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  • La décadence...

    Les éditions du Cerf viennent de rééditer un essai important de Julien Freund intitulé La décadence.

    Philosophe et sociologue, Julien Freund (1921-1993), qui a été le principal introducteur de la pensée de Carl Schmitt en France, est l'auteur de plusieurs ouvrages fondamentaux comme L'essence du politique (1965), Sociologie du conflit (1983) ou La décadence (1984). On trouve une magnifique introduction à sa pensée dans le recueil de textes intitulé Le Politique ou l'art de désigner l'ennemi (La Nouvelle Librairie, 2020) ou dans Les lettres de la vallée (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    " L'Europe est sur le déclin. Est-elle appelée à disparaitre où à se réinventer ? Le texte de Julien Freund trouve aujourd'hui toute son actualité et son acuité. Aux rodomontades et aux provocations, il oppose la réflexion. Aux défaitistes, un avenir.

    L'Europe serait-elle sur le déclin ? Fragilisée par la montée des nationalismes, ébranlée par une profonde dépression spirituelle, affaiblie par l'émergence de nouvelles puissances qui l'ont reléguée au second plan des relations internationales, elle semble avoir perdu son ancienne splendeur. Mais s'agit-il d'un épuisement fatal ou bien d'un accomplissement annonciateur d'un autre style de civilisation ?
    L'histoire est riche d'exemples d'empires florissants qui ont connu un brusque crépuscule, de l'Égypte antique aux Incas en passant par Athènes ou Rome. Toutefois, alors que les autres peuples n'ont pas eu conscience de la chute qui les menaçait, la force et l'originalité de la civilisation européenne résident dans la crainte, depuis toujours, d'une possible décadence.
    Face aux menaces qui pèsent de manière croissante, Julien Freund exhorte les Européens à retrouver leur grandeur, leur fierté et leurs valeurs.
    Un ouvrage fondateur, une analyse d'une surprenante actualité, un livre d'espérance contre tout défaitisme. "

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  • Cette France « que le Monde entier nous envie »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la dégradation de la situation politique de la France. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    Cette France « que le Monde entier nous envie »

    Un pays où le système politique est bloqué ; où les autorités légales prétendent gouverner alors qu’elles ne disposent d’une majorité, ni au Parlement, ni dans l’opinion publique, mais où nulle majorité alternative n’existe ; où les succès et les échecs d’une politique se mesurent au nombre de manifestants, de voitures calcinées et de tonnes d’ordures s’amassant dans les rues.

    Un pays dont l’économie se fragilise continûment ; où l’ampleur des déficits publics place le pays dans la dépendance de créanciers étrangers et met en péril le niveau de vie des générations futures ; où l’on dit vouloir combattre la désindustrialisation après avoir empilé les décisions dégradant la compétitivité des entreprises ; où l’on découvre les vertus de l’énergie nucléaire après avoir tout fait et tout accepté pour devoir s’en passer ; où l’on promeut les véhicules électriques sans s’être assuré de disposer des batteries permettant de les faire fonctionner ni des matériaux permettant de fabriquer des batteries ; où l’on préfère investir dans le luxe plutôt que dans les technologies de souveraineté.

    Un pays où les services publics ont de plus en plus de difficulté à assurer leur mission ; où le système éducatif est bien incapable d’enseigner, d’instruire ou d’éduquer et préfère promouvoir le wokisme ; où certains magistrats sont davantage soucieux d’exprimer leurs engagements politiques que de respecter la loi et où les peines ne sont pas toujours appliquées ; où l’efficacité du service de santé repose sur la bonne volonté de personnels qui se disent harassés. Un pays qui ne sait plus très bien qui il est ; où plus grand monde ne connaît son histoire ni celle des autres ; où tous se proclament démocrates mais où chacun donne à ce concept le contenu qui l’arrange ; où le sens de l’intérêt général est remplacé par le droit de chacun à voir ses envies ou ses intérêts particuliers repris à son compte par la société dans son ensemble ; Telle est aujourd’hui la France.

    Mon propos n’est pas d’accabler une force politique ou d’en vanter une autre, d’autant que toutes portent une part de responsabilité dans la situation actuelle. Il est de m’interroger sur la capacité d’un tel pays à avoir désormais un rôle significatif sur le plan international.

    Quand le Président de la République doit, pour se rendre au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, passer par des chemins détournés pour éviter la presse ; quand le ministre iranien des Affaires étrangères, heureux de retourner les critiques qui lui sont faites, se permet de dire au Président de la République qu’il devrait « écouter la voix de (son) peuple et éviter de faire usage de violence à son égard » ; quand les autorités françaises doivent demander au nouveau souverain britannique, qui avait choisi la France pour effectuer son premier voyage officiel à l’étranger, d’annuler son déplacement ; quand le président de la République éprouve le besoin d’être accompagné par la présidente de la Commission européenne pour exprimer en Chine les positions européennes ; quand on additionne tous ces faits qui sont des anecdotes, mais des anecdotes malheureusement significatives, on se dit que cette capacité est bien amoindrie.

    Comment, dès lors, s’étonner que la voix de la France porte de moins en moins ? Qu’en Europe les intérêts allemands priment souvent sur ceux de la France ? Que les relations avec les Etats-Unis soient passées de la coopération entre alliés à un alignement pur et simple malgré le resserrement continu du contrôle que ces derniers exercent sur l’Europe ? Que pour l’Ukraine la France n’ait pas réussi à engager un dialogue entre les protagonistes ? Qu’en Afrique les pays francophones préfèrent nouer des liens avec le Commonwealth plutôt que développer ceux qui existent avec la France ? Que la France ne joue aucun rôle dans la redéfinition des alliances au Moyen-Orient ? La liste n’est pas exhaustive.      

    Pourtant les dirigeants français passent leur temps à donner des leçons au monde. La France est-elle désormais le pays le mieux placé pour proclamer les principes qu’elle veut faire adopter partout, pour montrer leur excellence et les bienfaits qu’ils apportent aux populations ? Est-elle encore crédible ?

    « La France, combien de divisions ? » Un grand nombre, assurément. Mais ces divisions ne sont pas celles, militaires, qui imposent le respect, ce sont celles qui opposent les individus les uns aux autres, affaiblissent le corps social et mettent en péril la communauté nationale.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 27 mars 2023)

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