Au sommaire cette semaine :
- sur la lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge l'économiste Guillaume Vuillemey qui se livre à une pertinente analyse des fondements anthropologiques de la théorie économique...
La finance et le réel, ou le dédoublement du monde
- dans l'émission les nuits de France Culture, Gilbert Merlio, Domenico Losurdo et Pierre Caye reviennent sur l’œuvre et la pensée d'Oswald Spengler...
domenico losurdo
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Tour d'horizon... (245)
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Les foudres de Nietzsche...
Les éditions Hors d'atteinte viennent de publier Les foudres de Nietzsche, le dernier essai écrit par Jacques Bouveresse avant sa mort. On notera le choix pour l'illustration de la couverture du superbe portrait de Nietzsche par Olivier Carré.
Philosophe, professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse était notamment un spécialiste de l’œuvre de Ludwig Wittgenstein.
" « Étant donnée l’hostilité ouverte, constante, déterminée, et même violente que Nietzsche a manifestée contre la démocratie, le socialisme, le progrès social, l’égalité – y compris, soit dit en passant, l’égalité entre les hommes et les femmes –, il n’aurait jamais dû, semble-t-il, y avoir un Nietzsche de gauche. Et pourtant il y en a bel et bien eu un, et c’est même celui-là qui a occupé dans la période récente le devant de la scène et est devenu plus ou moins le Nietzsche officiel. Il n’en demeure pas moins qu’entre ceux qui ont cherché à faire de lui un penseur nazi et ceux qui ont considéré comme allant au contraire à peu près de soi qu’il était un penseur de gauche, on se demande réellement à qui il faut décerner la palme dans l’art de ne pas lire un auteur. »
Depuis des décennies, Nietzsche est en France l’objet d’une double méprise : l’invention absurde mais tenace d’un Nietzsche de gauche (Deleuze) et son enrôlement dans une vaste entreprise de reformatage du concept de vérité (Foucault) que toute sa philosophie contredit. Lecteur assidu, resté longtemps discret, Jacques Bouveresse n’a jamais cru à ces fables. Poursuivant la réflexion engagée dans Nietzsche contre Foucault (Agone, 2016), et au terme d’une longue plongée dans les Fragments posthumes, dont il a tiré un trésor de citations, retraduites puis agencées avec soin, il offre ici un double portrait du philosophe : Nietzsche en chercheur de vérité, moraliste ironiste, lucide et passionné ; Nietzsche en penseur politique, défenseur d’un radicalisme aristocratique selon lequel la masse du peuple doit obéir, travailler et être asservie pour que l’élite puisse être libre, commander et créer. " -
Nietzsche, le rebelle aristocratique...
Les éditions Delga viennent de publier Nietzsche, le rebelle aristocratique, une copieuse biographie intellectuelle et critique de l'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra, signée par le philosophe communiste italien Domenico Losurdo. Plusieurs essais de cet auteur ont été traduits en français dont Heidegger et l'idéologie de la guerre ( PUF, 1998), Le langage de l'empire (Delga, 2013), Contre-histoire du libéralisme (La Découverte, 2014) ou encore un controversé Staline - Histoire et critique d'une légende noire (Aden, 2011)...
" Chez Nietzsche, les analyses philosophiques et littéraires fascinantes se mêlent à des thèmes répugnants comme « le nouvel esclavage », « l’anéantissement des races décadentes », « l’anéantissement de millions de ratés ». Nous sommes en présence d’un philosophe qui, en remettant en question deux millénaires d’histoire, repense et critique les plates-formes théoriques qu’il élabore lui-même au fur et à mesure. La contextualisation historique et la reconstruction de la biographie intellectuelle de Nietzsche sont donc la condition pour saisir la cohérence tourmentée ainsi que la grandeur d’un penseur qui, à partir de son « radicalisme aristocratique » et tout en caressant des projets d’une indicible violence, entonne un contre-chant sacrilège de l’histoire et des mythologies de l’Occident. "