Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

méritocratie

  • Méritocratie, Oligarchie et Populisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur son blog Bonnet d'âne et consacré au discours sur la méritocratie porté par les représentants de l'oligarchie...

     

    Macron_méritocratie.jpg

    Méritocratie, Oligarchie et Populisme

    Il y a quelques jours, le New York Times a publié un intelligent article sur « The rise and fall of European meritocraty ». Ivan Krastev y dresse un parallèle entre l’effondrement (si seulement c’était vrai !) des pseudo-élites auto-proclamées mondialisées et la montée des populismes, notant que « l’élite méritocratique est une élite mercenaire, qui n’est pas sans rapport avec la façon dont les clubs de foot les plus compétitifs s’échangent les meilleurs joueurs ». Et de préciser que « les banquiers hollandais heureux vont à Londres, pendant que les bureaucrates allemands compétents occupent Bruxelles ». Ces gens-là n’ont pas de frontières, ils n’ont plus de nation.
    D’où l’incompréhension desdits banquiers londoniens d’adoption lorsque le peuple anglais a voté le Brexit. Not in my name ! se sont-ils exclamés ! D’où l’ahurissement des bureaucrates bruxellois devant les votes eurosceptiques, qu’ils ont contournés grâce à la complicité active d’autres bureaucrates associés à quelques politiques intéressés. D’où la sidération des médias à l’élection de Trump ! Ce tout petit monde, comme dirait David Lodge, va de stupéfaction en stupéfaction. Vite, s’inventer un pare-feu !
    Un parti populiste pourrait briller aux prochaines élections ? Vite, inventez-moi un petit Macron, puisque Hollande ne peut plus fournir. Les fonds ne manquent pas à Emmanuel Macron pour monter des meetings. On y vend aux foules un bonheur parfaitement imaginaire. Parce que l’Europe telle qu’elle s’est construite, l’Europe de la finance, de la City et de Goldmann Sachs — parlez-en aux Grecs, de Goldmann Sachs —, cette Europe qui choisit de parler anglais — non pas la langue de Shakespeare, mais celle des épiciers du Stock Exchange —, cette Europe-là n’a rien à voir avec le bonheur. Au moins, pour européen qu’il soit, François Fillon ne promet que du sang, de la sueur et des larmes.
    Le bonheur, ce ne sont pas ces tomates standardisées, dépourvues de goût, mais conformes à un idéal européen décidé à Bruxelles, où d’ailleurs on n’en cultive pas. Ni ces normes alimentaires qui nous empêchent de manger des fromages non pasteurisés et du lait frais non UHT. Le bonheur, ce ne sont pas ces écoles où l’on enseigne le français tel qu’il se parle mal — baragouinez, mes enfants, Bruxelles s’occupe du reste. Un sabir dans lequel se dissolvent peu à peu les langues nationales, mais qui satisfait les « compétences » édictées par le Protocole de Lisbonne. La façon dont Emmanuel Macron a cru bon de parler anglais devant un parterre franco-allemand en dit long sur le globish commun à ces gens-là — et de Florian Philippot à Bruno Le Maire, je sais gré à quelques politiques d’avoir exprimé leur indignation devant la trahison linguistique de ce jeune homme pressé qui mérite amplement le grand prix de la Carpette anglaise.
    Ces chroniques sont écrites en français — et celles et ceux qui les commentent veillent à s’exprimer aussi en (bon) français. C’est une politesse que nous nous devons les uns aux autres ; mais ce qui allait de soi il y a onze ans, quand j’ai commencé Bonnet d’âne, est devenu un acte de résistance. Parler français, c’est s’opposer à cette mondialisation qui après avoir détruit notre industrie et notre agriculture, prétend détruire les nations. Insensiblement, je suis passé d’analyses exclusivement consacrées à l’Ecole à des réflexions sur l’ensemble des faits culturels, parce que le combat, face à une menace tous azimuts, est désormais global.

    Comment ? Vous vous insurgez contre la méritocratie, vous qui ne cessez de prêcher l’élitisme bien compris ? Vous qui pestez contre l’égalitarisme instauré par un système pédagogique à la dérive ? Allons donc !
    Il faut d’abord s’occuper de bien nommer les choses. Le mot méritocratie fut inventé en 1958 par le sociologue et homme politique anglais Michaël Young, dans une fiction dystopique intitulée The Rise of the meritocracy. L’auteur y stigmatisait un (futur) système où des élites auto-proclamées s’arrogeaient le droit de décréter qui était ou non méritant (en fait, elles-mêmes), et rejetaient dans l’ombre, la misère sociale et la culpabilité tous ceux qui n’avaient pu s’insérer dans leur corps, et qui le pouvaient d’autant moins que lesdites élites vivaient en système autarcique et en auto-reproduction. Et il prédisait une insurrection populaire contre la méritocratie en 2033 — alors que c’est en 2016-2017 que ça se passe.
    Le fait d’avoir fabriqué le mot en combinant une racine grecque (kratos, le pouvoir) à une racine latine montrait assez, dans l’esprit de Young, à quel point le concept était monstrueux — en un mot, bureaucratique, un mot fabriqué selon la même linguistique frankensteinienne. Rien n’y a fait : la classe politique (à commencer par le parti travailliste, auquel Young avait appartenu) a revendiqué la méritocratie, et l’inventeur du terme a dû batailler ferme contre Tony Blair, objet de son exécration, qui s’auto-justifiait en se réclamant d’un système méritocratique qui pérennisait le pouvoir des mêmes. Lisez sa diatribe, elle est lumineuse.

