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  • Survivre à la pensée unique...

    Les éditions Krisis viennent de publier Survivre à la pensée unique, un recueil des entretiens d'Alain de Benoist avec Nicolas Gauthier autour de l'actualité, principalement publiés sur le site Boulevard Voltaire, au cours des trois dernières années. Philosophe et essayiste, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis et anime l'émission Les idées à l'endroit sur TV Libertés. Journaliste, Nicolas Gauthier est chroniqueur sur le site Boulevard Voltaire, fondé par Robert Ménard et Dominique Jamet.

     

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    " Il y a deux manières de s’intéresser à l’actualité. La première consiste à y trouver matière à bavardages et considérations superficielles. L’homme moderne, disait Hegel, lit les journaux comme celui d’autrefois faisait sa prière du matin. Il sait, ou plutôt il se doute bien, que les journalistes sont pour la plupart des esprits pressés, qui n’ont que des connaissances de surface et sont de surcroît éminemment sensibles à ce qu’il convient de dire ou de ne pas dire. Mais finalement, c’est comme une drogue : « Qu’est-ce qui s’est passé aujourd’hui ? » Sentiment que, si l’on n’est pas au courant, on n’est plus rien.  L’autre manière cherche à scruter l’actualité pour y rechercher des points de repère et des signes annonciateurs. Un homme politique fait une déclaration. Qu’est-ce que ses propos révèlent de l’idéologie, consciente ou sous-jacente, à laquelle il se réfère ? Quel est le sens intellectuel profond de tel ou tel débat de société ? Que veulent dire exactement les mots qui reviennent le plus souvent dans le discours public ? Quelle interprétation idéologique, phénoménologique, voire philosophique, peut-on donner de certains faits d’actualité ?

    Il ne s’agit pas tant de s’intéresser à l’actualité pour elle-même que de se demander systématiquement à quoi elle renvoie, de la remettre en perspective du point de vue de l’histoire des idées, de chercher au-delà de l’anecdote la dimension de profondeur ou la tendance de fond. Bref, de chercher à cerner ce qui est véritablement significatif. Telle est la façon de faire qui a présidé à ces entretiens avec Nicolas Gauthier, tous parus dans le journal Flash et sur le site Boulevard Voltaire. "

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  • Deux peuples antagonistes sont en train de naître à l'ombre des grands discours républicains...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 27 octobre 2015 et consacrée à l'"anniversaire" des émeutes de 2005 en banlieue ...

     


    Zemmour - 27-10 par rtl-fr

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  • L'Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?...

    " De nombreux jeunes Sahéliens vont être tentés par l’émigration. Comme ils retrouveront au bord du golfe de Guinée et en Afrique du Nord les problèmes d’explosion démographique et de sous-emploi qui les ont poussés à partir, nombre d’entre eux devraient pousser tout naturellement plus loin, jusqu’en Europe. Et là, gare à la vague! Quand on voit l’émoi provoqué par la déstabilisation de la Libye et de la Syrie, deux pays qui totalisent moins de 30 millions d’habitants, on a de la peine à imaginer les réactions que pourrait provoquer la décomposition du coeur du Sahel francophone, une région qui compte près de 70 millions d’habitants aujourd’hui et en aura quelque 200 millions en 2050. Cela n’est pas pour ces toutes prochaines années. Mais les évolutions démographiques vont devenir dramatiques dans 8 à 15 ans." Serge Michaïlof (Le Temps, 22 octobre 2015)

    Les éditions Fayard viennent de publier un essai de Serge Michailof intitulé Africanistan. Chercheur à l'IRIS, Serge Michailof a été directeur des opérations de l’Agence française de développement (AFD) et a exercé des fonctions de directeur à la Banque mondiale.

     

     

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    " En 2050, l’Afrique sera plus peuplée que la Chine, mais les jeunes en âge de travailler y seront trois fois plus nombreux et les emplois manqueront encore plus cruellement qu’aujourd’hui. Or le chômage massif de jeunes à demi scolarisés constitue l’une des principales explications de l’effondrement dramatique de l’Afghanistan, la Syrie ou l’Irak.
    Le Sahel francophone est une zone d’immense fragilité, dont les caractéristiques rappellent l’Afghanistan. Nous ne voulons voir que l’Afrique en progrès, celle qui offre de nouveaux marchés et regorge de matières premières. Mais l’Afrique en crise existe toujours et se comporte comme un cancer, envoyant ses métastases dans les pays voisins, et jusqu’en Europe. Bien naïf celui qui croira que la charité et les interventions militaires suffiront à éteindre l’incendie qui couve dans ces zones déshéritées.
    Nous ne pourrons rester longtemps indifférents : pour ne pas être nous aussi victimes de ces métastases, tentons de comprendre la réalité, et réfléchissons à ce qui peut encore être envisagé pour endiguer le feu et éviter que l’Afrique en crise n’arrive dans nos banlieues. "

     

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  • Les peuples européens sont-ils en manque de chefs ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur le site du Figaro Vox et consacré au besoins de figures politiques représentant l'autorité et la responsabilité. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre(Nuvis, 2013).

     

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    Poutine, Orban : pourquoi les autocrates séduisent à l'Ouest

    Comme les grands fauves, survivants incompris et pourchassés d'un temps révolu, ils se sentent, se reconnaissent, se respectent, même dans l'opposition farouche, et d'une certaine façon aussi se serrent les coudes. Ils méprisent souverainement la faiblesse de leurs interlocuteurs qui leur parlent morale pour masquer leur idéalisme impuissant ou leur cynisme au petit pied. Ils tiennent pour indispensable la centralité de la décision et l'autorité sur leur «peuple» qu'ils ne réduisent pas à une «population» mais entendent guider vers un horizon de puissance et d'influence peut-être contestable mais au moins défini et clair. Pour eux, le collectif est plus que la somme des intérêts particuliers ; il doit incarner quelque chose de plus grand que soi. Ils ont compris que la clef de la popularité durable réside dans le courage de l'impopularité immédiate.

