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céline - Page 15

  • La critique des bagatelles...

    Avec L'accueil critique de Bagatelles pour un massacre, André Derval publie aux éditions Ecritures un ouvrage qui devrait passionner tous les amateurs de Céline. Il regroupe les articles que les grandes plumes de la critique des années trente ont consacré au livre lors de sa sortie. A lire en attendant une réédition officielle de ce monument du pamphlet !... 

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    "Censuré depuis 1945 par son auteur et jamais republié depuis, Bagatelles pour un massacre sort le 28 décembre 1937 chez Denoël, en même temps que L'Espoir de Malraux. Ce n'est certes pas le premier pamphlet antisémite, mais c'est le plus violent, le plus grossier et -circonstance aggravante- le plus talentueux jamais paru en France. Récompensé par d'excellentes ventes, il est aussitôt traduit en Allemagne. L'espace d'un pamphlet truffé d'épisodes narratifs, Céline abandonnait le roman pour s'égarer en politique et sceller son destin.
    L'ambivalence de Bagatelles - essai polémique ou oeuvre littéraire ? - est au coeur de la réception critique du livre. André Gide, dans la NRF, préfère croire à une énorme rodomontade (sans quoi Céline serait « complètement maboul ») ; tandis que Lucien Rebatet, dans Je suis partout, le félicite d'avoir « allumé le bûcher ». À gauche mais aussi à droite, on souligne souvent l'obscénité et la malhonnêteté du raisonnement, inspiré voire bassement recopié des prospectus de propagande, certains reprochant même à Céline de discréditer l'antisémitisme. Mais tous ou presque soulignent la truculence rabelaisienne de Bagatelles, dont l'extrême nocivité est rarement dénoncée, si ce n'est par la presse juive.
    Ce dossier critique, souvent déroutant pour le lecteur moderne,regroupe soixante articles parus de janvier à décembre 1938, sous la plume de Marcel Arland, André Billy, Robert Brasillach, Léon Daudet, André Gide, Emmanuel Mounier, Lucien Rebatet, Jean Renoir, Victor Serge... On y voit avec effarement, explique André Derval en avant-propos, « la réalité virer au cauchemar, et des voix que l'on entendait sensées et mesurées verser dans les pires partis pris et dans l'outrance - épousant en cela le mouvement plus général de l'intelligentsia française au sujet des réfugiés juifs dans les années 1930»."

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  • Lorsque le vitriol remplace l'encre !

    Frédéric Saenen, fondateur de la revue  de réflexion politique Jibrile, collaborateur régulier du Magazine des livres et polémiste de talent, vient de publier un Dictionnaire du pamphlet aux éditions Infolio. De Georges Bernanos à Lucien Rebatet, en passant par Louis-Ferdinand Céline, Régis Debray, Michel-Georges Micberth, Philippe Muray, Marc-Edouard Nabe et bien d'autres, de bonnes idées de lectures pour pouvoir rester en colère jusqu'a son dernier souffle !

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    "Le pamphlet s'est imposé comme genre littéraire en France à l'issue de la période révolutionnaire. Son essor est parallèle à celui de la presse d'opinion, qui fleurira surtout sous la IIIe République.

    Voué à tomber dans l'oubli parce qu'étroitement lié à un contexte historique précis, le pamphlet est souvent méconsidéré à cause de la violence verbale que déploie son auteur pour affirmer ses convictions. Et pourtant… La littérature française ne serait sans doute pas ce qu'elle est si Victor Hugo, Émile Zola, Georges Bernanos ou les surréalistes n'avaient eu le courage – ou l'outrance – de fulminer contre leur époque, et de s'affirmer détenteurs d'une Vérité, même partielle. Même partiale.

    Article de journal, brochure de quelques feuillets ou pavé de deux mille pages, le pamphlet vaut autant par sa force de dénonciation que par ses qualités rhétoriques et stylistiques. Il peut atteindre au sublime comme au sordide, mêler « la boue et l'or » comme on le disait à propos de l'oeuvre de Henri Rochefort.

    Le « Dictionnaire du pamphlet », précédé d'une introduction, permet de découvrir une galaxie d'auteurs, pamphlétaires par vocation ou occasionnels, dont les oeuvres, quel que soit le jugement que l'on puisse porter sur leur valeur ou leur pertinence, jalonnent l'étendue d'un continent tout de papier et d'encre : celui de la Colère."

