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  • Le bouquin de Noël...

    Les éditions Robert Laffont viennent de publier dans leur collection Bouquin, Le bouquin de Noël,  un recueil rassemblé par Jérémie Benoit et consacré à Noël... Historien d'art et conservateur des châteaux du Trianon à Versailles, Jérémie Benoit a également publié plusieurs essais sur les traces de la cultures indo-européenne, comme Les origines mythologiques des contes de Grimm : des mystères du nord aux forêts de l'enfance (Porte-glaive, 1997) ou Le chamanisme : origine et expansion de la culture indo-européenne, (Berg International, 2007).

     

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    " Si chaque année paraissent au moment des fêtes de fin d'année de petits recueils rassemblant quelques contes de Noël, jamais encore il n'a été produit une véritable anthologie rassemblant les récits des plus grands écrivains de tous les temps et de tous les pays. De même, jamais encore il n'a été tenté une explication des thèmes les plus souvent traités dans ces contes, où l'on rencontre des revenants, des spectres, des morts surtout, et particulièrement des morts d'enfants.
    C'est que le sujet, en vérité, relève plus encore de l'anthropologie et de la mythologie, que de la stricte littérature. Rassemblant ainsi des contes, récits et poèmes, aussi bien français qu'allemands, anglais, américains, scandinaves et russes, espagnols ou italiens, l'ouvrage calque son discours sur le calendrier de la fin d'année, évoquant " la mort de l'année " et sa résurrection au moment du solstice d'hiver.
    Partant de la Toussaint, que suit l'Avent, il glisse ainsi vers Noël, le jour de l'An et l'Epiphanie, éclosion finale de l'année nouvelle. C'est la raison pour laquelle on trouvera des contes relatifs à saint Nicolas, par le belge Camille Lemonnier, ou à sainte Lucie, par Selma Lagerlöf, ainsi que des textes sur la nuit de la Saint-Sylvestre, par Hoffmann ou Andersen. Mais c'est naturellement Noël même qui a le plus inspiré nos écrivains.
    Or, soit ils ont écrits dans la tradition, d'origine préchrétienne, ainsi qu'on peut le voir avec d'étranges textes médiévaux, soit ils ont évoqué la Nativité du Christ, substitut chrétien de la lumière recouvrée, soit encore ils ont évoqué la fête, le sapin, la crèche, les lumières, ou bien encore le sentiment toujours émouvant de la fête familiale, prétexte à établir un bilan de vie en cette fin d'année.
    Il faut attendre le XIXe siècle pour voir la littérature de Noël renouer avec l'esprit du Moyen Age. Grâce au romantisme, l'éclosion littéraire de l'Europe provoqua la résurrection des cultures ancestrales, auxquelles chaque écrivain contribua en fonction de sa nationalité. Certains récits sont aujourd'hui devenus très célèbres, comme le Chant de Noël de Dickens, Les Trois Messes basses de Daudet ou La Petite Fille aux allumettes d'Andersen, mais d'autres, trop méconnus, méritaient d'être redécouverts, et il est de petits bijoux ciselés par l'émotion que l'on peut considérer comme des chefs-d'oeuvre.
    C'est le cas de la Fleur-de-Blé de Lemonnier, des Sabots du petit Wolff de Coppée ou de La Noël de Marthe d'Anatole Le Braz. Nul doute que le lecteur ne sera remué par de tels contes, quand au contraire il sera certainement étonné par les récits médiévaux comme La Chasse sauvage d'Orderic Vital ou l'anonyme Sire Gauvain et le Chevalier vert, bien éloignés des Noëls chrétiens et du mercantilisme ambiant aujourd'hui.
    C'est l'âme enfouie de Noël que nous rapportent ces écrivains anciens, relayés au XIXe siècle par Hoffmann, Gogol ou Erckmann-Chatrian. A l'opposé, certains incroyants, comme Louis Mullem, ne se sont pas privés de moquer Noël, ouvrant ainsi la voie à un XXe siècle déchristianisé, parce que matérialiste. "

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  • Séisme !...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial du nouveau numéro de Centurie News (n°10, 9 novembre 2016) qui est consacré à l'énorme surprise que constitue la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines...

