Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

alain de benoist - Page 26

  • La revue de presse d'un esprit libre... (49)

    Veilleur.jpg

    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    • Dans son émission « Le Monde de la Philosophie » sur Radio CourtoisieRémi Soulié reçoit Alain de Benoist pour son dernier livre La puissance et la foi paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. La conversation érudite se déroule autour du syntagme de théologie politique dont Alain de Benoist souligne la polysémie mais parvient à en dégager les contours avec précision :

     
    • La race et son obsession envahissante dans les rangs de l’extrême gauche et de certains islamistes est au sommaire de Cette année là, l’émission de la revue Éléments sur TV-Libertés :
     
    • Pour être totalement inclusif il convient que les hommes aient également leurs menstruations, du moins si l’on en croit un communiqué de l’Unef, syndicat étudiant qui fait là un grand pas dans la direction du « progressisme ». Une rubrique de Marie Chancel sur le site d’Éléments :
     
    • Rétablir l’autorité pour restaurer l’unité de la nation; c’est le pari que veut faire l’avocat Thibault de Montbrial, président de Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et auteur de Osons l’autorité récemment paru aux éditions de L’Observatoire. Délinquance, radicalisation islamisme, ensauvagement, tous ces signes de délitement sont en expansion rapide et ne trouvent face à eux qu’une réponse pénale insuffisante dont nos gouvernants sont les premiers responsables (anarcho-tyrannie). Il est ici interviewé par Sputnik :
     
    • Julien Langella, l’un des fondateurs de Génération Identitaire et présentement porte parole d’Academia Christiana publie un livre-manifeste intitulé Refaire un peuple, pour un populisme radical aux éditions de La nouvelle Librairie. Un excellent ouvrage présenté ici sur le site de Breizh-info : 
     
    • Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France épinglé par l’OJIM pour leur « Complorama » mis en scène par Franceinfo sur la Russie, la Chine et l’Iran qui ourdiraient un vaste complot géopolitique et antisémite mondial:
     
    • La tyrannie des minorités. Michel Onfray était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier samedi 6 mars pour la dénoncer. Mieux que de la dénoncer, il faut évidemment la combattre et pour ce faire voici les recettes suggérées par la fondation Polémia :
     
    • Jean-Paul Brighelli retrace dans un entretien sans concession le délitement accéléré de l’école de la maternelle à l’université et le place dans l’évolution de notre civilisation, qu’il dit à bout de souffle et dans la voie d’une décadence comparable à celle de la Rome antique. Excellente vidéo de Vincent Lapierre :
     
    • L’écrivain Pierre Jourde qui anime son blog sur le site de L’Obs se déchaîne à propos  des collaborateurs de l’islamo-gauchisme qui bien sûr n’existe pas, et leur envoie une bonne volée de bois verts, sans mâcher ses mots. Ici commenté par Pascal Tenno :
     
    • Cordicopolis, cité où le coeur a tous les droits à condition qu’il évolue exclusivement dans le camp du « bien ». Olivier Amiel sur le site de Causeur met en cause les Woke (les éveillés) en s’inspirant des réflexions du génial Philippe Muray. Il les désigne comme les principaux coupables de la mise sous tutelle de la jeunesse par les schémas de la cancel culture et les désignent  comme des maître subversif à l’instar de ceux qui embrigadait les jeunes générations dans 
    les Hitlerjugend ou les Komsomol.
     
    • Jean-Marc Jancovici face à Natacha Polony. Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Une réflexion pleine de subtilité :
     
    • Jean-Marc Jancovici. Climat, quelle équation pour la chaine alimentaire? Brève intervention lors d’une conférence organisée par la Coopération agricole :
     
    • Les hommes sont trop nombreux sur terre. Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie responsable, tire la sonnette d’alarme. N’est-il pas trop tard pour agir ? Le mode de vie des populations les plus riches est-il un problème ? L’Afrique, souvent pointée du doigt, est elle une bombe à retardement ? En incitant à limiter la natalité, l’invité de « Politique & Eco » milite pour la stabilisation de la population, qui a déjà eu lieu en Europe. Une démarche qui pourra provoquer nombre de croyants et pourtant nécessaire si nous voulons avoir quelques chance de maintenir un planète durable :
     
