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slobodan despot - Page 8

  • Services publics...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli dans le n°108 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. L'auteur évoque la dégradation de la qualité des services publics qui va de concert avec l'augmentation de leur coût...

    Auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013) Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Services publics

    Que veut réellement l’État au XXIe siècle? Pour qui roule-t-il? Et pourquoi rafle-t-il toujours plus d’impôts pour fournir toujours moins de prestations?

    Dans la dernière décennie du siècle précédent, l’État décida de se réorganiser pour faire des économies. C’est son développement même qui l’y contraignait. Il devait également faire face à de nouvelles dépenses (à l’international en particulier). Or, pour y parvenir il lui fallait impérativement réduire ses dépenses en certains secteurs. Il aurait pu également, c’est vrai, augmenter les impôts. Ce qu’il fit, d’ailleurs. Mais sa marge de manœuvre en la matière était limitée: trop d’impôt, comme on le sait, tue l’impôt. Il s’employa donc surtout à réduire certaines dépenses.

    On cessa par exemple de considérer que la poste, le téléphone et les chemins de fer étaient des services publics, et qu’à ce titre l’État se devait de veiller à combler la différence entre ce qu’ils coûtaient et ce qu’ils rapportaient. La poste, le téléphone et les chemins de fer devinrent ainsi des entreprises comme les autres, assujetties comme les autres à des critères de profit et de rentabilité. Elles devaient au minimum équilibrer leurs comptes, au mieux dégager une plus-value. Autrefois l’argent allait de l’État aux services publics, maintenant c’était le contraire: il allait de la poste, du téléphone et des chemins de fer à l’État.

    Les personnels furent ainsi invités à travailler plus pour gagner moins. Les cadences augmentèrent, à l’image de ce qui se passait au même moment dans le secteur privé. Les personnels s’adaptèrent, ils n’avaient pas le choix. Certains tombèrent malades, d’autres se suicidèrent. Quant aux anciens usagers, rebaptisés clients, ils furent invités à mettre la main au porte-monnaie. Les tarifs explosèrent, ce que les nouveaux managers (on fait ici référence au «New public management», un courant de pensée issu du néolibéralisme) justifièrent en invoquant la «vérité des coûts». Cela nous a coûté tant, cela vous sera facturé tant. Plus, comme il se doit, un petit bénéfice pour nous permettre «d’investir», autrement dit de récompenser l’État actionnaire en lui versant un dividende. Là encore, les gens s’adaptèrent.

    On a évoqué plus haut la pression fiscale. Normalement, elle aurait dû diminuer, puisque l’État avait renoncé à combler la différence entre ce que coûtaient les services publics et ce qu’ils rapportaient. Mais l’État ne l’entendait évidemment pas de cette oreille. Non seulement les impôts ne diminuèrent pas, mais ils continuèrent régulièrement d’augmenter. Les individus se virent ainsi confrontés à une double hausse: celle des tarifs des services publics, d’une part, de leur feuille d’impôt de l’autre. Les gens acceptèrent.

    Parallèlement, comme on pouvait s’y attendre, on assista à une baisse de la qualité des services fournis. Prenons l’exemple du téléphone. Les technologies ont évidemment beaucoup évolué depuis une trentaine d’années. Tout le monde ou presque dispose aujourd’hui d’un téléphone cellulaire, le plus souvent également d’un smartphone, etc. Le téléphone offre ainsi beaucoup plus de possibilités qu’il n’en offrait il y a une trentaine d’années. Mais tout, en même temps, est devenu beaucoup plus fragile (pour ne pas dire chaotique). C’est le cas même avec le téléphone fixe. Pour réduire ses coûts, l’opérateur Swisscom vient, on le sait, de renoncer à l’ancienne technologie analogique, pour lui en substituer une autre, articulée à Internet. La conséquence en est que le téléphone tombe assez souvent maintenant en panne, ce qui n’était pas le cas autrefois. La péjoration est évidente.

    Mais on en voit aussi la cause. L’ancienne technologie donnait pleine et entière satisfaction. Mais elle coûtait trop cher aux yeux de l’opérateur. Celui-ci lui en a donc substitué une autre moins coûteuse, mais aussi plus fragile. Le résultat est là. On ne se demande plus si quelque chose fonctionne ou non, mais si les technologies qu’on utilise contribuent ou non à accroître le bénéfice de l’entreprise. A terme, il est probable que le téléphone fixe sera purement et simplement supprimé. Il rapporte en effet beaucoup moins aux opérateurs que le téléphone portable. Il sera alors temps de dresser un bilan, et pour cela de comparer le champ de ruine ainsi créé à l’excellent réseau téléphonique des années 70 et 80 du siècle passé, réseau auquel 90 % des gens étaient alors raccordés. L’ancien appareil à cadran manuel était simple, rudimentaire, mais au moins fonctionnait-il.

    On parle aujourd’hui beaucoup du train: trains en retard, supprimés, immobilisés, etc. Les dysfonctionnements aujourd’hui observés sont systémiques. Ils tiennent fondamentalement au fait que les autorités encouragent les gens à habiter de plus en plus loin de leur lieu de travail, et donc à prendre de plus en plus le train. Or les infrastructures n’ont pas suivi. D’où les dysfonctionnements actuels. L’actuel réseau ferroviaire est saturé. On pourrait être tenté d’incriminer l’incompétence des responsables, leur imprévoyance, etc. Mais on pourrait aussi dire qu’ils ont toujours su très bien ce qu’ils faisaient. Créer des infrastructures coûte cher.

    Cela interpelle sur ce qu’est aujourd’hui l’État. Sur ce qu’il est et sur ce qu’il veut. L’État ment, disait Nietzsche. «Il ment froidement, et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: «Moi, l’État, je suis le Peuple». [1] L’État n’est évidemment en rien le Peuple. Il est l’État. Quoi qu’il dise ou prétende, il ne se soucie en rien non plus du Peuple. De quoi alors se soucie-t-il? De lui-même, tiens donc. De lui-même et de rien d’autre. Il est à lui-même sa propre fin. Tout ce qu’il fait et entreprend, il le fait d’abord pour lui-même. Nietzsche encore: «L’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal; et dans tout ce qu’il dit, il ment – et tout ce qu’il a, il l’a volé. Tout en lui est faux; il mord avec des dents volées». Ce qui se passe aujourd’hui est donc normal, on ne peut plus normal. Le «New public management» n’a rien inventé. Il met simplement en forme, juste en forme, ce qui est la manière normale et habituelle d’agir de l’État.

    Voilà ce que les gens devraient se dire quand, par exemple, pauvres pendulaires en attente d’un train qui ne vient pas, ils gèlent sur un quai de gare en consultant leurs mails professionnels.

