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yves mamou

  • On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré  à l'islamisation de notre pays. Paul Tormenen est juriste.

     

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    Islamisation de la France : on ne pourra pas dire que l’on ne savait pas

    L’islamisme parfois meurtrier fait l’actualité en ce début d’année. Le 5anniversaire de l’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo en janvier 2015, l’éventualité du retour de djihadistes français de Syrie et la libération prochaine de terroristes islamistes détenus en France sont autant d’occasions de parler de l’islamisme qui se propage dans la société française. On ne peut pas dire que l’information manque à ce sujet : plusieurs livres très documentés sur ce thème viennent d’être publiés. Par contre, la volonté politique d’éradiquer ce phénomène est largement insuffisante de la part de nos dirigeants. Nous risquons d’en payer chèrement les conséquences.

    Les attentats perpétrés en 2015 et ceux qui ont suivi ont entraîné un besoin de connaissance non seulement du djihadisme, mais aussi plus largement de l’islamisme qui gagne du terrain en France. Il est apparu important à de nombreux citoyens de mieux connaitre le terreau idéologique et religieux à partir duquel certaines personnes radicalisées sont passées à l’acte.

    Dans les dernières années, plusieurs ouvrages ont été publiés, qui apportent un éclairage capital sur les causes, la stratégie, l’ampleur et les risques liés à l’expansion de l’islamisme. Il nous a paru important d’en recenser quelques-uns et de les présenter.

    La stratégie d’expansion de l’islamisme

    Le temps est loin d’une pratique quasi-uniquement discrète et modérée de l’islam dans notre pays. Avec l’aide financière de pétromonarchies du golfe, un islam plus radical a non seulement gagné en influence dans les pays du Maghreb, mais aussi en France.

    Deux journalistes, Georges Malbrunot et Christian Chesnot, ont publié en avril 2019 le livre « Qatar papers » qui recense des financements qataris de mosquées en France (1). Le subventionnement de projets initiés par des frères musulmans est étroitement lié à la volonté de propager une certaine vision, très rigoriste, de l’islam. L’Arabie saoudite n’est pas en reste. Le prince héritier saoudien a admis récemment que son pays a contribué à la propagation de l’idéologie wahhabite en Occident. Son annonce d’y mettre un terme est bien tardive : l’expansion du salafisme est lancée et poursuit son œuvre (2).Comme le souligne Bernard Rougier dans un récent ouvrage, la diffusion d’un islam rigoriste correspond également à une volonté de contrôle social des immigrés maghrébins en Europe par leurs pays d’origine (3).

    La stratégie de conquête et d’infiltration des frères musulmans en France et dans le monde a fait l’objet d’un livre paru fin 2019, « Le projet », écrit par le géopolitologue Alexandre Del Valle (4). Cette stratégie passe notamment par la mise en place d’une contre-société islamique et par la désassimilation d’une partie des musulmans, dont on perçoit déjà les effets.

    Le projet de conquête de l’occident est également le thème central du livre publié fin 2018 par Jean-Frédéric Poisson, « L’islam à la conquête de l’Occident ». Le point de départ de l’enquête du dirigeant du P.C.D. est un document découvert par inadvertance intitulé « Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique », qui a été élaboré en 2000 par l’ISESCO, le département culturel de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), regroupant 57 États musulmans (5). Un document qui évoque notamment la volonté d’installer « une société pure et saine » en Occident.

    Les moyens de l’expansion de l’islamisme

    L’islamisme ne pourrait pas autant se développer si une forte résistance lui était opposée. Les changements de notre société causés par la progression de l’islamisme ont amené le journaliste Yves Mamou à enquêter sur « Le grand abandon » des élites françaises à ce sujet (6). Son livre publié fin 2018 se lit comme un bottin des idiots utiles de l’islamisme. Complices aveugles ou volontaires du grand changement qui est à l’œuvre, ils sont nombreux au sein des mouvements antiracistes, de la justice, des grands corps de l’Etat, des médias, de la culture, de l’école, de l’église catholique, des intellectuels et des entrepreneurs du « capitalisme charia » à être recensés par le journaliste. Tous concourent à leur échelle,par leur inertie ou leur aveuglement, à l’avènement d’une contre société avec ses propres mœurs et ses propres règles.

    La stratégie de prise de contrôle de certains territoires par les islamistes a fait l’objet d’une analyse dirigée par Bernard Rougier, un spécialiste de l’islam radical. Le résultat du travail qu’il a réalisé avec une équipe d’universitaires a été publié en ce début d’année dans le livre « Les territoires conquis de l’islamisme » (3). L’ouvrage nous confirme que la transformation idéologique et religieuse de l’islam n’est pas le fruit du hasard. Elle s’est selon Bernard Rougier « accomplie grâce à un travail continu et permanent sur les populations des quartiers, dans le but déclaré d’en refaçonner les catégories de perception et de jugement ».

