Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

migration

  • La politique anti-immigration du Danemark, un exemple à suivre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la politique danoise de maîtrise de l'immigration. Paul Tormenen est juriste et spécialiste des questions migratoires.

     

    Danemark_Anti-immigration.jpg

     

    La politique anti-immigration du Danemark, un exemple à suivre ?

    L’affaire fait grand bruit : le parlement danois vient d’adopter une nouvelle procédure pour les demandes d’asile. Celle-ci devrait se traduire par l’envoi des candidats à l’asile présents au Danemark à l’extérieur du pays. Les autorités danoises ne s’en cachent pas : elles souhaitent ainsi tarir les demandes d’asile qui au fil du temps sont devenues une nouvelle forme d’immigration clandestine. Les pays d’Europe de l’ouest submergés par l’immigration extra-européenne seraient bien inspirés de suivre cet exemple.

    Le Danemark veut maitriser l’immigration et non plus la subir

    En juin 2019, l’article consacré par Polémia au Danemark lors du tour d’Europe du grand remplacement soulignait les mesures prises par les autorités de ce pays pour juguler l’immigration légale et clandestine (1).

    Répondant aux aspirations de la population, le gouvernement social-démocrate au pouvoir a depuis continué à prendre des initiatives dans ce sens. La dernière en date consiste à permettre le transfert des demandeurs d’asile dans un pays tiers.

    A l’heure où même le président de la République française considère les flux supplémentaires de demandeurs d’asile arrivant en France « comme un détournement du droit d’asile », toute tentative qui vise à endiguer cette forme d’immigration, qui a pris une ampleur considérable ces dernières années, doit être étudiée avec attention, voire appliquée sans tarder (2).

    Les nouvelles dispositions sur l’asile au Danemark

    Fin avril, le gouvernement danois a soumis aux parlementaires un projet de loi visant à modifier la loi sur l’immigration en vigueur (« Aliens act »), en y introduisant la possibilité de transférer les demandeurs d’asile dans un pays tiers (3). Les nouvelles dispositions visent également à confier au pays tiers l’instruction des demandes d’asile et la prise de décision d’acceptation ou de rejet du bénéfice de la protection. La responsabilité d’éloigner les déboutés de l’asile incombera au pays les prenant en charge. Le gouvernement danois rétribuera les pays tiers qui accepteront d’accueillir les demandeurs d’asile dont il organisera le transfert.

    Cette disposition a été adoptée début juin à une large majorité par le parlement danois. D’ores et déjà, un accord aurait été trouvé avec un pays tiers qui accepterait d’accueillir les demandeurs d’asile et les bénéficiaires de la protection internationale (4). Il devrait être selon les autorités danoises suivi par d’autres accords bilatéraux.

    Cette externalisation de la protection au titre de l’asile a suscité un concert de protestations de la part d’organisations internationales comme le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, le Conseil danois pour les réfugiés et Amnesty international. Le HCR souligne notamment dans les observations qu’il a envoyées au gouvernement danois la nécessité d’apporter toutes les garanties à l’exercice du droit d’asile. Il condamne cette politique d’externalisation de la procédure d’asile mais ne remet toutefois pas en cause la possibilité que des Etats s’entendent entre eux pour garantir la protection internationale prévue par la convention de 1951 sur le droit d’asile (5).

    Le porte-parole de la Commission européenne a été encore plus virulent : il a déclaré le 3 juin que « les dispositions prises par le gouvernement danois ne sont pas possibles », le traitement des demandes d’asile dans un pays tiers soulevant « des questions fondamentales  à la fois sur l’accès aux procédures d’asile et sur l’accès effectif à la protection » (6). On peut s’attendre à une véritable guérilla juridique menée contre le nouveau dispositif adopté par le Danemark qui fait vaciller l’un des fondements de la politique de peuplement de l’Europe voulue par l’Union européenne.

    L’externalisation des centres d’asile

    Les tentatives de pays européens pour établir des centres d’asile en dehors de l’Europe ne sont pas nouvelles. Le gouvernement danois a dès 1986 proposé l’instruction des demandes d’asile dans des centres régionaux administrés par les Nations Unies. En 1994, les autorités néerlandaises ont proposé à l’Union européenne la création de centres de traitement des demandes d’asile à proximité des pays de départ des migrants (7). En 2004, les négociations menées par le premier ministre de l’époque, Tony Blair, avec la Tanzanie pour que ce pays instruise les demandes d’asile, n’ont, comme les autres démarches précédemment citées, pas abouties.