    Encore une fois, ce qui frappe, c’est la résignation générale. Les gens avalent tout, acceptent tout. Ils croient aussi tout ce que l'État leur raconte. On pourrait se demander pourquoi: pourquoi une telle propension à la résignation? La lassitude est peut-être une explication. Peut-être aussi l’absence de perspective. L’inculture empêche de porter une appréciation articulée sur ce qui est acceptable ou inacceptable. On manque de points de comparaison. N’oublions pas non plus la peur. Les gens ont peur des autorités. Et donc se taisent. C’est aussi une explication possible.

    Eric Werner (Antipresse n°108, 24 décembre 2017)

    NOTE

    1. Ainsi parlait Zarathoustra, I, «De la Nouvelle Idole» (Œuvres complètes, t. II, Bouquins, Robert Laffont, 1993, p. 320).
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  • La mauvaise chute de Tariq al-Capone...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobdan Despot consacré à Tariq Ramadan et cueilli dans les n°103 et 104 d'Antipresse, sa lettre d'information, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. Éditeur et écrivain, Slobodan Despot vient de publier, après Le miel (Gallimard, 2014), un deuxième roman intitulé Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

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    La mauvaise chute de Tariq al-Capone

    J’ai toujours considéré inélégant de tirer sur l’ambulance. Mais que faire lorsqu’on est en guerre et qu’on se rend compte que l’adversaire utilise les ambulances pour exfiltrer ou relocaliser ses troupes? On l’aura deviné, je parle du panier à salade qui a évacué M. Tariq Ramadan de l’arène des idées pour le transférer sur le terrain du procès de mœurs. Malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui, certains en éprouvent comme une frustration. Comme si Frère Tariq, tel Fantômas, s’était encore une fois tiré d’affaire avec son habileté d’anguille.

    Voici quelques jours, mon ami Christophe Calame publiait sur les réseaux sociaux quelques phrases de journal consacrées à l’affaire. «La formule était cinglante — «Tariq Ramadan est tombé, comme sont tombées Mossoul et Raqqa» — mais hélas incomplète. Tariq Ramadan est tombé comme Mossoul et Raqqa seraient tombées non en tant que bastions de l’État islamique, mais, par exemple, en tant que lupanars (ce qu’elles étaient sans doute aussi, mais collatéralement).

    Loin de moi l’idée de considérer le viol comme une faute collatérale. Je laisse ce mépris aux copains et défenseurs parisiens de M. Strauss-Kahn. Mais Tariq Ramadan est «tombé», tel Al Capone piégé par le fisc, à cause d’un sous-produit de son industrie, et non à cause du «cœur du business» qu’il serait urgent de démonter.

    La focalisation sur le comportement privé du petit-fils de Hassan al-Banna (et petit-neveu du «réformiste libéral» et dissident Gamal al-Banna dont il ne se réclame guère) risque d’escamoter son action publique et la subversion rétrograde qu’il a efficacement contribué à répandre. Bref, ce magistère idéologique (n’allons pas l’appeler spirituel, car on peine à déceler une quelconque spiritualité dans sa rhétorique) qui continue d’intimider une part significative de l’opinion et d’en électriser une autre. Et qui a sans doute efficacement prolongé son impunité sur un chemin parsemé d’abus inaperçus par des yeux qui regardaient ailleurs et de dénonciations non entendues par des oreilles soudain fermées à la détresse féminine. Quand il ne s’agissait de pure et simple indolence, comme celle de Mme Brunschwig-Graf qui, alors ministre de l’instruction publique du canton de Genève, s’était refusée à agir «sur la base de rumeurs» — mais qui ne s’est nullement empressée non plus de faire vérifier lesdites rumeurs. (Fort heureusement, elle allait par la suite devenir présidente de la Commission fédérale contre le racisme, et donc en mesure de sévir contre ceux qui auraient eu l’idée de creuser ces rumeurs et d’en tirer d’abusives conclusions.)

    Des vertus de la présomption d’innocence

    Des mois, voire des années durant, les responsabilités pénales hypothétiques du professeur genevois vont donc occulter ses responsabilités morales établies. Car, en attendant son verdict, M. Ramadan bénéficie de toutes les protections que lui confère l’État de droit, à commencer par la présomption d’innocence que défendront jusqu’à la dernière miette de vraisemblance certains des avocats les plus prestigieux et les plus coûteux du barreau genevois.

    Que Frère Tariq soit condamné ou non au terme du processus n’est même pas si important que ça. On savoure d’ores et déjà l’ironie de l’histoire qui a fait de cet islamiste sophistiqué le héros d’une nouvelle affaire Dreyfus. Les camps sont formés et ne démordront pas de leurs positions. En cas de condamnation, ceux qui ont d’emblée crié au «complot sioniste» n’y verront bien entendu que la confirmation de leur thèse. En France, la polémique entre la tribu Médiapart (pro-TR) et la tribu Charlie Hebdo (anti-TR) a rapidement enflé jusqu’à l’accusation d’appel au meurtre!

    En attendant, plus personne ne songera à s’occuper du message central du gourou.

    Mais quel est-il, au fait? Dans le brouhaha de ces derniers jours, on l’a complètement perdu de vue. Pour peu qu’on ait jamais eu envie de le voir, de le décomposer et de le résumer. Ce travail-là eût été une affaire d’intellectuels et d’universitaires — en particulier lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un intellectuel particulièrement bien verni. Mais les intellectuels du domaine francophone semblent fort réticents à croiser le fer avec Frère Tariq. Ils préfèrent laisser cette périlleuse besogne à des politiques bien moins outillés pour cela. Quand ils ne pétitionnent pas en sa faveur.

    Petite parenthèse: de l’impunité des «grands intellectuels»

    La levée de boucliers en faveur de Frère Tariq est à l’opposé diamétral du lynchage public de Harvey Weinstein, alors que les deux étaient accusés, à peu près, des mêmes forfaits. C’est que l’un est un «grand intellectuel» dénoncé par des femmes sans éclat tandis que l’autre n’est qu’un jouisseur et un faiseur de fric accusé par des stars. Et peu importe si l’intellectuel ne laisse qu’un sillage de brumes et de louvoiements alors que le jouisseur, tout poisseux qu’il est, a produit certains des meilleurs films de ces dernières décennies.

    C’est étrange, chez les intellos, ce besoin de se décerner des alibis, aurait observé Michel Audiard. On songe à la vague de compassion dont a bénéficié parmi ses pairs cet autre enfumeur de haut vol, le philosophe marxiste Louis Althusser, lorsqu’il étrangla sa femme. Ce crime sordide, qui n’aurait valu à un homme ordinaire que honte et répudiation publique, a fait d’Althusser un mythe, surtout parmi ceux qui ne l’avaient jamais lu. Le médiocre rimailleur Cantat, en orchestrant son come-back, s’est sans doute cru lui aussi membre de la caste des druides lévitant au-dessus de la loi commune. Mais il s’est pris les pieds dans le tapis: il n’avait pas pondu suffisamment de théories obscures pour que le meurtre sauvage de Marie Trintignant lui soit tout à fait pardonné.