     

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    Séisme

    Donald Trump a remporté largement l’élection aux Etats-Unis. Porté par une population sinistrée par la mondialisation libérale, il s’est imposé avec 290 grands électeurs contre 218 pour Hillary Clinton, qui bénéficiait pourtant de l’appui de l’ensemble du système médiatique et financier occidental. Hillary Clinton n’a pas réussi à mobiliser les latinos et les afro-américains comme avait pu le faire Barack Obama. (voir-ci-contre). L’analyse des votes semble néanmoins révéler de fortes disparités ethniques puisque 94% des femmes et 80% des hommes noirs et 68% des femmes et 62% des hommes d’origines latinos ont apporté leurs suffrages à Hillary Clinton. Donald Trump  disposera d’une nette majorité à la chambre des représentants (236 républicains contre 191 démocrates) comme au Sénat (51 républicains contre 47 démocrates). Il disposera aussi d’une majorité républicaine parmi les gouverneurs et les membres de la Cour Suprême (SCOTUS). Du jamais vu depuis 1928.

    A l’ouverture, l’ensemble des indices boursiers a dévissé, à l’exception des places boursières suisses et russes. Le NIKKEI (Japon) enregistre plus de 5 % de baisse au moment où nous écrivons cet article. Le dollar est en baisse et les valeurs refuges (or et emprunts d’Etats) en hausse. La victoire de Donald Trump remet en question le scénario privilégié par les marchés financiers : une hausse prochaine des taux directeurs de la Réserve fédérale. Par ailleurs, la position de Janet Yellen (ci-dessus) est fragilisée, Trump ayant dénoncé à plusieurs reprises le rôle néfaste de la présidente de la FED. D’une façon plus générale, la politique dite de « New Deal » par la relance de grands travaux prônée par Trump durant sa campagne, et confirmée dans son discours de ce mercredi matin, nécessitera un contrôle accru de la présidence sur cette institution (la FED) en vue de financer ses projets. S'il veut tenir cet objectif, Donald Trump devra probablement engager les réformes nécessaires à un retour du contrôle des changes ou ad minima à la mise en place de taux de change réindexés ou maitrisés et reprendre le contrôle de la production monétaire américaine, aux mains des puissances financières qui administrent la FED. Cette étape serait à elle seule une véritable révolution.

    L’économiste Barry Eichengreen estime pour sa part que le recours aux droits de douane, promis par Trump durant sa campagne, pourrait certes déclencher des guerres commerciales et des tensions géopolitiques, mais que cette politique aurait pour effet de pousser les salaires et l'inflation à la hausse. De son côté, la City, si elle ne peut neutraliser les velléités de Donald Trump, continuera probablement d’accentuer l’instabilité monétaire mondiale et d’utiliser la Chine et l’Union Européenne pour porter son projet de création d’une banque centrale mondiale et d’une monnaie mondiale sous le contrôle des banques, en attendant des jours meilleurs …

    Mais la stabilité des institutions européennes pourrait bien être mise à mal par le calendrier électoral, en Autriche, en France et en Allemagne dans les mois à venir. En effet, le séisme que constitue l’élection de Donald Trump devrait stimuler les offres politiques favorables à une remise en question profonde des institutions européennes. En France, si le Front National dispose évidemment d’une proximité avec les options souverainistes défendues par Trump, le manque de compétences disponibles dans ce parti pour assurer une alternance, pourrait l’empêcher de disposer de l’appui réel des relais de puissance américains et russes.

