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alain de benoist - Page 22

  • Quand notre société préfère les victimes aux héros vainqueurs...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque notre époque qui se caractérise par son cultes des victimes et des mémoires souffrantes. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et dernièrement Ernst Jünger entre les dieux et les titans (Via Romana, 2020) ainsi que La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « Les seuls héros qu’on admire aujourd’hui sont ceux qui se font tuer… »

    Naguère, le héros, le combattant, le sage et le saint étaient admirés et donnés en exemple. Aujourd’hui, les victimes semblent avoir pris leur place. Comme expliquer une telle mutation symbolique ?

    Deux causes fondamentales : le discrédit des valeurs héroïques, la montée de l’idéologie victimaire, lacrymale et exhibitionniste.

    Il est clair que les valeurs héroïques sont aujourd’hui perçues comme des valeurs d’une époque que l’idéologie dominante, avant tout hédoniste, individualiste et utilitariste, s’emploie à présenter de façon répulsive. Comme tout ce qui touche à la patrie, elles sont décrétées « ringardes », c’est-à-dire à la fois vieillottes et obsolètes. On admire à la rigueur les héros qui se sont fait tuer (le colonel Beltrame, les soldats français tombés au Sahel), car leur mort a fait d’eux des victimes, mais on se méfie des héros vainqueurs. Trop guerriers dans une époque qui rêve de paix universelle, trop virils à l’époque de la « masculinité toxique » (le « repos du guerrier » ayant déjà été mis hors-la-loi par les pétroleuses du mitou).

    Parallèlement, la sensibilité s’efface, mais la sensiblerie ne cesse de s’étendre. Il y a moins d’un siècle (en France, cette disposition n’a été abolie qu’en juin 1939), les exécutions capitales se faisaient en public, et les parents emmenaient volontiers leurs enfants y assister en raison des vertus “éducatives” du spectacle. Aujourd’hui, la vue d’un pigeon mort traumatise les shampouineuses et les bobos.

    La « lutte-contre-toutes-les discriminations » relève elle aussi de l’idéologie victimaire. Le philosophe Denis Collin y voit à juste titre « un mot d’ordre creux qui sert à passer en contrebande de la camelote frelatée pour le plus grand bénéfice des classes dominantes ». Le tour de passe-passe consiste à confondre discrimination et injustice. Or, il y a des discriminations qui sont parfaitement justes : il est normal, par exemple, qu’un citoyen bénéficie de prérogatives qui ne sont pas accordées aux non-citoyens. Inversement, il y a des injustices qui n’impliquent aucune discrimination de race ou de sexe : les inégalités sociales ne procèdent pas de la discrimination, mais de l’exploitation du travail vivant par un système capitaliste peu regardant sur la source de la plus-value. L’aspiration au « safe place », en « non-mixité sans hommes cis-hétéro et sans personnes blanches », est l’ultime souhait des néoféministes et des indigénistes pour éviter les discriminations. L’idée, importée des États-Unis, est qu’il faut soustraire les victimes potentielles à tout contact avec les méchants aux intentions « pas claires ». On est loin du temps des héros !

    Désormais, dans tel ou tel conflit, au lieu d’analyser les motifs des belligérants, le poids de l’histoire et de la géographie, nos préférences paraissent réservées aux « agressés », négligeant le fait que l’« agresseur » puisse aussi avoir ses raisons. De plus, la compassion est également parfois à géométrie variable, selon la nature de l’agresseur ou de l’agressé. Une nouvelle étape dans le recul du politique ?

    Notons d’abord que la compassion est un sentiment, pas une vertu. Elle « peut devenir vertu, écrit Pierre Manent, si elle est guidée par ces vertus que sont le courage, la justice et la prudence. Sans cette éducation, elle fait plus de mal que de bien ».

    La guerre, comme l’a dit Clausewitz, n’est que la politique poursuivie par d’autres moyens. Or, en politique, il y a aussi des amis et des ennemis. Mais cette distinction n’est pas un critère moral. On savait bien autrefois que dans une guerre, chacun peut avoir ses raisons et que les débordements qu’elle engendre ne sont l’exclusivité d’aucun camp. Le respect du « juste ennemi » (justus hostis) était même le fondement de l’ancien droit des gens. Aujourd’hui, l’interprétation de la guerre est devenue manichéenne : elle est censée relever d’une morale juridique qui s’impose aussi au politique. La « juste cause » (justa causa) a remplacé le « juste ennemi », l’ennemi n’est plus une simple figure de l’adversité, mais l’incarnation du Mal. Les « agressés », comme les victimes, se situent nécessairement du côté du Bien. Bien sûr, comme vous l’avez observé, cette approche ne va pas sans partialité. Quand les victimes sont du côté des « agresseurs », on parle de crimes contre l’humanité ; quand elles sont du côté des agressés, ce sont des « dommages collatéraux ».