    Coincer l’escobar

    Mais revenons au message central de Frère Tariq, à son rôle dans le dispositif. Il n’est jamais aisé de cerner la tactique d’un jésuite: nos amis catholiques en savent quelque chose avec leur dernier pape (et le premier issu de la Compagnie de Jésus). Or Frère Tariq est, par son habileté rhétorique et ses procédés, l’autre grand jésuite qu’il nous reste. Il mérite même, stricto sensu, l’appellation d’escobar, ce substantif que nous a légué Blaise Pascal en exposant dans ses Provinciales l’hypocrisie du pompeux jésuite espagnol Antonio Escobar y Mendoza (1589-1669).

    «ESCOBAR, subst. masc. — Personnage hypocrite, sachant utiliser d'adroits subterfuges pour arriver à ses fins ou les justifier.»

    Nous n’avons plus hélas de logiciens suffisamment lucides et déterminés pour disperser comme un Pascal la jésuiterie orchestrée par Tariq Ramadan et son entourage de frères musulmans. Nous n’avons même plus, du reste (et c’est plus grave), suffisamment de foi en la logique. Il nous faut nous débrouiller tout seuls avec nos modestes moyens intellectuels et notre aversion pour l’esbroufe, cet instinct précieux que toute notre éducation supérieure s’emploie à endormir.

    En pareil cas, le mieux est de ramener le cas à ses éléments fondamentaux. Quelles sont les fins de Tariq Ramadan? Rendre l’ordre social et politique de l’islam légitime en Europe — et bien entendu légal dans un deuxième temps. Et ses adroits subterfuges? Essentiellement, le double langage, «la duplicité des polémistes jésuites, qui usent de deux poids et deux mesures selon qu’ils ont affaire à leurs amis ou à leurs ennemis».

    Il n’est qu’à comparer la dissonance entre les propos tenus par Frère Tariq à l’attention de sa clientèle européenne et ceux qu’il réserve au «B2B», à sa communication intraislamique. D’autres l’ont relevée, il suffit de prendre la peine de lire.

    Pour amadouer son public infidèle et le convaincre de la compatibilité de l’ordre politique islamique avec l’état de droit européen, Ramadan convoque une vaste et superficielle bibliographie de philosophes occidentaux, mais en évitant soigneusement de mettre en question ses propres dogmes fondamentaux. Il insinue, sous-entend, calomnie (au sens pascalien). Détail hautement significatif: le retour perpétuel de la phrase «vous me faites dire ce que je n’ai pas dit» — due sans doute à la malveillance de ses détracteurs, mais également à la cautèle dont il entoure ses propres positions.

    Pour lever cette brume, pourtant, il y a un procédé simple: mettre le maçon au pied du mur. Lui demander, par exemple, de préciser si le meurtre pour Dieu demeure toujours plus halal que le meurtre par emportement, comme il l’illustre dans un livre de 1995, faisant passer avec art la violence djihadiste pour une non-violence «théologique».

    Plus concrètement encore, insister pour obtenir du rhéteur une condamnation sans équivoque (par oui ou par non) de la lapidation des femmes, en tant que symbole des pratiques les plus incompatibles qu’on puisse imaginer avec un ordre social moderne. C’est cette condamnation fondamentale qu’aucun adversaire de Ramadan n’a jamais pu obtenir. Tout juste a-t-il concédé l’idée d’un «moratoire» sur les châtiments corporels — et l’a traduite par un appel monocorde conçu pour ne pas être entendu là où il aurait dû l’être.

    Imagine-t-on un responsable politique européen, un intellectuel, un prof par surcroît, proposer un «moratoire» (et non un rejet net et absolu) sur les pratiques pédophiles?

    Il est étrange que tous ses interlocuteurs aient passé outre cette hypocrisie fondamentale sans jamais lui opposer la politique de la chaise vide. Une femme lapidable, pourtant (avant ou après le fameux «moratoire»), est par excellence aussi une femme violable. L’argument a étrangement échappé aux féministes indignées, qui ont préféré dénoncer la «culture du viol» qui serait la marque de «l’homme» en général, plutôt que la signature du prédicateur moraliste en particulier, quelle que soit sa religion.

    Dans le monde dit musulman, heureusement, tout le monde n’a pas cette myopie de dindes et d’autruches. Certain.e.s ont très clairement établi le rapport entre un comportement et l’idéologie qui le sous-tend. A commencer par les victimes elles-mêmes.

    Comme on pouvait s’y attendre, la déchéance de l’islamiste le plus présentable dans les salons et les auditoires a encore donné lieu à des exercices comiques de contorsion bien-pensante. D’accord, il a agressé des femmes (à moins que ce soit un «complot sioniste», qui sait?), mais enfin, quel homme ne l’a pas fait — ou pas eu envie de le faire? Toutes les sociétés sont phallocratiques, clament les puritain.e.s islamogauchistes, toutes reposent sur une «culture du viol», réel ou symbolique, et T. R. n’est que le dernier arrivé dans un club d’abuseurs qui accueille déjà du beau linge: éminents producteurs et réalisateurs de cinéma, journalistes, etc.

    La condition d’entrée au Rape club est simple: il suffit d’être adulte et de sexe masculin. Tout homme, tôt ou tard, finira par frapper à la porte…

    Par cette vaste généralisation, on détourne les regards de ce qui est le véritable éléphant dans la pièce. Et si l’on focalisait un peu? Si, en dehors de l’appartenance sexuelle, on se penchait aussi sur l’idéologie ouvertement professée par cet abuseur à répétition présumé?

    Une fable édifiante

    Revenons pour commencer sur une leçon parcourue un peu trop vite. Je mentionnais la semaine dernière un ouvrage que Frère Tariq avait publié au Liban en 1995. On y lisait un exemple édifiant tiré de la vie d’Ali. Au moment d’achever un ennemi vaincu qui lui avait craché au visage, le guerrier avait rengainé son épée et laissé vivre l’homme terrassé. Devant les récriminations outrées de ses très humanistes compagnons d’armes, Ali leur explique: «Il m’a craché au visage et j’ai craint de le tuer par colère vis-à-vis de ma propre personne et non pour Dieu.»