    Toujours en France, les réseaux pro-israéliens chercheront à imposer Nicolas Sarkozy qui, au contraire de François Fillon, est un soutien indéfectible de la politique israélienne en France et dont les positions simultanément pro-américaines et réalistes à l’égard de la Russie semblent pour partie compatibles avec la nouvelle configuration politique occidentale. Problème : celui-ci, mis en cause de façon particulièrement violente par Donald Trump durant sa campagne pour son rôle en Libye, s’est déclaré en faveur de la candidature d’Hillary Clinton, pour ne pas parler des affaires judiciaires qui le poursuivent. François Fillon, même s’il est, pour le moment encore le troisième homme dans les primaires des Républicains, semble être le seul capable d’assurer une transition sous-contrôle en France tout en étant compatible avec la nouvelle configuration créée par l’élection de Donald Trump, à l’exception peut-être de l’appui des réseaux pro-israéliens en France. Il lui reste à passer le cap du premier tour, mais ensuite, face à Alain Juppé ou à Nicolas Sarkozy, il recevrait sans doute les appuis médiatiques nécessaires à sa victoire et prendrait alors une option décisive sur la présidentielle.

    Sur la scène géostratégique internationale, les échanges entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourraient favoriser une évolution rapide de la situation militaire en Syrie sans attendre la fin du mandat de Barack Obama le 20 janvier. Enfin, dans les pays considérés comme des appuis de la politique américaine contre la Russie (Pologne et Ukraine, Qatar et Arabie Saoudite), l’élection de Donald Trump provoque de très vives inquiétudes. Enfin, les pays dont les positions sont liées à leur capacité de basculement dans la mésentente russo-américaine (Iran et Turquie notamment), perdront certainement une part de leur capacité d’influence si Donald Trump et Vladimir Poutine ouvrent ensemble une nouvelle ère dans les relations russo-américaines.

    De nouvelles lignes de forces émergent. Face au défis vitaux auxquels sont confrontées les populations d’origines européennes dans le monde entier, l’évolution progressive vers une entente septentrionale, une meilleure coordination des États de l’hémisphère nord dans l'intérêt de leurs populations, pour improbable qu’elle fût jusqu’ici, est désormais un scénario envisageable. Il était temps, l'orage gronde.

    Centurie News n°10, 9 novembre 2016

     

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  • Ne plus attendre...

    Les éditions Ars Magna viennent de rééditer un essai oublié de Pierre Drieu la Rochelle intitulé Ne plus attendre. Le livre, composé d'articles écrits entre 1939 et 1941, est préfacé par Maurice Courant.

     

     

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    " Pierre Drieu la Rochelle a ainsi présenté Ne plus attendre : « Mon livre écarte volontairement toute polémique politique ; je me suis efforcé de dégager le terrain encombré de routine, d’idées fausses, de plâtras et de baudruches crevées. J’ai essayé de dessiner le décor de la nouvelle scène sur laquelle la France doit ressusciter et retrouver ses vraies destinées. » Il y énumère les erreurs qui prospéraient au lendemain de la défaite de 1940 et il ne s’exclut pas de la coulpe que devait alors battre chaque Français.

    L’opération salutaire menée à bien, il propose de ne penser qu’à l’œuvre de reconstruction et de résurrection. La route française est à retrouver. À la facilité mesquine, indigne de l’homme, Drieu la Rochelle oppose alors les grands noms de France et quelques vertus de la race : sobriété, générosité, astuce, amour mystique du travail, amour de l’outil et de la main. Au bout de l’effort brillera, selon lui, la joie, celle des peuples pauvres, unis dans la solidarité."

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  • Quand la Vème République vacille...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Rouvillois, cueilli sur le Figaro Vox et consacré à la crise institutionnelle que traverse notre pays. Professeur de droit public à l’université Paris-Descartes, Frédéric Rouvillois, qui a récemment publié Être (ou ne pas être) républicain (Cerf, 2015), est également l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire des idées comme Histoire de la politesse (Flammarion, 2006), L’invention du progrès (CNRS éditions, 2010) ou Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011).

