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  • La démondalisation, vite !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Marc Rousset, cueilli sur Scriptoblog et consacré à l'urgence de la démondialisation. Marc Rousset est l'auteur d'un essai intitulé La nouvelle Europe Paris - Berlin - Moscou (Godefroy de Bouillon, 2009).

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    La nécessaire démondialisation

    « Plutôt que la démondialisation, la mondialisation par le haut ! » Tel est le titre d’une chronique irréaliste du Professeur Emmanuel Combe à l’Université de Paris-I dans le Figaro du mardi 1er Novembre qui revient en fait à défendre le libre échange mondialiste ! Que Madame Laurence Parisot du MEDEF et Monsieur Maurice Levy dans son rapport du B20 à Cannes défendent cette contre-vérité, cela est compréhensible car ils ne font que défendre les stock options de l’oligarchie managériale ainsi que les profits des multinationales dans les pays émergents, mais qu’un Professeur défende ces thèses par manque de bon sens et favorise donc le chômage en France ainsi que la désertification industrielle, c’est triste !

    Les défenseurs du libre échange mondialiste et de la mondialisation par le haut ne font que reprendre en fait la vieille antienne que l’on nous rabâche depuis 30 ans comme quoi, à nous les Européens, l’innovation , les produits sophistiqués propres à haute valeur ajoutée et aux pays émergents les produits polluants de faible intérêt technologique . Tandis que la France attend en vain le messie salvateur de l’innovation depuis 30 ans ,Saint Thomas ,lui, constate qu’elle déjà perdu en réalité pendant cette période 3 millions d’emplois industriels  ! Faudra t-il, après déjà avoir laissé partir tant de technologie et de savoir faire d’une façon irréversible que l’on attende encore quelques années pour reconnaitre trop tard ces mensonges et ces inepties ? Faudra t-il le désert industriel bien réel et presqu’absolu de l’Hexagone pour reconnaître la stupidité et la vanité de ces thèses ?

    Aujourd’hui 78% des embauches en France se font en CDD ! Le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé en Europe avec son plus haut historique de 10,2% ! Quant à l’Allemagne, il ne faut pas oublier que 60% de ses exportations sont réalisées en Europe et que l’excédent de ses exportations vient de son « Mittelstand » industriel avec des niches spécialisées, des machines outils, et surtout avec ses voitures haut de gamme ; ces dernières , fabriquées aujourd’hui en Allemagne , sont exportées en Chine  et dans les pays émergents, mais elles sont appelées demain à être fabriquées dans ces pays. A moyen terme, le numéro un mondial de la voiture haut de gamme, l’allemand BMW, veut produire autant de véhicules en dehors de son pays d’origine , notamment en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil qu’à l’intérieur , a déclaré Frank-Peter Arndt, son directeur de la production à la revue Automotive News Europe.BMW produit actuellement 58% de ses voitures en Allemagne contre 70% en 2002. L’Allemagne ne sera que le dernier des pays européens à demander la fin du libre échange mondialiste , mais son tour viendra inexorablement car les Chinois un jour fabriqueront les machines outils, les voitures haut de gamme et les exporteront aussi en Allemagne !

    De même arrêtons de croire comme des benêts et de prendre pour argent comptant les dernières déclarations du Président Sud- coréen Lee Myung-bak ,en vue du G20 à Cannes , comme quoi le « protectionnisme conduit à la récession » !Cela est peut être vrai pour la Corée et la Chine , mais certainement pas pour l’Europe ! Les Chinois devront de toute façon dans un avenir immédiat acheter de Airbus ou des Boeing et tant pis si demain l’ industrie du luxe des parfums, des foulards et des sacs en cuir qui repose uniquement sur le bluff imaginaire du Marketing ,suite à des dépenses colossales publicitaires et non pas dans la valeur industrielle ajoutée des fabrications (moins de 10% ou de 5% de la valeur du produit pour les parfums , comme l’a très bien montré Capital dans son numéro d’octobre 20II) ne vend plus en Chine ou au Japon. Mais la France recommencera à fabriquer, ce qui est beaucoup plus important des espadrilles dans le pays basque, des chaussures à Romans, des produits textiles dans le Nord et dans les Vosges , et des biens de consommation durables.