    Cet épisode, selon Frère Tariq, «permet de mesurer combien les premiers compagnons du Prophète (bsl) étaient proches de Dieu et l’aimaient de tout leur être». Car il permet de répondre à une question capitale: «Est-ce parce qu’on nous insulte personnellement qu’on réagit ou est-ce l’exigence de justice et de dignité devant Dieu qui est notre moteur?»

    Ainsi donc, en se bornant à rappeler un exemple canonique, notre escobar en arrive sans se mouiller personnellement (l’esquive étant sa grande spécialité) à justifier la violence djihadiste. Car ce conte moral est évidemment destiné à être lu à rebours. Ce qu’il n’est pas permis de faire à cause de nos sentiments propres, il est permis de le faire au nom de la «dignité» de Dieu. Tuer l’ennemi à terre n’était pas un problème pour Ali: c’était de le tuer pour soi-même et non en tant qu’offrande à Allah. Or de la permission à l’injonction, il n’est qu’un pas.

    Les récits abondent sur la placidité des djihadistes qui, lors des attentats, poignardent ou fusillent des femmes et des enfants sans haine particulière, juste parce que leur sang serait censé satisfaire la justice d’Allah. C’est pas pour eux, c’est pour Dieu. Ça change tout! Et l’on ne manque pas non plus de témoignages de proches sur le calme, la douceur, voire la gentillesse de tant de jeunes gens qui viennent d’accomplir d’épouvantables carnages avant de se détruire à leur tour. «On ne comprend pas! Un garçon si sympa, si ordinaire…»

    Bien sûr qu’on ne comprend pas. Puisqu’on ne lit pas ce qui est écrit en toutes lettres…

    «Le moment est crucial», note Frère Tariq. Serait-il suffisamment crucial, chez les partisans de cette lecture-là de l’islam, pour qu’on puisse étendre cette éthique de la violence admise à d’autres domaines que la razzia et la guerre? Par exemple, aux rapports avec les femmes?

    La vie, c’est le Mal

    Il ne me semble ni abusif ni original de relever que l’islam traditionnel a un problème avec les femmes. Le christianisme aussi, du reste, à ce détail près que le modèle de société qu’il a fondé a passé son temps, ces deux ou trois derniers siècles, à repousser les ténèbres du puritanisme. Sans oublier cet autre détail que le puritanisme est combattu en tout premier lieu par le Christ lui-même, ami des prostituées et ennemi juré des scribes, des pharisiens et des formalistes de tout poil, qu’il traite joliment de «sépulcres blanchis».

    Vassili Rozanov, l’un des plus audacieux penseurs chrétiens, a consacré des pages troublantes à cette étrange dérive d’une parole de vie et de lumière vers une idéologie de la stérilité et de la noirceur à mesure que le christianisme s’officialisait. Les hommes de la clarté lunaire sont-ils encore évangéliques, se demande-t-il. Ou ne seraient-ils pas retombés — enchaînons-nous — dans les dérives manichéennes que le christianisme des origines a justement combattues? De la Perse ancienne jusqu’aux gnostiques, des gnostiques aux délires écolo-gauchistes et véganes, la haine des cathares (des purs, en grec) pour le joyeux bordel, la bransloire perenne (selon Montaigne) qu’est ce monde peuplé d’humains mal torchés est une objection constante à l’insouciance coupable où nous nous vautrons depuis la nuit des temps. Quel baume au cœur des rabat-joie et des frustrés de tout genre que de pouvoir déclarer le monde entier bon à brûler parce qu’ils n’y ont pas trouvé leur juste place! Quel alibi pour les révolutionnaires, les inquisiteurs et les tartuffes que de pouvoir régler leurs comptes avec de moins ratés qu’eux au nom d’une raison supérieure liée à la malignité de la vie elle-même. Or qu’est-ce qui perpétue cette vie mal embouchée sur terre, sinon la fertilité de la femme?

    Un certain islam, ainsi, a décidé de mettre des barrières entre les hommes innocents et leurs éternelles tentatrices. Il faut être ouest-européen et n’avoir eu avec l’islam que des rapports expéditifs de colon à colonisé pour accorder foi aux fables selon lesquelles les voiles plus ou moins intégraux «protégeraient» les femmes et témoigneraient du «respect» qu’on leur porte. Cela serait-il vrai, du reste, qu’il faudrait s’interroger sur l’incapacité de ladite idéologie à juguler les pulsions bestiales du mâle autrement qu’en supprimant l’objet de leur concupiscence.

    Dans les sociétés qui ont une pratique plus longue et plus quotidienne de cette idéologie, comme l’Inde, la Russie, la Grèce ou la Chine, on se berce d’un peu moins d’illusions. C’est pourquoi, dans lesdites sociétés, tout «dialogue» avec les repose avant tout sur un rapport de forces. Sans rapport de forces, point de dialogue car la soumission, dans son concept même, l’exclut.

    La leçon oubliée de Cologne

    Ainsi en va-t-il aussi, du reste, dans les sociétés arabo-musulmanes elles-mêmes lorsqu’elles essaient de prendre part à la modernité (et que nos donneurs de leçons ne les renvoient pas à coups de bombes ou de révolutions montées à leurs coutumes régressives). C’est qu’on y est un peu informé du problème. C’est pourquoi la pratique et la prédication de l’islam sont sévèrement encadrées par l’Etat dans tous les pays musulmans, alors qu’en Suisse ou en Grande-Bretagne les prédicateurs fondamentalistes et leurs sponsors du Golfe persique ont pratiquement carte blanche. Ce n’est que dans un tel cadre qu’un tartuffe fondamentaliste peut sévir dans la plus parfaite impunité des années durant.

    On aurait pu croire que la vague migratoire de ces dernières années finirait par mettre au parfum nos oies blanches. Nous en sommes encore loin, alors même que les agressions de Cologne nous ont donné un aperçu grandeur nature des défis qui attendent les femmes en Europe, et qui sont d’une tout autre nature que l’«outrage sexiste verbalisable» que M. Macron a soudain décidé de réprimer avec la dernière énergie.

    Au lendemain de ce gang-bang en place publique, j’ai raconté (Antipresse n° 7, 17.1.2016) comment mon salon de coiffure «hommes» (mais tenu par des dames) à Belgrade avait soudain été envahi par de petits groupes, certes très candides, de jeunes réfugiés syriens:

     «La coiffeuse n’en revenait pas:

     — Pourquoi nous ? Il y a tant de salons tenus par des hommes, en ville…

     Pour ma part, c’était justement la raison. Les jeunes réfugiés venaient là moins pour se faire couper les cheveux que pour se faire frôler par des femmes. Combien d’entre eux avaient été touchés au corps par une femme autre que leur mère ? Ils arrivaient rarement de Damas, plus souvent de campagnes reculées. La visite dans ce salon de coiffure était pour eux une expérience érotique avouable.»

