"A moyen terme en tout cas, il est possible de préférer le passéisme de la délibération politique, dans laquelle les arbitrages de l’endettement public seraient complètement réintégrés, à un monde mondialisé ébouriffant de modernité, dans lequel ce sont les marchés de capitaux qui fixent le tribut prélevé sur la richesse nationale par des créanciers des quatre coins du monde. Et il est possible de trouver quelque valeur à cette conclusion somme toute assez simple : si la mondialisation n’est en définitive pas autre chose que la dissolution des souverainetés par la marchéisation de tout, alors démondialiser c’est repolitiser."
Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique, mai 2010
Georges Corm, économiste libanais, ancien ministre, est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'économie ou à l'histoire du Proche-Orient (en particuler, sa somme intitulée Le Proche-Orient éclaté, régulièrement mise à jour). Il fait paraître aux éditions La Découverte Le nouveau gouvernement du monde - idéologie, structures, contre-pouvoirs, un essai dans lequel il propose des pistes de sortie du système néo-libéral.
" Alors que la crise de 2007-2009 a révélé à tous les méfaits de la mondialisation et de la spéculation financière, rien ne change, malgré les dénonciations qui se multiplient de tous bords. Pour comprendre les racines de cette dangereuse inertie des décideurs économiques et politiques mondiaux, Georges Corm explore dans ce livre les mécanismes permettant la reproduction de cette « civilisation des affaires en déclin », selon les mots de l'économiste critique américain Robert Heilbroner.
Il analyse les sources intellectuelles de ce pouvoir mondialisé : le néolibéralisme se nourrit d'un idéalisme simpliste, mysticisme virulent qui rappelle l'esprit doctrinaire du socialisme « scientifique ». Cette économie-fiction néolibérale a envahi les cours de millions d'étudiants en économie et gestion, futurs cadres du pouvoir mondialisé. Georges Corm propose également une analyse novatrice de la structure et du fonctionnement de ce pouvoir et de sa capacité à bloquer les changements. Mais aussi de ses failles, que devraient exploiter les mouvements « antisystémiques », dont il évalue les alternatives proposées au fonctionnement pervers de l'économie globalisée.
Il plaide ici pour une « démondialisation » raisonnée des esprits et des systèmes économiques dans un monde ouvert, pour une économie solidaire et humaine par le rétablissement des cohérences spatiales, la fin des dogmatismes et la réhabilitation des valeurs d'éthique et d'équité dans l'enseignement de l'économie."