    Le Moyen-Orient ensanglanté est désormais le théâtre central de l'affrontement de deux modèles d'hommes politiques, et dans ce combat, les démocraties européennes ne tiennent plus le manche. Elles prétendent incarner le stade abouti du Progrès humain, du Vrai, du Juste et du Bon, mais sont en pleine crise sociale, morale et politique. Une crise aigüe de la représentativité et de la crédibilité de leur personnel politique lui-même. Elles prennent de plein fouet l'affirmation de pouvoirs plus directs, confiants et déterminés qui leur jettent le gant et remportent la mise. La Russie, la Chine, l'Iran, les figures autoritaires d'un Assad, d'un Erdogan ou d'un al Sissi incarnent chacune à leur manière ce renversement des modèles de pouvoir.

    Alors, on moque leurs ambitions pour les décrédibiliser, on les insulte pour ne pas avoir à les écouter, on cherche à les confondre avec des figures ultimes de la régression, en l'espèce celles des chefs sanguinaires de groupes islamistes aussi diaboliques que charismatiques, qui revendiquent eux aussi le statut «d'Etat» et le mettent en œuvre sur un mode structuré et centralisé qui nous laisse pantois.

    La vérité est que nos vieilles structures institutionnelles sont impuissantes à tempérer l'agressivité et l'influence de ces «nouveaux acteurs». Ce retour de bâton de la verticalité politique répond à la dématérialisation massive de l'économie (dans le sillage de l'explosion du numérique), à «l'horizontalisation» des rapports sociaux, au développement de «communautés» de toute nature qui revendiquent leur «exterritorialité» et remettent en cause les notions d'Etat, de nation et de citoyen, ravalé au rang de pur consommateur de services prétendument gratuits. Le projet presque abouti de cités flottantes dans les eaux internationales, à l'abri de toute contrainte fiscale ou sociale en est sans doute un avatar extrême. L'Etat y est vu comme une structure inefficace et gourmande vivant sur le dos des nouveaux capitalistes libertariens de l'ère numérique. Ces «cités» ne sont plus des lubies de savant fou. C'est pour demain…mais ce ne sera pas pour vous! Ces enclaves sont réservées à ceux qui pourront se permettre cette sortie du magma populeux condamné lui à l'ordinaire de la vie en démocratie moderne.

    L'idée de l'Etat est donc partout en Occident mise à mal et assimilée à une régression sociale et économique, alors même que les frontières n'ont jamais été plus nécessaires pour rendre supportable la coexistence de sociétés humaines atomisées par l'ultra-individualisme et toutes en quête de sens, de structure, de «haut» et de «bas». Au point que nos vieux pays se hérissent de «murs» et clôtures dérisoires pour se protéger «d'invasions» diverses qu'ils n'osent plus contrôler ni même identifier. Or, c'est précisément pour avoir voulu abattre les frontières et mélangé tout et tous, pour avoir nié toute hiérarchie des valeurs et comportements, toute notion de «devoirs» imposés aux citoyens de l'ensemble européen, que l'Europe aujourd'hui se délite, se déchire et est prise d'assaut.

    L'Occident déboussolé s'est donc égaré dans ces utopies de fluidité et d'immatérialité et applique à tous les sujets cette vision horizontale de l'humanité. Quant au «politique» occidental, il suit. Il n'a plus rien à voir avec la figure d'un homme d'Etat. Nos politiciens se vautrent dans la «normalité» comme dans une fange miraculeuse. Depuis trop longtemps, ils se refusent à prendre le risque de guider le troupeau de leurs concitoyens repus et ombrageux. Ils ne font que relayer et inscrire dans la norme et la loi les «évolutions sociétales» de toutes natures censées représenter l'état présent de progrès et de modernité de leurs pays. C'est ce qu'ils appellent «gouverner». Mais personne ne gouverne ni ne dirige plus rien depuis longtemps. On «gère», on organise la concertation et le «dialogue social» permanents pour paralyser la décision, à la recherche du plus petit dénominateur commun que l'on fait passer pour la sanction vertueuse d'un choix majoritaire. On empile les couches de «représentants», on organise le clientélisme local, on achète la paix sociale (de plus en plus relative) et surtout, on ne promet plus rien de beau ou de grand. Pas de «sang et de larmes» non plus ; juste de rester vivants dans la grande tourmente d'un monde livré à la marchandise et aux marchands. Et l'abstention explose, et le désamour du politique, le désengagement, l'indifférence de nos concitoyens se consolident …Et les populistes se frottent les mains, prêts à rafler la mise.

    Ce refus de l'obstacle, du risque, du courage et du choix, conduit évidemment nos politiciens à rejeter les figures de l'autorité politique qui osent bâtir leur crédibilité sur la rupture, l'exceptionnalité et parfois même l'exemplarité. Prendre le risque de l'impopularité pour construire l'avenir n'est plus envisageable, voire hautement dévalué au sein du monde politique occidental, unanime à taxer tout téméraire d'aventurisme, de démagogie voire de fascisme. Tandis que nous nous gargarisons de posséder des dirigeants «normaux», nous n'avons en fait que des politiques ordinaires qui tremblent devant la démocratie directe ou le simple vote de leur concitoyens furieux de leur impuissance manifeste et se savent si déconnectés de leurs mandants qu'ils préfèrent continuer à leur faire prendre à grands frais (la dette, les lois) des vessies pour des lanternes et à leur vendre de l'abandon et du renoncement pour de la liberté et du libre arbitre.

    Mais il y a pire. Notre classe politique ne se contente pas de faire passer sa médiocrité pour une vertu. Nos dirigeants ne supportent plus ceux de leurs homologues internationaux qui usent et parfois abusent d'autorité. Pas une tête ne doit dépasser. Il faut dégommer les autocrates ou les despotes éclairés au plus tôt, les stigmatiser l'œil sombre et le doigt vengeur, en faire d'innommables tyrans ou, au mieux, des chefs de «démocratures» aux noirs desseins. Pourquoi? Pour leur substituer de soi-disant «modérés» plus représentatifs? En ce cas, c'est un échec complet et planétaire. Non! Il y a en creux une grande dose d'envie dans cette curée tragi-comique, de la jalousie dans cet opprobre courroucé et ces anathèmes ridicules. Ces hommes forts sont des offenses vivantes et bien trop résistantes à l'arasement impérieux des identités et volontés nationales récalcitrantes à l'ordre démocratique supérieur qui veut étendre ses bienfaits «naturels» à la planète entière.