    A la suite des mêmes événements, l’écrivain algérien Kamel Daoud livrait, dans une tribune du Monde, une analyse beaucoup plus incisive du conflit entre l’islam et la femme:

     «Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux: la vie.

     C’est une conviction partagée qui devient très visible chez l’islamiste par exemple. L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme.»

    La pilule de désinhibition

    Kamel Daoud est sans doute un libre penseur, un hérétique. Mais ce qu’il dit entre si bien en résonance avec l’exemple du prophète Ali, loué par le bon Tariq. Tuer ou violer pour ses passions (donc pour la vie), c’est haram. Tuer ou violer pour Dieu, c’est halal. Pour se mettre en règle avec Dieu, il suffit de donner à ses pulsions une justification théologale. Une pilule de désinhibition dont les mécréants, les athées et les libertins ne disposent pas — et doivent du coup la remplacer par la drogue ou l’alcool.

    Henda Ayari, la première femme qui a porté plainte contre Tariq Ramadan pour viol, résume l’attitude de son agresseur présumé par une maxime qui claque comme un fouet: «soit vous êtes voilée, soit vous êtes violée». Si une femme est violée parce qu’elle était dévoilée, le viol n’avait pas pour «moteur» la satisfaction des basses pulsions de l’homme (qui est tout de même du châtiment l’arme nécessaire), mais «l’exigence de justice et de dignité devant Dieu».

    Encore une fois, le cas n’est pas jugé, et nous n’irons pas plus loin dans la spéculation. Après tout, la possibilité que Frère Tariq soit victime de dénonciations calomnieuses voire d’un «complot sioniste» n’est pas à exclure tout à fait.

    Sans enfreindre sa présomption d’innocence, on pourrait tout de même lui poser cette simple question à la fois théologique et pratique: sur les 72 vierges qui constituent la récompense des bienheureux dans l’au-delà, combien sont consentantes? Un bon théologien devrait pouvoir répondre sans peine.

    Slobodan Despot (Antipresse n°103 et 104, 19 et 26 novembre 2017)

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  • La nouvelle vague du conservatisme...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°169, décembre 2017 - janvier 2018) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à la vague conservatrice qui déferle sur le paysage intellectuel français, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, dont un , décapant, consacré à Marseille,  et des chroniques de Xavier Eman, d'Hervé Juvin, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang et d'Yves Christen...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial

    Diversité

    Agenda, actualités

     

    L’entretien

    Matthew B. Crawford : « Silence, qu’on réfléchisse enfin ! »

     

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : W. Morris, père de la fantasy

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Le carnet géopolitique d’Hervé Juvin

    Cinéma : Hazanavicius s’attaque à Godard

    Champs de bataille : Hardi Téméraire !

    Bestiaires par Yves Christen

    Sciences

     

    Le combat des idées

    Marseille : explosion d’un laboratoire multiculturel

    Stanislas Dehaene, J.-M. Blanquer et les neurosciences

    Catalogne 1937-2017

    La vente d’Alstom à General Electric

    Le bel avenir du nucléaire : entretien avec François Géré

    Le romantisme fasciste

    Les trésors de Matulu

    Les idées noires de Jean-Pierre Georges

    Allez-y sans moi, le film de Patrick Buisson

    La grande offensive des antispécistes

    Le crépuscule de la chasse

    Billebaude, entretien avec Anne de Malleray

    Thoreau le sauvage, dernier des contemplatifs

    Arne Naess, l’écologie profonde et ses ennemis

     

    Dossier

    La Nouvelle Vague du conservatisme

    Les équivoques du conservatisme

    Le conservatisme de A à Z

    Esquisse d’un manifeste conservateur

    Pourquoi je ne suis pas conservateur par David L’Épée

    Conservatisme : antithèse ou antichambre de la tradition ?

    Lorsque le socialisme était conservateur

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Engrenages, plus vraie la vie…

    Philo : doit-on tout passer au crible de la raison ?

    Honfleur 2017, rendez-vous du cinéma russe

    L’esprit des lieux : New York, New York

    C’était dans Éléments : La Police de la pensée

     

    Éphémérides

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  • Les antifas sans cagoule...

    Nous reproduisons c-dessous un article fort intéressant de Ferdinand le Pic, consacré aux antifas et cueilli dans le n°101 d'Antipresse, lettre d'information de Slobodan Despot, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018.

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    Les antifas sans cagoule

    Ils frappent partout, mais semblent venir de nulle part. Ils dénoncent un «fascisme» omniprésent et fantasmé. Ils n’ont aucune existence juridique mais bénéficient d’incroyables indulgences judiciaires. Qui sont-ils?

    Les Antifas se plaisent à revêtir le noir, toujours encapuchonnés et masqués comme les Black Blocks, dont ils sont l’avatar. Comme on le sait, la dénomination Schwarzer Block fut imaginée dans les années 1980 par la police de Berlin-Ouest pour désigner les Autonomes de Kreuzberg. Ce quartier jouxtant le «Mur» faisait encore partie du secteur d’occupation US jusqu’en 1990. Autrement dit, les Black Blocks sont nés dans un territoire sous contrôle militaire américain.

    C’est important, car au même moment apparaissait aux États-Unis, plus exactement à Minneapolis (Minnesota) l’Anti-Racist Action Network (ARA). Ce groupe recrutait dans les mêmes éprouvettes punk et squat qu’au sein du laboratoire de Berlin Ouest. Entre scientifiques de l’agitprop, on collabore. Dissous en 2013 pour ressusciter sous le nom de Torch Antifa Network, le but de ce mouvement était, dès l’origine, de combattre le sexisme, l'homophobie, les idées anti-immigrationnistes, le nativisme, l'antisémitisme ou encore l'anti-avortement. Bref, quelques-uns des leviers de démantèlement d’une société traditionnelle bordée d’ignobles frontières, que l’on retrouve aussi bien dans les programmes officiels de la Commission de Bruxelles et de ses ONG-écrans que dans les feuilles de route de la galaxie Soros.

    Les étranges filières de l’argent «humanitaire»

    Mais on a beau se faire appeler du doux nom d’Anti-Racist Action Network, cela ne suffit pas: il faut des sous. En cherchant un peu, on les trouve en Alabama, du côté du SPLC (Southern Poverty Law Center), une ONG qui se targue, sur son propre site web, d’être la matrice de l’ARA. Autrement dit, la genèse des Antifas américains n’a évidemment rien de spontané. C’est à ce richissime SPLC qu’a incombé la tâche de créer cet ARA de laboratoire. Il est vrai qu’avec une dotation de financement de plus de 300 millions de dollars, le SPLC a de quoi voir venir, même si on retranche le salaire net de son président, qui émarge à plus de 300'000 dollars par an. C’est beau le «non-profit» politique au pays de l’oncle Sam!

