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Citations - Page 3

  • Dixit Debray

    A l'occasion de la sortie de Dégagements, son dernier ouvrage publié aux éditions Gallimard, Régis Debray a donné un entretien au magazine Le Point dont voici quelques extraits.

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    « Être, à présent, c'est être vu. C'est la caméra qui donne la visibilité sociale, après quoi on est bon pour l'influence, et même pour un ministère. Le système création-édition-critique-médias est devenu un mécanisme d'autocongratulations qui fonctionne en circuit fermé. Quant à nos acteurs, sportifs, chansonniers, animateurs, ils ont la légitimité. Quand Sarkozy pose à côté de son pote Johnny, le patron, c'est Johnny. Il met négligemment la main sur l'épaule de Nicolas. La politique est devenue une filiale parmi d'autres du show-biz. Comme la philosophie, ou ce qui passe pour tel, et le football. Ils font la paire en public et se mettent en ménage dans le privé. Mauvais temps pour les mots. "Casse-toi, pauvre con !" Ceux qui aiment déguster des mots plutôt que déglutir de l'info vont survivre, loin des best-sellers, hors marché, dans des îlots ou des monastères, peut-être dans quelques grandes écoles si celles-ci ne disparaissent pas entre-temps. Mais les Voltaire et les Victor Hugo, dans l'Occident postindustriel, sont technologiquement condamnés. L'intello classique n'est plus fonctionnel. »

     

    « Les nouveaux philosophes produisent de l'indignation au rythme de l'actualité en désignant au bon bourgeois le méchant du jour - le totalitaire, le franchouillard, l'islamo-fasciste, etc. »

     


    « J'estime avoir fait mon travail lorsque j'ai éclairé des zones d'ombre, comme la religion, raccordé des champs, proposé des outils de compréhension, en général pour expliquer pourquoi ça ne marche pas et pourquoi ça ne marchera pas beaucoup mieux demain. Mais je n'appelle personne à la conversion. Entre la tour d'ivoire et la course de vitesse avec l'actu, j'espère trouver une troisième voie, que j'appelle le dégagement ou le regard en biais. Je n'ai plus le virus politique, mais je garde un penchant pour les collectifs : j'aime la bande, la revue, la conspiration, le commando. C'est un trait de gauche. On ne se refait pas. »

     

    «  Le grand retour indigéniste auquel nous assistons à travers quelqu'un comme Evo Morales est bien une revanche de la mémoire sur les tables rases du futurisme occidental. Toutes les révolutions socialistes sont des nationalismes. Mao commence pour de bon avec l'attaque du Japon. Pourquoi les talibans sont-ils forts ? Parce qu'ils sont chez eux envahis par des étrangers, infidèles de surcroît. On ne gagne pas contre une civilisation. »

     

    «  Le problème, c'est l'évanouissement de l'Europe comme alternative. Voyez l'obamania de nos provinces. Faire d'un patriote américain juste milieu un bon Européen de gauche relève d'une incroyable perte de sens historique. Et géographique. Nous n'avons même plus la force de produire nos propres champions. On s'enamoure en midinette. On dirait qu'en vieillissant l'Europe n'est plus que fleur bleue. Elle regarde l'Oncle d'Amérique en prince charmant, lequel regarde ailleurs, là où les choses se passent : Asie et Pacifique. »

     

    « Le clivage [droite-gauche] reste, mais il est sociologique ou folklorique, au bon sens du mot. Quant aux idées et aux valeurs, allez vous y reconnaître. [...] Qui eût dit que le patron du FMI, installé à New York, serait un jour la vedette de la gauche française ? Il y a vingt ans, on pouvait reconnaître un homme de droite à sa cravate, à sa boutonnière et à sa coupe bien nette. Aujourd'hui, le casual wear et la barbe de trois jours font uniforme commun. En face de quoi vous pouvez me définir comme un conservateur de gauche, tiers-mondiste vieux jeu, voire gaulliste d'extrême gauche. Cela m'indiffère. »

     

    « Le handicap de la gauche, en matière d'art, c'est la morale. Le surmoi est assez peu créatif. La droite doit à un certain cynisme d'avoir les coudées franches. Il m'arrive d'avoir plus de plaisir à lire le Journal de Morand, politiquement immonde, que celui de Leiris, moralement impeccable. »