    Très logiquement, ce phénomène débouche sur ce que l’on appelle la « compétition victimaire », laquelle se déroule généralement en invoquant la « mémoire ». N’y a-t-il pas dans cette dérive quelque chose de malsain, sinon d’obscène ?

    Ah, la mémoire ! La mémoire de l’esclavage et la mémoire du génocide vendéen, la mémoire des camps, la mémoire des anciens jours, la mémoire des dieux et des héros. Vous observerez d’abord que cette mémoire est toujours subjective, raison pour laquelle elle se distingue fondamentalement de l’histoire, qui vise au contraire à l’objectivité. Tout naturellement, celui qui a beaucoup souffert a tendance à penser que personne ne peut avoir souffert autant que lui. Mais le statut de victime peut aussi s’avérer éminemment rentable : non seulement on est plaint, mais ça rapporte. Il suffit de susciter un sentiment de « culpabilité », d’en appeler à la « repentance » et de demander des « réparations ». Certains lobbies se sont spécialisés dans cette industrie, tels ces mouvements indigénistes qui prétendent parler au nom des « afro-descendants ». La société ne se compose plus de sujets-citoyens mais de victimes qui, tous à qui mieux mieux, demandent réparation pour des dommages souvent imaginaires, et exigent que ceux qui ne pensent pas comme eux soient envoyés devant les tribunaux.

    La mémoire a ses mérites, mais elle peut aussi être encombrante, sinon paralysante. Sans tomber dans l’amnésie volontaire, il faut parfois se décharger l’esprit pour retrouver une certaine « innocence ». Nietzsche faisait de la « plus longue mémoire » le trait caractéristique de l’homme de l’avenir, qui était pour lui le pire des hommes. Il ne conviait pas à cultiver la mémoire, mais la volonté d’agir. « On ne ramène pas les Grecs, mais on peut s’en inspirer », disait-il encore. Heidegger dira après lui à peu près la même chose : il ne faut pas chercher à répéter le passé, et encore moins vouloir s’y réfugier, mais s’inspirer de ceux qui dans le passé ont su créer une culture nouvelle pour apprendre, à leur exemple, à œuvrer en vue d’un nouveau commencement.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 8 janvier 2021)

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  • " Quand les membres d’une société n’ont plus rien en commun, il est inévitable qu’elle se disloque"...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque le triomphe de l'individualisme dans nos sociétés. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et dernièrement Ernst Jünger entre les dieux et les titans (Via Romana, 2020) ainsi que La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « L’individualisme libéral, c’est quand l’État de droit conteste le droit de l’État… »

    , voici quelques semaines, déclarait vouloir lutter contre le « séparatisme musulman ». Christophe Guilluy évoque, dans ses ouvrages, une coupure radicale entre les grands centres urbains et la « France périphérique », tandis que Jérôme Fourquet parle d’une « archipelisation » de la société française. Pourquoi la France semble-t-elle plus divisée que jamais ?

    Les causes sont nombreuses, mais il y en a une qui est essentielle, c’est que nous sommes désormais entrés dans la société des individus.

    Celle-ci trouve son origine dans l’idéologie libérale, historiquement associée à la montée de l’individualisme, puisque ses fondements théoriques postulent un homme dessaisi de ses appartenances, n’ayant à subir en amont de lui-même aucune « fatalité » historique, culturelle, familiale ou sexuelle, cherchant en permanence à maximiser son meilleur intérêt, entièrement privatisé, c’est-à-dire propriétaire de lui-même, titulaire de droits naturels lui permettant de s’émanciper du lien social et donc de se construire lui-même à partir de rien. La poussée individualiste emporte avec elle une valorisation hédoniste de la sphère privée, un désintérêt, voire une hostilité larvée, vis-à-vis des affaires publiques, un désengagement politique, un mépris des « grands récits » passionnels des deux siècles derniers. L’homme n’est plus un héritier : refusant d’être « assigné » à quoi que ce soit, il est « celui » qu’il veut être – ce qui revient à dire qu’il n’y a plus de singularités que subjectivement choisies, et que la passion de la désappartenance en est le moteur. Il en résulte des transformations civilisationnelles capitales, de nature sociologique, politique, anthropologique et surtout juridique.

