Les éditions érès viennent de publier dans leur collection Humus-philo, dirigée par Dany-Robert Dufour, un essai de Jean-Jacques Delfour, intitulé Télé, bagnoles et autres prothèses du sujet moderne. L'auteur, ancien élève de l'Ecole Normale supérieure, est professeur de philosophie et tient un blog, Philiosophie du visible, qui mérite d'être visité.
"Deux grandes machineries modernes suppléent aujourd'hui notre pouvoir être défaillant : les télévisions (la télé, l'internet, le téléphone et la myriade de technopodes récents) et la « bagnole ». Ces deux technologies et les pratiques qui les accompagnent ont modifié l'existence contemporaine à une profondeur difficile à estimer : elles font l'objet d'un discours tour à tour dépréciatif, laudatif, manichéen ou dépourvu de charpente analytique.
Or, ces objets technologiques influencent les conditions sociales de la vision et du mouvement corporel, la connaissance, l'action et l'affectivité. Ils génèrent des expériences de microtyrannies disséminées et discrètes. La subjectivité, que la grande fable de la modernité décrit comme une puissance de penser et d'agir souveraine, librement appuyée sur ses facultés propres, est en réalité arrimée corps et âme à ces machineries dont il importe de décrire les effets psychopolitiques à travers des analyses détaillées et corrosives.
La symbiose affective, sensorielle, intellectuelle avec les télévisions et les bagnoles tend à produire une toxicomanie technologique plus répandue que les addictions chimiques. Une nouvelle humanité émerge, caractérisée par un déchaînement pulsionnel, un amour de la surexcitation et un désir de tyrannie. Bienvenue dans le nouveau monde télé-bagnolique !"