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alain de benoist - Page 11

  • Au-dessus de la mélée...

    À l’occasion de la sortie de ses carnets, intitulés L’exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022), André Bercoff, sur Sud Radio, recevait, le 18 octobre 2022, Alain de Benoist pour un tour d’horizon des idées politiques : la droite, la gauche, la Russie, les élites, la culpabilité, la folie woke, tout y passe...

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

                                              

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  • Vers de nouvelles insurrections...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°198, octobre - novembre 2022) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux désobéissants, on découvrira l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec le professeur de la Sorbonne Marc Dambre, le philosophe Loïc Chaigneau, l'essayiste Benoît Rayski , le directeur de l'hebdomadaire allemand Junge Freiheit Dieter Stein et la candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Nicolas Gauthier, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli et de Slobodan Despot ainsi que le reportage de Daoud Boughezala ...

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    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    La fin de la « communauté internationale ». Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Génération Hussards, entretien avec Marc Dambre. Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches

    L’objet disparu : le flipper. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Godard, Dominique de Roux et moi. Par Michel Marmin

    Cinéma : Michael Winner le maudit. Par Nicolas Gauthier

    Champs de bataille : Gustave II Adolphe de Suède. Par Laurent Schang

    Le saltimbank, 1ère partie : le nanti-système. Par Bruno Lafourcade

    Le grand roman du Kremlin. Par Christopher Gérard

    In memoriam : François-Bernard Huyghe. Par Pascal Eysseric

    Le Nid, un incubateur pas comme les autres. Propos recueillis par Claude Chollet

    Économie. Par Guillaume Travers

    Quel cirque ! Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : les insectes peuvent-ils souffrir ? Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Ils ont tué Daria Douguina ! Par Pascal Eysseric

    Le mythe du complot interne contre Poutine, les élites derrière le Kremlin. Par Stéphane Brizzi

    Rendez-vous en terre inconnue : Eurodisney a trente ans ! Par Daoud Boughezala

    Le wokisme vu de Marx : l’éclairage incisif de Loïc Chaigneau. Propos recueillis par David L’Épée

    Alain de Benoist au plus intime, l’exil intérieur comme être-au-monde. Par Alain Lefebvre

    Dominique Venner vu par Benoît Rayski : éloge du guerrier réprouvé. Propos recueillis par Nicolas Gauthier et Pascal Eysseric

    Thomas Clavel et les femmes : l’anti-Despentes. Par Anne Letty

    Penser le féminisme hors du politiquement correct : 7 théoriciennes à lire. Par David L’Épée

    Chère pouffiasse, Virginie Despentes en Miss Boudin. Par François Bousquet

    L’esclave, une ressource d’avenir, comment sauver le système. Par Guillaume Travers

    Hervé Juvin et Bernard Carayon : le débat sur le « made in France ». Propos recueillis par François Bousquet et Pascal Eysseric

    Reconstruire l’avenir de l’énergie nucléaire : jusqu’où devons-nous aller ? Par Éric Blanc

    L’Allemagne vue de droite : Junge Freiheit, l’hebdo jeune et libre. Par Anne-Laure Blanc

    Allemagne, la course à l’abîme : un entretien avec Dieter Stein. Propos recueillis et traduits par Anne-Laure Blanc

    La Bibliothèque du Conservatisme, une oasis de résistance à Berlin. Par Anne-Laure Blanc

    Semper Sempé, la douceur conquérante. Par Christophe A. Maxime

    Une herbe sauvage, les vies de Falk van Gaver. Par Olivier François

    Dossier

    Les désobéissants

    Notre sondage exclusif sur la désobéissance : entre révolte et dissidence. Par Jérôme Sainte-Marie

    Entretien avec Marine Le Pen : « Nous, les nouveaux tribuns de la plèbe ». Propos recueillis par Pascal Eysseric et Nicolas Gauthier

    À la Fête de l’Huma avec François Ruffin : recherche classes populaires désespérément. Par Pascal Eysseric

    La « grande démission », maladie terminale de la civilisation ? Par Guillaume Travers

    Appel à une génération démissionnaire. Par Violaine Malleterre

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : réfutation du survivalisme. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Cicéron. Par Ego Non

    Un païen dans l’Église : Les œuvres de chair d’un moine solitaire au monastère de Brou dans l’Ain. Par Bernard Rio

    C’était dans Éléments : pourquoi le peuple déserte la gauche. Par Alain de Benoist

    Éphémérides

     

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  • Les droits de l’homme : une religion obligatoire ?...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Rémi Soulié, pour évoquer la question du conservatisme, reçoit Pierre Manent, philosophe, ancien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, auteur de La loi naturelle et les droits de l’homme (PUF, 2020), Jean-Louis Harouel, professeur émérite d’histoire du droit à l’université Panthéon-Assas, auteur de Les droits de l’homme contre le peuple (Desclée de Brouwer, 2016) et Alain de Benoist, philosophe, historien des idées, auteur de Au-delà des droits de l’homme - Pour défendre les libertés (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

     

                                                    

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  • L'exil intérieur...