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  • Les idées politiques de Céline

    Les éditions Ecriture viennent de rééditer dans la collection « Céline & Cie », dirigée par Émile Brami, un ouvrage de Jacqueline Morand-Deviller, professeur de sciences-politique, intitulé Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline, qui avait été publié initialement en 1972. L'ouvrage a la réputation d'être particulièrement honnête et, notamment, de replacer l'écriture des pamphlets dans le contexte socio-politique du moment.

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    "Céline s'est toujours défendu de s'être engagé politiquement, rappelant qu'il n'adhéra jamais à aucun parti, se flattant d'être un « homme de style » dépourvu de « message ». Ses écrits l'ont pourtant associé aux controverses politiques de son époque.
    « Trois thèmes principaux se détachent. Le pacifisme semble l'avoir emporté par la vigueur du sentiment. L'antisémitisme a chargé l'écrivain du fardeau d'un péché capital. Le socialisme, entendu au sens large, l'a entraîné dans la voie d'un «communisme Labiche» et dans des projets largement utopiques d'organisation sociale. L'anarchisme et le fascisme, attitudes politiques souvent attribuées à l'écrivain, méritent discussion », explique l'auteur.
    Une autre approche de la pensée célin ienne fait de l'écrivain un précurseur à la fois de la démarche existentialiste et des philosophies de l'utopie. Si l'acceptation tragique et absurde de l'existence, le sens du nihilisme se retrouvent dans la pensée sartrienne, Céline se réfugia plutôt dans l'« utopie concrète », selon le mot d'Ernst Bloch, la plupart de ses propositions s'inspirant de cet « idéalisme pessimiste » cher à Marcuse.
    Enfin, les pamphlets, motifs de sa condamnation définitive. S'ils ne semblent pas avoir influencé profondément l'immédiat avant-guerre, leur outrance même desservant leur cause, la critique des m aux de son époque demeure comme un témoignage de la crise des esprits, caractéristique des années 1930. Ici, « dogmatisme brutal, provocation, lyrisme, recherche de l'effet aux dépens de la rigueur sont autant d'artifices et d'obstacles à franchir pour dégager l'idée elle-même »."
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  • L'argot est né de la haine

    Les éditions André Versailles viennent de publier L'argot est né de la haine, un recueil de textes courts, violents et passionnés de Louis-Ferdinand Céline, dont le célèbre et génial "A l'agité du bocal", adressé à Sartre (la "ventouse baveuse" !...). L'ensemble est présenté par Raphaël Sorin.

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    "“Non l’argot ne se fait pas avec un glossaire, mais avec des images nées de la haine, c’est la haine qui fait l’argot. L’argot est fait pour exprimer les sentiments vrais de la misère. Lisez L’Humanité, vous n’y verrez que le charabia d’une doctrine. L’argot est fait pour permettre à l’ouvrier de dire à son patron qu’il déteste : tu vis bien et moi mal, tu m’exploites et roules dans une grosse voiture, je vais te crever…
    Mais l’argot d’aujourd’hui n’est plus sincère, il ne résiste pas dans le cabinet du juge d’instruction. J’attends toujours le truand qui fera fuir le juge avec son argot. Dans les prisons d’aujourd’hui, on file doux :
    oui Monsieur, bien Monsieur. On y est bien sage et on n’y parle pas l’argot, j’en ai fait l’expérience. Le temps est loin où Mandrin risquait chaque jour la Grève.
    Il n’y a plus aujourd’hui que l’argot des bars à l’usage des demi-sels pour épater la midinette, et l’argot prononcé avec l’accent anglais à l’usage du XVIe.”


