efforts » de la part des Grecs. Les marchés retrouvaient déjà l’euphorie à l’annonce de ce succès magnifique ! Car les marchés aiment bien que ce soient les peuples qui fassent les sacrifices à leur place.

    Quelle audace !

    Mais voilà que le premier ministre grec annonce qu’il soumettra ce nouveau plan – c'est-à-dire les engagements qu’il a été contraint de prendre au nom de son pays – ainsi que le maintien de la Grèce dans la zone euro, à un prochain référendum.
    Panique dans les salles de marchés : la Bourse de Milan perd du coup 6,8%, celle de Paris 5,38% et New York 2,48% ! Quelle audace ! De quoi se mêle-t-il, celui-là ?

    La propagande de l’oligarchie financière

    Nicolas Sarkozy s’est immédiatement fendu d’un communiqué indiquant que « si donner la parole au peuple est toujours légitime » il convenait néanmoins que chaque pays fasse les efforts requis par la solidarité européenne. En d’autres termes, les Grecs seraient autorisés à voter, mais seulement pour adopter les sacrifices requis par les « grands argentiers ». Le peuple grec, qui souffre depuis quatre ans d’une cascade de mesures de rigueur sans précédent en Europe, ne doit surtout pas s’inviter à la table des négociations. La survie de l’euro est une chose trop grave pour la confier à ces Grecs mafieux, feignants et vivant sur la bête européenne comme tend à nous le faire croire une propagande insidieuse au service de l’oligarchie financière depuis quelques mois.

    L’hypocrite communiqué de Nicolas Sarkozy prend toute sa saveur dans la bouche de celui qui a refusé de tenir compte des résultats négatifs en France du référendum sur la prétendue constitution européenne et qui s’est empressé de l’imposer par la voie détournée de la ratification parlementaire du Traité de Lisbonne.

    Les marchés n’aiment pas les peuples

    Car les marchés n’aiment pas les peuples souverains et fiers d’eux-mêmes. Ils préfèrent avoir affaire à des foules solitaires manipulées, à des consommateurs endettés et à une docile ressource humaine, sommée de s’adapter en permanence à leurs exigences changeantes.

    La démocratie qu’ils souhaitent est une démocratie domestiquée : domestiquée par le politiquement correct, par les médias, par le chantage économique, le cas échéant. Et peut-être un jour par la guerre. Les Irlandais ont été priés de revoter jusqu’à ce qu’ils approuvent le traité constitutionnel : pour les y contraindre les grandes entreprises transnationales ont menacé de remettre leurs projets d’investissement et donc de frapper directement l’emploi des Irlandais. Vous avez dit « Etat de droit» ?

    Un déni permanent de démocratie

    Toute la construction européenne repose ainsi sur un déni permanent de démocratie : elle se résume, en effet, à la mise en place d’un ordre oligarchique qui repose sur trois piliers : la Commission, c'est-à-dire les bureaucraties bruxelloises, les juges de la Cour de justice européenne et, enfin, l’indépendance de la Banque centrale européenne ; trois entités qui ont justement pour caractéristique d’être irresponsables devant les peuples dont ils façonnent pourtant chaque jour un peu plus le destin. L’Union européenne repose sur la déconstruction de la souveraineté des Etats, c'est-à-dire de la souveraineté des peuples européens. Elle repose aussi sur le refus d’assumer et de protéger ses frontières, que l’on a cherché au contraire à détruire avec constance car derrière les frontières il y a l’identité européenne. Mais l’oligarchie européenne ne rêve que d’une Europe ouverte à tous les vents, composée surtout d’immigrés, car elle ne veut surtout pas que notre continent soit un « club chrétien ».

    Les peuples européens n’ont été nullement consultés directement sur cette dérive oligarchique et totalitaire des institutions européennes, que le prétendu « parlement européen » a toujours revêtu de son onction.

    Quand on croyait encore à la croissance tout allait bien. Mais maintenant que vient l’heure des comptes et des sacrifices, on commence à s’interroger sur les belles promesses dont on nous a bercés. L’euro nous rend plus forts ? Mais ce n’est manifestement pas le cas dans les pays du sud de l’Union. Et comment se fait-il que la croissance stagne justement dans la zone euro ? La BCE nous protège de l’inflation ? Oui mais pas des déficits ni du chômage ! Et pourquoi faut-il que le contribuable renfloue les banques ?

    Qui t’a fait roi, disent désormais de plus en plus fort les peuples « indignés » à l’encontre de l’oligarchie européenne.

    Vive la Grèce !

    Quel symbole : la petite Grèce, patrie historique de la démocratie sur notre continent, mère des sciences et des arts et qui a su se libérer du joug ottoman, menace le diktat des marchés. L’ombre de quelques bulletins de vote fait trembler Wall Street ! Tout n’est donc pas perdu. La Grèce nous ouvre une porte.

    Michel Geoffroy (Polémia, 2 novembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Comment rétablir la démocratie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte assez étonnant de l'économiste souverainiste Jacques Sapir, publié par le site de l'hebdomadaire Marianne, qui évoque le recours à la dictature pour rétablir une démocratie indépendante dans notre pays. Un signe parmi d'autre que la crise économique pourrait rapidement prendre un tournure politique dans les mois à venir, voire se transformer en crise de régime... 