    Au travers de plusieurs enquêtes sur pièces et de terrain, le livre passe en revue les différentes formes d’islamisme, la façon dont le contrôle social et le prosélytisme (dans la rue, sur les marchés, dans les clubs sportifs, etc.) s’effectuent dans les banlieues islamisées, le contenu de plus en plus radical des livres confessionnels, le cyber-djihadisme et la construction d’« écosystèmes islamistes » dans différentes communes. La prison a pour l’auteur une importance particulière : c’est à la fois un lieu de socialisation, d’endoctrinement et d’élaboration de nouvelles doctrines de l’islamisme.

    Ces différents éléments de contexte aident à mieux comprendre l’émergence d’un islamisme qui dans sa forme la plus extrême a poussé des jeunes à partir combattre dans les rangs de l’Etat islamique. La simplification de l’islam, le rôle de l’instance religieuse saoudienne et la volonté de contrôle de la population immigrée sont décrits comme autant de facteurs concourant à la propagation d’un islam de plus en plus rigoriste et sécessioniste en France.

    L’ampleur de l’islamisme

    Un récent rapport de la DGSI évaluerait à 150 les quartiers « tenus » par les islamistes en France (7). Mais au-delà de cette partition, c’est une diffusion plus large de l’islamisme qui est à l’œuvre. La progression du nombre de mosquées sous influence salafiste, tabligh et des frères musulmans fait l’objet de fréquents recensements, notamment à l’occasion de rapports parlementaires (8).

    On peut saluer à ce sujet l’irremplaçable travail réalisé par Joachim Veliochas avec son « Observatoire de l’islamisation », qui dispense une information permanente sur les signaux plus ou moins faibles du radicalisme islamique (9). Il a réuni dans un livre plusieurs éléments de preuve sur « ces maires qui courtisent l’islamisme », en accordant différents concours (prêt de terrains, de locaux, etc.) à la construction de mosquées (10).

    Les manifestations de l’islamisme

    Les manifestations de l’islamisme sont évidemment présentes dans les différents ouvrages que nous mentionnons. Elles prennent la forme de la conviction partagée par une frange croissante des musulmans (27% selon l’IFOP) de la supériorité de la loi islamique, la sharia, sur les lois de la république (11). L’essor de la viande halal traduit une volonté des fondamentalistes de contrôler le comportement des musulmans. Inexistante il y a quelques dizaines d’années, la nourriture halal prend une importance considérable grâce notamment à sa promotion par de nombreuses entreprises privées. Comme le souligne Yves Mamou, le halal s’étend même à des produits non alimentaires pour mieux régimenter la consommation « licite » des musulmans et marquer la partition des populations.

    La multiplication des signes et des manifestations d’appartenance religieuse dans certains établissements scolaires, recensés dans le rapport Obin en juin 2004, s’est propagée à d’autres secteurs (12).

    Outre des enseignants, ce sont des infirmières, des assistantes sociales, des maires, des formateurs et des policiers qui témoignent dans l’ouvrage collectif « Une France soumise » de la progression de l’islam politique et d’une sécession d’une partie de la société, en particulier dans les quartiers de l’immigration. Les auteurs pointent du doigt le manque de soutien des professionnels par leur hiérarchie et des élus qui préfèrent regarder ailleurs (13).

    Un rapport parlementaire a été consacré en 2019 aux services publics face à la radicalisation (14). Bien que différents plans contre la radicalisation aient été mis en œuvre dans le passé, les auteurs évoquent benoîtement une insuffisante prise de conscience et des difficultés à mesurer le phénomène dans certains secteurs. L‘absence du mot « islamisme »tant dans l’intitulé que dans la table des matières du rapport illustre la difficulté à bien nommer le problème pour mieux le combattre.Le monde de l’entreprise n’est pas en reste, avec certains secteurs plus particulièrement touchés (transport, sécurité, etc.) (15).

    L’histoire récente de la France peut également être revisitée à l’aune de l’islamisme, comme l’a fait de façon chronologique un collectif anonyme qui relate l’« histoire de l’islamisation française de 1979 à 2019 » en 40 chapitres passionnants mais inquiétants. C’est une nouvelle grille de lecture qui est donnée à de nombreux événements dans l’histoire française récente (16).