    À l'aune de ce projet horizontal, toute «verticale du pouvoir» devient une infamie … Dès lors, les figures d'un Milosevic, d'un Saddam Hussein, d'un Kadhafi, d'un Assad leur sont insupportables. Comment font-ils pour rester au pouvoir en dépit de tant de morgue et de violence? Pourquoi diable leurs peuples les soutiennent-ils avec ferveur? Arriérés sans doute, n'ayant pas encore vu la lumière! Et il faut bien admettre que ces grands animaux politiques connaissent le communautarisme bouillonnant qui fragilise leurs Etats composites. Et ils font avec ; avec la main très lourde parfois. Pour préserver leur pouvoir certes mais aussi leurs Etats autrefois découpés sans vergogne et en dépit du bon sens par nos soins.

    A l'heure actuelle, parmi les «survivants» de notre vaste entreprise de «nettoyage» de l'anormalité politique, c'est sans doute Vladimir Poutine qui tient la corde. Quel scandale! Cet homme ose embrasser dans sa vision et ses discours toute l'histoire, sombre et lumineuse, de la Russie immémoriale! Et ça marche! Sa popularité ne faiblit pas tandis que nous nous éreintons vainement en génuflexions repentantes, les oreilles basses et le regard implorant, reniant allègrement les époques de l'histoire nationale qui nous ont placés à la tête d'un monde et d'un dessein. Au son du canon sans doute, car c'était alors ainsi que se forgeaient les empires. Au prix du sang versé aussi, le nôtre et celui de nos adversaires ou de nos conquêtes. Comment le nouveau Tsar peut-il, lors des cérémonies d'ouverture des jeux d'hiver de Sotchi, oser intégrer la période stalinienne à sa rétrospective poétique de l'histoire multiséculaire et grandiose de la Russie? C'est tout simple: il a conscience que l'Histoire est la chair même d'une nation. La modernité et ses utopies sont de chaque époque. Pardonner et «se pardonner» dans une communion collective les erreurs politiques passées permet de les inscrire dans une continuité historique et humaine, de réunir un peuple, de le grandir en le replaçant sur un horizon qui le transcende. C'est l'amnésie qui affaiblit l'imaginaire collectif et national en chacun de nous et aux yeux du monde. Sans mémoire du passé, l'avenir n'est qu'un abîme. Vladimir Poutine fait des liens entre les premiers Tsars, «blancs» puis «rouges» et lui-même. Il ne s'agit pas de le juger mais de le comprendre: Il fait de la politique…en Russie et désormais au Moyen Orient, où nous ne sommes pas encore revenus de son irruption militaire soudaine et décisive.

    Sans doute est-il temps de s'interroger sur les qualités d'un bon dirigeant pour guider nos vieilles nations entre les écueils de la modernité. Au nom de quoi mon «semblable» devrait-il me diriger? Me «représente-il» efficacement uniquement parce qu'il me ressemble? Parce qu'il n'est ni ne pense rien de plus ou d'autre que moi? Dans ce cas, pourquoi lui plutôt qu'un autre ou que moi? Ne doit-il pas m'être supérieur, voir plus loin et mieux que moi, prendre de la hauteur, penser collectif, comprendre le monde et ses enjeux, avoir une volonté exceptionnelle et savoir l'imposer? L'homme d'Etat porte-il sa normalité en écharpe telle un titre de gloire? Ne devrait-il pas au contraire faire montre d'un tempérament et de qualités «extra-ordinaires» au sens propre du terme? L'exceptionnalité seule donne la légitimité et le temps pour réaliser un projet national dans le marigot infesté de crocodiles de la scène internationale. Surtout si l'on veut vous en empêcher.

    Nous baignons en Europe comme dans du formol, dans une illusion de paix et de prospérité qui endort nos peuples et nos élites, les empêchant de voir la menace qui monte, extérieure mais aussi intérieure. Cette menace, ce n'est pas l'Islam radical, qui n'est qu'un loup dans une bergerie dont les portes sont grandes ouvertes ; c'est le renoncement muet des Nations et des Etats à affirmer leur identité dans toute leur richesse, leur complexité, leurs paradoxes. En France, l'estime de soi nationale fond comme la banquise. L'heure est à la repentance, à l'automutilation collective jubilatoire pour complaire à ceux de nos partenaires ou adversaires qui nous contestent même les maigres vestiges de notre puissance enfuie. Cette honte de soi renforce le délitement de la cohésion nationale et du sentiment d'appartenance à un passé profond, riche, glorieux et aussi nécessairement douloureux. Il devient urgent de réfléchir aux ravages de notre célébration entêtée de la «normalité» en politique, cache misère de la déresponsabilisation et du renoncement à l'exercice difficile de l'autorité. Peut-on encore juger cette normalité salutaire ou ne serait-ce qu'utile au pays, quand celui-ci s'enfonce sans mot dire dans l'insignifiance politique et stratégique et pratique l'hypnose de masse sur sa population sommée de croire en des lendemains qui chantent? Chaque Etat, tous les Etats, ont besoin de figures politiques de l'autorité et de la responsabilité, imparfaites mais qui assument leurs choix et essaient d'incarner leur vision dans une action politique ambitieuse. Cela vaut mieux que ne rien oser, écouter tout le monde, faire plaisir à chacun, mettre en musique la cacophonie des corporatismes et des égoïsmes et appeler cela de l'Opéra. Forfanterie. Et forfaiture.

    Caroline Galactéros (Figaro Vox, 29 octobre 2015)

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  • Lettre aux Français qui croient encore être défendus...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un essai du général Vincent Desportes intitulé La dernière bataille de France - Lettre aux Français qui croient encore être défendus. Si le général Desportes s'est fait connaître du grand public en exprimant son hostilité à l'engagement militaire français en Afghanistan et en étant sanctionné pour ses propos, il est surtout l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, tels que Comprendre la stratégie (Economica, 2001), Décider dans l'incertitude (Economica, 2004), La guerre probable (Economica, 2008) ou Le piège américain (Economica, 2011).