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    De Nicolas Sarkozy à François Hollande, la Ve République sur la sellette

    Comparaison n'est pas raison, nous dit la sagesse des peuples. Ce qui n'empêche pas certains rapprochements troublants. Au printemps 1958, l'agonie piteuse de la IVe République avait été marquée par des manifestations de policiers ulcérés par l'impuissance de l'État, par des dissensions amères au sein du gouvernement et de la classe politique, par la perte de légitimité du système et par son incapacité visible à trouver des réponses aux questions les plus urgentes. Et même, par l'électrochoc suscité par la parution d'un livre événement, Les princes qui nous gouvernent, dans lequel un «homme de l'ombre», Michel Debré, consignait lucidement les indices de la phase terminale du régime. Soixante ans plus tard, c'est la Ve République, ou plutôt, ce qu'en ont fait les gouvernants depuis une trentaine d'années, qui se trouve sur la sellette. Et c'est un autre grand livre, La cause du peuple, de Patrick Buisson, qui se charge de dresser le constat, en confrontant le régime tel qu'il avait été conçu à l'origine, à l'ombre caricaturale et falote de ce qu'il est devenu.

    Au début de De l'Esprit des lois, Montesquieu expliquait que chaque gouvernement a son principe, qui est «ce qui le fait agir». En historien et en politiste avisé, Patrick Buisson rappelle quel était celui de la République singulière établie par De Gaulle en 1958, et parachevée en 1962 avec l'élection du président au suffrage universel direct.

    Au sommet de ce que le Général n'hésitait pas à qualifier de «monarchie populaire», le président incarne «de façon indivisible» l'autorité de l'État, et en dispose seul lorsque la nation est confrontée à un péril grave et immédiat. C'est d'ailleurs, souligne Buisson, la grandeur de la république gaullienne, que d'avoir osé rompre «avec cette volonté d'abstraction qui remonte à la révolution de 1789», et renouer «avec une tradition plus longue, plus ancienne et plus profondément enracinée, selon laquelle en France, pays latin de culture chrétienne, le pouvoir suprême s'exerce non par délégation, et par incarnation». À la base, le peuple en majesté: un peuple qui n'est plus le «souverain captif» dénoncé sous la IIIe République par André Tardieu, le mentor du Colonel de Gaulle, mais le souverain tout court, qui choisit au suffrage universel celui qu'il entend faire chef de l'État. Entre les deux, enfin, entre la base et le sommet, le «principe» de cette république singulière: un «courant de confiance» sur lequel se fonde l'autorité du président, mais qui implique en retour sa responsabilité politique devant le peuple. La légitimité du président résulte à la fois de cette confiance, et de la poursuite du bien commun - ce qui suppose qu'il se comporte comme le président de tous les Français, et non comme représentant, à l'Élysée, de son parti ou des soi-disant élites qui l'environnent.

    Or, démontre impitoyablement Buisson, ce «principe» s'est évaporé depuis une trentaine d'années.

    Au lieu d'un pouvoir incarné combinant «présence et distance, proximité et verticalité», on «oscille entre ces deux pôles de la désacralisation que sont l'exhibition de la personne et la vulgarisation de la fonction». Dérive dont «le narcissisme de Nicolas Sarkozy (…) et le bonhommisme de François Hollande (…) auront été l'aboutissement», l'un comme l'autre n'hésitant pas à se réclamer d'une même «logique de l'abaissement». Voilà pourquoi, entre l'homme à la Rolex et l'homme au scooter, entre le président du Fouquet's et le président normal, ce sont surtout les similitudes qui frappent. Le Chef de l'État renonce à sa singularité, à sa hauteur, à cette distance qui fonde l'autorité, pour se présenter comme un «hypoprésident», un citoyen ordinaire, très ordinaire même, jetant ostensiblement aux orties le frac présidentiel pour endosser son survêtement et ses charentaises. Sauf que ce président «normalisé» oublie à quel point il en devient anormal au regard du principe d'un régime où l'autorité présidentielle est conditionnée par la responsabilité et la légitimité de son titulaire. Le président ne dispose en effet des pouvoirs qui lui sont attribués, qu'aussi longtemps qu'il bénéficie de la confiance du peuple. Lorsqu'il l'a perdue, il n'y a plus aucun titre, et son pouvoir n'est plus qu'une forme de despotisme. Un despotisme mou et inefficace, certes, mais un despotisme tout de même, et dont on comprend, jusqu'au cœur de l'État, qu'il n'a plus droit au respect ni à l'obéissance.

