Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Les sociétés animales...

    Les éditions Armand Colin viennent de publier un essai de Florent Kohler intitulé Les sociétés animales - Un regard sociologique. L'auteur est anthropologue et maître de conférences à l'université de Tours. 

     

    Kohler_Les sociétés animales.jpg

    " Et si les « sociétés animales » étaient des sociétés comme les autres ?
    La société comme système organisé et pérenne, et les faits sociaux qu’elle recouvre, transcende la barrière des espèces.
    La profondeur temporelle, l’historicité de sociétés ancrées dans un espace donné, et des concepts tels que ceux de parenté et d’alliance, empruntés à l’anthropologie, de pression normative et de ligne de conduite, empruntés à la sociologie, sont autant d’instruments permettant de réduire l’incommensurabilité supposée entre les mondes humains et non humains.
    Fondé sur des exemples humains et non-humains, ce livre systématise et expose clairement les enjeux d'une approche nouvelle : celle d'une sociologie animale.
    Il s’adresse aux étudiants et à qui se passionne pour ceux qui partagent notre planète. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Édouard Philippe à la rescousse du « bloc central » ? C’est pas gagné !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier , cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à Édouard Philippe, l'homme providentiel du centre mou, progressiste et raisonnable...

    Philippe_Edouard.jpg

    Le prix de ses mensonges...

     

    Édouard Philippe à la rescousse du « bloc central » ? C’est pas gagné !

    Ce n’est pas l’imagination qui tuera les représentants du « bloc central ». La preuve par Le Prix de nos mensonges. (JC Lattès), livre programmatique d’Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre mirifique qu’on sait. À le lire, notre homme serait « en colère ». On en tremble déjà. Et derrière ce « nos mensonges », ne s’agirait-il pas surtout des « siens » ?

    En effet, le voilà qui se fâche tout rouge en écrivant : « Si nous voulons avancer, arrêtons de nous mentir ! ». Et peut-être de mentir aux électeurs, au passage ? Si l’homme à la capillarité fluctuante – un jour clone de Kung-fu Panda et l’autre, sosie officiel du défunt Michel Blanc – il a néanmoins de la suite dans son manque d’idées, affirmant, lors d’un entretien accordé au Point, ce 29 mai : « Nous ne sommes pas suffisamment conscients de ce que nous vivons, et nous aimons nous présenter la réalité d’une façon qui nous plaît, plutôt que de nous confronter à ce qu’elle est vraiment. » Ce subit accès de lucidité serait-il à prendre comme une sorte de contrition, ce « nous » le concernant au premier chef, sachant que ce sont « eux », ces fameux « partis de gouvernement », qui sont au pouvoir depuis tant de décennies ? Évidemment que non. Lorsque l’hebdomadaire lui fait remarquer qu’il ne cite « nommément aucun responsable » et qu’il aurait pu tout aussi bien titrer de la sorte son essai, « Et si Macron avait été courageux ? », il préfère éluder, expliquant que « tel n’est pas son état d’esprit ».

    Son projet de rupture ? Continuer comme avant !

    Ça, c’est finaud. Aussi finaud qu’un camion-benne, mais finaud tout de même. Au fait, tant qu’à dévaster les forêts pour imprimer des carabistouilles, autant en apprendre un peu plus sur le programme du potentiel futur Président de 2027 ; ce d’autant plus que le programme en question serait du genre « massif », allant jusqu’à évoquer « un projet de rupture », toujours à en croire Le Point. Bref, un machin propre à faire « bouger les lignes » et à donner dans le « disruptif », comme disent généralement les cons.

    Soyons justes, nous ne sommes pas déçus, ce « projet de rupture » consistant en ceci : « Il s’agit des éléments qui me paraissent prioritaires, l’école, le modèle social et son financement, la réforme de l’État, la justice. Je proposerai une transformation massive aux Français. Je dirai ce qui me paraît nécessaire pour le pays. » Pour « disrupter », ça va « disrupter », et pas qu’un peu, mais à fond les manettes. Il n’y a pas à barguigner : on sent l’homme « en colère », prêt à se battre à mains nues contre la première rame de TGV venue.

    Bon, bien sûr, il y a l’insécurité galopante ; mais il n’en parle pas, ou si peu.

