Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Lauri Volpi, cueilli dans la nouvelle lettre d'information Centurie News et consacré, en s'appuyant sur l'exemple corse, à la nécessaire résistance identitaire face à l'immigration de masse...
La raison du plus fort
Après avoir laissé se constituer un bidonville de plus de 12 000 migrants aux abords de Calais, l’Etat a décidé d’agir à l’approche des élections. Près de 12 000 personnes seront donc ventilées dans toutes les régions françaises. Toutes ? Non, pas en Corse. Le gouvernement ne s’y risquera pas pour éviter de nouveaux incidents, qu’il ne craint visiblement pas dans d’autres parties du territoire. Peut-être n’est-il pas inutile d’évoquer les ressorts de la spécificité corse pour mieux comprendre sa capacité de résilience à la politique de population du gouvernement français et de l’UE.
La Corse n’a pas d’Etat propre. C’est un peuple et une terre. Une île belle et rude sur laquelle se maintient une population aux caractéristiques génétiquement stables depuis presque 20 000 ans (lire CenturieNews N°1). Comme d’autres peuples restés sans Etat pendant des siècles (Kurdes et autres), les Corses assurent encore au niveau local les fonctions qui permettent de maintenir une harmonie fondée sur des normes communes. Edward Goldsmith, pour évoquer cette capacité des communautés à maintenir leur cohésion, évoquait le « contrôle social par le potin méchant ». Comme d'autres peuples, les Corses maintiennent eux-mêmes des règles et coutumes qui ne dépendent pas de lois ou des institutions, échappant encore un peu aux capacités d’influence des médias de masse. C’est bien cette particularité de fonctionnement qui leur a permis de maintenir une personnalité collective propre. C’est la raison pour laquelle, les petits ayatollahs de banlieues se heurtent là-bas à des réactions spontanées.
En effet, les Corses ne se demandent pas s'il est légal, ou conforme à la morale médiatique de réagir à ce qui heurte leurs réflexes territoriaux, leurs coutumes ou leur sens de la justice. Les Corses réagissent encore parce qu’ils n’ont pas laissé à un Etat le soin de réglementer ou baliser leur vie quotidienne. Et ce, bien avant que cet Etat ne confie cette tâche à encore plus éloigné et plus malfaisant que lui ; l’Union Européenne et les transnationales. « In terra chè tù vai, fà usu chè tù trovi ». (Lorsque tu arrives dans une autre terre, conforme-toi aux usages que tu y trouves). Voilà ce que savent les Corses et tous les peuples qui n’ont pas perdu la tête.
De plus, malgré le passif « anti-impérialiste » des têtes de gondoles politiques du «nationalisme Corse», mécaniquement pro-immigration par archaïsme, reliquat d’un temps où les revendications ethniques étaient réinterprétées en vue de la lutte de classe, ceux-ci, à l’instar d’un Jean-Guy Talamoni ou d’un Gilles Simeoni, ont dû faire profil bas devant la pression populaire, lors des rixes de Sisco.
Alors, les événements de Sisco de cet été sont-ils les signes de tensions intercommunautaires susceptibles de déboucher tôt ou tard sur une guerre civile ? C’est malheureusement probable et voici pourquoi.
Sous l’effet des inévitables souffrances provoquées par l’histoire (crise économique, guerres, désordres sociaux graves, épidémies etc.) les communautés humaines cherchent instinctivement à reformer leur cohésion interne pour réagir et s’adapter. A l’instar des rassemblements de masse après les attentats, à l’image d’un Renaud en cure, étreignant un « flic » dans une manif « Je suis Charlie ».
Or il existe trois façons de maintenir l’unité d’un groupe humain. La première est d’intégrer ses parties à un principe unitaire surplombant. L’idée nationale a joué ce rôle dans le passé. On ne voit guère poindre de principe supérieur, susceptible de rassembler un pays déchiré comme la France et les incantations aux valeurs de la République n’y pourront plus grand-chose. La deuxième, est d’assimiler les populations en imposant à tous, non seulement des règles, mais aussi une culture et une langue commune, pour fondre ces différences dans un moule unique. C’est d’ailleurs le point de vue défendu par le journaliste Eric Zemmour et aussi celle du Front National de Marine Le Pen et Florian Philippot. Il suffit pourtant d’un instant pour mesurer à quel point ce projet politique n’est pas tenable. Car enfin, quel Etat - au surplus renouvelable tous les cinq ans - aura la force d’appliquer une politique suffisamment vigoureuse pour réduire les gouffres de sensibilités, de cultures, de valeurs, de coutumes, créés par l'immigration de masse extra-européenne ? Il ne faut pas être grand-prêtre pour deviner quelles tempêtes déchaineraient une telle politique au regard des difficultés à surmonter. Elle déboucherait probablement sur l'option suivante.
Car la dernière option pour reformer l’unité des communautés humaines dans l’histoire est celle de l’exclusion des corps étrangers inassimilables. Ce processus s’impose toujours quand les deux autres ont échoué. Et si l’Etat n’engage pas lui-même cette mise à distance des populations qui restent étrangères, par l’expulsion ou la partition, la guerre civile survient, comme le déclenchement intempestif d’un processus d’exclusion réciproque. Les politiques s’effacent alors pour laisser la place aux nervis.
Pour l’instant, les élites cherchent la réduction des antagonismes fabriqués par le multiculturalisme et l’immigration de masse en affaiblissant la culture et les normes de la population autochtone et temporairement encore, majoritaire. A la manœuvre, la sainte alliance des utopistes de gauche et de la finance transnationale apparaît évidente. Le milliardaire George Soros, finançant simultanément les Femens (ultra-féministes) et le CCIF (communautaristes musulmans), est emblématique de cette convergence d’intérêts. Cette stratégie fonctionne mais provoque une montée de la colère de la population contre les institutions et le personnel politique, mais aussi contre les populations soutenues préférentiellement et systématiquement par le complexe médiatico-politique.
On a vu pourquoi les Corses résistaient mieux que d’autres au reformatage civilisationnel. Voilà pourquoi il est probable que la Corse, ou une population qui a échappé au rouleau compresseur jacobin, sera le lieu où les premières étincelles se produiront. On pourra encore quelques temps ignorer les leçons de l’histoire. Mais sur les terres insoumises, les feux se propagent vite et deviennent rapidement incontrôlables et violents. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a soigneusement oublié la Corse, dans son projet de ventilation du bidonville de Calais.
Lauri Volpi ( Centurie News n°2, 15 septembre 2016 )