    Il faut donc arrêter de rêver et pour parodier De Gaulle « cesser de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’innovation, l’innovation ! ». Il faut arrêter de croire que le seul mot innovation va suffire à nous guérir de tous nos malheurs. La Chine vient de réussir son premier rendez-vous spatial ! China Aviation Industry Corp, après avoir lancé l’avion régional ARJ-21 de 80 places, compte fabriquer un avion de 150 places pour rivaliser avec l’A320 et le Boeing 737.Un ordinateur sur deux vendus dans le monde porte le label chinois qui ne concerne plus seulement les tee-shirts. Un des derniers slogans chinois « Chuangxin !» : « Innovation ! » du Parti communiste chinois avait pour but de transformer le pays « d’une Chine qui fabrique en une Chine qui innove », ce qui devrait finir par ouvrir les yeux des naïfs. La part du « high tech » dans les exportations chinoises est de 30% et, depuis 2004, la Chine est le premier exportateur mondial de nouvelles technologies devant les Etats-Unis ! La Chine non seulement copie, mais innove avec des dépenses de recherche et développement en augmentation de 20% par an qui ont dépassé celles du Japon et se situent au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis. 7,1 millions d’étudiants en science, médecine et ingénierie en 2004, 750 centres multinationaux de recherche et 1731 universités en 2007, 45 milliards de dollars en 2010 et 113 milliards de dollars en 2020 pour la recherche ! Le discours sur la salutaire spécialisation dans l’économie de l’immatériel pour les pays de la « vieille Europe » n’a donc aucun sens.

    Un très grand nombre d’Européens, crétinisés par les médias, établissent très souvent la comparaison entre le protectionnisme et la ligne Maginot, croyant ainsi mettre très rapidement un terme aux discussions avec leur interlocuteur, essayant de lui faire comprendre que la messe est dite ! Or, à la réflexion , la ligne Maginot en mai 1940 n’a pas été prise et a parfaitement joué son rôle ! La seule véritable erreur a été de commettre sur le plan militaire le même pêché de naïveté qu’aujourd’hui sur le plan économique, à savoir de respecter la neutralité de la Belgique et de ne pas écouter De Gaulle avec ses divisions blindées mécanisées, tout comme l’on respecte encore les bobards libre-échangistes ! La véritable erreur a été ne pas achever la construction de la ligne Maginot jusqu’à Dunkerque pour éviter la trouée de Sedan, dont l’équivalent économique actuel serait le rétablissement de la préférence communautaire avec des droits de douane ! L’Allemagne de la « Blitzkrieg » avait aussi en 1939 sa ligne Maginot défensive , la ligne Siegfried, qui a parfaitement joué son rôle fin 1944-début 1945 ! S’il faut être offensif, innovateur et essayer de prendre des marchés à l’exportation, il faut donc aussi savoir se défendre économiquement ! 

    Bref, il y a ceux qui attendent le désert industriel le plus complet pour reconnaître, mais trop tard qu’ils se sont trompés, tout comme ceux qui attendent le début des violences et une guerre civile inexorable d’ici une vingtaine d’années pour reconnaître que l’immigration extra-européenne est une grave erreur ! Un peu de bon sens, de courage, d’honnêteté, de réalisme et d’intelligence pragmatique pour ne pas laisser « crever » les classes moyennes et le peuple de France, voila ce dont ont besoin d’une façon urgente l’UMPS ainsi que les lâches et stupides élites françaises !

    Marc Rousset (Scriptoblog - Le retour aux sources, 3 novembre 2011)

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  • Le féminisme et ses dérives...

    Les éditions de Paris viennent de rééditer Le féminisme et ses dérives - Rendre un père à l'enfant-roi, un essai de Jean Gabard, qui avait été initialement publié en 2006. Professeur, l'auteur a commencé son parcours dans les années 70 dans la contre-culture libertaire, pacifiste, écologiste et féministe avant d'en arriver, au fil du temps et de l'expérience , à devenir très critique sur les dérives de l'idéologie féministe et sur les dégâts qu'elle a provoquée dans l'éducation des enfants.