    Que ce soit dans des entretiens pris au vol, dans des textes écrits ou dans certaines correspondances, tout est occasion, aux yeux de Céline, pour crier sa haine contre les “hommes à idées” et pour défendre, avec plus de virulence encore, le style – rien que le style…
    La littérature et la haine, l’amour et la lecture, l’art et la mort, l’écriture et le cinéma… tout explose, à jet continu – parcelles et morceaux de lui-même, rassemblés autour de ses propres œuvres.
    Le style aussi, pour hurler sa rage contre Sartre ; le style encore, pour rendre hommage à Zola ; le style, enfin, pour un aveu sur Rabelais…"
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  • Michel Audiard romancier

    Les éditions Denoël rééditeront début juin le roman de Michel Audiard, intitulé La nuit, le jour et toutes les autres nuits, initialement publié en 1978. Nous reproduisons ici un article qu'Olivier Maison avait consacré à ce livre dans l'hebdomadaire Marianne en 1998.

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    La nuit, tous les cous sont gris
     
    Michel Audiard est un dialoguiste hors pair. C'est entendu. Il a aussi écrit un roman d'anthologie: La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (1). C'est moins connu. Le Audiard romancier mérite pourtant qu'on s'y arrête, même si la renommée des oeuvres de ce La Rochefoucauld des faubourgs ne dépasse pas le cercle des initiés: «Mes projets, déclarait-il (2), continuer d'écrire un genre de films que tout le monde va voir et un genre de livres que personne ne lit. C'est étudié pour.» Qui a vu les films d'Audiard avance cependant en terres familières dans ses romans où il «usine dans le sarcasme». On y retrouve la saillie virile, le raccourci métaphorique, la périphrase décapante. Mais la référence au dialoguiste fait de l'ombre au romancier. Ce stakhanoviste du dialogue ciselé prenait son temps avec les romans, jusqu'à réécrire cinq fois les mêmes pages. Lui qui pouvait finir un dialogue entre deux parties de boules...


    Au cinéma, il écrivait sur commande, pour des acteurs qu'il connaissait. Il s'imprégnait de leurs mimiques, de leur phrasé. Voulait les rencontrer avant de les faire parler. Quitte à tout réécrire au cas où le casting changeait. «Pour Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, raconte André Pousse, l'ami des débuts, l'intime, une actrice lui avait fait faux bond. Je lui ai proposé Marlène Jobert qui débutait à l'époque. Il lui a fixé rendez-vous et suite à cette rencontre, il a totalement réécrit son rôle.»


    Mais pour ses derniers livres, c'est avec sa jeunesse que Michel Audiard avait rendez-vous. Celle de l'insouciance, malgré les putasseries de la guerre. Cette drôle d'époque qui était l'occasion de drôles de rencontres. Le P'tit Cheval de retour, que Julliard a la bonne idée de rééditer, et la Nuit, le jour et toutes les autres nuits sont ses deux derniers romans largement autobiographiques. Les deux plus aboutis aussi. Ils constituent un diptyque sur deux périodes troubles de notre Histoire: la débâcle et la Libération. Dans le premier, Audiard force le trait pour rappeler que la nuit, tous les cons sont gris et surtout pas très résistants. Que les réseaux de contrebande furent plus rapides à s'installer que ceux de la Résistance. Il exécrait ceux qui, à la Libération, tournèrent francisques dès que le vent changea de direction. Ces «Atrides de pissotières» ne voulaient rien perdre de la grande braderie de la veulerie.


    Trois ans séparent l'écriture de ces deux derniers romans. Mais, entre les deux, une tragédie: une voiture jaune, conduite par son fils de 26 ans, «le petit garçon» comme il l'appelle pudiquement, s'écrase sur la pile d'un pont de l'autoroute du Sud, à quelques kilomètres de Dourdan où son père l'attendait. Lui, dont le dernier film s'intitule On ne meurt que deux fois, est mort sans doute la première fois ce jour-là.


