Les éditions Flammarion viennent de publier Sous les bombes - Nouvelle histoire de la guerre aérienne 1939-1945, un livre de Richard Overy. Spécialiste de l'histoire moderne, et tout spécialement de la seconde guerre mondiale, Richard Overy est un des rares historien anglo-saxon à avoir défendu le livre de Jörg Friedrich, L'incendie, sur la guerre aérienne des Alliés contre l'Allemagne.
" Les chiffres sont ahurissants : au cours de la Seconde Guerre mondiale, 600 000 civils européens trouvèrent la mort lors des bombardements et plus d'un million d'autres furent grièvement blessés. Dans cette sombre comptabilité, la France, où l'on dénombre le plus fort tonnage de bombes larguées, occupe une place particulière. Des villes entières furent dévastées sous les bombes alliées, parfois même rasées à l'instar de Vire, Saint-Lô, Lisieux, Coutances mais aussi Royan ou encore Le Havre. La terre semblait en éruption, selon le mot d'un pilote de la RAF qui avait bombardé Caen... Puis le silence retomba durant des années. Le souvenir aussi était tabou. Tant de questions restaient en suspens, parmi lesquelles, la plus cruciale : fallait-il bombarder l'Europe ? Pour y répondre, l'historien Richard Overy a mené des recherches dans tous les pays des anciens belligérants. Dans un travail inédit et résolument neuf, il s'interroge sur les commandements militaires, les stratégies, les différents raids (le Blitz, Hambourg, Dresde, Monte Cassino). Si les bombardements, comme il le souligne, étaient soumis aux impératifs politiques (Churchill en était partisan) et militaires, ils ne furent jamais un moyen de gagner la guerre. L'historien raconte le quotidien terrifiant des aviateurs sous pression maximale, rappelle les grandes heures de la défense passive, l'héroïsme des civils face à la précision approximative des bombardiers. Pourtant les attaques meurtrières échouèrent à détruire l'économie ennemie, plus encore à déprimer les civils. Ce constat de l'échec se double de la question morale des frappes contre les populations. La destruction à l'aveugle, l'acharnement manifeste à tuer lors de certains bombardements sont au cœur de cette histoire que l'auteur a voulu, de bout en bout, très humaine. "