    La société des individus est aussi la fille de l’idéologie des droits de l’homme, qui fait du sujet de droit un homme en soi, hors-sol, un homme abstrait, de partout et de nulle part. Le premier de ces droits est celui de faire sécession d’avec ses semblables. L’individu, dit Marcel Gauchet, est « le premier acteur social de l’histoire humaine en droit d’ignorer qu’il est en société, au nom même des droits qui lui sont reconnus par la société ».

    Le terme d’individu fait pourtant parfois l’objet d’appréciations laudatives par opposition au collectivisme. C’est une erreur ?

    Ce n’est pas au collectivisme que s’oppose la société des individus – laquelle s’accommode, par ailleurs, fort bien de toutes les formes de conformisme –, mais au commun. Quand les membres d’une société n’ont plus rien en commun, plus de sociabilité commune, plus de valeurs partagées, que plus rien ne les réunit, il est inévitable qu’elle se disloque. On peut bien alors en appeler au « vivre ensemble », ce n’est au mieux qu’un vœu pieux.

    L’individu ne doit pas être confondu avec la personne, pas plus qu’on ne doit confondre l’individualisation avec l’individuation, cette dernière définissant la capacité pour une personne de juger de sa situation et d’adopter une conduite autonome responsable. Marcel Gauchet écrit encore, très justement : « Individualiser signifie, du point de vue de la logique collective, décharger les acteurs de l’obligation de produire et d’entretenir le lien de société […] L’individu que l’on peut dire “individualisé” est celui qui se pense spontanément comme existant par lui-même, indépendamment de sa société, alors qu’il n’existe que par elle et en elle. » Une telle société produit les individus qui la produisent, en sorte que nous habitons désormais des « sociétés qui travaillent à fabriquer par le droit des individus sans société ». On ne saurait mieux dire.

    Vous parlez de « transformations capitales ». Lesquelles ?

    La société n’étant plus la réalité première, c’est l’individu qui vient en premier. C’est lui qui fonde le droit, et c’est à partir de lui que le social doit être compris (c’est ce qu’on appelle l’« individualisme méthodologique »). Le « holisme » disparaît. Dans la société des individus, nul ne se sent plus partie d’un tout, que ce tout s’appelle un peuple, une culture ou un pays. La société étant vue comme un assemblage aléatoire d’individus, qui ne s’associent volontairement que pour défendre leurs intérêts (c’est le mythe du contrat social), mais restent toujours potentiellement des rivaux les uns des autres, on perd de vue que ce tout possède des caractéristiques qu’il ne possède que parce que le tout excède les parties qui le composent. C’est ce que voulait dire Margaret Thatcher quand elle prétendait que « la société n’existe pas ». Elle aurait bien pu dire que les forêts n’existent pas, puisqu’elles ne sont jamais qu’une addition d’arbres isolés !

    Dans la société des individus, l’économique remplace le politique, le bien-être remplace le bonheur, la « vie en couple » remplace le mariage, le sociétal remplace le social, le consommateur festif remplace le citoyen. L’individu supplante à la fois les personnes et les masses, l’État de droit conteste le droit de l’État. L’être est rabattu sur l’avoir. Sous l’œil intéressé du capital, le sens de la vie se ramène à se distraire et à consommer : Homo œconomicus et festivus. La religion est perçue comme une opinion parmi d’autres, comme une option strictement individuelle, ce qui rend incompréhensible toute idéologie religieuse qui cherche à convertir, ce que le mot « religion » signifiait dans le passé. Mais je ne fais là qu’esquisser à grands traits une réalité qui demanderait à être examinée plus en détail. C’est une révolution silencieuse qui s’est accomplie sous nos yeux.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 janvier 2021)

     

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  • Loi sécurité globale : quand l'exception devient la règle...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les lois d'exception et, notamment, la dernière en date, la loi "Sécurité globale". Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et dernièrement Ernst Jünger entre les dieux et les titans (Via Romana, 2020) ainsi que La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « Le danger de la loi de “sécurité globale”, c’est que l’exception devienne la règle… »

    Pour ses opposants de droite comme de gauche, la loi sur la « sécurité globale » semble être synonyme d’abandon des réalités réelles en échange d’une sécurité virtuelle. Pensez-vous que le gouvernement en fasse trop ou pas assez ?