    • Dans une excellente critique des films de Jean-Pierre Melville (notamment Le Cercle Rouge), Jean-Loup Bonnamy découvre avec talent la nostalgie de la France d’avant qui n’était ni moisie ni rance comme se plaisent à nous la conter des idéologues mal intentionnés mais respirait au contraire la joie de vivre :
     
    • Régis de Castelnau, avocat pénaliste, invité par Élise Blaise fait une bonne radiographie de la justice à l’époque du système Hollande-Macron: 
     
    • Une évolution qui séduit Rokaya Diallo. On attend avec impatience un acteur noir dans la peau d’Adolf Hitler :
     
    • Prenons exemple sur les Anciens qui célébraient sans honte la beauté des femmes et faisons du 8 mars la fête du beau sexe contre ceux qui entendent les dissimuler sous la bâche de leurs préjugés sexistes.
    Ci-joints les mosaïques de la Villa Romana del Casale, en Sicile (IV siècles ACN)
     
     
    Image
     
    Soleil noir.png
     
    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • L'homme qui n'avait pas de père...

    Les éditions Krisis viennent de publier un essai d'Alain de Benoist intitulé L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus. L'auteur nous livre une synthèse passionnante et documentée des connaissances actuelles sur la figure centrale du christianisme, fruit de plus de quarante ans de travail et de lecture ! Un ouvrage essentiel, donc, pour tous les esprits curieux.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020) et La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021).

     

    Benoist_L'homme qui n'avait pas de père.jpg

    " « Historiquement parlant, que sait-on de Jésus, que peut-on savoir de lui ? La réponse est simple : très peu de choses. Cela ne veut certes pas dire que nous sommes dans un brouillard absolu, mais que nous en sommes réduits à évaluer les informations dont nous disposons en termes de plus ou moins grande vraisemblance. Ces informations sont nombreuses, très nombreuses même, mais elles sont aussi confuses ou contradictoires, en sorte que nous avons le plus grand mal à les ordonner les unes par rapport aux autres. C’est la vue d’ensemble qui fait défaut.
    Reprenant tout le dossier, ce livre retrace l’histoire de la «quête» visant à cerner le Jésus de l’histoire (distinct du Jésus de la foi) et à faire un bilan précis, pédagogique et documenté, des conclusions auxquelles on peut arriver. Il aborde aussi de façon détaillée la question controversée des accusations d’illégitimité qui furent portées contre Jésus dès son vivant, bien longtemps avant que n’apparaissent, à la fin du Ier siècle, les récits de la conception miraculeuse et de la naissance virginale. Là encore, l’ouvrage présente l’état de la question. »
    A. B "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Henry de Montherlant, professeur d'énergie...

    Le trente-deuxième numéro de la revue Livr'arbitres, dirigée par Patrick Wagner et Xavier Eman, est en vente, avec un dossier central consacré à Henry de Montherlant...

    La revue peut être commandée sur son site :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

    Livr'arbitres 32.jpg

    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Plaisirs solittéraires

    Nouveauté

    Coups de cœur

    Eric Faye

    Jean-Pierre Montal

    Gérald Sibleyras

    Portrait

    Henry de Montherlant

    Entrevue

    Michel Bernard, prix Vialatte 2020

    Dossiers

    Pour un théâtre en liberté

    Polar

    Actualité

    Domaine étranger

    Clio-panorama

    Journal

    Jacques Lemarchand

    Essai

    Alain de Benoist

    Réédition

    Pierre Drieu la Rochelle

    Réflexion

    Eugenio Corti - Joseph Mallègue

    In Memoriam

    Jean Dutourd

    Denis Tillinac

    Bande dessinée

    En prose

    Nouvelle

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • La puissance et la foi...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un recueil d'essais d'Alain de Benoist intitulé La puissance et la foi - Essais de théologie politique.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020) et  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

    Benoist_La puissance et la foi.jpg

    " Qu’il s’agisse des efforts déployés par les Églises pour échapper à la privatisation intégrale de la foi et reprendre pied dans l’espace public, des débats sur la laïcité et le statut civil des religions, des discussions sur le « matérialisme pratique » et le « désenchantement du monde», mais aussi sur le « retour du religieux » et le nouvel essor de l’islam (et de l’islamisme politique), des centaines de livres et d’articles témoignent aujourd’hui de l’actualité de la théologie politique, expression qui peut aussi bien désigner la dimension religieuse de l’autorité politique ou la légitimation religieuse de cette même autorité, que le fondement du politique dans le religieux ou la religion comme source de l’ordre politique.

