Les éditions Dutan, diffusée par Francephi, viennent de rééditer un romain pastiche d'Alain Sanders intitulé Le Hussard blet.
Journaliste, grand reporter et ancien professeur de lettres, Alain Sanders est notamment l'auteur de biographies du marquis de Morès et du général Robert E. Lee (Pardès, 2015) ainsi que de récits comme Centurions - Trente baroudeurs de l'Indochine française (Atelier Fol'Fer, 2015) et de Mercenaires - Soldats de fortune et d'infortune (Fol'Fer, 2017).
" Le Hussard blet… ou vingt après. Vingt ans après quoi ? demanderont peut-être les plus jeunes. Eh bien, vingt après Le Hussard bleu de Roger Nimier. D’où cet avertissement : il serait bien d’avoir lu – et même relu récemment – Le Hussard bleu pour enquiller dans la foulée la lecture du Hussard blet.
J’ajouterai qu’il ne sera pas mal d’avoir lu – et même relu récemment – deux autres romans de Nimier : Les Épées et D’Artagnan amoureux ou cinq ans avant. Dans Les Épées, on fait la connaissance des personnages du Hussard bleu (et, par conséquent, de ceux du Hussard blet). Dans le D’Artagnan amoureux, délicieux pastiche de Dumas (que Nimier mettait au-dessus de tout), on découvre ce que le mousquetaire faisait cinq ans avant vingt après…
D’où l’idée et l’envie d’imaginer ce que sont devenus les héros du Hussard bleu en 1965 (certains avaient 20 ans en 1945), année-charnière dans l’histoire de notre pays. Vingt ans, c’est déjà le temps long. Celui de se maintenir ou de se laisser aller. À en devenir blet. Les enfants tristes (autre roman de Nimier) vieillissent souvent mal. Ils prennent du ventre. Ils ont des appétits et des appétences. Les loups maigres sont devenus des chiens gras. Les ventres plats ont laissé la place à des bedons.
Nimier, s’il n’était allé mourir sur l’autoroute de l’Ouest (à la hauteur de la bretelle de Vaucresson et de Marnes-la-Coquette), aux côtés de la jeune et jolie romancière Sunsarié de Larcône, serait-il devenu un hussard blet ? Je ne le crois pas. Et il aurait bronché – comme on le dit d’un cheval fougueux – face aux médiocrités de notre époque. « Vivre, il me faudra vivre encore quelque temps parmi ceux-là », dit François Sanders dans Le Hussard bleu. Vivre, certes, mais quelque temps seulement.
On retrouve donc là, vingt après, Sanders, Saint-Anne, Los Anderos, Casse-Pompons, Florence, le colonel Fermandidier (pour qui j’ai de l’affection), De Forjac, Bernard Tisseau, und so weiter.
Un pastiche, Hussard blet ? Évidemment. Parce que Le Hussard bleu était déjà un pastiche de Tallemant des Réaux, du cardinal de Retz, de Proust, de Céline. Notamment. Un pastiche est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour. Mais ne quid nimis (ce qui ne veut pas dire : « Pas trop de Nimier »…) ! Et place à l’aventure ! "