    Sous le titre de L'exil intérieur, Alain de Benoist vient de publier aux éditions de La Nouvelle Librairie un recueil de notes et de réflexions tirés de ses carnets intimes. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

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    " « Il y a des idées qui surgissent brusquement, on ne sait d'où ni comment, qu'on trouve intéressantes mais qui ne restent dans la tête que quelques instants. Comme un papillon qui s'envole. Pour les retenir, il faut les attraper au vol, et les transcrire immédiatement. Mes carnets, au fond, sont aussi ceux d'un chasseur de papillons. » Tantôt lumineuses, tantôt graves, le lecteur trouvera au fil de ces pages autant de ces idées « sans tige, qui voltigent » à la façon des papillons de Nerval. Des réflexions, des pensées, des aphorismes, des citations choisies, révélant une nature portée à la beauté et à l'exil. Alain de Benoist y cultive, comme l'Argonaute, un esprit d'aventure dans l'intelligence, avec cette sagacité qui est le ferment des grands livres. "

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  • Alain de Benoist : « La guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des Etats-Unis contre la Russie »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne son sentiment sur l'actualité récente, et notamment sur la guerre russo-ukrainienne.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « La guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des Etats-Unis contre la Russie »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, vous qui avez traversé la moitié du XXe siècle et le début du XXIe, diriez-vous que nous assistons actuellement, depuis quelques mois, à une accélération folle de l’histoire ?

    Tout dépend de quelle accélération vous parlez. Il y a incontestablement une accélération sociale, qui vient du fait que nous vivons aujourd’hui en temps zéro : tout événement qui se produit dans un endroit donné est immédiatement connu dans le monde entier. Cet accélérationnisme nourrit le présentisme (et le stress qui va avec) et a notamment pour conséquence de rendre éphémère tout ce qui auparavant cherchait à s’inscrire dans la durée. Mais cela concerne surtout les pays occidentaux : sous d’autres latitudes, on n’a pas nécessairement le même sens de la temporalité.

    Sur le plan historique, c’est plus complexe. On a effectivement le sentiment que beaucoup de choses sont en train de bouger, comme c’est souvent le cas lorsque différents cliquets jouent les uns sur les autres et déclenchent un ébranlement général. Mais s’agit-il vraiment d’une accélération ? On pourrait tout aussi bien penser qu’après une période glaciaire de quelques décennies, l’histoire reprend ses droits et que, comme dans toutes les époques de transition, on rebat les cartes. Mais il ne suffit pas de regarder ce qui se passe « depuis quelques mois », il faut aussi prendre un peu de recul. En l’espace de quatre ou cinq ans, il s’est plus passé d’événements sous la Révolution française qu’il ne s’en passe aujourd’hui ! Les processus en cours sont en outre loin d’être arrivés à leur terme. Sans vouloir cultiver le paradoxe, je leur trouve même une certaine lenteur… Quand on voit, par exemple, l’ampleur de la révolte sociale qui gronde, on se demande quand elle finira par éclater !

    Breizh-info.com : Que vous a inspiré l’assassinat de Darya Douguine, et le traitement médiatique occidental qui en a découlé ? Que pouvez-vous nous dire sur elle, mais aussi sur son père à qui on a voulu l’assimiler d’office comme s’il s’agissait presque du même personnage ?

    L’assassinat de Darya Douguine m’inspire ce qu’il devrait inspirer à tout homme normalement constitué : le dégoût qu’on ressent devant quelque chose d’abject. Les réactions des médias, elles, suscitent plutôt en moi un sentiment d’effroi. Que certains puissent trouver « remarquable » l’atroce attentat dont cette jeune intellectuelle, journaliste et philosophe – qui n’avait jamais fait qu’exprimer des idées –, a été la victime, certains n’hésitant même pas à s’en réjouir, montre que nous vivons dans le monde où, comme le disait Guy Debord, le vrai n’est plus qu’un moment du faux. C’est un monde orwellien, le monde de la terreur au nom du Bien.