    Je pense qu’il faut aborder le problème avec un peu plus de recul. Depuis plusieurs décennies, les dysfonctionnements de la démocratie libérale, dysfonctionnements qui sont à l’origine de la poussée des mouvements populistes, ont entraîné dans la plupart des pays occidentaux une « crise de gouvernabilité » gravissime. La déconnexion entre la classe dirigeante et les peuples, qui se traduit par le discrédit des anciens « partis de gouvernement », inquiète au plus haut point les pouvoirs publics, qui cherchent par tous les moyens à gouverner en se passant du peuple ou à obtenir son consentement autrement que par la voie électorale, qui ne lui garantit plus les résultats escomptés.

    La distraction et la consommation ne suffisent plus lorsque le chômage monte et que la précarité s’accroît, et que la crise politique se double d’une crise sociale et financière, pour ne rien dire de la crise culturelle induite par l’immigration. Il reste alors à contraindre par la peur, dont on sait depuis longtemps qu’elle fait très bien accepter (sinon désirer) la soumission. Je ne suis pas de ces complotistes qui s’imaginent que le terrorisme islamique ou l’épidémie de Covid-19 ont été créés de toutes pièces pour servir de noirs desseins. Je vois très bien, en revanche, combien il est aisé, pour les élites en place, d’instrumentaliser ces circonstances à leur profit afin de porter atteinte aux libertés. Aux États-Unis, le Patriot Act a été adopté pour faire face au terrorisme, après quoi, il a servi à tenir en laisse toute la population. Les lois d’exception finissent par entrer dans le droit commun, ce qui fait que l’exception devient la règle. Le Covid-19 est une maladie bien réelle (elle aura bientôt tué, aux États-Unis, plus de gens que d’Américains durant toute la Seconde Guerre mondiale), mais on ne peut qu’être frappé par le caractère disproportionné de ces mesures d’une ampleur jamais vue adoptées à l’échelle planétaire pour venir à bout d’un virus dont le taux de mortalité ne dépasse pas 0,5 %. En raison de ce que beaucoup de gens perçoivent comme une « dictature sanitaire », la majorité des Français ont, depuis mars dernier, accepté de bouleverser leur vie quotidienne avec une docilité confondante. Les masques qu’ils portent ressemblent de plus en plus à des bâillons.

    On peut penser qu’il n’en sera plus de même lorsqu’on pourra pleinement mesurer les dégâts économiques et sociaux de cette crise sanitaire : les faillites et les dépôts de bilan qui vont se multiplier, l’extinction progressive du commerce traditionnel au profit des grands centres commerciaux et des commandes en ligne, l’effondrement programmé de secteurs professionnels entiers. Ce pourrait même être l’élément déclencheur d’une immense révolte sociale dont les manifestations des gilets jaunes n’auront été qu’un signe avant-coureur. Si tel n’est pas le cas, alors il faudra admettre que rien ne sera « plus comme avant ». Nous entrerons dans un nouveau monde, intégralement fiché-numérisé-connecté.

    Le criminologue Xavier Raufer estime que « les voyous ne s’arrêtent que lorsqu’on les arrête », tandis que Marine Le Pen affirme qu’au lieu de promulguer des « lois d’exception », il faudrait peut-être commencer par appliquer « celles qui sont existantes ». Que vous inspire cette succession ininterrompue de lois sur l’immigration, le terrorisme ou l’insécurité, alors que, sur l’essentiel, rien ne paraît changer ?

    Ils ont l’un et l’autre raison. Xavier Raufer a également raison de dire que, si les Blacks Blocs viennent tout casser dans les manifestations, c’est parce que leur présence convient très bien aux pouvoirs publics qui, dans le cas contraire, auraient tous les moyens de les empêcher de venir, tant ils sont depuis longtemps fichés et répertoriés. Mais on ne peut se borner à dire qu’il suffirait d’arrêter les bandits et d’appliquer les lois. On voit bien, déjà, que la volonté de les appliquer fait défaut, mais on oublie souvent que ce sont les juges du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État et de la Cour européenne des droits de l’homme qui sont les premiers à empêcher ou à freiner leur application. C’est la raison pour laquelle un gouvernement qui déciderait, demain, d’arrêter l’immigration ne pourrait tout simplement pas le faire. Il en ira de même aussi longtemps que l’on n’aura pas dénié toute valeur constitutionnelle à des proclamations déclamatoires du genre de la Déclaration de 1948, et tant que la France n’aura pas fait savoir qu’elle tient les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme pour nulles et non avenues.