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    "Oser critiquer un certain féminisme valait, il y a peu, d'être taxé de réactionnaire, mais aujourd'hui le sujet peut être traité sans œillères. Cet essai vient relancer le débat. Il montre comment, au nom d'une certaine idée de la liberté et de l'égalité, une idéologie " moderniste " qu'il faut bien appeler " féministe " puisqu'elle s'oppose radicalement à l'idéologie mise en place par l'homme, devient à son tour dominante. Il ne s'agit pas de ressusciter ici la traditionnelle guerre entre l'homme et la femme, mais de rappeler les rapports difficiles entre le sexe dit fort et le sexe prétendu faible. Après avoir dessiné les grandes lignes d'une confrontation qui va de l'installation de la société patriarcale à sa contestation moderne, l'auteur dénonce la " bien-pensance " actuelle vis-à-vis de l'idéologie féministe. En effet, au nom de la nécessaire émancipation de la femme et de la juste lutte contre l'oppression qui, dans bien des pays, fait d'elle un sujet de condition inférieure, le féminisme en vient à nier la différence des sexes et à diaboliser l'homme perçu comme inutile. Ce nouveau dogme gynocentriste, qui est en train d'accoucher d'une société sans pères et sans repères, a de redoutables conséquences dans les domaines de l'évolution de la famille et de l'éducation des enfants. Dans cet essai, l'auteur ne se contente pas de dénoncer les dérives féministes (qui sont aussi celles de la démocratie), il s'attache aux racines mêmes du malaise de notre société et dénonce aussi le machisme et l'intégrisme qui, partout, se font menaçants. Procédant selon une approche pluridisciplinaire, il aborde le sujet sous les angles historique, sociologique, psychologique, politique, économique, symbolique...En ciblant tour à tour les faiblesses de l'idéologie machiste et celles de la nouvelle idéologie féministe, l'auteur invite les hommes et les femmes à ne pas s'enliser dans un manichéisme stérile mais à sortir de la confusion et des illusions pour inventer ensemble un projet adulte. "

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  • Prolonger l'agonie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'économiste Jacques Sapir, parue dans Marianne, concernant l'accord européen du 27 octobre sur la dette grecque et le fond europée de stabilité.

     

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    Un accord qui ne fait que prolonger l'agonie de l'euro

    L'accord réalisé cette nuit ne fera que prolonger l'agonie de l'Euro car il ne règle aucun des problèmes structurels qui ont conduit à la crise de la dette. Mais, en plus, il compromet très sérieusement l'indépendance économique de l'Europe et son futur à moyen terme. C'est en fait le pire accord envisageable, et un échec eût été en fin de compte préférable.

    Nos gouvernements ont sacrifié la croissance et l'indépendance de l'Europe sur l'autel d'un fétiche désigné Euro.
     

    Huit mesures actées

    Si nous reprenons les mesures qui ont été actées nous avons :
     
    1.Une réduction partielle de la dette mais ne touchant que celle détenue par les banques. Autrement dit c'est 100 milliards qui ont été annulés et non 180 (50% de 360 milliards). Cela ne représente que 27,8%. La réalité est très différente de ce qu'en dit la presse. Cela ramènera la dette grecque à 120% en 2012, ce qui est certes appréciable mais très insuffisant pour sortir le pays du drame dans lequel il est plongé.
     
    2.Le FESF va se transformer en « fonds de garantie » mais sur les 440 milliards du FESF, seuls 270 milliards sont actuellement « libres ». Comme il faut garder une réserve c'est très probablement 200 milliards qui serviront à garantir à 20% les nouveaux emprunts émis par les pays en difficultés. Cela représente une capacité de 1000 milliards d'emprunts (200 / 0,2). C'est très insuffisant. Barroso avait déclaré qu'il fallait 2200 milliards et mes calculs donnaient 1750 milliards pour les besoins de la Grèce (avant restructuration) du Portugal et de l'Espagne. Cet aspect de l'accord manque totalement de crédibilité.
     
    3.La recapitalisation des banques est estimée à 110 milliards. Mais, l'agence bancaire européenne (EBA) estimait ce matin la recapitalisation à 147 milliards (37 de plus). De plus, c'est sans compter l'impact du relèvement des réserves sur les crédits (le core Tier 1) de 7% à 9% qui devra être effectif en juin 2012. Il faudra en réalité 200 milliards au bas mot, et sans doute plus (260 milliards semblent un chiffre crédible). Tout ceci va provoquer une contraction des crédits (« credit crunch ») importante en Europe et contribuer à nous plonger en récession. Mais, en sus, ceci imposera une nouvelle contribution aux budgets des États, qui aura pour effet de faire perdre à la France son AAA !
     