    J’ai bien connu Darya, comme j’ai bien connu son père. C’était une jeune femme délicieuse, charmante, intelligente, cultivée, intense, dotée d’un vif sens de l’humour, qui adorait la France depuis son adolescence. Elle adhérait en effet totalement aux idées de son père, mais elle en donnait une image plus légère, comme régénérée par l’eau fraîche. Quant à Douguine, son itinéraire et ses idées sont aujourd’hui bien connus, notamment pour ce qui concerne la géopolitique et l’eurasisme. On peut être en désaccord avec sa pensée, mais on ne peut nier qu’il s’agisse d’une pensée personnelle, qui ne s’est jamais ramenée à ânonner les slogans de tel ou tel milieu. C’est à mes yeux l’essentiel.

    Breizh-info.com : La guerre en Ukraine semble faire perdre la raison à beaucoup. On sent une haine par procuration entre « supporteurs » d’un camp ou de l’autre, quasi pathologique désormais. Comment expliquez-vous cela ?

    Je suppose que cela s’explique par la nature humaine. Peu d’hommes sont capables de faire la guerre sans haine, malheureusement. Mais dans le cas des « supporteurs », je crains que cette haine ne traduise bien souvent leur incapacité à décider de façon raisonnable de leurs positions et à argumenter pour les expliquer. En pareille occasion, beaucoup se déterminent par leurs sympathies ou leurs antipathies. Or, la sympathie et l’antipathie n’ont rien à faire en la circonstance. Seule importe l’analyse (on met les pour en abscisse et les contre en ordonnée) et les conclusions qu’on peut en tirer. Les gens de droite, je l’ai souvent écrit, ne sont pas des réflexifs, mais des réactifs. Au début de l’année, on les a vus s’emballer pour la candidature Zemmour alors qu’il suffisait d’en faire l’analyse pour comprendre que celle-ci déboucherait sur un échec. Il y a certes loin de la candidature Zemmour à la guerre en Ukraine, mais les réflexes sont les mêmes.

    Je n’ai pour ma part aucune sympathie pour le sinistre président Zelensky, mais j’en ai beaucoup pour le peuple ukrainien, qui se retrouve aujourd’hui bombardé en raison des orientations désastreuses de son gouvernement. Mais que montre l’analyse ? Que la guerre qui se déroule actuellement en Ukraine est en fait une guerre des États-Unis contre la Russie. La question n’est donc pas de savoir si l’on préfère les Ukrainiens ou les Russes, mais si l’on se sent ou non solidaire de l’Amérique. Le choix me semble alors pouvoir être vite fait.

    Breizh-info.com : Les répercussions en Occident, en plus des conséquences de la crise économique liée aux politiques covidistes, vont être énormes. Qu’avez-vous perçu dans le discours récent de M. Macron, qui, tel un mauvais Churchill, semble annoncer à son peuple du sang, de la sueur et des larmes ?

    Je pense qu’Emmanuel Macron a pris conscience de la gravité de la situation, mais qu’il sait en même temps qu’il ne peut plus revenir en arrière sans se déjuger. Il n’est que trop évident que les sanctions contre la Russie – des sanctions d’une ampleur encore jamais vue – auront les Européens pour premières victimes, puisque ces derniers sont moins autosuffisants que les Russes. Comme l’a dit Viktor Orban, l’Union européenne s’est « tiré une balle dans le poumon » en s’engageant dans une voie suicidaire et totalement contraire à ses intérêts industriels et énergétiques. S’y ajoute la menace de crise financière mondiale, qui est plus présente que jamais. Et aussi, disons-le, le risque d’une extension de la guerre jusqu’à un point qu’on peut seulement imaginer. Aujourd’hui, Macron cherche des arguments pour imposer le rationnement comme, au moment du Covid, il en a cherché pour imposer l’enfermement. Cela ne suffira pas à éviter le lent glissement vers le chaos.

    Breizh-info.com : La classe politique française est-elle selon vous aujourd’hui compétente, suffisamment qualifiée, pour être à la hauteur demain d’événements qui s’annoncent épiques mais aussi dramatiques pour nos populations ?