     

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    " Jamais l'armée française n'a été mobilisée simultanément sur autant de théâtres d'intervention, et cela alors que les moyens budgétaires qui lui sont alloués n'ont cessé de diminuer depuis un quart de siècle. C'est cette contradiction, avec des armées aujourd'hui proches du point de rupture, qui justifie le cri d'alarme du général Vincent Desportes.
    Tandis que les menaces de toute nature se multiplient à l'échelle internationale et que le territoire national est désormais directement menacé, la France peut-elle se permettre de ne plus compter que sur des armées aux capacités très fortement dégradées à cause d'une politique d'économies à courte vue? L'effort budgétaire est nécessaire, mais il ne suffit pas de réclamer des moyens ; il faut en redéfinir la nature et l'emploi. De quelle armée la Nation a-t-elle aujourd'hui besoin? C'est à un profond renouveau de la réflexion stratégique française qu'en appelle l'ouvrage."

     

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  • Nation et identité ethnique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son site J'ai tout compris et consacré à l'analyse des rapports entre nation, État politique et identité ethnique...

     

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    Nation et identité ethnique

    La transgression du tabou idéologique

     

     

     

    Nadine Morano a mis les pieds dans le plat, avec sa verve naïve (ce n’est pas un reproche) de fille du peuple méprisée par l’oligarchie, pour ses propos sur « la France, pays de race blanche », en reprenant une réflexion de De Gaulle cité par Alain Peyrefitte dans C’était de Gaulle, au cours d’une émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier en septembre 2015. Cette émission polémique et superficielle de France 2 est connue pour être le temple du politiquement correct, de la propagande officielle ; elle est le symbole de la pseudo-dissidence médiatique camouflée par la création de scandales maîtrisés. Éric Zemmour et Natacha Polony, trop incorrects, en ont été éjectés, remplacés par des perroquets de l’idéologie dominante (Aymeric Caron, Léa Salamé, Yann Moix…). Bref, Nadine Morano a enfreint le grand tabou. Elle a été piégée, certes, par le talentueux Ruquier (qui ne songe qu’à son audience et à ses cachets et qui adapte ses convictions à celles de son employeur) mais il fut l’arroseur arrosé. Il n’a pas ridiculisé Mme Morano, il a été son meilleur imprésario politique. 

     

    Elle a été punie par son propre parti pour sa transgression de l’interdit idéologique absolu. Néanmoins, elle est gagnante. Ainsi d’ailleurs que le Front national, qui peut remercie M. Ruquier.  Sarkozy, en effet, est très embêté : ses sanctions contre Nadine Morano lui ont fait perdre immédiatement 6 points auprès des sympathisants des Républicains, selon le baromètre Ipsos–Le Point. Ce qui, au lieu de lui permettre de récupérer des électeurs passés au FN va encore augmenter l’hémorragie des électeurs LR passant au vote frontiste. Nadine Morano a dit tout haut ce que le peuple de base  pense tout bas. 

     

    Le politicien Juppé, cheval de retour, qui vise la présidence de la République sur une ligne centriste molle,  a déclaré à propos de la polémique qu’elle a suscitée  qu’assimiler la France à « la race blanche » le scandalisait : «  ça n’a aucun sens, c’est même intolérable de dire que la France est un pays de race blanche ». Usant de la langue de bois de la vulgate, il a rappelé le catéchisme : le sentiment national est fondé sur le « vivre ensemble » et réaffirmé son objectif oiseux de l’ « identité heureuse » – en réponse à l’essai de Finkielkraut L’identité malheureuse qui a scandalisé l’intelligentsia bien-pensante.

     

    Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a comparé Nadine Morano rien moins qu’à « une porte–parole du Klu Klux Klan . Une telle outrance laisse rêveur. Les deux grandes cocottes politiciennes bourgeoises de l’ouest parisien, Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet, ont été outrées par les propos de la fille de chauffeur routier, la seconde jugeant ses propos « exécrables ». Et Nadine Morano est évidemment éliminée par Sarkozy de l’investiture aux régionales dans la région Est. Elle est coupable d’avoir prononcé le mot tabou, « race » associé à l’épithète « blanche », circonstance aggravante. On est là dans une logique sémantique de nature religieuse pour ne pas dire magique, très loin de la rationalité politique.  

     

     Nicolas Sarkozy, commentant la petite phrase, de Nadine Morano, a lâché  : « ses derniers propos ne correspondent ni à la réalité de ce qu’est la France ni aux valeurs défendues par les Républicains ». Il a raison, paradoxalement : après des décennies de laxisme migratoire extra-européen en accélération constante, il est certain que le caractère ”blanc” (d’origine ethniquement européenne) de la France est démographiquement en grand recul. À ce phénomène subi  et refusé par le peuple, s’ajoute la rupture culturelle provoquée par l’islamisation, elle aussi imposée au  peuple qui n’a pas son mot à dire dans cette dépossession de son identité et de ses territoires.  C’est la ”démocratie” n’est-ce pas ? Cette dernière, qui s’oppose au ”populisme” honni, signifie maintenant en réalité pouvoir de l’oligarchie, mot français pour establishment.    

     

     

     

     

    Vulgate antiraciste, racisme anti–Blancs et obsession raciale

     

    Ces réactions traduisent la haine ethnique de soi, l’ethnomasochisme des dirigeants et intellectuels français et européens, coupés des populations autochtones et ahuris par cette idéologie ”antiraciste” dont les ressorts psychologiques – voire psychanalytiques – relèvent de l’obsession raciale. 

     

    Les propos de la directrice de France Télevision sont hallucinants : elle déplorait qu’il y eût parmi son personnel « trop d’hommes blancs de plus de 50 ans ». Si ce n’est pas du racisme anti–Blancs, on se demande ce que c’est… De même, les discours innombrables sur la « diversité » et la « mixité sociale », assortis d’obligations et de sanctions de la loi sont des euphémismes, des simulacres linguistiques : ils dissimulent une stratégie de mélange forcé ethno-racial (et non pas ”social”)  dont les conséquences, par ailleurs, seront explosives.  

