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Le "covidiot", nouveau bouc émissaire...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels cueilli sur Putsch et consacré au glissement autoritaire de nos sociétés à travers l'exemple de la dénonciation des opposants au « passe sanitaire » comme « parasites sociaux »...

Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

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L’éternel bouc émissaire. Aujourd’hui : les « covidiots »

Les recherches sur le totalitarisme ont montré qu’un État autoritaire, s’il veut survivre, ne peut se contenter de seulement contrôler les moyens réels du pouvoir : il doit également impliquer sa propre population dans ses crimes à un degré tel qu’elle en devienne complice et perde, en même temps que la moralité, le respect de soi et donc la volonté intérieure de résister. Ne devrait-on pas tirer la sonnette d’alarme aujourd’hui ?

Ces jours-ci, on parle beaucoup de la « dictature covid », et il y aurait en effet beaucoup à dire sur la transformation autoritaire de nos sociétés occidentales, donnant lieu à des situations qui auraient été considérées comme des délires complotistes il y a seulement deux ans. Dans toute l’Europe, non seulement des adultes en parfaite santé, mais aussi des enfants refusant une thérapie génétique expérimentale « volontaire » contre une « pandémie » responsable pour (ou simplement concomitante à) la mort d’à peine 0,17 % de la population française (presque exclusivement des personnes âgées avec de multiples pathologies préexistantes) vont être définitivement exclus de presque tous les lieux de la vie publique et même des voyages à l’étranger – sous les applaudissements nourris de médias, de politiciens et d’« experts » qui, autrement, parlent sans cesse de tolérance et des droits de l’homme. Le fait que cette « vaccination » expérimentale ne semble pas entraver de manière significative la contagion par ou la transmission du covid-19, mais qu’elle ne ferait que renforcer le système immunitaire individuel tout en ayant des effets secondaires non négligeables, rend l’ensemble doublement surréaliste et rend la contrainte indirecte de vacciner toute une population complètement incompréhensible. Si l’on ajoute que même avant le covid-19, les démocraties occidentales n’étaient pas au mieux de leur forme, et que les « lois d’urgence » liées au covid ne sont à bien des égards que la conséquence de l’autodestruction déjà entamée de longue date de la démocratie participative, le citoyen vigilant ne peut que frémir en pensant à ce que l’avenir peut encore lui réserver.

Dans cette situation précaire, le fait selon lequel, d’après un sondage Elabe récent, 76 % des Français soutiendraient effectivement cette évolution, apparaît comme un coup de poing dans l’estomac (https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/covid-19-une-majorite-de-francais-approuve-les-mesures-annoncees-par-emmanuel-macron-88d5e572-e3fa-11eb-8317-b6757a6d4184). Même si ce chiffre semble assez discutable pour plusieurs raisons, il met néanmoins en lumière un phénomène que l’on peut difficilement nier : le plaisir jubilatoire à peine dissimulé qu’il procure non seulement aux journalistes, aux politiciens et aux experts, mais aussi à de nombreux utilisateurs ordinaires des médias sociaux, de diffamer les personnes non vaccinées comme des parasites antisociaux de la santé publique, justifier la répression policière sanglante des manifestants comme étant la seule façon possible de faire face à de dangereux « cinglés », et considérer la privation permanente de leurs libertés et leur exclusion physique comme une juste punition pour l’« entêtement » et la « stupidité » des « covidiots ». Mais c’est précisément cette disposition à la haine triomphaliste et à l’oppression physique qui constitue le deuxième élément indispensable à la solidification des conditions autoritaires émergentes, à savoir la complicité d’une partie importante de la population avec le crime et donc cette co-responsabilité morale qui rend tout retour en arrière presque impossible.

Je m’épargnerai ici une liste des commentaires vicieux omniprésents, qui reviennent tous à dépeindre ceux qui critiquent le confinement ou qui refusent, pour eux-mêmes ou leurs enfants, la vaccination « volontaire » jusqu’à ce que l’on en sache plus sur ses effets secondaires et conséquences, comme des ennemis de l’État qui doivent être contraints à l’obéissance par tous les moyens possibles.

Et il est d’ores et déjà évident que ces « covidiots » seront désignés comme les boucs émissaires idéaux de tous les maux imaginables à l’avenir, et ce contre toute évidence : non seulement la quatrième, cinquième ou sixième vague avec les mutations attendues du virus et l’inefficacité des vaccinations, mais aussi la nécessité d’un « Grand Reset » attendu de toute manière depuis de nombreuses années, et dont les conséquences désastreuses vont évidemment être attribuées au virus et aux « covidiots ». A y regarder de près, la diffamation du corona-sceptique comme ennemi principal de l’État moderne n’est pas aussi absurde qu’il n’y paraît : car celui qui, aujourd’hui, refuse de céder à la pression conjuguée de la politique, des médias et de ses concitoyens, agira aussi de manière imprévisible et obstinée sur d’autres sujets demain. Les identifier dès maintenant comme un groupe fermé, les livrer à la haine de la majorité et, si possible, les exclure de la société, est parfaitement logique en termes de tactique de pouvoir et correspond bien à la mode de plus en plus répandue de compiler des listes des prétendus « ennemis » de la bienpensance afin de préparer les proscriptions à venir.

La dictature n’est pas seulement fondée sur la tyrannie, mais aussi sur la complicité et la satisfaction secrète et étrange de voir que l’autre seulement est humilié et persécuté – qu’il s’agisse du Juif, du « sous-homme » slave, de l’homosexuel, du koulak, du curé, du bourgeois ou de l’aristocrate -, tandis que l’on se croit en sécurité en tant que personne « comme tout le monde », qui ne « fait pas de problèmes » et fait confiance à « ceux d’en haut » qui « ne veulent que notre bien » : une erreur de calcul épouvantable, qui n’apparaît bien sûr que dans un deuxième temps, lorsque, grâce à la dénonciation, à la malveillance, à l’arbitraire et à la terreur, les citoyens prétendument « irréprochables » en prennent également pour leur grade – et sur cette base, nous pouvons craindre avec horreur que le système de répression sanitaire actuellement en vigueur ne soit également utilisé dans quelques années pour exclure la dissidence politique, pour perpétuer le contrôle de l’État sur notre intégrité physique et enfin pour mettre en place un système de crédit social sur le modèle chinois.

Sera-t-il possible d’éviter le pire et de retrouver non pas la « nouvelle normalité » dystopique mais l’« ancienne normalité » par une opposition courageuse ? L’ambiance incite plutôt au pessimisme – non seulement parce que l’érosion alarmante de l’État de droit par une pseudo-moralisation hystérique ne permet plus aux responsables de « revenir en arrière » sans graves conséquences juridiques, mais aussi parce que le discours public s’est tellement polarisé qu’une majorité de citoyens, pour ne pas perdre la face, se doit de continuer à affirmer la déshumanisation actuelle des prétendus « covidiots » – jusqu’à ce que sur la base de l’exclusion sélective de toute une partie de la population se lève un régime, dont les complices actuels deviendront tôt ou tard les prochaines victimes….

David Engels (Putsch, 13 août 2021)

 

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