    Mais la conséquence de cette désincarnation, c'est également l'érosion du caractère démocratique du système, la responsabilité, qui en théorie fonde l'autorité du président, étant aussi le moyen, pour le peuple, de faire entendre sa voix. De là, pointe Patrick Buisson, «un Kratos sans Démos»: un pouvoir retiré au peuple au nom de la démocratie elle-même, sans que le subterfuge suscite autre chose qu'un sentiment de malaise - et une abstention de plus en plus massive chez les jeunes et dans les catégories les moins favorisées.

    Et c'est ainsi que la Ve République, Monarchie populaire, voit ses deux piliers vaciller en même temps. Alors que le monarque l'est de moins en moins, hésitant entre le lampiste et le despote mais refusant d'un même mouvement incarnation et responsabilité, le peuple voit s'évanouir sa souveraineté, réduite en miettes puis répartie entre d'innombrables intervenants, représentants qui ne représentent pas même la moitié des électeurs, juges, experts européens, technocrates bruxellois, instances partisanes sélectionnant les candidats à la présidentielle, etc. Le tout fabriquant une manière de «postdémocratie» qui n'est jamais qu'une antidémocratique. Une démocratie dépassée, remplacée par un Kratos désincarné, lointain, inaccessible, situé dans quelque introuvable cloud politique.

    Frédéric Rouvillois (Figaro Vox, 31 octobre 2016)

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  • Le salut par Tolkien...

    Les éditions Avatar viennent de publier un essai de Nicolas Bonnal intitulé Le Salut par Tolkien - Eschatologie occidentale et ressourcement littéraire. Journaliste et essayiste, Nicolas Bonnal est notamment l'auteur de Tolkien, les univers d'un magicien (Les Belles Lettres, 1998) ou de plusieurs livres sur le cinéma dont Ridley Scott et le cinéma rétrofuturiste (Dualpha, 2013), Les mystères de Stanley Kubrick (Dualpha, 2014) ou Le paganisme au cinéma (Dualpha, 2015).

     

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    " Ce livre n’est pas une reprise du classique de 1998, traduit en plusieurs langues. Il se veut une vision plus décalée, plus libre et plus pessimiste aussi du monde de Tolkien, de ses aspirations, de ses ostentations et de son désespoir. Il traite ainsi des liens de Tolkien et de la tradition, de l’occident et de son eschatologie terminale. Car nous vivons la Fin des Temps la plus grotesque qui se pouvait concevoir. La profanation de la propre œuvre du maître par la culture de masse le démontre à l’envi.

    Mais Tolkien est aussi porteur d’un message de guérison, d’un message de thaumaturge et de liturgiste. Sa description de l’amour et de la nature, de la chevalerie et de l’initiation, que l’auteur relie autant au Kalevala qu’à la poésie romaine, sont autant de signaux pour mieux nous aider à affronter un monde à la dérive, et à le traverser. 

    Car il y a l’eschatologie du monde occidental d’un côté, dont Tolkien ne cesse de parler dans une correspondance réactionnaire ignorée, et le salut par une œuvre de l’autre, qui repose sur le génie poétique et l’affection cosmologique d’un esprit fabuleux. "

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  • Le Bug !...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial du dernier numéro de Centurie News (n°9, 4 novembre 2016) qui est consacré aux élections américaines et à ce qu'elles révèlent...

     

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    Le Bug

     

    Les élections aux Etats-Unis se terminent le 8 novembre au soir. A moins d’une semaine de ces élections, les sondages semblent encore donner une avance en terme de nombre de sièges de grands électeurs à Clinton, tandis que Trump s’approche et dépasse parfois cette dernière en pourcentage d'intentions de vote. Le résultat est incertain et à cette heure, rien ne permet d'anticiper les résultats. Mais quoi qu’il en soit, cette élection marquera un tournant de l’histoire du monde et ce, pour plusieurs raisons.