    Mais si ces gens-là ont les moyens, ils ne jouent pas pour autant la transparence sur l’origine des fonds. Il est vrai qu’on n’aime jamais trop raconter pourquoi ces fonds devraient transiter par les Iles Caïmans ni comment ils ont connu la tirelire d’un certain Bernard Madoff.

    Mais pourquoi le SPLC? Très simple, en dehors de la défense de ses minorités préférées, la spécialité du SPLC est de ficher ses adversaires politiques, systématiquement qualifiés de «fascistes», qu’ils le soient ou non, puis de publier ses listes noires très élaborées et constamment mises à jour. Un travail de pro qui est devenu une référence du genre.

    Et les barbouzes qui s’en mêlent

    Ce modèle d’activisme et de fichage très professionnel ne vient évidemment pas de nulle part. Il est notamment issu du modèle imaginé par le mouvement Friends of Democracy qui était en réalité une antenne américaine des services secrets britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. Son but officiel était de pousser les Américains à entrer en guerre, tout en fichant les récalcitrants, ce qu’il a continué à faire jusqu’à la fin du conflit.

    Son organe de communication avait pour titre Propaganda Battlefront dont on peut encore trouver des copies en ligne.

    On notera, juste en passant, que ce nom a été ranimé en 2012 par Jonathan Soros, fils de George Soros. Ce choix n’est évidemment pas un hasard.

    Pour revenir à nos Britanniques, ces derniers furent également très actifs à domicile, puisque, toujours dans les années 1980, ils fondaient à Londres L'Anti-Fascist Action (AFA), recrutant là encore dans les mêmes milieux punk et squat. Le label «action antifasciste» avait quant à lui été inventé par les communistes européens des années trente. Une contrefaçon de marque politique non déposée qui présentait l’avantage de donner l’illusion d’une filiation légitime. (Il paraît que question détournement d’image, on sait très bien faire dans les services.)

    A la veille de la chute du Mur, on voit donc bourgeonner aux États-Unis et partout en Europe les mêmes affiliations à un antifascisme «Canada Dry», qui a le goût et l’odeur de l’antifascisme communiste historique, mais pas une goutte de communisme dans sa composition chimique. Une façon de monopoliser l’usage de l’infamante étiquette «fasciste» contre tout adversaire d’un postcommunisme 100 % américanisé, tel qu’il apparaîtra dès 1989, avec la chute du Mur.

    Une galaxie hors la loi

    Il existe donc une raison objective à la simultanéité de l’apparition des Antifas ces années-là. Mais comme c’est encore le cas aujourd’hui, on se garda bien de créer la moindre structure juridique qui permettrait de remonter jusqu’aux organisateurs et financeurs avérés. Il vaut toujours mieux, surtout lorsqu’on travaille avec le grand banditisme. Un nom fut en effet exposé au grand jour pour ses liens avec la mafia de Manchester. Il s’agissait de Desmond «Dessie» Noonan, grand Antifa devant l’éternel mais surtout braqueur professionnel et chef de gang, soupçonné d’une centaine de meurtres (1). Outre ses responsabilités directes dans l’AFA, il fut également l’un des exécuteurs attitrés des basses œuvres de l’IRA. Il mourut finalement poignardé devant chez lui à Chorlton (sud de Manchester), en 2005.

    Son frère Dominic Noonan prit le relais. Outre ses activités mafieuses, on le filma en train de diriger les graves émeutes de Manchester de 2011, dont le déclencheur fut la mort de son neveu, Mark Duggan. Ce dernier, soupçonné d’être impliqué dans un trafic de cocaïne, s’était fait abattre par la police le 4 août 2011, ayant résisté à son arrestation dans le quartier de Tottenham. Il s’ensuivit une semaine d’insurrection qui s’étendit jusqu’à Liverpool, Birmingham, Leicester ou encore le Grand Londres, faisant 5 morts et près de 200 blessés parmi les seuls policiers.

    La porosité des services de renseignement, de la mafia et des activistes d’extrême gauche n’est pas sans nous rappeler le rôle des Brigades rouges dans le réseau Gladio, piloté par l’OTAN. Il se trouve que justement les Autonomes Ouest-berlinois de la guerre froide finissante étaient eux-mêmes affiliés au mouvement italien Autonomia Operaia (« Autonomie ouvrière»), très proche des Brigades rouges. Le monde est si petit!

    Tout ce que la police n’ose pas faire

    Mais le point commun le plus spécifique à tous ces Antifas du monde demeure le fichage. Derrière leurs épais écrans de fumée lacrymogène, leurs capuches noires et leurs casses de vitrines qui font toujours les gros titres, il leur incombe essentiellement de ficher en masse leurs adversaires politiques et d’en exposer publiquement les identités et les occupations, exclusivement sur la base de leurs opinions politiques ou religieuses. Une tâche qui est précisément interdite aux autorités, en démocratie.

    Ces mouvements sont donc objectivement, à cet égard, des supplétifs des services de police et de renseignement. Ce qui explique notamment leur proximité, voire la facilité de leur noyautage, leur impunité ou encore l’extrême difficulté qu’on peut avoir à les identifier.

    Le cas Joachim Landwehr

    C’est par exemple le cas de Joachim Landwehr (28 ans), citoyen helvétique, condamné à 7 ans de prison le 11 octobre dernier par le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir, le 18 mai 2016, bouté le feu à l’habitacle d’une voiture de police grâce à un engin pyrotechnique, avec ses deux occupants encore coincés à bord. Une peine plutôt légère pour une atteinte à la vie de policiers.

    On sait que Landwehr est lié au groupe suisse «Action Autonome», dont les mots d’ordre passent notamment par le site <rage.noblogs.org/>, dont 90 % du contenu relève du fichage, avec un degré de précision qui dépasse très largement les capacités d’une équipe d’amateurs, même à temps plein. On se demande d’ailleurs ce qu’attend le Préposé cantonal à la protection de données pour se saisir du dossier.

    On sait également qu’il était présent lors de la manif antifa de Lausanne de mai 2011, et que c’est sans doute lui aussi qui a mis en ligne une petite vidéo de propagande à la gloire de sa promenade.

    On sait enfin qu’il fut acquitté en août 2017 par le tribunal de police de Genève, alors qu’il y avait participé à une manifestation interdite.