    En Afrique, le Rwanda, qui a été pressenti par le gouvernement danois pour prendre en charge des demandeurs d’asile, accueille d’ores et déjà près de 500 demandeurs d’asile et réfugiés transférés de Libye, dans le cadre d’un accord conclu entre le HCR, l’Union africaine et le Rwanda. (8).

    Les frontières étanches de l’Australie

    Depuis quelques années, le gouvernement australien organise dans le cadre d’une opération appelée « Sovereign borders » un blocus des côtes du pays à l’immigration clandestine. Les migrants et demandeurs d’asile qui arrivent par bateau sont immédiatement refoulés et transférés à Nauru ou en Papouasie-Nouvelle Guinée. Ces transferts ont concerné entre 2013 et 2019 plus de 3 000 personnes. Les autorités australiennes ont également conclu des accords de relocalisation de migrants avec d’autres pays comme le Vietnam et les Etats-Unis (9).

    De nombreuses organisations internationales critiquent la politique australienne. Les principaux reproches concernent des détentions de demandeurs d’asile, le refus opposé aux demandes de visas faites par des déboutés du droit d’asile, etc. Mais cette politique assumée par les différents gouvernements qui se succèdent au pouvoir depuis sa mise en œuvre jouit d’un puissant soutien populaire.

    L’asile : un dispositif à la dérive

    Les pays membres de l’Union européenne connaissent depuis plusieurs années un nombre considérable de demandes d’asile. En 2020, on en dénombrait plus de 416 000. 59% d’entre elles ont donné lieu à un refus en première instance, un taux de refus qui est encore plus important en France (10). Les déboutés de l’asile restent dans leur immense majorité sur le sol européen, que ce soit en raison de la mauvaise volonté des pays d’origine à reprendre leurs ressortissants ou en raison des procédures juridiques qui s’enlisent. La politique d’éloignement des déboutés de l’asile est un véritable échec en France, un échec qui est une prime à l’immigration clandestine. De plus, le droit de tirage illimité du budget de l’Etat pour l’asile et l’immigration apparait chaque jour davantage comme totalement scandaleux.

    Les motivations économiques de très nombreux demandeurs d’asile qui arrivent en France après avoir parcouru des milliers de kilomètres ne sont plus un secret. Si leur objectif est de fuir la persécution et les mauvais traitements, cette garantie peut leur être offerte par d’autres pays que les pays européens. Il faudra donc scruter avec attention les suites données à l’initiative du gouvernement danois. En ce mois de juin, le vent nouveau en Europe vient du nord…

    Paul Tormenen (Polémia, 6 juin 2021)

     

    Notes :

    (1) « Grand remplacement en Europe : le Danemark tente de réagir ». Polémia. 18 juin 2019
    (2) « Immigration, terrorisme, colonisation…Les confidences de Macron en Afrique ». Le JDD. 29 mai 2021
    (3) « Proposal for amendments to the Danish AlienAct (Introduction of the possibility to transfer asylum-seekers for adjudication of asylum claims and accommodation in third countries ». Gouvernement danois. 2021.
    (4) « Denmark passes law to relocate asylum seekers outside Europe ». The Guardian. 3 juin 2021
    (5) « UNHCR Observations on the Proposal for amendments to the Danish AlienAct (Introduction of the possibility to transfer asylum-seekers for adjudication of asylum claims and accommodation in third countries) ». UN HCR. 8 mars 2021
    (6) « Denmark approves plan to relocate asylum center abroad ». DW.com. 3 juin 2021
    (7) « Les camps d’étrangers, dispositif clef de la politique d’immigration et d’asile de l’Union européenne ». Migreurop. 6 avril 2005
    (8) « Danish parliament approves law to process asylum seekers outside Europe ». Financial Times. 3 juin 2021
    (9) « Legal and constitutionnal affairs legislation committe. Monday, 19 October 2020 ». Parlement australien
    (10) « Asylum statistics ». Eurostat. 27 avril 2021

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le « développement » peut-il arrêter la migration africaine vers l’Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'africaniste Bernard Lugan, cueilli sur Breizh info et consacré à la migration massive des Africains vers l'Europe. Historien, spécialiste de l'Afrique, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016) et Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017).

     

    migration_Afrique.jpg

    Le « développement » n’arrêtera pas la migration africaine vers l’Europe

    On ne ment ni à la géographie, ni à la démographie. La première montre que l’Afrique est l’arrière-cour de l’Europe ; la seconde enseigne qu’un trop plein démographique se déverse automatiquement dans un vide démographique.

    Face à cette double réalité, confrontés à une migration de masse qu’ils refusent de nommer, les dirigeants européens s’accrochent au mythe du « développement » postulé être un ralentisseur migratoire.

