Les éditions Terres de promesse viennent de publier un essai de Valery Raydon intitulé Héritages indo-européens dans la Rome républicaine. Docteur en histoire ancienne et chercheur indépendant, Valéry Raydon a notamment publié Apologie du dieu Kronos (Le Labyrinthe, 2007).
" L’importance de l’héritage culturel indo-européen dans la société romaine antique n’est plus à démontrer. Georges Dumézil et ses continuateurs, armés du comparatisme structural indo-européen, ont mis à jour de nombreux cas d’exploitation de l’idéologie indo-européenne des trois fonctions, intervenus dans l’organisation du système religieux le plus ancien, dans la composition de récits historiographiques, ainsi que dans l’aménagement d’institutions juridico-sociales ou militaires majeures.
L’auteur, poursuivant dans cette ligne de recherche, entend mettre en lumière deux nouveaux faits institutionnels romains de la période républicaine proposant des applications de l’idéologie trifonctionnelle des Indo-Européens. Le premier regarde une pratique diplomatique de donation réalisée en faveur de rois barbares, le second concerne l’organisation de l’administration républi-caine. Ces deux usages gouvernementaux d’importance ont en commun d’avoir été élaborés à partir de la triade des insignes de la souveraineté républicaine. Ces insignes républicains prolongeaient, de l’aveu des Romains, les ornamenta des anciens rois de l’Urbs, et distribuaient le pouvoir sur la société autour de trois pôles de compétences relevant chacun d’un des niveaux du système théorique trifonctionnel au moyen duquel les Indo-Européens appréhendaient l’Univers : la gestion des affaires religieuses (première fonction sacrée), la gestion des affaires militaires (seconde fonction guerrière), et la gestion des affaires politiques (troisième fonction d’abondance, présidée à Rome notamment par le dieu Quirinus, patron et protecteur du collectif des ‘citoyens’ Quirites).
Un des résultats majeurs de cette étude est la démonstration que, tout au long des presque cinq cent années d’existence du régime républicain, les Romains ont continué de codifier l’autorité politique suprême suivant le même cadre de pensée indo-européen qui structurait déjà antérieurement leur conception de la royauté. "