    L’impact sur la société française

    La propagation de l’islamisme n’a pas qu’un impact auprès des musulmans. Elle a également des conséquences sur la société française dans son ensemble. C’est la liberté d’expression qui recule, avec l’invocation fréquente d’«islamophobie » pour disqualifier voire faire condamner les opposants. Le droit au blasphème se limite désormais pour les humoristes ricaneurs à « gifler la grand-mère catholique » (17).Ce sont les nombreuses personnes qui vivent sous protection policière permanente après avoir été menacé pour avoir critiqué l’islam (18). C’est la viande halal qu’on nous impose massivement, comme le souligne depuis plusieurs années Alain de Peretti et son association « Vigilance halal » (19). Ce sont des professeurs qui s’auto-censurent sur leurs programmes pour ne pas connaitre de protestations de la part d’élèves endoctrinés. On pourrait multiplier les exemples.

    Et maintenant ?

    On peut effectivement se demander ce que l’on fait maintenant. Concrètement, des islamistes jugés dangereux il y a quelques années – comme celui qui a menacé Pierre Sautarel du site Fdesouche -sont progressivement remis en liberté. Comme si cela ne suffisait pas, la ministre de la justice a évoqué récemment la possibilité de rapatrier des djihadistes détenus en Syrie. Un islam radical continue à être propagé dans certaines mosquées alors que des écoles hors contrat échappent en grande partie au contrôle des messages qui y sont véhiculés. Les éléments de diagnostic sont présents. Reste à élaborer un plan d’action plus convaincant que ceux qui ont jusqu’à présent échoué à enrayer la progression de l’islamisme (20).

    Les signaux sont nombreux qui laissent à penser qu’il ne faut pas attendre grand-chose du gouvernement dans le plan de lutte contre l’islamisme qui devrait être dévoilé en février (21). Car« en même temps », le déni continue. L’immigration massive et essentiellement musulmane atteint des niveaux inégalés.

    Ceci alors qu’un moyen de freiner la propagation de l’islamisme est d’arrêter l’immigration. Mais de cela, il ne sera pas question. Il y a fort à craindre que, sauf surprise, ce sera encore au mieux des mesurettes dont on a l’habitude, au pire un rendez-vous des occasions manquées.

    Paul Tormenen (Polémia, 27 janvier 2020)

     

    Notes :

    (1) « Qatar papers ». Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Ed. Michel Lafon. 2019

    (2) « Selon Mohamed Ben Salmane, c’est l’occident qui a réclamé l’exportation du wahhabisme ». Valeurs actuelles. 30 mars 2018. « L’Arabie saoudite tente de contenir la propagation du salafisme. Ça ne marchera pas ». Les crises.fr. 24 janvier 2018.

    (3) « Les territoires conquis de l’islamisme ». Bernard Rougier. PUF.2020.

    (4) « Le projet ». Alexandre Del Valle. Ed. de l’Artilleur. 2019.

    (5) « L’islam à la conquête de l’occident ».Jean-Frédéric Poisson. Ed. du Rocher. 2018.

    (6) « Le grand abandon. Les élites françaises et l’islamisme ». Yves Mamou. Ed. de l’Artilleur. 2018.

    (7) « Le défi communautariste ». Le JJD. 19 janvier 2020.

    (8) « Rapport au nom de la commission d’enquête sur l’organisation et les moyens des services de l’État pour faire face à l’évolution de la menace terroriste après la chute de l’État islamique ». Sénat. 4 juillet 2018.

    (9) https://islamisation.fr/

    (10) « Ces maires qui courtisent l’islamisme ». Joachim Véliochas. Ed.Tatamis. 2015.

    (11) « Les musulmans en France, 30 ans après l’affaire des foulards de Creil ». IFOP. 23 septembre 2019.

    (12)« Les signes et des manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires ». Rapport présenté par J.P. Obin. Juin 2004.

    (13) « Une France soumise ». Ouvrage collectif. Ed. Albin Michel. 2017.

    (14)« Rapport d’information sur les services publics face à la radicalisation ». E. Diard. E. Poulliat. 27 juin 2019.

    (15) « Comment les entreprises font face à l’islam radical ». Capital. 21 avril 2016.

    (16) « Histoire de l’islamisation française de 1979 à 2019 ». Ed. de l’Artilleur. 2018.

    (17) Emission I Media sur TV Libertés. « France inter contre Jésus : blasphème à sens unique ». n°281. 16 janvier 2020.

    (18) « France : critiquer l’islam et vivre sous protection policière ». Gatestone Institute. 3 mars 2016.

    (19)https://vigilancehallal.com/

    (20)« Plans d’action contre la radicalisation 2014, 2016, 2018 ». Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation.

    (21) Requêtes Macron, LREM sur le site de l’Observatoire de l’islamisation.