     

    D’une part, au cœur de la puissance politique, économique et militaire de notre époque, une véritable opposition s’est manifestée. Les élections, qui étaient depuis 30 ans l’occasion d’une opposition factice entre membres modérés d’une élite globalement solidaire, ont laissé la place à un affrontement direct, dur et sous l’œil de l’opinion publique internationale, entre deux candidats que presque tout oppose (Voir Centurie News n°2). Cette opposition fixe la ligne de fracture entre deux destins devenus irréconciliables pour l’Amérique : redevenir une nation ou rester le bras armé d’un empire financier transnational.

     

    Cette campagne a mis en lumière les gouffres d’intérêts entre deux camps qui s’appuient sur des populations bien distinctes : d’un côté, une élite aux pratiques mafieuses (chaque nouvelle publication de Wikileaks permet d’en mesurer l’étendue) appuyée sur des bourgeoisies libérales, des minorités sexuelles ou des minorités ethniques qu’elle manipule, alimente et promeut grâce à une politique sociale structurellement déficitaire. Le remboursement des intérêts de ces déficits alimente d’ailleurs un cœur financier resté pour l’essentiel dans l’ombre. De l’autre, une classe moyenne blanche sinistrée par la mondialisation soutenue par des bourgeoisies conservatrices, rejointe par des travailleurs, artisans, employés et entrepreneurs encore insérés économiquement et socialement mais inquiets des effets visibles de la mise en oeuvre de l'agendade la société ouverte : immigration, chômage, pauvreté, déstructuration des normes, marchandisation, violence, destruction de la nature, etc.

     

    Sur le plan médiatique, cette campagne fut tout aussi marquée. D’un coté, les médias de masse occidentaux, renforcés par le géant Google (Facebook et Twitter étant globalement restés plutôt neutres) et une armada d’ONG, de spécialistes rémunérés, de publicitaires, de people et de journalistes. De l’autre, une population sans médias ou presque, partageant son stress, son enthousiasme, ses informations et ses colères sur les réseaux et les courriers des lecteurs avec une myriade de petites ONG et de médias alternatifs, et une contribution qui restera historique, celle de la communauté informatique alternative mondiale qui, sous la houlette de Wikileaks, a joué un rôle clé dans cette titanesque confrontation.

     

    On ne peut évidemment pas ignorer les possibles contributions financières, technologiques ou autres, d’Etats étrangers à cette campagne dont il reste difficile de mesurer l’importance exacte. Le rôle d’une partie des cadres de l’Administration  américaine, qui ne veulent pas se résoudre à ce que leur pays poursuive sa course vers la société ouverte, reste lui aussi à déterminer. En effet, l’intervention du FBI à une grosse semaine de l’échéance et les soutiens militaires dont bénéficie Trump ne laissent aucun doute sur le rôle discret de ces acteurs du jeu. 

     

    Autre effet de cette campagne, l’incroyable amateurisme du clan Clinton a dévoilé au monde entier, et dans le détail, une part significative de ses connexions, ses accointances, ses faiblesses et ses orientations stratégiques. La divulgation de dizaines de milliers d’emails du cœur organisationnel d’Hillary Clinton, connecté à celui de la Maison Blanche et à des réseaux financiers, médiatiques et fédéraux, rendra probablement très compliqué l’exercice de son mandat, au moins dans un premier temps. A cela s’ajoutent les risques réels pesant sur elle et son mari d’inculpations dans un grand nombre d’affaires graves dans les mois à venir.

     

    Les Français eux, se sont une nouvelle fois regardés dans le miroir de leurs politiques et de leurs médias. Sur ce point, comme sur presque tous les autres, les médias français n’ont pu, à aucun moment, restituer les enjeux réels de cette élection. Dans le protectorat qu’est devenue la France, la colère gronde aussi car les fossés révélés aux Etats-Unis y sont parfaitement transposables : l’élection encore possible de Donald Trump grâce à Julien Assange et sa communauté, aurait un effet d’accélérateur sur le processus de renouvèlement des élites de toute l’Europe occidentale dans les prochaines années. Le bug approche.

     

    Centurie News n°9, 4 novembre 2016

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