    La réponse est dans la question, et vous la connaissez aussi bien que moi. L’élément essentiel en politique est la décision, alors que la classe politique n’a été formée que pour la gestion. L’imprévu, le cas d’exception, la laissent ahurie comme un lapin pris dans les phares. La décision n’est pas affaire de dossiers techniques et de rapports d’experts. Elle requiert un sens quasi physiognomique. Il s’agit de prendre la mesure d’un moment historique, d’évaluer les rapports de force et de déterminer ce qu’il faut faire en fonction de la finalité qu’on s’est fixée. Les hommes d’État savaient faire cela, les politiciens ne le savent pas. Cela dit, on pourrait aussi se poser la question de savoir pourquoi les hommes qui ont le sens de la décision se dirigent aujourd’hui de plus en plus vers des domaines autres que la sphère politique. On s’apercevrait alors qu’en dernière analyse, la médiocrité de la classe politique est le résultat direct de la dévaluation du politique.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 6 septembre 2022)

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  • « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site de la revue Front populaire dans lequel il évoque la vision du monde d'Alexandre Douguine, le penseur eurasiste russe, dont la fille a récemment été assassinée dans un attentat à la voiture piégée qui le visait également.

     

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    Alexandre Douguine et Alain de Benoist à une conférence à Paris, en 2013.

     

    Alain de Benoist : « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »

    Front Populaire : Vous avez déjà rencontré Alexandre Douguine. Pouvez-vous nous expliquer qui il est, notamment sur le plan intellectuel ? Quelles sont ses idées, ses influences philosophiques et politiques, etc. ?

    Alain de Benoist : Alexandre Douguine, que je connais depuis plus de trente ans, est un théoricien de l’eurasisme. Ce courant de pensée est apparu dans les années 1920, tant dans les milieux de l’émigration russe (les « Russes blancs ») que dans la jeune Union soviétique, dans le cadre de la querelle des Slavophiles et des Occidentalistes (Zapadniki) qui divisait déjà les élites russes dans les années 1840.

    Les Occidentalistes considéraient la Russie moderne comme issue d’une « occidentalisation » de la société russe entamée au XVIIIe siècle à l’initiative de Pierre le Grand, tandis que pour les Slavophiles, comme Alexis Khomiakov, Constantin Aksakov ou Ivan Kirevsky (sur le plan littéraire, il faut aussi bien sûr citer Dostoïevski), la « vraie » Russie était celle d’avant les réformes pétroviennes, la Russie du patriarcat de Moscou organisée sur le modèle de l’unité conciliaire de l’Église orthodoxe, et se devait donc de combattre les influences délétères de l’Europe occidentale (rationalisme, individualisme, obsession du progrès technique), considérées comme portant atteinte à la personnalité du peuple russe.

    Les eurasistes, parmi lesquels figurent alors des personnalités comme les linguistes Nikolaï Troubetskoï, auteur de L’Europe et l’humanité (l’« Europe » correspondant à l’Occident), et Roman Jakobson, l’économiste Piotr N. Savitsky, le juriste et politologue Nicolas N. Alexeiev, l’historien et géopoliticien George V. Vernadsky, et bien d’autres, estiment comme les Slavophiles que la Russie et l’Occident constituent des mondes totalement différents, mais ajoutent à cette idée des éléments nouveaux. Selon eux, l’identité russe se fonde sur la superposition, à partir d’un substrat slavo-finno-touranien, d’une culture « kiévienne », née au contact des Varègues et fortement marquée par le christianisme byzantin, et d’une culture « moscovite » largement héritée, notamment quant aux formes du pouvoir, de l’empire tataro-mongole qui domina la Russie pendant trois siècles. Spirituellement, la Russie est byzantine, donc « orientale » (c’est le thème de la « troisième Rome »). Enfin, pour les eurasistes, la Russie n’est ni un « pays » ni une nation, mais une civilisation distincte de forme nécessairement impériale.

    Alexandre Douguine, né en 1962, appartient à la seconde génération eurasiste. Son apport principal à cette école de pensée tient à l’importance qu’il attache à la géopolitique, qu’il a longtemps enseigné à l’Université Lomonossov de Moscou (Fondamentaux de géopolitique, 1997), de pair avec un attachement viscéral à la mystique orthodoxe (il appartient lui-même au courant starovère ou « vieux-croyant » de l’Église orthodoxe, né du refus des réformes introduites au XVIIe siècle par le patriarche Nikon), selon laquelle la religiosité doit se fonder sur la foi, et non sur la raison.