    Si le terme de « sécurité globale » peut porter à caution, celui d’« islamo-gauchisme », aujourd’hui très la mode, vous paraît-il approprié ? Recouvre-t-il une réalité tangible ?

    Je suppose qu’avec cette étiquette, on veut désigner la fraction des gens de gauche qui ont pour l’islamisme radical des indulgences coupables. Mais le mot n’en est pas moins mal choisi, et aussi mal formé. D’une part, on ne sait pas très bien si « islamo » vise l’ ou les . D’autre part, le « gauchisme » est un mot-valise insaisissable. Historiquement parlant, il désigne les critiques de gauche du bolchevisme que Lénine, en 1919, déclarait atteints de la « maladie infantile du communiste ». Rappelez-vous qu’en 1968, les communistes se déchaînaient contre les « gauchistes », alors identifiés aux anarchistes, aux trotskistes et aux maoïstes. Par la suite, le « gauchisme » a dérivé jusqu’à s’identifier à l’aile extrémiste des libéraux-libertaires et des adeptes de la « théorie du genre », voire aux dessinateurs de Charlie Hebdo, ce qui ne veut plus rien dire. Christian Estrosi, lui, préfère parler d’« islamo-fascisme », ce qui est encore plus bête.

    L’expression, finalement, ne vaut pas mieux que le « judéo-bolchevisme », l’« hitléro-trotskisme », les « rouges-bruns » ou autres calembredaines qui nous ramènent au bon vieux temps des « vipères lubriques » et des « hyènes dactylographes » (en 1970, la théologienne Dorothee Sölle avait même inventé le « christo-fascisme » !). Dans tous les cas, on est en présence d’étiquettes polémiques reposant sur un procédé classique de transfert de répulsion : il s’agit de discréditer en assimilant à un objet répulsif déjà identifié. C’est à la fois ridicule et enfantin. Le gauchisme est une chose, le fascisme en est une autre, l’islamisme en est une troisième. À vouloir mettre le signe égal entre les mots (« de Gaulle = Hitler », « CRS = SS », etc.), on embrouille seulement les choses au lieu de les éclairer.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 4 janvier 2021)

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  • Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au magazine Causeur à l'occasion de la sortie de son essai La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020). Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et dernièrement Ernst Jünger entre les dieux et les titans (Via Romana, 2020) ainsi que La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    « Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité »

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous êtes l’auteur d’une œuvre considérable, et une des figures les plus controversées de la vie intellectuelle française. Dans votre dernier livre (La Chape de plomb, La Nouvelle Librairie), vous vous livrez à une attaque en règle contre les « nouvelles censures ». Dans quelle intention ?

    ALAIN DE BENOIST : Je ne suis pas le premier à publier un livre sur la disparition de la liberté d’expression. Le mien se distingue des autres par un refus de se cantonner dans la déploration, et par une tentative d’explication théorique visant à expliquer comment nous en sommes arrivés là. Vous connaissez le propos mille fois cité de Bossuet sur ceux qui se plaignent des conséquences et chérissent les causes. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit que les causes sont souvent très lointaines. Pour les élucider, il faut remonter loin en amont. L’histoire des idées peut y aider.

    FRANÇOISE BONARDEL. Le fait d’avoir été ostracisé par vos pairs vous a-t-il permis de fourbir vos propres armes intellectuelles ? N’êtes-vous pas parfois tenté par la victimisation que vous dénoncez ?

    ALAIN DE BENOIST : Je mentirais si je disais que je n’ai pas souffert de cet ostracisme. Cela dit, d’autres ont beaucoup plus souffert que moi, et je n’aime pas me poser en victime. Vous connaissez l’adage : never explain, never complain. Le ressentiment est toujours un produit de la haine et de l’envie.

    FRANÇOISE BONARDEL. On parlait dans les années d’après-guerre de « terrorisme intellectuel », puis quelques décennies après de « police de la pensée ». Comment définiriez-vous les censeurs d’aujourd’hui par rapport à ceux d’hier ?

