«Un mauvais esprit assez particulier qui consiste, quand un sage montre la lune, à regarder son doigt, tel l'idiot du conte.»
Les éditions Gallimard viennent de publier Un Candide à sa fenêtre, un recueil de chroniques de Régis Debray. Le vieux républicain, un peu désabusé, qu'est l'auteur sait faire preuve à l'occasion d'une ironie mordante...
«Je ne prise guère la littérature d’idées. Ses angles droits sont trop fastidieusement masculins et sûrs d’eux pour capter l’émotion, le tremblement, l’inattendu du réel. Pourquoi récidiver? Parce qu’on résiste moins, avec l’âge, aux impulsions du farfelu, jusqu’à se permettre quelques divagations sur les dieux et les hommes, le beau et le moche, le mort et le vif, et même sur l’avenir de l’humanité. Sans dramatiser : les échappées qui suivent sont à un essai ce qu’une flânerie est à un défilé, ou une songerie à un traité de morale. Elles demandent seulement au lecteur un peu d’indulgence pour ce qu’elles peuvent avoir de mélancolique, de cocasse ou d’injuste.»