    Il y a une sacrée différence entre méritocratie et élitisme. La méritocratie est une oligarchie qui feint d’être là par pur mérite, alors qu’elle n’y est que par reproduction. L’élitisme consiste au contraire à pousser chacun au plus haut de ses capacités — particulièrement les plus jeunes. Quelles que soient leurs origines. J’ai voué ma vie à cette tâche.
    Les sociologues de l’éducation ont constamment joué, dans leurs écrits, sur l’ambiguïté de la méritocratie, qui à l’origine est très près de ce que Bourdieu appelait « reproduction », et dont ils font quand ça les arrange un synonyme d’élitisme. D’où la tentation égalitariste imposée à l’école par des politiques qui eux-mêmes s’accommodent fort bien d’une société méritocratique dans la mesure où elle les conforte dans leurs fonctions. En fait, la méritocratie tue le mérite. Elle installe une noblesse d’Etat pérennisée. Elle est une oligarchie — pas même une aristocratie. Ce n’est ni le gouvernement des meilleurs, ni a fortiori celui des plus méritants, c’est la confiscation du pouvoir par quelques tyranneaux camouflés en grands argentiers (Wolgang Schaüble par exemple), en ex-gauchistes réinfiltrés par la CIA (Manuel Barroso) ou en jeunes loups « en marche ». C’est 1788 : on se crispe sur ses privilèges, on fonce dans le mur.
    D’où la tentation populiste. Celle du coup de balai. Du « plus jamais ça, plus jamais ceux-là ». Du présent faisons table rase. Ce que les méritocrates appellent populisme dans les feuilles de choux qu’ils se sont achetées (le Monde par exemple) n’est jamais que l’exaspération du peuple.
    Les partis qui prêchent la grande lessive n’ont pas forcément les cadres de substitution ? Sans doute. Mais il peut en être en 2017 comme en 1789 : en quelques semaines ont surgi les hommes qui firent la révolution. Qui avait entendu parler de Danton, de Saint-Just ou de Robespierre (ou de Bonaparte, ou de la plupart des généraux de la Révolution, tous issus du peuple), avant que le peuple n’envoie les aristos à la lanterne et le roi — nous arrivons tout doucement au 21 janvier — à l’échafaud ? En 1940, qui connaissait De Gaulle avant le 18 juin, en dehors de quelques cercles militaires restreints ? Il en est des grands esprits comme de la foudre — l’instant d’avant, ils n’étaient pas là. L’instant d’après…

    Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 20 janvier 2017)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'Essec m'a tuer...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue, cueilli sur A moy que chault ! et consacré à la trahison de la bourgeoisie française...

    Bourgeois.jpg

     

    L'Essec m'a tuer

    La droite école de commerce qui fait des blagues racistes autour d'un barbecue dans le parc de la maison secondaire de bon papa à l'île de Ré me file de l'urticaire. Pour être plus proche de la réalité, je devrais dire qu'elle me fait gerber. Mais trop de dégueulis tue le dégueulis, et comme autrefois, selon les préceptes de Chateaubriand, il fallait être économe de son mépris, il convient désormais d'être avare de ses nausées.

    On me rétorquera sans doute qu'il y a des cibles plus prioritaires, des ennemis plus absolus, des néfastes plus immédiats.. Je ne le crois nullement, car il est normal, sinon impérieux, de demander – d'exiger même - des comptes à ceux qui ont tant reçu et qui prétendent encore davantage... Car comme le poisson qui pourrit toujours par la tête, c'est bien plus dans les salons dorés et les conseils d'administration que dans les banlieues et les halls d'immeubles taggués qu'ont été scellés et entérinés le bradage et l'avilissement de notre nation... C'est parce que ses « élites » - sociales et financières à défaut d'autre chose - ont abandonné le domaine public au profit du seul bénéfice personnel et familial que la maison France s'est effondrée aussi rapidement... C'est parce que les nobles « conservateurs » ont dédaigné – et continuent de moquer – la culture, l'éducation et l'intérêt général pour se vouer au culte passionnel de la Bourse et de la Banque que le champs a été ouvert à la médiocrité rampante de « gauchistes » de pacotille qui ne sont que les piteux épouvantails d'un « marché » qui a a tant besoin d'oppositions vaines et factices. C'est parce que ce sont les patrons qui ont voulu et organisé l'immigration qu'ils sont illégitimes à en dénoncer aujourd'hui les conséquences incontrôlées.. C'est parce que les hiératiques lecteurs de Raspail et paroissiens empressés ont préféré engendrer et élever des avocats d'affaires, des agents immobiliers, des « consultants » et des vendeurs en tous genres plutôt que des militants politiques, des artisans et des artistes que notre pays ressemble chaque jour davantage à une misérable succursale de multinationale américaine peuplée de zombies illettrés et acculturés.

    En bref, c'est parce que la bourgeoisie française est bourgeoise avant d'être française qu'elle est fondamentalement coupable et doit être combattue avec toute la force et la vigueur de notre patriotisme social. Et il ne s'agit nullement ici d'une posture post-adolescente ou d'un romantisme désincarné comme se plaisent à le dire en ricanant les amateurs de cigares, de golf dominical et de whiskys hors d'âges (occupations somme toute respectables quand elles ne deviennent pas des finalités), mais bien d'un impératif politique fondamental, indispensable préalable au renouveau d'une nation organique, méritocratique et sociale.

    (A moy que chault ! , 24 novembre 2013)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!