    Des agitateurs venus de la «haute»

    En revanche, on connaît mieux les profils de ces complices parisiens. Par exemple, Antonin Bernanos, condamné à 5 ans de prison dont 2 avec sursis, est l’arrière petit-fils du grand écrivain Georges Bernanos. On reste issu d’un milieu plutôt cultivé et protégé chez les Antifas. On imagine que l’œuvre de l’illustre aïeul avait encore sa place dans les discussions familiales. Yves, le père du délinquant et réalisateur sans succès de courts-métrages, le confirmait lors d’une interview pour KTO, l’organe cathodique de l’archevêché de Paris, lequel diffusa d’ailleurs l’un de ces courts-métrages, par charité chrétienne sans doute. Mais on n’a pas trop de mal à comprendre que c’est sa femme, Geneviève, qui fait bouillir la marmite. Elle a la sécurité de l’emploi comme fonctionnaire. Elle est en effet directrice de l’aménagement et du développement à la mairie de Nanterre. Côté convictions, elle est fière de n’avoir pas raté une seule fête de l’Huma depuis ses 15 ans.

    Dès l’arrestation de leurs deux fils (Angel, le plus jeune, sera mis hors de cause), Monsieur et Madame Bernanos ont arpenté les radios, les salles de rédaction, les collectifs et manifs en tous genres, pour dénoncer l’ignominie policière montée de toutes pièces par l’État fasciste contre leur digne rejeton. Ils ont reçu le meilleur accueil, notamment chez Médiapart. Ils ont même réussi à enrôler le vieux Me Henri Leclerc, qui osa comparer l’arrestation du jeune Bernanos aux fameux morts du métro Charonne, durant la guerre d’Algérie. Il arrive que les fins de carrières soient pathétiques…

    Ce qui frappe, c’est la facilité avec laquelle les relais d’opinions se sont mobilisés en faveur d’un délinquant, dont on omet par ailleurs complètement de dénoncer le racisme, sachant que l’un des policiers qu’il attaqua était noir. Dans les réseaux deep-state, on assure donc autant le service après-vente que l’anesthésie morale.

    Même milieu BCBG pour Ari Runtenholz, condamné aussi à 5 ans de prison assorti de sursis, pour avoir défoncé l’arrière de la voiture de police à l’aide d’un plot métallique. Lui, on le trouve classé 34ème de l’épreuve d’épée aux championnats de la fédération française d’escrime de 2013. Il pratique aussi la voile à Granville (Normandie) et participe à des régates officielles. Sports très popu, comme chacun sait.

    Nicolas Fensch, informaticien sans emploi, détonne quant à lui par son âge (40 ans). Il prétend être arrivé là par hasard, alors que les vidéos le montrent s’acharnant à frapper le policier noir avec une tige, très semblable à un nerf de bœuf. La parfaite maîtrise du geste trahit néanmoins un entraînement certain. Qui est-il vraiment? Les policiers qui ont gaffé à l’audience sur le noyautage de la bande n’en diront pas plus. Il écopera aussi de 5 ans dont 2 avec sursis.

    Il y a enfin le LGBT de service: David Brault, 28 ans, devenu mademoiselle Kara, sans adresse en France. Ce(tte) citoyen(ne) américain(e) a traversé tout spécialement l’Atlantique pour la petite fête improvisée. On se demande tout de même si ce n’est pas le SLPC qui lui aurait payé son billet et ses faux frais? Verdict: 4 ans de prison dont 2 avec sursis pour avoir lancé un plot métallique à travers le pare-brise dans le but d’atteindre les passagers. Pas très doux, le trans. Pendant les audiences, à l’extérieur du Palais de justice, plusieurs centaines d’Antifas viendront, comme il se doit, provoquer violemment la police, en soutien à leurs camarades de promotion. Il faut savoir garder la forme et les écrans de fumée.

    Les confluences profondes

    Mais casser de la vitrine ou du flic n’est pas tout. L’idéologie est là. A y regarder de près, elle n’a certes pas grand-chose à voir avec le marxisme, le trotskysme ou l’anarchisme, ni même avec les Gardes rouges de Mao.

    Elle égrène en revanche tous les mots d’ordre qu’on lit ouvertement sur tous les sites des ONG-Ecrans du deep-state euro-atlantique et sorosien: défense des LGBT, de la théorie du genre, des migrants, du multiculturalisme, de l’ineptie des frontières, du voile islamique, et même du Kurdistan libre. Et l’inévitable complément: attaques contre Trump, Vladimir Poutine, le «régime» syrien alaouite, etc.

    Dans les quincailleries en ligne des antifas, on trouve évidemment toute la panoplie du parfait émeutier connecté et tous les conseils pratiques qui vont avec. Un mode de propagation qui a très largement fait ses preuves depuis les révolutions de couleur. Une routine du «sans limite», car il faut quand même bien les motiver ces jeunes!

    Et justement, c’est l’abolition des limites qui est la première condition à la jouissance de la grande casserie. Mais là n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est que, sous couvert de combattre un fascisme fantasmé pour les besoins de la cause, on fiche à tour de bras et on rend tout cela public. Et cela ne scandalise évidemment personne. L’agit-prop manipulée et noyautée par les «services» est donc un leurre. Pendant qu’on s’interroge sur les excuses sociales de leur violence urbaine, ou la qualification juridique de leurs crimes téléguidés, les soutiers de l’antifascisme constituent, là, sous nos yeux, une branche administrative de la police politique du deep-state, qui n’a rien à envier aux recrues de la Stasi.

    Fernand Le Pic (Antipresse n°101, 5 novembre 2017)

    Note :

    1. Cf. Sean Birchall, Beating The Fascists, Freedom Press, Londres, 2010.
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  • Éloge de Cassandre...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet d'Eric Werner, cueilli dans le n°96 d'Antipresse, lettre d'information gratuite de Slobodan Despot, disponible par abonnement et financée par les dons de ses lecteurs.

    Penseur subtil et profond, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013) ou Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

    On peut également suivre les chroniques de l'auteur sur L'avant-blog - Chronique de la modernité tardive.

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    Éloge de Cassandre

    Ou trois bonnes raisons de parler dans le vide, envers et contre tout!

    On s’interroge souvent sur l’utilité des conseils. Alfred de Vigny disait: «L’expérience seule et le raisonnement qui sort de nos propres réflexions peuvent nous instruire» [1]. Les conseils aussi bien écrits que parlés ne servent donc à rien. Seule l’expérience nous instruit, articulée à la réflexion personnelle.

    C’est le problème de Cassandre, mais pas seulement de Cassandre: de tous ceux, plus généralement encore, s’employant à dire la réalité. Ils la disent donc, mais personne ne les entend, ni seulement même, bien souvent, les écoute. Ils parlent donc dans le vide. Parfois aussi ils sont victimes de pogroms, de dénonciations publiques (dans les médias officiels, les réseaux sociaux, etc.).