    4.L'appel aux émergents (Chine, Brésil, Russie) pour qu'ils contribuent via des fonds spéciaux (les Special Vehicles) est une idée très dangereuse car elle va enlever toute marge de manoeuvre vis à vis de la Chine et secondairement du Brésil. On conçoit que ces pays aient un intérêt à un Euro fort (1,40 USD et plus) mais pas les Européens. La Russie ne bougera pas (ou alors symboliquement) comme j'ai pu le constater moi-même lors d'une mission auprès du gouvernement russe en septembre dernier.
     
    5.L'engagement de Berlusconi à remettre de l'ordre en Italie est de pure forme compte tenu des désaccords dans son gouvernement. Sans croissance (et elle ne peut avoir lieu avec le plan d'austérité voté par le même Berlusconi) la dette italienne va continuer à croître.
     
    6.La demande faite à l'Espagne de « résoudre » son problème de chômage est une sinistre plaisanterie dans le contexte des plans d'austérité qui ont été exigés de ce pays.
     
    7.L'implication du FMI est accrue, ce qui veut dire que l'oeil de Washington nous surveillera un peu plus... L'Europe abdique ici son « indépendance ».
     
    8.La BCE va cependant continuer à racheter de la dette sur le marché secondaire, mais ceci va limiter et non empêcher la spéculation.
     
     

    Les piètres conclusions que l'on peut en tirer...

     
    Au vu de tout cela on peut d'ores et déjà tirer quelques conclusions :
     
    - Les marchés, après une euphorie passagère (car on est passé très près de l'échec total) vont comprendre que ce plan ne résout rien. La spéculation va donc reprendre dès la semaine prochaine dès que les marchés auront pris la mesure de la distance entre ce qui est proposé dans l'accord et ce qui serait nécessaire.
     
    - Les pays européens se sont mis sous la houlette de l'Allemagne et la probable tutelle de la Chine. C'est une double catastrophe qui signe en définitive l'arrêt de mort de l'Euro. En fermant la porte à la seule solution qui restait encore et qui était une monétisation globale de la dette (soit directement par la BCE soit par le couple BCE-FESF), la zone Euro se condamne à terme. En recherchant un « appui » auprès de la Chine, elle s'interdit par avance toute mesure protectionniste (même Cohn-Bendit l'a remarqué....) et devient un « marché » et de moins en moins une zone de production. Ceci signe l'arrêt de mort de toute mesure visant à endiguer le flot de désindustrialisation.
     
    - Cet accord met fin à l'illusion que l'Euro constituait de quelque manière que ce soit une affirmation de l'indépendance de l'Europe et une protection de cette dernière.

    Pour ces trois raisons, on peut considérer que cet accord est pire qu'un constat d'échec, qui eût pu déboucher sur une négociation concertée de dissolution de la zone Euro et qui aurait eu l'intérêt de faire la démonstration des inconséquences de la position allemande, mais qui aurait préservé les capacités d'indépendance des pays et de l'Europe.
    Les conséquences de cet accord partiel seront très négatives. Pour un répit de quelques mois, sans doute pas plus de six mois, on condamne les pays à de nouvelles vagues d'austérité ce qui, combiné avec le « credit crunch » qui se produira au début de 2012, plongera la zone Euro dans une forte récession et peut-être une dépression. Les effets seront sensibles dès le premier trimestre de 2012, et ils obligeront le gouvernement français à sur-enchérir dans l'austérité, provoquant une montée du chômage importante. Le coût pour les Français de cet accord ne cessera de monter. 

    Politiquement, on voit guère ce que Nicolas Sarkozy pourrait gagner en crédibilité d'un accord où il est passé sous les fourches caudines de l'Allemagne en attendant celles de la Chine. Ce thème sera exploité, soyons-en sûrs, par Marine Le Pen avec une redoutable efficacité. Il importe de ne pas lui laisser l'exclusivité de ce combat.
     
    La seule solution, désormais, réside dans une sortie de l'euro, qu'elle soit négociée ou non.
     