    Toujours plus d’immigrés…

    Évoquer l’immigration ? On le sent dans l’exercice obligé : « Les démagogues professionnels et angoissés du grand remplacement racontent n’importe quoi lorsqu’ils prétendent se fixer l’objectif d’une “immigration zéro”. Il est au contraire absolument certain que la France encore besoin, à l’avenir, de laisser s’installer sur son territoire des étrangers, sans quoi il ne sera pas possible de faire tenir notre modèle économique et social. » Pourquoi ? « Parce que nous aurons besoin d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers agricoles, de cuisiniers. » Avec un demi-million d’immigrés débarquant en France chaque année, cela devrait pourtant suffire à Édouard Philippe pour faire son marché. Mais non. Il lui en faut toujours plus. Certes, voilà qui devrait faire le bonheur d’une extrême gauche immigrationniste, mais surtout celui du grand patronat, toujours plus avide de main d’œuvre taillable et corvéable à merci. Histoire de jouer aux érudits, il lui faut bien évidemment en appeler aux mannes de Charles Péguy : « La vérité n’est pas toujours sexy, mais je cite souvent Charles Péguy, “Il faut toujours dire ce que l’on  voit ; surtout, c’est plus difficile, voir ce que l’on voit.” ».

    Édouard Philippe vu par Karl Marx…

    Nous, ce que l’on voit, c’est qu’un autre auteur, Karl Marx en l’occurrence et ce avec plus d’un siècle d’avance, dans Le Manifeste du Parti communiste, voyait mieux que bien qui est et ce que représente Édouard Philippe : « La bourgeoisie a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité traditionnelle, dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange… La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent… La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c’est-à-dire les rapports sociaux… Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes… Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés… » Ite missa est, si l’on peut dire, en évoquant cette homélie marxiste.

    Le énième avatar de la gauche rocardienne…

    Pour ceux qui ne s’en seraient pas doutés, Édouard Philippe, à l’instar de tant d’autres nuisibles, tel Dominique Strauss-Kahn, l’un des plus emblématiques, a usé ses fonds de culotte à l’école de Michel Rocard. On ne dira jamais assez le mal causé par cette « Deuxième gauche », ou « Gauche américaine » étant parvenu à ce tour de force ayant consisté à éloigner la gauche de ses traditionnels combats sociaux tout en contaminant la droite pour l’embringuer dans des luttes sociétales ; tout cela au nom de l’économie de marché.

    À tous les titres, l’impétrant est donc le plus capé pour incarner ce foutu « bloc central », même si aujourd’hui singulièrement vacillant. Ce qui ne signifie pas forcément que le triomphe sera au rendez-vous, loin s’en faut.

    Ainsi, et ce sans surprise, Éric Ciotti, ancien cacique LR rallié à Marine Le Pen, quand Le Parisien du 1er juin lui demande s’il serait un jour prêt à « travailler » avec lui, répond sans ambiguïté : « En aucun cas. Édouard Philippe incarne ce magma central, sans audace et sans courage, qui a tiré la France vers le fond. Nous n’avons pas besoin d’un robinet d’eau tiède, de la poursuite du “en même temps”. » De son côté, Le Figaro remarque, le 26 mai : « Si Édouard Philippe reste le meilleur atout du bloc central pour se hisser au second tour de l’élection présidentielle et espérer l’emporter, quelle que soit l’identité du prétendant RN, les sondages ne traduisent aucune dynamique en sa faveur. »

    La mémoire longue des Gilets jaunes ?

    Il est vrai qu’Édouard Philippe, c’est un peu le canard sans tête dans une impasse en sens interdit, ne disposant, pour seule réserve électorale que la droite des macronistes et la gauche de ce qui demeure des LR. LFI viendra-t-il à sa rescousse en cas de second tour ? Rien n’est moins sûr. Quant à l’autre « bloc », celui de la France d’en bas, on les voit mal plébisciter celui par lequel la grande jacquerie des Gilets jaunes est arrivée. Ce d’autant plus que le bougre persiste dans l’erreur, affirmant au Figaro, le 20 mai, qu’il ne regrette rien de la baisse de la vitesse sur les routes nationales à 80 km/h, même si concédant : « Peut-être que je le ferais différemment. (…) Je n’ai probablement pas réussi à expliquer, c’est ma responsabilité, que cette mesure n’était pas pour emmerder le monde ou gagner de l’argent, mais pour éviter des accidents. » « Sauver des vies » ? Le propos semble des plus baroques en une société où l’on tue les enfants à naître dans le ventre de leur mère, tandis qu’on s’apprête à zigouiller les vieux en passe d’atteindre la date de péremption. Mais, au fait, l’autre raison de la colère des Gilets jaunes n’était-elle pas la hausse des taxes sur le diesel, décidée par notre sauveteur en chef ? Si. Mais on doute qu’une telle mesure ait été mise en place pour « sauver des vies ».

    Édouard Philippe, tout polytechnocrate soit-il, a encore beaucoup à apprendre. Sur la vie, justement.

    Nicolas Gauthier (Site de la revue Éléments, 3 juin 2025)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!