    Les tribulations picaresques du jeune Audiard dans le P'tit Cheval se sont transformées en errance dans la Nuit, le jour et toutes les autres nuits. Et le cynisme de circonstance en un cri strident. Les «z-héros», dont l'unique obsession était de se ravitailler, deviennent soudain des cloportes qu'il veut voir engloutir. Une écriture crépusculaire, jusque dans les rares pages consacrées à son fils mais qui irradient toutes les autres: les phrases commencent, douloureuses, pour s'achever par des points de suspension, par des silences. Dans la nuit... la verve est devenue assassine: l'incorrigible enfant de choeur du P'tit Cheval est devenu un chevalier de l'Apocalypse. Il appelle de ses voeux, au début de la Nuit, le jour et toutes les autres nuits, «l'aube enchanteresse où la fusée porteuse larguera l'ogive qui piquera, dans un hululement de chouette hystérique, sur quatre milliards cinq cents millions d'enfoirés». Ce roman, qui fut salué par les critiques le plus réfractaires, marque une rupture. Audiard sort de son rôle d'amuseur. Il renonce aux facilités de son talent pour devenir un grand écrivain. L'insouciance a disparu, mais ses souvenirs le hantent. Audiard s'y enfonce avec obstination, à peine perturbé par les figures dérisoires du présent qui l'arrachent à ses rêveries. Les rares personnages qui provoquent encore sa compassion sont des épaves de la vie, échouées sur un trottoir ou derrière un comptoir, poussées là par les ressacs de l'alcool.


    «Aucun sujet ne justifie qu'on s'emmerde indéfiniment dessus, écrivait Audiard. Ou alors c'est un sujet à vous. Mais dans ce cas, je serais beaucoup plus tenté d'écrire un livre.» Et pourtant, la Nuit, le jour... fut son dernier roman. Pourquoi cet homme si cultivé, qui soulevait sa casquette à la seule évocation de Céline ou d'Antoine Blondin, n'a pas écrit davantage ? Pourquoi ne continua-t-il pas son oeuvre après le succès de son dernier roman ? La réponse est un joyau de banalité: parce qu'il n'en a pas eu le temps ! «Le cinéma est un piège, résume Alphonse Boudard. Il a écrit des livres qui n'ont pas marché, puis a vivoté grâce au cinéma avant qu'il lui apporte la reconnaissance mais aussi l'argent.» Et Audiard en avait besoin: cet homme généreux fut victime de ses largesses... et des bassesses du fisc. «Quand on entrait dans son bureau, se souvient André Pousse, il y avait deux piles: les scenarii qu'il travaillait, et ceux qu'il réécrivait. Au noir.» Pour donner un peu de consistance à des textes insignifiants et pour calmer les ardeurs des impôts.


    «Hors des cimetières, les jours sont vides»

    Reste la légende rimbaldienne à la mode des faubourgs. L'alchimie qui transfigure la tragédie en une écriture sublime le temps d'un livre. Pour Boudard, son dernier roman était «un point final», une oeuvre testamentaire. André Pousse n'est pas loin de partager ce point de vue. L'homme brisé qui a dit ce qu'il avait à dire et préfère se réfugier dans ses souvenirs, vers le parc Montsouris de son enfance. L'Abyssinie d'Audiard: «Hors des cimetières, les jours sont vides», écrivait-il.


    Il y a sans doute une part de vrai dans cette légende, mais la vérité est ailleurs. Car cet homme secret, qui parlait peu de ce qu'il écrivait, même à ses proches, se consacrait de plus en plus à la littérature. Il mettait d'ailleurs la dernière main à un manuscrit avant d'être fauché brutalement par la maladie à 65 ans. Juste une question de temps... Lui qui n'était pas homme à cultiver le regret nous en laisse quelques-uns. Mais le p'tit Audiard est de retour. Faites passer...
     
     
    Olivier Maison (Marianne, 2 février 1998, disponible sur Marianne2.fr)

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  • Massacre pour une bagatelle !

    Confirmant l'information que nous avions publié le 22 janvier 2010, le blog du Petit Célinien annonce pour le mois de mai la publication chez l'Editeur, de Massacre pour une bagatelle, un roman policier d'Emile Brami se déroulant dans le milieu des inconditionnels de Céline...

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    "Les meurtres d’un avocat d’affaire et d’un libraire d’ancien, sans doute causés par la réapparition d’un manuscrit inédit de Louis-Ferdinand Céline, contraignent l’inspecteur Raoul Marquis a explorer des univers inconnus de lui : la librairie d’ancien, le monde de l’édition, et celui des passionnés de Louis Ferdinand Céline qui se désignent entre eux par le terme céliniens. Quoique scrupuleusement respectée dans ses codes, la forme du roman policier n’est ici que le prétexte à une critique ironique des mondes de la bibliophilie, de l’édition et du commerce des livres ; elle permet aussi de montrer jusqu’à quelles dérives peuvent aller les fanatiques d’un écrivain."
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