    Les textes réunis dans ce volume ont comme dénominateur commun les rapports complexes qu’ont entretenus au cours de l’histoire les logiques de la puissance et de la foi. Les quatre premiers entrent, à des titres divers, dans le cadre des études schmittiennes, ce qui ne saurait sur prendre quand on connaît le rôle décisif qu’ont joué les deux Théologie politique (1922 et 1969) de Carl Schmitt dans l’histoire des idées. Les quatre autres relèvent plutôt de l’histoire des religions. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • "Que le salut du peuple soit la loi suprême" : Julien Freund et le politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Pierre Bérard à Breizh-Info à l'occasion de la récente publication du recueil Le politique ou l'art de désigner l'ennemi (La Nouvelle Librairie, 2020). Pierre Bérard, membre fondateur du GRECE, collaborateur régulier des revues de la Nouvelle Droite a été un élève et un complice de Julien Freund, qu'il fait magnifiquement revivre dans ce recueil au travers d'une retranscription de conversations pétillantes d'intelligence.

    Julien Freund_Politique.jpg

    Pierre Bérard : « Julien Freund était un homme de la France d’avant qui pourrait être la France de demain »

    Breizh-info.com : Qui était Julien Freund ? À quelle occasion l’avez vous rencontré ? Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette rencontre ?

    Pierre Berard : Julien Freund (1921-1993) était un personnage tout à fait singulier. Né à Henridorff en Moselle, tout près de l’Alsace, dans un milieu de paysans et d’ouvriers, il a du interrompre ses études après le baccalauréat pour subvenir
    au besoins de sa famille. Il est instituteur quand survient la seconde guerre mondiale. Détenu comme otage par les Allemands, il s’évade et rejoint Clermont Ferrand en zone libre où se trouve repliée l’université de Strasbourg.
    Il y poursuit sa licence de philosophie puis entre en résistance dès janvier 1941 dans les groupes-francs de Combat dirigés par Henri Frenay. Arrêté deux fois, il s’évade deux fois et termine la guerre dans les maquis FTP de
    la Drome. Après le conflit il tâte brièvement de la politique, puis muni de son agrégation de philosophie se lance dans la rédaction de sa thèse qu’il soutient en 1965 sous la direction de Raymond Aron. Ses 765 pages sont
    éditées la même année sous le titre L’essence du politique chez Sirey. Elle a connu depuis plusieurs rééditions et demeure l’oeuvre la plus considérable de ce penseur hors pair, que Pierre-André Taguieff considère comme
    « l’un des rares penseurs du politique que la France a vu naître au XX siècle ».

    J’ai rencontré Freund pour la première fois en janvier 1975 à Paris lors d’un colloque du GRECE où il s’était fait chaleureusement applaudir à la suite d’une conférence au titre assez provocateur « Plaidoyer pour l’aristocratie ».
    « Aristocratie » devant être pris dans son sens étymologique du gouvernement des meilleurs, c’est à dire les plus aptes à diriger la cité pour le bien commun de ses nationaux. Dès les années suivantes mes relations avec lui
    sont passées du stade courtois à la franche complicité. Moi-même strasbourgeois, j’ai pu le fréquenter tant chez lui, à Villé, que dans les winstub alsaciennes ou dans les colloques où je me trouvais invité avec lui.

    Ce qui marquait chez lui en dehors de son érudition phénoménale était sa simplicité et sa propension à parler avec tout le monde. Il était aussi rieur et souvent effronté, chose que j’ai tenu à mettre en scène dans les longues
    conversations que j’ai eu la chance de pouvoir entretenir avec lui jusqu’à sa mort. Il faut dire aussi que son espièglerie parfois persifleuse s’accommoderait fort mal avec le progressisme ou le salafisme dont notre époque est
    farcie jusqu’à la moelle.

    Les imprécateurs de ces nouveaux dogmes sont trop imbus de leurs certitudes et ne savent en conséquence pratiquer ni l’humour ni le second degré. Oui, de toute évidence Julien Freund était un homme de la France d’avant qui pourrait être la France de demain. Un homme qui savait douter, y compris de ses propres opinions; il n’avait pas la prétention des sectaires.

    Breizh-info.com : En quoi le livre « Le politique ou l’art de désigner l’ennemi » est essentiel, d’autant plus à notre époque ?

