Une note de lecture d'Alain de Benoist, publiée dans le numéro 128 de la revue Eléments (printemps 2008) sur le livre de Frédéric Charpier intitulé La CIA en France. 60 ans d'ingérence dans les affaires françaises (Seuil, 2008). A lire, pour comprendre que nous sommes décidément un pays sous influence...
"Depuis sa création, en 1947, la CIA n'a cessé d'intervenir en France. Elle y a trouvé, dans tous les milieux, des relais complaisants qui, sous prétexte d' « atlantisme » ou de défense des « valeurs occidentales », n'ont cessé de ravitailler les agences américaines en informations ou en ragots. Excellent journaliste d'investigation, Frédéric Charpier présente dans ce livre les pièces du dossier. Il rappelle comment la CIA a financé Force ouvrière et la SFIO, la revue Preuves et le Congrès pour la liberté de la culture, sans oublier une foule d'associations et d'officines qui constituaient autant de pièces sur son échiquier. Il raconte aussi comment le général de Gaulle sut en partie mettre fin à la "docilité» dont avait fait montre la IV· République à l'égard de Washington, comment les services américains traquèrent à Paris l'un de leurs ex-agents, Philip Agee, et comment ils menèrent campagne contre Régis Debray. L'Institut d'histoire sociale (Est et Ouest) et les « réseaux Albertini » ne sont évidemment pas oubliés, pas plus que les réseaux du type « staybehind »créés au début de la guerre froide (l'organisation Gladio) ou les zozos qui foisonnaient aussi dans ce milieu (l'inénarrable Suzanne Labin). Pour la période la plus récente, Charpier évoque l'UNI la Fondation Héritage et les amis de Norman Podhoretz. Il signale aussi que, depuis le 11 septembre 2001, « pas moins de seize agences américaines tournent à plein régime à Paris», Désormais concurrencée par la NSA, la CIA continue à s'employer au quadrillage policier planétaire. Bien d'autresnoms auraient certainement pu être cités. "
A.B.