    Le géopoliticien anglais Halford Mackinder, mort en 1947, avait développé l’idée (reprise par bien d’autres après lui, à commencer par Carl Schmitt), d’une opposition fondamentale entre les puissances maritimes et les puissances terrestres, les premières ayant été successivement représentées par l’Angleterre et les États-Unis, les seconds par le grand continent eurasiatique, dont le « cœur », le Heartland, correspond à l’Allemagne et à la Russie. Qui parvient à contrôler le Heartland, estimait Mackinder, contrôle le monde. C’est avec cette conviction présente à l’esprit que Zbigniew Brzezinski, dans Le Grand Echiquier (1997), a pu écrire que « l’Amérique doit absolument s’emparer de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie ne sera plus une menace ».

    On comprend mieux par là les positions politiques d’Alexandre Douguine, qui ne voit pas seulement dans l’affrontement de l’Ukraine et de la Russie une « guerre fratricide », mais aussi une projection militaire d’une guerre idéologique débordant largement les frontières, une guerre mondiale entre les démocraties libérales, aujourd’hui en crise, considérées comme ordonnées à l’idée d’État universel et porteuses de décadence, et les démocraties illibérales ordonnées à l’idée de continuité historique des peuples désireux de maintenir leur sociabilité propre et leur souveraineté.

    Mais pour répondre complètement à votre question, il faudrait aussi parler des nombreux auteurs qui ont influencé Douguine. Celui-ci, qui parle couramment une bonne douzaine de langues (qu’il a apprises seul), s’est très tôt familiarisé avec des auteurs aussi différents que l’historien et géographe Lev Gumilev, fils de la poétesse Anna Akhmatova, théoricien du « lieu-développement » (mestorazvitiye), Arthur Moeller van den Bruck, le « jeune-conservateur » allemand partisan de l’« orientation à l’Est », Vico, Danilevski, Mircea Eliade, René Guénon, Jean Baudrillard, Marcel Mauss, Gilbert Durand, Claude Lévi-Strauss, Louis Dumont, Friedrich List, Heidegger, etc. Mais cela déborde le cadre de notre entretien !

    FP : Dans votre ouvrage Contre l’esprit du temps, vous écrivez avoir de la sympathie pour son idée d’une « quatrième théorie politique ». Qu’est donc cette théorie et en quoi la trouvez-vous intéressante ?

    ADB : Trois grandes doctrines politiques concurrentes ont été successivement engendrées par la modernité : le libéralisme au XVIIIe siècle, le socialisme au XIXe siècle, le fascisme au XXe siècle. Dans le livre qu’il a consacré à ce sujet, Douguine développe l’idée qu’il est nécessaire de faire apparaître une « quatrième théorie politique » qui dresserait un bilan de celles qui l’ont précédée, sans pour autant s’identifier à aucune d’elles. C’est une proposition stimulante pour l’esprit.

    Aux yeux de Douguine, le XXIe siècle sera aussi celui du quatrième Nomos de la Terre (l’ordre général des relations de pouvoir à l’échelle internationale). Le premier Nomos, celui des peuples vivant relativement à l’écart les uns des autres, a pris fin avec la découverte du Nouveau Monde. Le deuxième Nomos, représenté par l’ordre eurocentrique des États modernes (l’ordre westphalien), s’est achevé avec la Première Guerre mondiale. Le troisième Nomos fut celui qui a régné à partir de 1945, avec le système de Yalta et le condominium américano-soviétique. Que sera le quatrième Nomos ? Pour Douguine, soit il prendra la forme d’un monde unipolaire américanocentré, soit au contraire celle d’un monde multipolaire où les « États civilisationnels » et les grands espaces continentaux, à la fois puissances autonomes et creusets de civilisation, joueraient un rôle régulateur vis-à-vis de la mondialisation, préservant ainsi la diversité des modes de vie et des cultures.

    Douguine estime encore que nous sommes entrés dans une quatrième guerre mondiale. La Première Guerre mondiale (1914-18), avait abouti au démantèlement des empires austro-hongrois et ottoman. Les deux grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale (1939-45) ont été les États-Unis d’Amérique et la Russie stalinienne. La troisième guerre mondiale correspond à la guerre froide (1945-89). Elle s’est terminée avec la chute du Mur de Berlin et la désintégration du système soviétique, principalement au profit de Washington. La quatrième guerre mondiale a commencé en 1991. C’est la guerre des États-Unis contre le reste du monde, guerre multiforme, aussi bien militaire qu’économique, financière, technologique et culturelle, indissociable de l’arraisonnement général du monde par l’illimitation dissolvante de la logique du capital.