     

    Le racisme anti-Blancs (et antijuif), le seul réel,  est une nouveauté sociologique qui n’est pas prise en compte par les élites et dissimulée par les médias.  Il provient d’une population fort bien repérée, mais intouchable. Les lois ”antiracistes” vont encore être durcies, en ciblant uniquement ceux qui s’en prennent à l’islamisation et à l’immigration invasive. Il s’agit d’intimider et de faire taire des médias comme Valeurs actuelles. Une telle logique mentale fait songer au syndrome collaborationniste des années 40–45…  

     

    On admet parfaitement et avec sympathie qu’un Africain estime que son continent est par essence de ”race noire”, ou qu’un Asiatique (Chinois, Japonais, Thaïlandais, Coréen, etc. ) estime que son pays est de ”race jaune”. En revanche, suggérer que l’Europe est de ”race blanche” est criminalisé.

     

    Il est en effet prohibé, incorrect, déplacé, nauséabond, scandaleux et immoral de penser et de prétendre que la France et l’Europe sont des ensembles de ”race blanche” et, pis encore, qu’elles doivent le rester. Et personne ne s’offusque de la création du CRAN (Conseil représentatif des Associations noires),  ouvertement racialiste, qui, sous prétexte de lutter contre une ”inégalité” et une ”discrimination ” fantasmées, vise à promouvoir le favoritisme envers les Noirs.  Puisque les ”races ” n’existent pas, selon le catéchisme pseudo-scientifique de l’idéologie dominante, pourquoi le CRAN  est-il subventionné ? Il s’agit bel et bien d’un lobby racial. Se revendiquer de la ”race noire” est licite. Se revendiquer de la ”race blanche” est illicite.  On marche sur la tête.

     

    Imaginons qu’il existe une structure mentionnant des associations blanches : elle serait immédiatement poursuivie et interdite. En réalité, ce n’est pas tant la mention de la ”race” qui choque que l’allusion à la ”race blanche”, qui est seule a être accusée d’être ”raciste”. N’est donc raciste que celui qui se réclame de la ”race blanche” (supposée ne pas exister…), ce racisme constituant le péché capital le plus grave dans l’échelle du catéchisme de l’idéologie dominante.

     

     L’antiracisme produit l’obsession raciale. Cette dernière est schizophrène, comme toute obsession : d’un côté, on nie le fait racial (pour soi) de l’autre, on le sublime (pour les autres).La notion de ”race blanche” provoque un choc sémantique et psychologique  dès qu’elle est évoquée. Le puritanisme antiraciste est autant lié à l’obsession raciale que le puritanisme sexuel à l’obsession sexuelle et il représente une forme biaisée de racisme.   

     

     

    Classes populaires et révolte ethnique

     

    Nadine Morano a été autant condamnée pour ses propos dans sa famille politique, la droite, que par la gauche. Ce qui prouve à quel point la droite politique est ligotée par les idées de gauche qui la complexent et la paralysent, depuis bien longtemps. Et pourtant ce que Mme Morano a dit recoupe ce que pense la majorité de la population, surtout dans les classes populaires. Ce qui confirme l’énorme césure entre ces dernières et leurs représentants politiques. Les appareils politiques, de droite et de gauche, comme 90% des élites médiatiques, sont totalement déconnectés des sentiments du peuple. Facteur révolutionnaire à moyen terme.

     

    Ivan Rioufol écrit, en faisant allusion au roman de George Orwell 1984, paru en 1949 : «  l’épisode Morano, né d’une polémique orwellienne sur l’emploi du mot ”race” a montré l’emprise de la pensée fléchée : elle commence par la mise sous surveillance du langage, passe par le détournement de mots vidés de leur sens, finit par la correction de la mémoire afin de l’accorder au présent. Rappeler ce qu’était la nation – blanche, gréco-latine, chrétienne– est devenu un délit pour le Système. En imaginant un ”commissariat aux Archives et un ”ministère de la Vérité”, l’auteur de 1984 avait visé juste ; nous y sommes ». (Le Figaro, 16/10/2015). Oui, nous sommes bel et bien entrés dans un totalitarisme soft

     

    Relevons l’hypocrisie de cette oligarchie politique, médiatique, intellectuelle qui pratique l’adage : ”faites ce que ce je dis, pas ce que je fais”.  Partisans ombrageux de cette ”diversité” et de cette ”mixité”, ces gens la refusent pour eux-mêmes. Jamais ils ne mettraient leurs enfants dans des écoles publiques avec une forte proportion d’élèves d’origine immigrée extra-européenne ; jamais, ils n’accepteraient de cohabiter dans des immeubles ou des quartiers avec des familles africaines. Leurs sermons moralisateurs et leurs dogmes idéologiques sont en contradiction flagrante, schizophrénique, avec leur comportement privé. 

    Pour être clair, dans l’inconscient collectif du peuple français, la France est un pays de ”race blanche” et doit le rester très majoritairement. Le même sentiment est partagé dans l’opinion populaire de la plupart des pays d’Europe. C’est la conséquence de l’immigration incontrôlée depuis trente ans, dont seule (pour l’instant) la grande bourgeoisie oligarchique ne souffre pas. Une nostalgie de l’ ”ancienne nation”, ethniquement et culturellement européenne, est en train de se répandre. Elle est complétée par un refus croissant de cohabiter avec les nouvelles populations, dont une partie n’est pas pacifique. Cette configuration débouchera sur une explosion.

    La schizophrénie de l’idéologie française sur l’identité de la France

     

    L’idéal de De Gaulle, auquel s’est référée Nadine Morano, selon lequel la France est un «  pays de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-latine » – et qui doit le rester –, expliquait, selon Alain Peyrefitte, que le général ait abandonné  l’Algérie. Il ne voulait pas que des millions de musulmans, en forte progression démographique, deviennent français. Pour eux, il ne ne croyait nullement à la moindre ”intégration” ou ”assimilation” possibles. Ce réalisme s’associait à la crainte que « Colombey–les–deux–églises ne devienne Colombey–les–deux–mosquées ».  Malheureusement, De Gaulle n’avait pas prévu l’immigration de masse autorisée par le laxisme de ses successeurs.   