    Pierre Berard : Le livre Le politique ou l’art de désigner l’ennemi est composé d’une brillante introduction d’Alain de Benoist qui souligne les grands thèmes qui ont agité la pensée de Freund et les propos de table échangés entre lui et moi durant une bonne quinzaine d’années, puis de quatre longs articles que Freund avait confié aux revues de la Nouvelle Droite. Successivement, Propos sur le politique, Plaidoyer pour l’aristocratie, Les lignes de force de la pensée politique de Carl Schmitt et de Prolégomènes à une étude scientifique du fascisme. Ainsi ce livre constitue-il une bonne approche d’une oeuvre marquée par un réalisme que n’encombre aucun des multiples tabous et censures qui caractérisent notre présent et rendent impossibles la libre discussion.

    Freund est aujourd’hui un auteur injustement oublié. Il ne faut pas s’en étonner car c’est le lot de nombreux penseurs non-conformistes qui n’ont pas l’heur de satisfaire une université en proie à une idéologie qui s’attache à déconstruire ce qui faisait tout l’héritage du savoir européen. Freund avait d’ailleurs pressenti ce nouveau climat fait de lâcheté pour les uns et d’activisme forcené pour une minorité d’autres. Il démissionna de toutes ses fonctions académiques en 1972, à 51 ans, pour se retirer dans son village où il continua dans la sérénité à poursuivre son travail.

    Le livre est d’autant plus essentiel qu’à l’époque présente nous sommes inondés par les médias de grand chemin qui font la promotion incessante de minorités victimes de méchants « hommes blancs, hétérosexuels de plus de cinquante ans ».

    À l’heure présente, celle des basses eaux, les victimes ont remplacé les héros, du moins dans notre Panthéon. À cette avalanche ininterrompue qui agit comme un formatage de l’opinion, il nous appartient de réagir sous peine de disparaître d’un continent qui a vu notre civilisation s’élaborer et s’épanouir et entreprendre la rude tâche de déconstruire les déconstructeurs.

    Comme Max Weber, dont Freund fut un des passeurs en France, celui-ci affirme que le politique est affaire de puissance. Agir politiquement c’est exercer une puissance de même que renoncer à l’exercer c’est se soumettre d’emblée à la volonté et à la puissance des autres. Or sur le théâtre des opérations il y a bien des candidats à la puissance, à commencer par le plus visible, celui des États Unis, toujours aussi impérialistes et dont le soft power écrase nos identités, la Chine ou la Turquie d’Erdogan. Or nous ne pouvons que constater, sans être va-t-en-guerre pour autant, l’étonnante pusillanimité de l’Union européenne sur ces fronts là. Les lecteurs trouveront dans ce livre non seulement matière à se rasséréner mais surtout des arguments pour engager la contre-offensive nécéssaire afin d’assurer notre survie. Dans cet ordre d’idées le raisonnement de Freund s’apparente à celui du grand juriste allemand Carl Schmitt.

    Posons nous la question; est-il bien raisonnable de penser que tous les hommes ont vocation à s’entendre et de postuler l’avénement d’une paix universelle ? Ou bien ne s’agit-il là que d’une illusion angélique ? Le monde en effet n’est pas une unité politique, il n’est pas un universum mais bien plutôt un pluriversum politique. Freund incontestablement influencé par Carl Schmitt dans ce registre pose alors la question : ne convient-il pas de regarder la réalité en face et assumer le fait que le monde est composé d’ennemis potentiels et que seule une prise de conscience politique réaliste, dépourvue d’arguments moralisateurs peut engager une action responsable. Ceci est la base de la dialectique ami-ennemi. Penser la guerre comme actualisation ultime de l’hostilité n’est pas faire preuve de militarisme ou de bellicisme outrancier mais d’une prudence qui doit animer le politique.

    Imaginons un peuple qui voudrait échapper à cette loi de l’ami et de l’ennemi et qui se convaincrait à grands coups de déclamations incantatoires qu’il n’a aucun ennemi et même qu’il déclare la paix au monde entier, il ne supprimerait pas pour autant la polarité ami-ennemi, puisque un autre peuple peut fort bien le désigner comme ennemi. C’est l’ennemi qui vous désigne dit Freund. Et Schmitt de surenchérir : « Qu’un peuple faible n’ait plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère du politique, ce n’est pas la fin du politique dans le monde. C’est seulement la fin d’un peuple faible ».