     

    Sapir.jpg

     

    L'une des leçons les plus claires que l’on puisse tirer du mouvement social de ces dernières semaines est qu’il a bénéficié d’une très forte légitimité, chose qui va de pair avec le discrédit qui frappe une bonne partie des élites politiques. Le gouvernement et le président ont voulu opposer à cela la légitimité qu’ils tirent de l’élection. Le conflit de légitimité ne saurait pourtant exister que dans la tête de quelques-uns. Il relève en fait de l’ignorance dans laquelle se trouvent nombre de commentateurs.

    L’élection ne garantit pas en effet la légitimité pour la totalité du mandat, ainsi que le prétendent tant les porte-paroles du gouvernement que ceux du président. Ceci revient à oublier, ou à ignorer, la différence qui existe entre le « Tyrannus absque titulo » et le « Tyrannus ab exertitio ».

    Dans le premier cas, on appelle « Tyran », ou frappé d’illégitimité, celui qui arrive au pouvoir par des voies injustes. Ceci n’est pas le cas du pouvoir actuel et nul n’a contesté les élections tant présidentielles que législatives, ni leurs résultats. Mais, -et l’on voit ici que la légitimité ne se confond pas avec la légalité-, nous avons un second type de « Tyran », celui qui est « arrivé au pouvoir par des voies justes et qui commet des actes injustes ». Tel est le cas devant auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.

    De fait, et exprimés en termes modernes, ceci revient à dire qu’un candidat ne saurait à la veille de son élection tout prévoir et faire des promesses couvrant la totalité du champ des possibles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le législateur a, fort justement, proscrit le mandat impératif. Quand le candidat désormais élu doit faire face à des éléments imprévus, ou doit prendre des décisions par rapport auxquelles il ne s’est engagé que de manière très vague, il doit nécessairement faire la preuve de nouveau de sa légitimité et ne saurait la tenir pour acquise du simple fait de son élection.

    Or, nous avons typiquement sur la question des retraites un débat sur la « justice », qui renvoie aux principes mêmes de notre Constitution, tels qu’ils sont exprimés dans son préambule. Notons, d’ailleurs, que ce débat fut précédé par quelques autres, qui ne plaidaient pas franchement pour le gouvernement.

    En cherchant à passer « en force », en refusant le débat sur le fond, le pouvoir a été contraint d’exercer des moyens qui, étant dès lors dépourvus de légitimité, sont devenus par eux-mêmes des facteurs de trouble et de désordre. Il se propose désormais de doubler la mise en jetant en chantier le projet d’un nouveau traité européen qui sera probablement appelé à être ratifié en contrebande par des majorités de circonstance.

    La constitution de ce pouvoir en « Tyrannus ab exertitio » se révèle dans ses actes présents comme dans ses desseins futurs.

    Ceci ne fait que révéler la crise de la Démocratie que nous vivons de manière particulièrement intense depuis 2005 et qui s’est révélée au grand jour par l’abstention phénoménale lors des élections européennes. Dans une telle situation, les trajectoires que peuvent décrire les mouvements sociaux dépassent, et de très loin, leurs objectifs immédiats. Certains ont remarqué la dimension « anti-Sarkozy » qu’avait revêtue le mouvement. Mais nul ne s’est interrogé sur son origine. Dans ce mouvement s’est exprimée très profondément l’illégitimité du pouvoir et le refus de cette illégitimité par le peuple.

    La Tyrannie appelle alors la Dictature. Ce mot ne doit pas être ici entendu dans son sens vulgaire, qui en fait un synonyme du premier, mais bien dans son sens savant. La Dictature est en effet une partie intégrante de la Démocratie. Il s’agit de la fusion temporaire des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) dans le but de rétablir les principes de la Démocratie. C’est bien un pouvoir d’exception, mais dans le cadre des principes de l’ordre démocratique.

    Il faut donc poser la question de savoir si, pour rétablir la Démocratie et par là la souveraineté du peuple, compte tenu des dérives que nous connaissons depuis certaines années, il ne nous faudra pas en passer par l’exercice de la Dictature. Cette dernière n’aurait alors pas d’autres buts que de rétablir dans son intégralité les principes de notre Constitution, tels qu’ils sont inscrits dans son préambule où l’on affirme le principe d’une République sociale. Quand j’ai évoqué, il y a quelques semaines, la possibilité de gouverner par l’article 16 pour mettre entre parenthèses certains des traités qui font obstacle à l’accomplissement des principes contenus dans le préambule de notre Constitution, je ne pensais pas à autre chose.

    Il est certes possible que l’on puisse éviter encore d’y avoir recours, et que l’on puisse sauver notre démocratie si malade et si mal traitée. Mais, ce sera par la combinaison des formes actuelles avec une organisation permanente d’une partie de la population dans les Comités d’Action et de Résistance et par le recours, sur des questions précises et avec un libellé clair, au référendum.

    Cependant, plus nous avançons et nous éloignons des principes de la Démocratie et plus la Dictature apparaîtra comme la seule issue qui nous reste possible. Tel est, aussi, l’enjeu de ces dix-huit mois qui nous séparent des échéances électorales de 2012.

    Jacques Sapir (Marianne, 4 novembre 2010)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!