    Jacques Sapir (Marianne, 27 octobre 2011)
     
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  • Le doux monstre de Bruxelles...

    Les éditions Gallimard viennent de traduire un pamphlet de l'auteur allemand Hans Magnus Enzensberger intitulé Le doux monstre de Bruxelles ou L'Europe sous tutelle. Observateur critique et pessimiste de la société contemporaine, Hans Magnus Enzensberger est notamment l'auteur de Médiocrité et folie (Gallimard, 1991), Hammerstein ou l'intransigeance (Gallimard, 2010) ou Politique et crime (Gallimard, 2011).

     

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    "Dans ce bref pamphlet, Hans Magnus Enzensberger s'attaque frontalement à l'Europe. Une provocation supplémentaire de la part de cet Européen convaincu ? Non, un cri d'alarme contre la bureaucratie bruxelloise qui, sous prétexte d'harmoniser, détruit peu à peu l'idéal qui a présidé à la construction de l'Union. Absence de démocratie flagrante, organismes innombrables, langue sclérosée, l'Europe, Enzensberger en est convaincu, travaille aujourd'hui à sa perte. Une contribution argumentée et mordante au débat sur l'avenir de l'Europe."

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  • Dieu est-il brésilien ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré à l'admiration extasiée, et bien imméritée, que suscite le Brésil dans les médias... 

     

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    Inquiétant Eldorado

    Hélas, on lit trop peu ces temps-ci Octobre 17 vu de France (Éditions sociales, 1967), sommet inégalé de l’hagiographie soviétolâtre dû au défunt chef stalinien Jacques Duclos, et ses élans grandioses sur « l’exaltante perspective de la société communiste de demain ». Amusé, le lecteur se dit alors qu’en 2011, c’en est bien fini de ces inepties.

    Eh bien non – car on en trouve d’analogues, voire de pires et par pleines pages, dans la presse européenne.

    Objet de l’adulation : le Brésil, dont de grands médias ne parlent plus que sur le ton de l’extase. « La cinquième puissance économique mondiale », s’ébahit l’un. Ce « gentil géant » est « un eldorado pour investisseurs », se pâme l’autre, concluant dans un râle que « Dieu est brésilien ».

    Or pour le criminologue informé, on est quand même loin du conte de fées, et le délirant culte “brésilâtre” semble, au vu des faits, pour le moins injustifié. Écoutons les experts brésiliens, lisons les rapports officiels du pays (ce que nul “brésilâtre” ne paraît jamais faire) ; voyons – surtout – ce que pensent les Brésiliens eux-mêmes de ces flots de doucereuses flatteries.

    D’abord, en matière de crime, excellent révélateur social. Là, le bilan du Brésil est affreux : premier pays du monde pour les décès par armes à feu (31 homicides pour 100 000 habitants à Rio de Janeiro en 2010 ; en moyenne 2 pour 100 000 dans l’Union européenne…), l’élucidation des crimes qui y sont commis avoisine zéro. Depuis 1980, plus de 3 millions de Brésiliens ont péri de mort violente – c’est plus de 10 fois le nombre de victimes des bombardement atomiques d’Hiro­shima et de Nagasaki.

    Chaque jour au Brésil, travailleurs sociaux et défenseurs de paysans sans terres sont assassinés par les mi­lices armées des grands propriétaires. Au quotidien, les populations des favelas (mot poli pour désigner les bidonvilles) sont rackettées par de véritables armées criminelles, contrôlant depuis des décennies ces coupe-gorge où, rien qu’à Rio, vivent quelque 30 % de la population locale.

    Abandonnés par l’État, ces malheureux dépendent pour tout des bandits, ou de milices “anticrime” (pires encore dans les faits) : transports urbains, télé­vision par câble, bonbonnes de gaz, eau et bien sûr… stupéfiants. Dans les métropoles brésiliennes, miliciens ou gangsters taxent les populations des favelas, im­posent des couvre-feux et allouent même les bara­quements !