    La guerre n’est ni l’objectif ni la fin du politique mais elle demeure ce moment d’acmé dont tout homme d’État doit avoir l’hypothèse en tête. Freund ne croyait pas du tout à la disparition possible de la catégorie politique, raison pour laquelle il n’était pas libéral. En effet la pensée libérale mise sur la cessation des conflits, la fin de l’histoire et la dépolitisation de l’État en décrétant que le but des communautés humaines est la recherche du bonheur individuel en attribuant à l’instance dirigeante une simple posture de gestion, ce qui pour lui représentait une fiction délétère.

    Breizh-info.com : « Rien n’est plus éloigné du politique que la morale » écrit Alain de Benoist évoquant l’oeuvre de Freund. Pourtant aujourd’hui, toute la vie politique se résume à des leçons de morale, qui intègre même les décisions pénales. Que faut-il alors retenir de Freund pour l’appliquer ensuite à la vie politique, judiciaire de ce pays ?

    Pierre Berard : Pour Freund chaque activité est dotée d’une rationalité propre qui n’appartient qu’à elle. Il souligne à ce propos que l’erreur commune d’un certain marxisme (léniniste) et du libéralisme est de faire de la rationalité économique le
    modèle de toute rationalité.

    Il écrit à ce propos : « La pensée magique consiste justement en la croyance que l’on pourrait réaliser l’objectif d’une activité avec les moyens d’une autre ». Il insiste tout particulièrement sur la confusion de la morale et du politique et conseille d’en finir avec cet imbroglio. Pourquoi ? Parce que, dit-il, la morale regarde le for intérieur privé tandis que le politique est une nécessité de la vie sociale. Aristote, l’un de ses maître, distinguait déjà vertu morale et vertu civique concluant que l’homme de bien est le bon citoyen. Un homme irréprochable du point de vue de la morale fait rarement un bon politique et d’autre part parce que la politique ne se fait pas avec de bonnes intentions morales, mais en s’attachant à ne pas faire de choix malheureux entrainant la perte de la cité.

    Agir moralement ou prétendre le faire peut conduire à mener des guerres « humanitaires » (l’expression est de Carl Schmitt) et déclencher des catastrophes en chaîne comme on l’a vu avec l’opération occidentale en Libye, où nous avons été entrainés par l’imposteur Bernard-Henri Lévy et le narcissisme du président Sarkozy. Qui dit humanité veut tromper proclamait Proudhon. Cette déclaration s’est rarement démentie ! La politique n’est pas pour autant amorale ou immorale. Elle possède même sa dimension morale pour autant qu’elle poursuit le bien commun. Le bien commun n’est pas la somme des intérêts individuels mais ce que Tocqueville appelait le « bien du pays ».

    Breizh-info.com : Désigner l’ennemi, c’est déjà forcément discriminer. Finalement, les lois qui aujourd’hui encadrent la liberté d’expression, et qui interdisent toute discrimination en France, ne sont-elles pas des lois qui vont à l’encontre du principe même de la vie de la cité, c’est à dire de la politique ?

    Pierre Berard :  Discriminer est une obligation dans l’ordre intellectuel sous peine de sombrer dans le confusionnisme. Il en va de même dans l’ordre politique où la première des discrimination doit distinguer le citoyen du non citoyen. La mode actuelle
    est à l’anti-discrimination sur le plan politique et pourtant l’État doit bien s’y résoudre quoi qu’il dise.

    Par exemple l’Éducation nationale ne peut recruter que des citoyens tout comme l’armée, à l’exception de la légion étrangère. Il est interdit en France d’être anti-islamiste mais bien vu d’être russophobe et ainsi de suite. En bonne logique les lois anti-discrimination sont inapplicables mais la logique est absente du système…Par exemple, comment est qualifiée une information ?

    Selon qu’elle plait ou non aux censeurs omniprésents ils la qualifieront de « complotiste » ou d’avérées. Dans le premier cas elle sera envoyée au pilon par les plateformes des oligarques la Silicon valley, dans le second elle aura droit à tous
    les égards comme information fiable. Dans son livre Athéna à la borne (éditions Pierre-Guillaume de Roux) maître Thibault Mercier a tout dit dans son seul sous titre Discriminer ou disparaître.

    Breizh-info.com : Quels sont, outre ce livre, les autres travaux de Freund que vous jugez important à lire et à comprendre ?