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  • Vers un nouveau recul de la liberté d'expression...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Mamou, cueilli sur internet et consacré à une proposition de loi, porté par le parti d'Emmanuel Macron, visant à restreindre la liberté d'expression sur internet et les réseaux sociaux. Ancien journaliste du Monde, Yves Mamou a publié Le Grand abandon - Les élites françaises et l’islamisme (Toucan, 2018).

     

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    Réputée pour son mordant, Laetitia Avia, députée de La République en Marche d'origine togolaise, défend une proposition de loi qui restreindra considérablement la liberté d'expression sur internet...

     

    Loi Avia: l’inquiétant précédent en matière de liberté d’expression

    Si l’on veut avoir une idée des conséquences possibles de la proposition de loi de lutte contre la haine sur internet portée par la député LREM Laeticia Avia, alors il convient de porter la plus extrême attention au sondage récemment publié en Allemagne par le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Ce sondage réalisé par l’Institut für Demoskopie Allensbach porte sur la perception par les Allemands du droit à la liberté d’expression. Compte tenu du fait que la proposition de loi Avia est la copie conforme de la loi allemande NetzDG du 1er octobre 2017 qui oblige les réseaux sociaux (Facebook et Twitter principalement) à organiser «le retrait des contenus illicites sous 24 heures sous peine de lourdes sanctions financières», il n’est pas interdit de penser que les mêmes causes produiront les mêmes effets.

    Que nous apprend le sondage allemand? Qu’il est de moins en moins possible d’exprimer son opinion dans l’espace public allemand, que «des lois non écrites» tracent une frontière de plus en plus imperméable entre les opinions socialement acceptables et les opinions qu’il convient de réserver à la seule sphère domestique.

    Près des deux tiers des citoyens interrogés sont convaincus qu’ «aujourd’hui, il faut être très prudent sur les sujets sur lesquels on s’exprime» tant le fossé s’est creusé entre «les opinions acceptables» et celles qui le seraient moins. Parmi les sujets inacceptables, arrive en tête «la question des réfugiés … suivis des opinions que l’on peut avoir sur les musulmans et sur l’islam». 71% des Allemands interrogés estiment devoir faire preuve de prudence sur la question des migrants. Toutes les références «au nazisme et aux juifs entrent dans la catégorie des sujets devenus très sensibles» indique une majorité de personnes interrogées. Pour un peu moins de la moitié des sondés, «l’extrémisme de droite et les discussions sur l’AfD» sont aussi des sujets qu’il est presque tabou d’aborder en public.

    Le nombre de sujets tabous a aussi augmenté. Le sondage ajoute que «de larges couches de la population ont le sentiment qu’il faut faire preuve aujourd’hui de la plus extrême prudence sur des sujets tels que le patriotisme, l’homosexualité ou le genre».

    En revanche, une majorité d’Allemand respire librement et se sent en droit de s’exprimer publiquement sur «des sujets comme la protection du climat, l’égalité des droits, le chômage ou l’éducation des enfants», Là, l’expression franche en public est «permise» (les guillemets sont de l’auteur).

    Point très intéressant, le sondage allemand exprime un doute sur la motivation des élites dirigeantes. «La population n’est plus tellement sûre que les élites qui prônent l’intégration européenne au sein d’une économie mondialisée aient une quelconque estime pour la nation (allemande)...» En fait, les Allemands se demandent s’ils ne risquent pas «d’être considérés comme des extrémistes de droite s’ils se déclarent patriotes». Pour un tiers des personnes interrogées, les hommes politiques qui ne veulent pas s’exposer à de violentes attaques doivent éviter «d’exprimer (publiquement) un quelconque sentiment de fierté nationale».

    Le sentiment que les sujets qui préoccupent le plus n’ont plus droit de cité est illustré par le fait que 62% des Allemands pensent qu’un homme politique verrait son avenir sérieusement compromis s’il s’avisait d’exprimer l’idée que l’islam a trop d’influence en Allemagne. 22% seulement seraient choqués de voir exprimée une idée similaire dans la sphère privée. L’idée qu’on «en fait trop pour les migrants» est également perçue par la majorité des sondés comme une idée à risque si cette idée est exprimée publiquement. Mais ils ne sont plus qu’un tiers (31%) a trouvé choquante la même idée exprimée en privé.

    Les auteurs du sondage mettent carrément les pieds dans le plat en affirmant que «nombre d’Allemands ont le sentiment que le contrôle social s’est renforcé sur l’expression publique et que les comportements et les propos publics font désormais l’objet d’une surveillance renforcée».

