Les éditions Champ Vallon viennent de rééditer un des ouvrages essentiels consacrés à l'histoire du duel, écrit en 2002 par les historiens Pascal Brioist, Hervé Drévillon et Pierre Serna et intitulé Croiser le fer - Violence et culture de l'épée dans la France moderne (XVIe-XVIIIe). Professeur à la Sorbonne, Hervé Drévillon, qui est également directeur d'études à l'Institut d'études stratégiques de l’École militaire, est devenu un des grands spécialistes de l'histoire de la guerre.
" Bayard, d'Artagnan, le chevalier d'Éon ; ces figures de bretteurs racontent des histoires différentes, mais néanmoins reliées entre elles par le fil d'une lame. Le chevalier, le duelliste et l'escrimeur sont autant d'archétypes qui révèlent qu'à l'époque moderne l'épée est une culture. Ce livre entreprend d'en explorer tous les aspects : du geste de l'escrimeur aux valeurs qui lui sont associées. C'est en effet à partir de la Renaissance que les techniques de l'escrime deviennent un art guidé par des principes savants et moraux. L'analyse des valeurs impliquées dans cet art permet aussi de suivre l'évolution des idéaux de la noblesse qui fait de l'épée le vecteur de son identité. Il ne faudrait, toutefois, pas oublier que l'art de vivre l'épée à la main reste, de part en part, un art de tuer. À une époque où le port d'une arme blanche est une pratique courante, l'escrime civile et civilisée ne saurait occulter les cadavres abandonnés par les innombrables duellistes. C'est pourquoi l'histoire de l'épée est aussi une histoire de la violence et de l'inaltérable fascination qu'elle exerce. Pour le découvrir, il faut alors plonger dans les archives d'une justice souvent prompte à occulter ce crime qui trouble l'image d'un roi absolument maître de ses sujets. Une autre vision du rapport entre violence et civilisation se dessine de cette façon. "