    A quoi bon, dès lors, parler, écrire, enseigner? Autant se taire, rester à l’écart. Les gens ne veulent pas nous entendre? Très bien, qu’ils fassent eux-mêmes leurs expériences. Elles risquent d’être douloureuses, mais après tout c’est leur choix. En temps voulu, on pensera à leur tendre un kleenex: les larmes, cela se sèche. Plus du Merfen en grande quantité pour désinfecter les plaies. La meilleure école de vie, c’est encore la réalité.

    Car l’homme est ainsi fait qu’il vit au jour le jour. C’est ce que relevait déjà Platon. Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. Les nuages ont beau s’accumuler à l’horizon, les gens préfèrent regarder ailleurs, penser à autre chose. Ils parlent de la parité hommes-femmes, du prochain remaniement ministériel, etc. Les avertissements ne leur font pourtant pas défaut: attention, vous courez à l’abîme. Des livres se publient: sur le changement climatique, l’immigration, l’islam, la mondialisation, etc. Oui, c’est intéressant. On en discute un moment. Il faut vraiment que l’orage éclate pour que les gens commencent à s’inquiéter. Et même. Ce n’est pas un orage, juste une légère brise. Attendons que cela se calme. Etc.

    Alors que faire?

    A mon avis, continuer quand même. Et cela pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’on se le doit à soi-même. «Fais ce que dois, advienne que pourra». C’est la formule kantienne, elle est directement ici applicable. Ensuite, parce que parler, écrire, publier, c’est toujours, malgré tout, semer des graines. La plupart du temps, les graines se perdent, elles ne prennent pas racine. Mais parfois aussi, quand même, elles prennent racine. C’est rare mais cela arrive. Les enseignants le savent bien. On ne sait jamais ce que devient une parole une fois qu’elle a été articulée. Elle peut très bien se perdre. Mais parfois aussi faire son chemin. En ce sens, on ne parle jamais pour rien. C’est une erreur que de le penser.

    Enfin il y a une troisième raison, la plus importante peut-être. Elle est en rapport avec la vertu d’espérance. Il faut l’entendre au sens large. Peu de place, aujourd’hui, est laissée à la vertu d’espérance. On sait plus ou moins vers quoi l’on va. C’est un avenir assez sinistre. On voit mal, en plus, ce qu’on pourrait faire pour se mettre en travers. C’est un rouleau compresseur. Et donc on se dit: «Pesé, compté, divisé». Beaucoup de gens sont sur cette ligne. Eux ne fuient pas la réalité. Ils la regardent au contraire bien en face. Ils ne disent pas non plus: «Mangeons et buvons, car demain nous mourrons». En règle générale, ils mènent des vies dignes. Mais ils se disent aussi: à quoi bon? Pour quoi faire? Comme il n’y a plus rien à faire (parce que cela ne sert à rien), le mieux encore est de ne rien faire. De laisser les choses se faire. C’est ce qu’ils se disent.

    Sauf qu’en adoptant une telle attitude on contribue à renforcer un peu plus encore le rouleau compresseur. On ne dira pas ici qu’il n’y a pas de rouleau compresseur. Le rouleau compresseur existe. En sous-estimer la force serait une erreur. Mais le défaitisme à son endroit n’est pas non plus la bonne attitude. On voit bien l’intérêt qu’ont les dirigeants à laisser croire le contraire. Toute leur communication, on le sait, tourne autour de ça. A les en croire, l’histoire est écrite d’avance. Elle est écrite d’avance, et donc, les choses se feront. Elles se feront de toute manière, que cela vous plaise ou non. Vous aurez beau faire, vous ne les empêcherez pas. Tel est le message. Or, bien évidemment, l’histoire n’est jamais écrite d’avance: ce sont les hommes qui font l’histoire (même s’ils ne savent pas toujours l’histoire qu’ils font).

    Et surtout, il y a l’espérance. C’est quelque chose de très ancré en l’homme. L’homme est ainsi fait qu’il ne peut jamais complètement se dire: il n’y a pas d’issue, tout est verrouillé. Des situations sans issue, il en existe parfois. Effectivement, tout est verrouillé. C’est ce qu’on constate. Pour autant, il est contraire à l’être profond de l’homme de dire (et de se dire): il n’y a rien plus rien à faire. Il peut certes le dire (beaucoup le disent), mais s’il le dit, ce sera toujours en forçant quelque peu sa nature, en se faisant violence à lui-même. Même si, objectivement parlant, la situation est sans issue, réellement sans issue, l’homme, pour autant qu’il s’écoute lui-même, ne se lassera jamais de chercher quand même une issue. Donc, comme Cassandre, de parler, d’écrire et de publier. Il y a une dynamique, en l’homme, qui fait qu’il ne se résignera jamais à rien. A une vie d’esclave moins encore qu’à aucune autre.

    Eric Werner ((Antipresse n°96, 1er octobre 2017)

    Note

    1. Dans Servitude et grandeur militaires.

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  • L'autre Grand Remplacement...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°168, octobre - novembre 2017) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à la précarisation généralisée du travail, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, dont un dézingage en règle de l'Histoire mondiale de la France de l'ineffable Patrick Boucheron par François Bousquet,  et des chroniques sous les plumes talentueuses d'Hervé Juvin, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang ou de Christophe A. Maxime...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial           

    Déconstruction

    Forum-agenda

    L’entretien

    Lucien Jerphagnon, mon maître, par Jean-François Gautier           

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Jean-Jacques Langendorf

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Le carnet géopolitique d’Hervé Juvin

    Cinéma : Le mystère Clouzot

    Champs de bataille : Vous avez dit Sadowa ?

    Musique : La musique de Franco Battiato

    Sciences

    Le combat des idées

    Histoire mondiale de la France

    Le fléau de la solitude

    Washington contre de Gaulle

    La France sous la coupe des « ultratlantistes »

    Faut-il jeter l’Union européenne à la poubelle ?

    Sur terre ou sur mer avec Carl Schmitt

    Nos cinq coups de cœur de la rentrée littéraire

    La musique sur grand écran de Bertrand Burgalat

    Bertrand Burgalat, dandy électrochic

    Chevaucher le tigre avec Fritz Lang

    Le monde magique de Ladislas Starewitch

    Voyage dans le Grand Londres avec Iain Sinclair

    Jack London, écrivain populiste

    Dossier

    En marche vers l’ubérisation : l’autre Grand Remplacement

    Merci patron ! Tous précaires

    Produire ou consommer, par Pierre-Yves Gomez

    Le travail à l’heure des « hommes en trop »

    Les jobs à la con

    Robots, les travailleurs du futur ?

    La révolution managériale

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : The 100, dernier arrêt avant l’Apocalypse

    Philosophie : Peut-on vouloir être immortel ?

    L’esprit des lieux : Trieste avec Paul Morand

    C’était dans Éléments : Vers un revenu de citoyenneté

    Éphémérides

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