    Or, comme je l’ai expliqué dans mon livre « Osons dire la vérité à l’Afrique », le développement est une illusion. Pour trois raisons principales :

    1)      A supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait avoir que des effets à très long terme ; or, il y a urgence.

    2)      Tout a déjà été tenté en ce domaine. En vain, car, dans les Afriques, la démographie est plus forte que la croissance. Un exemple : depuis 1960, la production agricole y a augmenté de 45%, mais la démographie de 110%…

    3)      Comme la croissance économique africaine (entre 1,4% et 1,6% en 2016), est inférieure à la croissance démographique (4%), comment, dans ces conditions prétendre « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ?

    Ce n’est donc pas de « développement » dont l’Afrique a besoin, mais d’une natalité raisonnable. A défaut, des dizaines de millions d’Africains continueront à rêver de venir s’installer en Europe où, par hédonisme, les femmes n’enfantent plus, où les hommes ont honte de leur virilité, où les vieillards sont désormais majoritaires et où les animaux de compagnie ont remplacé les enfants.

    Explication.

    Vu d’outre-Méditerranée, l’Europe est une terre à prendre. D’autant plus facilement que les migrations continentales sont facilitées en Afrique de l’Ouest par le passeport CEDEAO qui permet d’entrer librement au Niger, et de là en Libye. Une fois arrivés  dans l’espace Schengen, toute liberté est ensuite donnée aux migrants de circuler en Europe avec à peu près autant de chances de se voir expulsés que de gagner au loto.

    La cause de ces migrations de grande ampleur est l’envolée démographique. Avec un taux de croissance de 4% la population africaine double en effet tous les 18-20 ans. Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050. En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.

    Le phénomène ne touche pas que l’Afrique sud-saharienne. Ainsi, en Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

    Résultat de cette démographie devenue folle, en 2100, avec entre 3,4 et 3,6 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale dont les trois quarts au sud du Sahara. Le phénomène de déversement de la population africaine en Europe est inscrit dans ces chiffres car, localement, comme il sera impossible de nourrir et de donner du  travail à ces centaines de millions de jeunes africains, ces derniers n’auront d’autre issue que l’émigration.

    D’autant plus que, contrairement à ce qu’affirment les tenants de la « méthode Coué », la situation économique de l’Afrique est de plus en plus mauvaise. La baisse du prix du pétrole et de presque toutes les matières premières a en effet eu des conséquences catastrophiques pour des pays tirant entre 75 et 98% de leurs recettes de ces productions. Phénomène aggravant, quand les cours étaient hauts, ces pays pensèrent que la manne était éternelle et ils dépensèrent alors sans compter. Résultat, aujourd’hui, ils se trouvent face à des échéances qui ne sont plus couvertes. Les voilà donc contraints de s’endetter pour continuer à financer des projets non soldés ou tout simplement pour acheter la paix sociale et éviter la révolution. A peine sortis de la mortelle spirale de l’endettement des années 1980-1990, ils y ont donc replongé.

    Début 2017, la croissance économique dans les 45 pays de l’Afrique sud-saharienne a atteint son plus bas niveau depuis l’année 1999, passant de 5,1% en 2014 à 3,5% en 2015, pour atteindre entre 1,4% et 1,6% en 2016 (FMI, 24 octobre 2016). Les deux géants économiques de l’Afrique sud-saharienne sont quant à eux dans une situation préoccupante. En 2016, le Nigeria est ainsi entré en récession avec une croissance négative de -1,8%. Quant à la RSA, avec une croissance d’à peine 0,1%, elle échappe de justesse à la récession.

    Résultat :

    – 850 millions d’Africains sur une population totale de 1,2 milliard vivent dans la pauvreté et des dizaines de millions d’entre eux ne survivent que par l’assistanat. En 2015, l’APD (Aide pour le développement) pour toute Afrique a ainsi augmenté de 6,9%, soit 131,6 milliards de dollars.

    – 150 millions sont à la limite supérieure de la pauvreté,

    – 50 millions arrivent à subvenir à leurs besoins élémentaires,

    – 20 à 30 millions constituent en quelque sorte la « bourgeoisie » et une poignée, à l’image des Black Diamonds sud-africains vit dans l’opulence.

    Voilà pourquoi le « développement » tenté depuis les années 1960 n’est qu’un mythe, qu’une illusion, qu’un mirage et qu’un mensonge. Parce que rien ne pourra être entrepris sans une ferme et impérative politique de maîtrise de la démographie.

    Bernard Lugan (Breizh infos, 23 avril 2017)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!