     

    « Pour sauvegarder votre capacité à être vous-même, faites de l'histoire, sortez de vos frontières et lisez des livres : plus vous maîtriserez les mots, plus vous jouirez des images. »

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  • Les hyènes

    "Est-ce par hasard que l'hyène pénètre dans le cercle lumineux des feux de bivouac ? Autrefois, on n'en rencontrait qu'isolément, dans les sections grillagées des maisons de fous et des prisons. Maintenant, les barrières sont tombées, et les glapissements plaintifs que jadis les chasseurs étaient seuls à entendre à la lisière du désert nous cernent avec une jubilante avidité. Les vautours et les hyènes - ils surviennent quand ont disparu les aigles et les lions."

    Une belle réflexion d'Ernst Jünger, tirée de son essai Trois galets, publié dans Le contemplateur solitaire, un recueil de textes variés que les éditions Grasset ont la bonne idée de rééditer au mois de mars de cette anée.

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  • "Multa renascentur..."

    "Multa renascentur quae jam cecidere, cadentque quae nunc sunt in honore..."                                                                 Horace

    "Bien des choses renaîtront qui sont déjà tombées, et tomberont qui sont maintenant en honneur..."

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    Excellente année 2010 !

     

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  • Un signe de notre temps...

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    "Un signe de notre temps : le devoir de mémoire est devenu martyrologie. Je trouve fâcheux qu'hommage soit si peu rendu aux héros plutôt qu'aux martyrs. D'une part, parce que la notion de martyr est en soi de mauvais goût. D'autres part, parce que les supposés « martyrs » sont toujours inférieurs en valeur d'exemplarité, aux « héros », aux combattants – quels qu'ils soient – aux courageux – a quelque camp qu'ils appartiennent. Je trouve sinistre qu'à notre époque, je trouve sinistre pour notre époque – que Pierre Brossolette soit si oublié, qu'il n'y ait pas, à Paris, une rue Jean Prévost ou une rue du Général Frère, chef de l'Organisation de la Résistance Armée, et mort en déportation en 1944."

    Pierre Le Vigan, Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009)

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  • Une extraordinaire entreprise de falsification du réel...

     

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    "L'aversion que m'inspiraient les journalistes venait, je commençais à le comprendre, de l'extraordinaire entreprise de falsification du réel qui se mettait en place dès cette époque et qui visait à redoubler le monde d'une vérité fabriquée à partir des restes de la grande cuisine philantropique – la seule qui fut acceptable dans l'édification d'une dictature démocratique universelle, laquelle, avec ses droits de l'homme, son antiracisme, et son sens démesuré de l'expiation, serait une sorte de protestantisme définitivement sorti du christianisme et voué aux seuls intérêts du libéralisme économique [...]."

     

    Richard Millet, La confession négative (Gallimard, 2009)

     

     

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  • Maulin se lâche !

    Olivier Maulin, qui a publié récemment Petit monarque et catacombes, roman qui achève le cycle commencé avec En attendant le roi du monde et continué avec Les Evangiles du lac,  donne ce mois-ci un sympathique entretien au magazine Chronic'art. En voici quelques extraits :

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    "Le peuple est sorti de la littérature, où il a été remplacé notamment par l'Immigré avec un grand « I »".

     

    "Dans un monde harmonieux, pour moi, il est évident qu'il doit y avoir un roi au sommet. Sinon, c'est le bordel. C'est moins un roi politique qu'un roi de légende, un roi qui met un peu de beauté dans les cœurs. [...] Moi, je veux un roi magique, un roi qui traverse Paris sur un cheval, la rue de Rivoli au grand galop."

     

    "L'idée du socialisme n'est pas quelque chose que je rejette. Il y a un socialisme français au 19e siècle, qui est fascinant, à dix mille lieues du socialisme d'aujourd'hui, qui n'est plus qu'un mélange de vulgate antiraciste et de bons sentiments. [...] La faute historique des socialistes, à mon sens, c'est d'avoir tellement corrompu le pays qu'ils ont réussi à dégoûter les Français du socialisme."

     

    "Je suis nostalgique d'un certain ordre cosmique, et je suis convaincu qu'au Moyen-Age, les gens étaient plus gais qu'aujourd'hui. Ils vivaient dans un monde qui avaient un sens."

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