     

    De Gaulle, en réalité, personnage ambigu influencé par Maurras, le néo-monarchiste, et par Barrès, l’aède de l’enracinement charnel  de la France, se démarquait de l’idéologie française universaliste issue de la Révolution. L’idéologie républicaniste des conventionnels de 1792, aux accents cosmopolites mystiques, leur faisait dire : « tout homme a deux patries, la sienne et la France ».  Mais on était dans la pure gratuité de l’utopie idéologique, puisqu’il n’y avait pas d’immigration. On pouvait raconter ce qu’on voulait.

     

     Mais, par la suite, le virus idéologique s’est activé : l’Empire colonial français a rapidement caressé l’idée d’une possible France multiethnique, cosmopolite, mondiale, en rivalité avec les autres puissances européennes. En dépit de terribles contradictions idéologiques de la gauche républicaine au pouvoir, par exemple Jules Ferry qui en appelait au « devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures ».   

     

    D’ailleurs, pendant toute la IIIe République, l’entreprise coloniale a été combattue par une partie de la droite nationaliste au nom d’une conception ethniciste et non pas universaliste de la Nation. On se souvient du slogan : « plutôt la Corrèze que le Zambèze ». De Gaulle héritera en partie de cette vision des choses. Par la suite, l’appel à des troupes ”indigènes” (on dirait aujourd’hui ”allogènes” !), issues des colonies, pendant les deux Guerres mondiales – engagés contre d’autres Européens – a considérablement renforcé la conception cosmopolite et multiethnique de la nation française.

     

     

     

    L’idéologie française de la nation, héritée de la Révolution, s’avère donc à la fois antinationale et antifrançaise, au sens ethnique, par l’introduction du concept d’ ”assimilation”, supposé possible avec tout le monde et n’importe qui. Et surtout à l’intérieur même de l’Hexagone ! Alors qu’à l’époque, l’ ”Empire français”, géographiquement mondial, n’envisageait pas l’immigration en métropole. Cette vision abstraite se heurte aujourd’hui à la violence des faits. Cette schizophrénie française se formule ainsi : la France se pense, depuis deux cent ans, – à travers la majorité de sa classe intellectuelle – comme un idéal universel et moral (comme une sorte d’Eglise catholique laïque), alors que l’opinion populaire vit la France comme une patrie charnelle.    

     

    Une schizophrénie voisine s’est manifestée en URSS, aux Etats-Unis et pour la construction européenne. En URSS, on observait la césure et la confusion (surtout pendant la dernière guerre) entre le combat communiste de la ”patrie des travailleurs” contre le nazisme, combat internationaliste par essence, et la résistance armée de la ”patrie russe” contre l’Allemagne. Aux USA, l’opposition est toujours très vive entre ceux qui considèrent le pays comme une ”société” multiraciale ouverte à toutes les immigrations et ceux (à l’image du think-tank American Renaissance) qui voient le melting pot américain comme une stricte union de populations d’origine européenne et les Etats-Unis comme une nation blanche.

     

    Le même quiproquo se remarque à propos de l’Union européenne : super-État impérial et fédéral ethniquement européen et souverain dans l’idéal d’une minorité d’ ”européistes” adeptes d’un patriotisme européen, mais dans les faits, un ”machin” bureaucratique et sans frontières sans aucun souci de l’identité européenne. Insurmontable contradiction. (1) 

     

     

    Le sang et le sol : problème central 

     

    Le catéchisme officiel des bien-pensants est parfaitement représenté par le dernier essai de l’intellectuel de cour Roger-Pol Droit, auteur de l’essai Qu’est-ce qui nous unit ? (Plon). Il tente de définir dans une gymnastique intellectuelle scolaire et convenue la nature des liens empathiques humains, nationaux, familiaux, personnels, etc. Pour lui, tout ce qui est mémoriel, biologique, identitaire ne vaut rien. Seul compte, dans la nation, l’Idée désincarnée. Il entend éviter « les pièges du terroir et de l’identité ». On reconnaît là l’idéologie cosmopolite officielle, qui dénie aux Français et autres Européens toutes racines revendiquées, toute  identité ethnique, mais en revanche applaudit et protège celles des autres, surtout des intouchables immigrés.

     

    M. Droit formule le dogme de cette manière : «  l’Histoire nous apprend que les identités sont du côté du devenir, pas de l’être. Ce qui fait liens entre humains, ce ne sont jamais ni le sang ni le sol ». Si, justement ! C’est d’abord le sang et le sol qui forment l’identité et la cohésion de la France et des autres nations. Le ”sang”, c’est-à-dire la lignée des ancêtres communs au même peuple, héritier de la même histoire, de la même civiltà (2) ; le ”sol”, c’est-à-dire la terre léguée et configurée par l’Histoire, le territoire à défendre dans ses frontières protégées. Roger–Paul Droit ajoute une autre ineptie, issue du catéchisme libertaire et mercantile : « Qu’est-ce qui nous unit ? Il est possible de répondre : nos échanges ». La nation réduite au statut de supermarché : passeport assuré pour sa désagrégation, voire pour la guerre civile… 

     

     Éric Zemmour  a éreinté ce prêchi-prêcha dans une chronique du Figaro (24/09/2015) intitulée Nous ne sommes pas ce que vous croyez. Il écrit : «  Mais comment devenir français si personne ne donne le modèle de l’être ? Et quel est ce « devenir » français si l’ « être » français a été englouti ? Si on prend un couteau tricolore et que l’on remplace la lame et le manche, qu’est-ce qui reste de la France sinon le nom sur l’étiquette ? Avec l’identité française, Roger-Paul Droit fait le même pari que les partisans de la théorie du genre avec le sexe »

     

    R-P. Droit recopie la thèse erronée de Renan, selon laquelle la Nation est un ”projet” plus qu’une appartenance. Sauf qu’à son époque, Renan parlait de manière abstraite, dans le vide, vu que l’immigration colonisatrice n’existait pas…. De plus, cette idée est stupide : un projet national, un avenir commun ne peuvent se fonder que sur une appartenance commune héritée d’une histoire passée et d’une parenté partagée. Il n’existe aucun avenir, aucun projet possible avec des populations  immigrées, majoritairement musulmanes et globalement hostiles, ancrées dans une autre longue histoire, antagoniste de la nôtre. Il en a été de tout temps ainsi dans l’histoire de tous les peuples.