    En août dernier encore, dans une banlieue de Rio, une magistrate (mère de famille de 47 ans) qui s’opposait à cette emprise criminelle sur les favelas est criblée de balles… par des policiers ripoux au service des gangsters. Pour faire bonne figure avant les jeux Olympiques et le Mondial de football, le gouvernement brésilien a timidement entrepris, fin 2010, de restaurer l’ordre dans 17 des 1 000 favelas de Rio – au prix d’une quasi-guerre civile durant laquelle des blindés équipés de mitrail­leuses de calibre 50 tiraient à l’aveugle parmi des baraques en planches et tôle ondulée. Or, quelques mois plus tard, l’armée revient dans ces bidonvilles, entre-temps reconquis par les bandits ! Le cycle classique corruption-intimidation…

    L’économie, maintenant. Si les récents précédents new-yorkais et irlandais ont un sens, ce pays est en pleine surchauffe – la dimension frauduleuse étant, là encore, majeure : salaires des patrons plus élevés qu’aux États-Unis, mètre carré de bureau plus cher à São Paulo qu’à la City de Londres, multiplication des milliar­daires locaux, dans un pays parmi les plus inégalitaires du monde où, dit un économiste écœuré, « l’abîme qui sépare le capital du travail atteint précisément le comble de l’obscénité ».

    Aux mains d’une gauche factice entièrement hypnotisée par Goldman Sachs (banque ayant, rappelons-le, inventé le miroir aux alouettes des Bric), le gouvernement brésilien voit aussi gonfler une énorme bulle du crédit à la consommation – 28 % du revenu disponible local servant désormais à rembourser des dettes (contre 16 % du revenu des Américains, pourtant extravagants en la matière). Le nombre de Brésiliens ayant plus de 3 000 dollars de dettes a cru de 250 % depuis 2004, alors que 150 millions de cartes de crédit circulent dans le pays, trois fois plus qu’en 2008 !

    Ajoutons-y une bureaucratie immense et paralysante, une sécurité civile inexistante, une corruption grave, un népotisme et un clientélisme énormes, permettant toutes les fraudes. Et quasiment pas d’infrastructures majeures entreprises depuis trente ans. De grands groupes, dont Carrefour, commencent d’ailleurs à regretter d’avoir écouté les sirènes médiatiques à propos d’un pays devenu le cauchemar du numéro deux mon­dial de la distribution.

    Sur place, les plus optimistes espèrent que l’inévitable et explosive correction ne surviendra pas avant les jeux Olympiques, organisés à Rio en 2016 – mais refusent de le certifier.

    Voici le paradis inventé par ce que nous avons baptisé “DGSI” (Davos Goldman Sachs Idéologie).

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 20 octobre 2011)

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  • Décolonisez l'Afrique !...

    Les éditions Ellipses viennent de publier Décolonisez l'Afrique !, le nouvel essai de Bernard Lugan. Africaniste de terrain et universitaire, Bernard Lugan est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment d'une monumentale Histoire de l'Afrique, des origines jusqu'à nos jours (Ellipses, 2009) ainsi que d'une Histoire de l'Afrique du sud (Ellipses, 2010) et d'une Histoire du Rwanda (Bartillat, 1999). 

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    "L'Afrique subit une recolonisation économique, politique, philosophique et morale : le FMI et la Banque mondiale imposent leurs diktats à des peuples sidérés dont les gouvernants dociles sont tenus en tutelle ; les pays du Nord exigent qu'y soit appliquée la démocratie individualiste qui débouche sur l'ethno mathématique ; les multinationales et les puissances asiatiques pillent ses matières premières et colonisent ses terres arables ; l' " immigration choisie " lui vole ses élites ; la " jet set " internationale s'approprie des sites majeurs pour y étaler son insolente richesse et ses vices ; le droit d'ingérence humanitaire, version contemporaine de la " guerre juste ", bombarde les rares dirigeants indociles, en Côte d'Ivoire et en Libye. Un demi siècle après les fausses indépendances, la véritable libération de l'Afrique est donc à la fois nécessaire et urgente. Bernard Lugan est l'auteur de nombreux livres consacrés à l'Afrique, et a publié récemment aux éditions Ellipses une monumentale Histoire de l'Afrique qui fait référence ainsi qu'une Histoire de l'Afrique du Sud. L'essai qu'il signe ici est un cri du cœur face à une Afrique déchirée et humiliée. Les Africains et tous les amoureux de l'Afrique devraient y trouver des pistes d'espoir."

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