    Pierre Berard : Outre nombre d’études spécialisées je vois deux livres qui me paraissent importants. Le premier intitulé La décadence est paru chez Sirey en 1984. Il passe en revue toute les théories du déclin des civilisations et déclare dans son avant- propos que « tant qu’une civilisation demeure fidèle à l’impératif de ses normes, on ne saurait parler de décadence. Elle s’y embarque, dès qu’elle rompt avec elles ». C’est dire si il croyait que nous étions engagés sur cette voie. Il voyait dans l’aboulie de l’Europe et dans l’abolition progressive du politique au profit de l’économie et de la morale le signe de ce déclin. Il disait aussi que la culpabilité et que le sentiment de mauvaise conscience entretenus par de pseudos élites chez les Européens relevait d’un ethno-masochisme dont on ne voit nulle trace ailleurs.

    Certes la capacité des Européens à sans cesse se remettre en question fut longtemps une force dans la mesure ou elle aboutissait à de nouvelles synthèses mais au point où nous en sommes arrivés on ne voit rien surgir de tel, qu’un affaiblissement morbide et général. Tous les peuple ont commis l’esclavagisme, le colonialisme etc; n’est-il pas stupide que nous devions en porter seuls le poids historique et faire seuls repentance ad libitum ?

    Le deuxième livre que l’on peut conseiller aux lecteurs curieux est Politique et impolitique (toujours chez Sirey), un ample recueil d’articles dans lequel Freund définit ce qu’il entend par l’impolitique. Ce n’est ni l’apolitique ni l’antipolitique ni encore le non-politique. Une politique basée sur les droits de l’homme, par exemple, équivaudrait à une impolitique parce qu’elle serait à prétention morale. C’était aussi la conviction de Marcel Gauchet. Nous retrouvons là la confusion dénoncée par ailleurs qui consiste à réaliser l’objectif d’une activité avec les moyens d’une autre. Nous vivons en Europe une phase de confusion entre les essences qui correspond à une intense dépolitisation qui nous conduit à l’impuissance, aussi bien dans sur le plan intérieur qu’au plan diplomatique et géostratégique. Cela hérissait le poil de Julien Freund qui avait lu et retenu les leçons de Machiavel et de Thomas Hobbes, des apôtre de la politique réaliste.

    D’ailleurs on pourrait résumer Julien Freund à un seul postulat, l’adage romain et machiavélien Salus populi suprema lex qu’on peut traduire ainsi « Que le salut du peuple soit la loi suprême ». Malheureusement on est en droit de se demander si nous constituons toujours un peuple quoi qu’en disent certains intellectuels qui vivent dans des catégories autres que celles dans lesquelles ils pensent.

    Breizh-info.com : Peut-on dire que Freund était un disciple de Carl Schmitt ?

    Pierre Berard : Bien sûr qu’il a été, sinon son disciple, du moins très inspiré par lui. Mais alors que la polarité ami-ennemi joue un rôle clé dans la définition du politique par Schmitt, elle n’en est qu’un des éléments pour Freund. Celui-ci
    distingue des présupposés inhérents à toutes les sociétés humaines depuis toujours et opérant en couple.

    L’économique tout d’abord qui articule rareté et abondance, l’utile et le nuisible, le lien du maître à l’esclave. Le religieux ensuite qui fait la discrimination entre le sacré et le profane, du transcendant et de l’immanent. Viennent encore successivement l’esthétique qui fait la différence entre ce que l’on trouve beau et ce que l’on trouve laid, l’éthique dans laquelle se trouvent opposés la décence et l’indécence etc… Ces couples sont permanents indépendamment de ce qu’on y loge. Le couple ami-ennemi ne constituant que l’ultime clé de voute de tout cet appareillage puisqu’il met en scène la concorde intérieure et la sécurité extérieure dont dépend la bonne marche de tout le reste. En tant que catégorie conceptuelle, l’essence désigne chez Freund l’une de ces « activité originaires » ou orientations fondamentales de l’existence.

    Avancer l’idée selon laquelle il y a une essence du politique, c’est dire que le politique est un activité consubstantielle de notre être au monde. Mais cela signifie également que l’on ne saurait l’éliminer ainsi que l’ont tentés les marxistes pour qui le politique était synonyme d’aliénation et instrument de la domination de classe et aujourd’hui les libéraux qui le conçoivent comme une activité irrationnelle appelée à être remplacé par les lois du marché, bien entendu « libre et non faussé ». Le politique étant de tout temps il ne dérive pas d’un état antérieur, d’un état de nature non social. Fiction inventée par les théoriciens du contrat et reprise par les Lumières. L’essence selon Freund est « la part d’invariant existant dans une activité appelée dans la vie concrète à revêtir les figures les plus diverses » comme le rappelle Alain de Benoist dans son introduction.