    La loi NetzDG n’est pas seule responsable du sentiment général qu’ont les Allemands de vivre sous surveillance, un sentiment exprimé plus fortement encore par les Allemands qui vivent dans les territoires de l’ex-République démocratique allemande, lesquels gardent encore frais dans leur mémoire la pesante surveillance de la Stasi, la police politique du régime.

    En Allemagne, des procès ubuesques ont été intentés à des citoyens qui tentaient d’exprimer leur inquiétude sur la politique migratoire de la chancelière Merkel. L’analyste Judith Bergman rappelle dans un article récent du Gatestone Institute qu’ «en 2016, un couple marié, Peter et Melanie M., ont été poursuivis en justice pour avoir créé un groupe Facebook très critique de la politique migratoire du gouvernement… Dans son verdict, le juge a déclaré: «le groupe se définit par une série de généralités qui ont un arrière-plan clairement de droite.» Peter M. a été condamné à neuf mois de prison avec sursis et son épouse à une amende de 1 200 euros. Le juge a ajouté: «Vous comprenez j’espère, la gravité de la situation. Si nous nous revoyons à nouveau, c’est la prison.»

    Judith Bergman ajoute qu’ «en août 2017, le tribunal d’instance de Munich a condamné le journaliste Michael Stürzenberger à six mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir publié sur sa page Facebook une photo du grand mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, serrant la main d’un haut dignitaire nazi à Berlin en 1941. Le procureur a accusé Stürzenberger d’avoir «incité à la haine contre l’islam» et d’avoir «dénigré l’islam».

    Aucun sondage du type de celui qu’a publié le Frankfurter Allgemeine Zeitung n’a été mené en France. Si la chose se produisait, faudrait-il s’étonner d’obtenir des résultats similaires? Les procès intentés en série en France à Eric Zemmour, à Marine Le Pen, à Georges Bensoussan ou à Mohamed Louizi pour avoir émis des propos jugés offensants pour l’islam et les musulmans ne sont pas très différents du procès qui a été intenté en Allemagne au journaliste Michael Stürzenberger. Tous ces procès montrent que la machine judiciaire est lancée à plein régime pour redéfinir ce qui est de l’ordre du dicible dans la sphère publique de ce qui ne l’est pas. En d’autres termes, pour les élus comme pour les juges, l’acceptation de la «diversité» passe par une restriction de la liberté d’expression.

    En France, comme en Allemagne, en Angleterre ou en Suède les pouvoirs publics pensent que tolérance et liberté d’expression s’excluent l’un l’autre. La diversité culturelle aurait donc pour corollaire obligé un lissage et une uniformisation de l’expression.

    En réalité, ce que les démocraties sont en train de perdre ou ce à quoi elles ont entrepris de renoncer est un élément clé de ce qui constitue la vie en démocratie. La démocratie n’a pas été conçue pour protéger la sensibilité de telle ou telle partie de la population. La liberté d’expression en démocratie repose précisément sur le droit à offenser. Une société multiculturelle devrait, plus encore qu’une société homogène sur le plan ethnique, marquer sa préférence pour la liberté d’expression. «La liberté d’expression fait surtout sens dans une société qui est tolérante à l’égard de ceux avec lesquels on est en désaccord. Historiquement, tolérance et liberté d’expression sont des prérequis plutôt que des extrêmes qui s’opposent.

    Dans une démocratie libérale, ils devraient être étroitement entrelacés» écrit Flemming Rose, l’ex- rédacteur en chef du Jylland Posten, dans Tyranny of silence, un ouvrage malheureusement non traduit en français. Rappelons-le, le Jylland Posten est ce journal danois qui a pris l’initiative de publier quelques caricatures de Mahomet, lesquelles ont mis le Moyen Orient et une partie de l’extrême Orient à feu et à sang, tuant des dizaines de personnes.

    Les Allemands devraient eux se réjouir de voir la liberté d’expression réservée à la sphère domestique. Les Français eux, n’ont pas cette chance. Le 3 août 2017, peu après l’élection d’Emmanuel Macron, un décret a rendu passible des tribunaux toute personne qui tiendrait des propos jugés offensants dans la sphère domestique.

    Yves Mamou (Figaro Vox, 2019)

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  • Les snipers de la semaine... (183)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Figaro Vox, Yves Mamou allume Macron et son absence de sentiment d'appartenance nationale...

    «Emmanuel Macron est-il vraiment à l’aise pour parler de sentiment national?»

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    - sur Causeur, Jean-Paul Brighelli rafale Claire Nouvian, nouvelle égérie de l'écologie bobo et hystérique...

    L’humanité en péril, Claire Nouvian et Caligula

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