    FP : « Extrême droite », « rouge-brun », « antimoderne », « ultra-nationaliste », « traditionaliste », « néofasciste », sont autant de termes qui servent à qualifier ou renvoient à Douguine. Ces qualificatifs sont-ils pertinents ?

    ADB : Quand les journalistes, dont la culture en matière de philosophie politique et d’histoire des idées est à peu près nulle, sont confrontés à un phénomène auquel ils ne comprennent rien, ils ânonnent la vulgate dominante et récitent des mantras. L’« extrême droite », mot-caoutchouc, est le couteau suisse préféré de ces esprits paresseux. Tous ces qualificatifs, à la possible exception de « traditionaliste antimoderne », mais à condition d’entendre le terme au sens de Guénon, sont tout simplement ridicules. Ils n’apprennent rien au sujet d’Alexandre Douguine, mais en disent beaucoup sur ceux qui les emploient. Le plus grotesque est sans doute le qualificatif de « nationaliste » ou d’« ultra-nationaliste », que la plupart des commentateurs utilisent en permanence à son propos. Douguine, je le répète, est un eurasiste. Or, l’eurasisme est incompatible avec le nationalisme, puisqu’il se réclame de l’idée d’Empire, c’est-à-dire d’un refus de principe de la logique du nationalisme ethnique et de l’État-nation (ce qui explique d’ailleurs les liens étroits qu’entretient Douguine avec les représentants des communautés juives et turco-musulmanes).

    FP : Depuis quelques jours, Alexandre Douguine est beaucoup présenté dans les médias comme le « cerveau » de Poutine en politique étrangère, comme une sorte de Raspoutine un peu mystérieux. Quel est son niveau d’influence auprès de Poutine ? Est-il écouté par la société civile russe ?

    ADB : Le « cerveau » de Poutine ! Quand on sait que Douguine et Poutine ne se sont jamais rencontrés une seule fois en tête-à-tête, on mesure le sérieux de ceux qui emploient cette expression. La réalité est plus prosaïque. Alexandre Douguine, qui a été traduit dans dix ou douze langues différentes, est un auteur connu et lu, tant en Russie qu’à l’étranger. Il a ses réseaux et son influence. Lorsqu’en avril 1992, j’avais eu l’occasion de donner une conférence de presse au siège de la Pravda à Moscou et de parler de géopolitique avec des généraux et officiers supérieurs de l’armée, j’avais déjà pu me rendre compte de l’écho que recevaient dans l’opinion les idées eurasistes. Depuis, Douguine a lancé en 2003 le Mouvement eurasiste international, qui s’est beaucoup développé dans les populations non russes de Russie, et il a même été reçu à Washington par Zbigniew Brezinski et Francis Fukuyama.

    Douguine connaît incontestablement bien l’entourage de Poutine, mais il n’a jamais fait partie de ses intimes ni de ses « conseillers spéciaux ». Il est certes reconnaissant à Poutine d’avoir rompu avec l’atlantisme libéral de Boris Eltsine, mais il pense qu’il n’est qu’un « eurasiste malgré lui ». Le livre qu’il a écrit il y a quelques années sur Poutine est d’ailleurs loin d’être un exercice d’admiration : Douguine y explique au contraire à la fois ce qu’il approuve chez Poutine et ce qui lui déplaît. Mais de toute évidence ceux qui pérorent en France à son sujet n’ont jamais lu une ligne de lui.

    FP : Vous connaissez bien Alexandre Douguine et son œuvre. Vous avez par ailleurs récemment publié un ouvrage critique sur les médias intitulé Survivre à la désinformation (2021). Comment jugez-vous globalement son traitement médiatique et celui du conflit russo-ukrainien ?

    ADB : Le traitement médiatique est celui que vous connaissez. Les grands médias français sont tellement habitués à se faire les relais de l’idéologie dominante, ils trouvent tellement normal qu’il n’y ait plus dans ce pays de débats dignes de ce nom, qu’il leur apparaît tout aussi naturel de ne jamais donner la parole à ceux dont ils ignorent ou caricaturent les idées. C’est vrai dans le cas de Douguine comme dans celui de la guerre en Ukraine : le point de vue ukrainien est omniprésent, le point de vue russe n’est même pas mentionné. On crée ainsi un formidable refoulé. Il faut toujours se méfier du refoulé.

     

    Alain de Benoist, propos recueillis par Maxime Le Nagard (Front populaire, 30 août 2022)

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