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De Gaulle et la conscience ethnique...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur le site du nouveau Présent et consacré à De Gaulle et à son rapport paradoxal à la conscience ethnique...

Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

 

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De Gaulle et la conscience ethnique

Mythe d’un De Gaulle conforme à l’antiracisme subversif

Ceux, de plus en plus nombreux au fil du temps, qui se réclament du général De Gaulle à tout bout de champs, évitent, à de rares exceptions près, les propos tenus par celui-ci à Alain Peyrefitte quant à la nature raciale et ethnique de la France. Un tel De Gaulle n’est plus conforme au mythe reconstruit depuis…

Quant à ceux qui les assument en encore, tels Éric Zemmour ou Nadine Morano, ils ne comprennent pas le caractère historiquement paradoxal de ces propos au regard de la responsabilité historique du Général.

En effet, nous vivons sous l’empire d’un antiracisme systémique, doctrine rigoureuse et totalitaire, distincte de l’indifférence aux perceptions ethniques, et qui vise au métissage, à la « créolisation » de la France à laquelle aspire un Jean-Luc Mélenchon.

Pour mémoire, Charles De Gaulle disait notamment à Alain Peyrefitte :

C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.

Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés , avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont des cervelles de colibri, même s’ils sont très savants (…). Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?i (5 mars 1959).

(…)

Vous voyez un président arabe à l’Élysée ?ii(9 octobre 1959).

Or ces propos, jugés scandaleux aujourd’hui, ne faisaient que refléter la perception, commune aux Français de la génération du Général et des générations précédentes. Les métissages étaient assez rares et socialement mal vus. Notre identité ethnique n’était guère théorisée, mais ressentie et vécue naturellement sans raciopudibonderie. Dans les années 1930, les postes françaises (ministère des PTT), émettaient, bien benoîtement des timbres « Pour sauver la race ». Au nom de la République !

De Gaulle, artisan paradoxal du démantèlement de son propre univers

Attaché à son accès au pouvoir politique à n’importe quel prix, De Gaulle abandonnera aux communistes et à leurs satellites le pouvoir culturel en 1944-1946, notamment l’Université et l’Éducation nationale dûment et violemment épurés par le Parti communiste avec la Terreur de l’été et l’automne 1944 mais aussi par les gaullistes.

Dans les années soixante le PC est entré en crise et l’on voit se multiplier les dissidences gauchistes, portées par des marxistes américanisés. De Gaulle revenu au pouvoir, ce sera la crise de Mai 68… Qui eut pour épilogue l’abandon aux gauchistes de ce même pouvoir culturel : même chef, même compromission…

Aussi, de nos jours encore, même si le capitalisme a absorbé comme un buvard les « contestatairesiii » de 1968, l’imprégnation marxiste est restée extrêmement forte dans la société française, ne laissant dans le débat politique et culturel plus de place qu’aux raisons économiques, toute naturalité ethnique en étant bannie. Et ce, en consensus, sous l’ordre moral anti-discriminatoire capitaliste américain, définie par exemple par l’économiste Gary Becker dans un ouvrage publié en 1957.

C’est ainsi que va se développer un phénomène nouveau, l’ « antiracisme » : le vocable, précédemment sans objet, n’est entré dans la langue française qu’en 1958 (cf. Petit Robert), avant d’être la cause du retour du délit d’opinion avec la loi Pleven du 1er juillet 1972, faisant de la république française une pionnière en ce domaine. Antiracisme devenu lutte pour la délégitimation morale et juridique de toute forme de discrimination, jusqu’à la loi Perben II (1984), celle qui nous interdit même de nous moquer des travelos…

Marxistes et ploutocrates, même combat vers un communisme, mais subordonné à la Bourse !

L’après De Gaulle ou le règne du totalitarisme économétrique

Un demi siècle après les propos de De Gaulle, il n’était plus possible d’enfreindre la morale anti-discriminatoire. Son expression selon laquelle il ne voulait pas que son village de Colombey-les-deux-églises deviennent « Colombey les deux mosquées iv» tombe sous le coup de la loi. Dans le langage vulgaire c’est en effet de l’ « islamophobie », dans le langage juridique de la provocation à la haine raciale, au sens large, ici religieuse.

Car tout ce qui enfreint peu ou prou la nouvelle morale de fer de l’égalitarisme renvoie à un concept forgé outre Atlantique, celui de « haine », entré dans le droit français en 1972, avec la loi Pleven (Gaulliste mais aussi démocrate chrétien), qui a fait de la morale anti-discriminatoire, la loi. Les censeurs et persécuteurs de dissidents soutiennent qu’il n’y a pas là le retour du délit d’opinion : au regard de l’ordre moral, une immoralité ne peut procéder d’une idée, d’une opinion ou d’un sentiment naturel, mais seulement de l’outrage aux bonnes mœurs. Pas de liberté pour la pornographie discriminatoire…

Contrairement à feu Jean Raspail, Renaud Camus et ceux qui entendent lutter contre l’immigration exotique, contre le « Grand remplacement », sont gênés aux entournures, contraints qu’ils sont (même sans avoir à se faire violence) d’en rester des circonlocutions, voire en s’abandonnant naïvement aux seuls arguments économiques. L’antifascisme, ce joker qui interdit toute alternative au progressisme économétrique (empire des seuls arguments quantitatifs) triomphant, les paralyse.

Cela convient aux gardes-fou marxistes et ploutocratiques, mais au prix de l’escamotage de l’essentiel, savoir la réalité ethnique devenue inavouable.

La Vème République s’est donné pour objectif la dissolution du peuple français

Alors que reste-t-il de la conscience ethnique française ? Mais on ne peut plus dire les choses, aussi dit-on mixité sociale au lieu de mixité raciale ! Y pense-t-on seulement encore ? Personne ne nomme plus la réalité, grosse des pires désordres : le chaos ethnique, terme que personne n’ose utiliser. Non, il n’y a pas de de banlieues ou de quartiers « sensibles » ou « populaires » mais des banlieues et des quartiers du chaos ethnique. On ne saurait esquisser une solution à un problème que l’on ne sait, ou n’ose, pas nommer.

Pourtant, on ne peut sauvegarder son être collectif si on n’en a plus aucune conscience, ce qui arrive immanquablement quand on cesse d’en parler par peur, puis par honte. De Gaulle, s’il n’avait pas été si pusillanime quant aux conséquences de l’abandon de la culture aux marxistes, aurait dû prévoir qu’il liquidait son univers, lui qui pressentait la cause de la pression migratoire à venir : « Un jour viendra où les peuples décolonisés ne se supporteront plus eux-mêmes.v » On ne peut pas se plaindre de la maladie tout en détruisant les anti-corps !

De Gaulle nous a tués. Pourtant, nous étions quand même «  un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion et de religion chrétienne. » Nous étions : faut-il déjà se résoudre à conjuguer notre être au passé ?

Éric Delcroix (Nouveau Présent, 19 avril 2023)

i) C’était De Gaulle, par Alain Peyrefitte, Éditions de Fallois/Fayard, 1994, tome I, page 52.

ii) Ibid , page 56.

iii) Pour reprendre le néologisme du temps, qui a éclipsé le contestateur antérieur.

iv) Ibid, page 52.

v) Ibid, page 54

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