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baudoin de bodinat

  • En attendant la fin du monde...

    « & il peut venir alors à la pensée que si l’on prenait en axiome, ou en loi divine, loi de l’univers, cet avis que Baudelaire laissa pour qui voudrait s’en instruire : victimes des inexorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre, il ne serait pas difficile d’obtenir la notification de par où précisément nous périrons, pour commencer et à défaut d’une date précise. »

    Les éditions Fario viennent de publier un essai méditatif de Baudoin de Bodinat intitulé En attendant la fin du monde. Philosophe cultivant l'anonymat, Baudoin de Bodinat est l'auteur de  La vie sur terre (Encyclopédie des nuisances, 1996 et 1999) et de Au fond de la couche gazeuse (Fario, 2015), essais développant une pensée radicalement anti-moderne.

     

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    " Il y a ce que l’on constate, ces pôles qui fondent et ces vents d’une violence inconnue, cette vie dont le nombre des espèces si rapidement s’amenuise, ces foules sans horizon et sans boussole, ces eaux qui montent, ces contaminations, ces embrasements inquiétants un peu partout. Il y a également ce qu’on peut lire, lorsque 15 000 scientifiques de toutes disciplines s’alarment et lancent ensemble un rappel de ce qu’il n’y en a plus pour longtemps à continuer à ce train, et que passé un certain seuil il sera trop tard. (Comme si le seuil n’était pas déjà loin derrière nous.)
    Et puis tout continue comme si de rien n’était : l’existence confortable administrée et sous vidéosurveillance, l’abreuvement continu au flux des divertissements dispensés par les fermes de serveurs et à celui des idioties récréatives du réseau, l’épanouissement béat de la mondialisation heureuse, son indifférence à tout ce qui n’est pas son propre miroir, la conviction qu’elle entraîne de sa perfection, de son progrès inévitable, de ses roues bien huilées.
    C’est cette inertie, ce déni de réalité, ce défaut majeur d’attention, cette indignité morale aussi, qu’examine ce livre, comme si l’humanité suivait un cours écrit ailleurs, ayant manqué le signal des quelques bifurcations qu’il lui aurait été loisible d’emprunter.

    Non sans préserver les traces, photographiques ou pensives, de ce qui nous fut laissé en legs, parmi les ruelles à peu près désertes d’un vieux bourg de province où subsistent, entre les pavés disjoints, quelques unes de ces herbes que l’on dit folles - sans doute parce qu’elles n’avaient pas été prévues dans les calculs. "

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  • Au fond de la couche gazeuse...

    Les éditions Fario viennent de publier Au fond de la couche gazeuse 2011-2015, un essai sous forme de chronique, de Baudoin de Bodinat, sur l'effondrement du monde moderne. Baudoin de Bodinat est l'auteur d'un ouvrage marquant intitulé La vie sur terre (Encyclopédie des nuisances, 1996 et 1999).

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    " Comme on s’informe des mœurs et usages d’une colonie animale en observant à bonne distance ses foyers d’attroupement, ses circulations saisonnières, ses activités significatives, il est indispensable d’examiner l’état actuel de la collectivité humaine et l’esprit qui l’anime en tâchant de se projeter, autant que possible, en dehors ou au-delà de ce « Dôme » d’ondes électromagnétiques qui la retient captive (à plus de sept milliards se gênant d’être entassés là sans issue). Et tout autant d’essayer de saisir ce qui se tient comme pensées et sensations frustres derrière l’expression neurasthénique de ceux que l’Âge numérique a assujetti à ses écrans.
    Des observations, des relevés sur le motif ou encore des sondages pensifs dans ce qui subsiste d’âme ont été recueillis au cours des années 2011 à 2015 du calendrier grégorien. Quelques saisons après la publication de La Vie sur Terre donc, au cours desquelles le bruit de cataracte au loin s’est amplifié sensiblement au milieu des crues et dévastations physicochimiques, des foules déplacées au gré des pénuries et massacres, des frustrations exacerbées, des pandémies et de la peur qu’elles entretiennent sous l’œil des engins aéronautiques et des caméras de surveillance un peu partout.
    Un défaut généralisé d’attention à tout ce que l’opulence offre à ses victimes, les substances psychostimulantes et la pornographie comme exutoire, la mise à l’index de la nostalgie ou le dégoût des impressions obscures qui affleurent sous le vernis de l’excitation intensive sont devenues l’apanage de ces Nibelungen des temps de la fin, prêts à se jeter, entraînant avec eux tout l’or de la vie, dans les brasiers de la dernière techno-party mondiale où ils feront les figurants. "

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