    Pierre Bérard, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 30 janvier 2021)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Des animaux et des hommes...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°188, février 2021 - mars 2021) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la relation entre l'homme et l'animal, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec l'universitaire américain Patrick Deneen, le juriste Frédéric Rouvillois, le jeune essayiste Thibaud Gibelin, l'historien militaire et officier d'infanterie Olivier Entraygues, le spécialiste de Jünger François Poncet, le journaliste et cinéphile Michel Marmin ou la présidente du rassemblement national Marine Le Pen, ainsi que les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Ludovic Maubreuil, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli et de Slobodan Despot. On y trouvera aussi, et malheureusement, à la place de son anti-manuel de philosophie, un hommage à Jean-François Gautier, décédé le 6 décembre 2020.

     

    Eléments 188.jpg

    Au sommaire :

    Éditorial
    L’écologie : la nature ou la «planète» ? Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Rencontre avec Patrick J. Deneen : la fin du libéralisme est en vue. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches
    Rire avec le pape, lutter avec les anarchistes russes, le regard d’Olivier François

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Cinéma : Lucio Fulci, poète du macabre, par Nicolas Gautier

    Carnet géopolitique : Ces menaces qui servent si bien nos ennemis, par Hervé Juvin

    Champs de bataille : une bataille peut en cacher une autre, par Laurent Schang

    Les engeôleurs, par Bruno Lafourcade

    Économie, par Guillaume Travers

    Bestiaire : les chats savent aussi nous imiter, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Affaire Duhamel : la vengeance des enfants de Mai 68, par Pascal Eysseric

    Frédéric Rouvillois mène l’enquête sur une autre « Familia grande ». Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Henri Proglio, un industriel dans les eaux glacées de la finance, par Alain Lefebvre

    Klaus Schwab : le « Great Reset » par son inventeur, par Alexis Martinot

    L’éclairage de Thibaud Gibelin : l’illibéralisme de Viktor Orbán. Propos recueillis par François Bousquet

    Drone de guerre en Arménie : la victoire des robots tueurs, par Jean-Eudes Gannat

    Entretien avec le lieutenant-colonel Entraygues : le nouvel art de la guerre. Propos recueillis par Laurent Schang

    Contre les pleureuses du féminisme, la révolte de Camille Paglia la païenne, par David L’Épée

    Andrea Marcolongo, nouvelle héroïne grecque, par Anne-Laure Blanc

    Téméraires, hardis, bons, sans peur : l’Europe des ducs de Bourgogne, par François Bousquet

    Entretien avec François Poncet : Carl Schmitt, Ernst Jünger et nous. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Michel Marmin : pour une cinéphilie qui empêche de dormir. Propos recueillis par Alix Marmin

    Face au choc des incultures : de l’urgence de transmettre, par Alix Marmin

    Cyrano, l’homme qui tua Edmond Rostand : l’art de la pyrotechnie française, par François Bousquet

    Jean Meckert en rouge, John Amila en noir : l’antidote à Céline, par Christophe A. Maxime

    Luc-Olivier d’Algange : pour les droits de l’âme européenne. Propos recueillis par Olivier François

    Paul Morand est une fête : notre « anywhere » préféré, par François Bousquet

    Dossier
    Des animaux et des hommes

    L’animal est-il une personne ? Le propre de l’homme est irréductible, par François Bousquet

    Adieu veau, vache et cochon bio : la nourriture de synthèse, un rêve de Frankenstein, par Pascal Eysseric

    Entretien avec Marine Le Pen. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Le biologiste Yves Christen se raconte : les animaux de ma vie, par Yves Christen

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot 89 Reconquête : apprendre à dire « non », par Slobodan Despot

    In memoriam : Jean-François Gautier, au banquet des Immortels, par Paul-Marie Coûteaux

    Un païen dans l’Église : l’être cosmique, Abbatiale Sainte-Marie, par Bernard Rio

    C’était dans Éléments : Dominique Venner, fidèle de Diane, par Christopher Gérard

    Éphémérides

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!