     

     

    Qu’est-ce que la nation ?  Qu’est-ce que la patrie ?

     

    Une nation est d’abord une réalité ethnique avant d’être une réalité politique. L’étymologie de nation (natio, en latin, du verbe nascere, ”naître”) renvoie à la terre de naissance, la terre-mère, celle des ancêtres. Elle a donc une dimension d’enracinement biologique, historique, géographique et culturel – mais non pas idéologique. Sa traduction en grec – ancien et moderne – est d’ailleurs ethnos, ce qui se réfère à un apparentement dans une mémoire et une lignée, et ce qui suppose une homogénéité. C’est pourquoi une trop grande immigration détruit une nation en abrogeant son caractère ethnique et donc sa cohérence et son empathie naturelle.

     

    Aristote, à ce propos, estimait qu’une Cité (polis) doit être ethniquement homogène, ce qui est le fondement de la paix civile, de la connivence des valeurs (philia). Autrement, explique-t-il, une Cité rendue hétérogène par l’immigration étrangère est vouée à la dictature – pour établir de force la cohésion – ou à la guerre civile endémique. Si la notion de patrie (enracinée et ethnique) connaît un tel désaveu, la responsabilité en incombe en partie à l’Allemagne nazie qui a extrémisé les principes nationaux et ethniques en les défigurant dans une ubris criminelle. Le nazisme a dévoyé,  neutralisé, diabolisé l’idée de nationalisme en Europe.

     

    La responsabilité intellectuelle en incombe à Herder et à Fichte, deux philosophes allemands du début du XIXe siècle, qui ont largement inspiré le pangermanisme belliciste, catastrophique pour l’Europe, de l’empereur Wilhelm II et de Hitler. Fichte dans son célèbre Discours à la nation allemande (1807), non dépourvu de paranoïa, développe l’idée que le peuple allemand est intrinsèquement supérieur à tous les autres peuples européens parce qu’il a échappé à la romanisation et qu’il possède seul une ”âme culturelle” originelle. Cette thèse absurde, issue d’une frustration face à la France napoléonienne et d’un complexe allemand d’infériorité – transformé en complexe de supériorité schizophrénique– a donné lieu au nationalisme allemand des deux guerres mondiales, qui, par son extrémisme, a diabolisé et détruit tout sentiment ethno-national non seulement en Allemagne mais dans les autres pays européens, dont la France  (3)

     

    Cependant la fameuse ”crise des migrants réfugiés” (pseudo réfugiés à 90%), qui n’est que l’aggravation spectaculaire du processus d’immigration invasive et colonisatrice, ressuscite ce sentiment ethno-national chez les classes populaires européennes, sentiment totalement absent chez les dirigeants, uniquement préoccupés d’affairisme politicien. Cette situation peut déboucher sur un incendie incontrôlé.

     

    Qu’elle soit française ou étendue à une ”nation européenne”,  ou appliquée à Israël et à bien d’autres, l’idée de nation suppose quatre ingrédients : 1) une homogénéité ethnique et culturelle globale où les différences sont bien moindres que les ressemblances (ce qui en exclut totalement les musulmans, appartenant à leur umma) ; 2) le sentiment d’appartenance à une patrie commune enracinée dans l’histoire, formant en gros un même peuple qui se définit et se perçoit comme différent des autres et se sentant potentiellement opposé à eux (4)  ; 3) l’existence de frontières parfaitement définies et protégées ; 4) la réalité d’un État, fédéral ou centralisé, peu importe, souverain et indépendant, qui protège et assure la préférence nationale, notion centrale qui discrimine légalement l’étranger par rapport au citoyen. 

     

     L’idée ”européenne” des dirigeants actuels, même fédéraliste, ne vise absolument pas ce modèle (supra)national qu’on pourrait appeler les Etats-Unis d’Europe. Elle recherche l’abolition des fondements ethno-nationaux des peuples européens et, plus grave, l’abolition de l’européanité elle-même. 

     

     

    Objectif implicite : déconstruire l’identité de la France et des nations européennes

     

    En effet, la conception officielle de la nation française, abstraite et désincarnée, intellectuelle, non-ethnique, a été reprise et aggravée dans la construction européenne, comme l’a vu Philippe de Villiers. L’Union européenne, qui vise à détruire l’Europe des nations souveraines, n’a même pas la prétention d’être une entité fédérale et supranationale (une ”super nation”) mais s’avère être une anti-nation, une construction fondamentalement anti-européenne, aux sens ethnique, historique et politique. Un ”machin”, ouvert comme un moulin, avec, pour seule règle, l’idéologie des Droits de l’homme et du libre-échangisme tempéré par une bureaucratie privilégiée. Voici un mélange comique d’ultra-libéralisme et de soviétisme mou, l’union de la carpe et du lapin,  un ensemble flou, déraciné, aux frontières poreuses ; son idéal minimaliste est apolitique et anhistorique (droits de l’homme, consumérisme, etc.), incapable de susciter l’enthousiasme des peuples et apte seulement à favoriser des flux migratoires incontrôlés et à obéir à tous les désidératas de Washington.

     

    L’idéologie dominante et la classe politique ont une conception libertaire de la nation (issue du libéralisme philosophique – à ne pas confondre avec le libéralisme économique) qui ramène cette dernière à un agrégat d’individus sans enracinement. Conception exprimée par l’inénarrable Alain Juppé : «  la nation, ce sont des hommes et des femmes qui veulent vivre ensemble » (Grand Jury RTL–Le Figaro, 4 octobre 2015). Aucune mention d’une histoire, d’une culture, d’une appartenance, d’une identité communes. Cette vision de la nation en détruit la substance même en la ravalant au rang de ”société”, ensemble flou sans passé et sans avenir. Un grand Club Med. Face à l’islam fanatique et conquérant, c’est désopilant.

     

     Décryptons cette déclaration très idéologique (et indigne) de François Hollande lors d’une visite à l’École des Chartes, temple de la tradition française de l’enseignement gréco-latin que Mme Vallaud-Belkacem est en train de saborder : « La France n’est pas une identité figée dans le marbre, elle n’est pas une nostalgie qu’il faudrait conserver, un corps vieilli avec un sourire fatigué. La France est une espérance ». Puis, après cette insulte voilée à la patrie française (”vieillie et fatiguée”)  le petit président politicien fit l’apologie d’un « portrait de la France dans sa diversité », ce qui, en langue de bois signifie qu’il faut imposer aux Français historiques de souche l’apport massif de populations étrangères. C’est la théorie du lobby socialiste Terra Nova, à visées électoralistes, en faveur de la ”nouvelle France” (la France 2.0), celle de la ”diversité”. Malheureusement, une large partie de ces ”nouveaux Français” issus de l’immigration n’en ont (pardonnez-moi d’utiliser exceptionnellement le bas argot) strictement rien à foutre de la France, de son identité, de son histoire, de son avenir. Ils ne se reconnaissent pas en elle, ils sont d’accord pour la détruire. Détruire la France (et les peuples européens) au nom même d’une ”certaine idée” de la France et de l’Europe, tel est le projet orwellien (par inversion sémantique) de l’oligarchie et de leurs alliés.    

     

     Abordons maintenant un point capital, lié à Éric Zemmour. Ce dernier, par ses livres et sa présence médiatique – et malgré les intimidations par censures, procès, etc. – est devenu un défenseur emblématique du patriotisme français et de l’identité française. Or, il est Juif. Ce qui semble poser un problème aux clercs de l’idéologie dominante. Léa Salamé (cf. autre article de ce blog) dans l’émission de Ruquier (FR 2) On n’est pas couché s’était étonnée qu’un Juif (apostrophe : « vous, le Juif… ») puisse professer de telles idées patriotiques.  

     

    Guy Bedos sur France 5, début octobre 2015, a commis le même lapsus : « Zemmour est juif. C’est un drôle de Juif…Il est devenu plus français que les Français ». Le comique bourgeois d’extrême gauche à bout de souffle révèle deux choses par cette saillie : d’abord un antisémitisme de gauche (un Juif ne peut pas  prétendre être un vrai Français et vice–versa, ce qui nous ramène à l’idéologie de Vichy dont le régime était peuplé de socialistes et…de communistes) ; ensuite une francophobie évidente : le Français de souche, le ”franchouillard ” des classes populaires, est méprisable par essence.    

     

     

    L’indispensable unité ethnique, facteur de paix

     

    L’historien et sociologue Georges Bensoussan – aujourd’hui très mal vu, comme Finkielkraut, par le clergé intello-médiatique –  explique que désormais en France cohabitent sur le même territoire comme ”deux nations”, deux populations antagonistes. Elles ne partagent absolument pas les mêmes valeurs, la même culture, les mêmes comportements et moeurs, ni les mêmes projets. Une de ces populations, en forte croissance, d’origine immigrée récente, est de plus en plus islamisée et ne se sent absolument pas appartenir à la ”nation France” traditionnelle ; au contraire, elle lui manifeste une hostilité croissante. Elle se réclame à la fois de sa nationalité d’origine et de l’umma musulmane supranationale. L’équation est insoluble. 

     

    Le déni de ce phénomène central par l’intellocratie et les dirigeants politiques, attachés au dogme utopique et angélique de l’ ”intégration”, de l’ ”assimilation” ou de l’ ”inclusion” par une cohabitation pacifique de communautés inconciliables, ressemble aux techniques des médecins du XVIIe siècle (relire Molière) qui tuaient les malades en prétendant les guérir.

     

     L’idéologie française officielle et ”républicaine” de la Nation est contredite par l’histoire de France elle-même. La France intellectuelle se pense comme une idée (lourde erreur, énorme prétention) mais la France populaire se vit comme une patrie charnelle.  Le « vivre ensemble », monstrueux néologisme de la novlangue de bois, se terminera dans la guerre. On ne peut vivre ensemble qu’avec ses proches, pas avec ceux qui vous désignent comme ennemis. 

     

    Contrairement aux mensonges de l’idéologie officielle, la France, comme les autres pays d’Europe, a toujours été globalement homogène ethniquement jusqu’au XXe siècle, à la fin duquel a commencé une immigration massive extra-européenne, en grande partie musulmane. Ce phénomène historique est le plus important et le plus grave vécu par les Européens depuis le début du Moyen–Âge, bien plus que toutes les guerres, crises économiques et épidémies. Parce qu’il risque de signer notre acte de décès.  

     

    Toute l’histoire démontre (et le Proche-Orient en est l’éclatante démonstration) que la diversité ethnique sur un même territoire ou sous une même autorité politique est, la plupart du temps, ingérable et débouche sur le chaos, fruit d’une impossible cohabitation. On commence à le ressentir en Europe. Plus que jamais, le bon sens, l’expérience quotidienne populaire, les leçons de l’histoire s’opposent aux délires idéologiques et aux calculs politiciens de l’oligarchie. Reprenons Aristote : chacun chez soi, dans ses frontières. Ce qui ne remet pas en cause la notion d’Humanité mais rappelle qu’elle est faite de peuples différents et (souvent) hostiles et ne constitue pas un magma anthropologique.  C’est la loi de la vie. La paix entre les êtres humains est proportionnelle à la méfiance et aux barrières qu’ils dressent entre eux.  Si vis pacem, para bellum.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 17 et 22 octobre 2015)

     

    Notes :

     

    (1) Les maux attribués à l’Union européenne en tant qu’institution, y compris la soumission volontaire aux USA, ne sont pas imputables à l’UE comme telle mais aux gouvernements européens eux-mêmes.

     

    (2) Civiltà : terme italien difficilement traduisible qui signifie à la fois ”culture” et ”civilisation”, héritage et construction partagés par un même peuple.

     

    (3) Le IIIe Reich et son souvenir, son ubris, ses crimes et sa défaite ont provoqué chez le peuple allemand une implosion, une délégitimation  de toute idée nationale et patriotique.

     

    (4) Carl Schmitt et Julien Freund ont bien montré que toute identité ethnique ou politique ne peut se construire que contre un ennemi. Le positif interagit avec le négatif. On peut le déplorer, mais la psychologie humaine est ainsi faite.

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