    ALAIN DE BENOIST : La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour. Mais il y a deux grandes différences. Autrefois, la censure était essentiellement le fait des pouvoirs publics, tandis que la presse jouait un rôle de contre-pouvoir. Aujourd’hui, les médias sont presque tous gagnés à l’idéologie dominante et ce sont eux qui jouent les chiens de garde en appelant à censurer. Les journalistes dénoncent d’autres journalistes, des écrivains applaudissent à l’épuration d’autres écrivains. L’autre fait nouveau, c’est que les pouvoirs publics ont privatisé la censure en la confiant aux multinationales comme Facebook et Twitter. Cela ne s’était encore jamais vu. S’y ajoute l’apparition de tribunaux d’opinion dont les réseaux sociaux sont les relais. Le principe est celui de la justice expéditive : soupçon vaut condamnation, le tribunal ne comprend que des procureurs et les jugements ne sont jamais susceptibles d’appel. La novlangue orwellienne, qu’on appelle le « politiquement correct », et les délires des milieux néoféministes et LGBT fournissent le carburant. Le résultat est quasi soviétique : en public, on n’ose plus rien dire. L’inculture régnante fait le reste.

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous allez jusqu’à parler de « nouvelle Inquisition » à propos du politiquement correct, de la pensée unique et du diktat des minorités. Il y aurait donc là des traits rappelant la mainmise du pouvoir religieux sur les esprits ?

    ALAIN DE BENOIST : Il y a toujours du religieux dans le fanatisme. L’idéologie dominante, qui est toujours l’idéologie de la classe dominante, est ainsi organisée qu’elle a ses grands-prêtres, ses inquisiteurs et ses dévots. Elle appelle à la repentance, elle représente le passé comme n’étant plus qu’un motif de contrition. Elle se désole que l’histoire ne soit pas morale, mais tragique, et elle entend la réécrire selon ses canons en se réclamant d’une morale (Nietzsche aurait parlé de moraline) qui veut que la société soit rendue « plus juste », fût-ce au prix de la disparition du bien commun.

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous dites aussi que la « pensée unique » se veut rationnelle et s’interdit tout écart par rapport à un axe qui, étant celui du Vrai, est aussi celui du Bien. Comment cette rationalité technocratique s’accorde-t-elle avec la religiosité dont nous venons de parler ?

    ALAIN DE BENOIST : Les deux ne sont pas incompatibles. Auguste Comte théorisait le positivisme tout en prêchant une « religion de l’humanité ». L’une des sources, trop souvent ignorée, de la pensée unique (expression que je crois avoir été le premier à employer) est l’idée que les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. L’homme étant posé comme un individu rationnel qui cherche toujours à maximiser son propre intérêt, on suppose qu’il n’y a pour tout problème qu’une seule solution optimale rationnelle elle aussi (« there is no alternative », disait Margaret Thatcher). Cette conception du monde fondamentalement impolitique ignore complètement que le politique est irréductiblement conflictuel compte tenu de la pluralité des projets et de ce que Max Weber appelait le « polythéisme des valeurs ». C’est un retour à la vision saint-simonienne, selon laquelle il faudrait substituer l’administration des choses (la « gouvernance ») au gouvernement des hommes. À terme, cette vision transforme les rapports entre les hommes en rapports avec des choses. C’est ce que le jeune Georg Lukâcs appelait la « réification » (Verdinglichung) des rapports sociaux.

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous voyez dans le rêve de transparence intégrale des sociétés postmodernes un «  idéal fondamentalement nihiliste » et totalitaire. La crise du nihilisme européen annoncée par Nietzsche à la fin du XIXe siècle est-elle en train d’accoucher d’une société à la fois compatissante et dictatoriale ?

    ALAIN DE BENOIST : « Compatissante et dictatoriale » est une bonne formule. La façon dont la sensiblerie a remplacé la sensibilité, dont l’émotionnalisme lacrymal s’est substitué aux argu­ments raisonnés est très parlante à cet égard. Ce n’est plus Big Brother qui gouverne, mais Big Mother. Voyez ce que Christopher Lasch a écrit sur la montée de l’« État thérapeutique». À l’heure de la chasse au coronavirus, on constate que c’était prophétique.

    FRANÇOISE BONARDEL. « Nous vivons désormais sous l’horizon de la fatalité » , écrivez-vous. Iriez-vous jusqu’à penser, comme Maria Zambrano en 1945, qu’il s’agit là d’une « servilité devant les faits » annonçant l’agonie prochaine de l’Europe?

    ALAIN DE BENOIST : Il y a une révérence devant « les faits » qui conduit elle aussi à l’impuissance. C’est l’un des ressorts de l’expertocratie. Or, les faits ne signifient rien par eux-mêmes, ils sont indissociables d’une herméneutique. L’homme est un animal qui interprète ce qu’il connaît en fonction de ses projets et de ses choix. Quand je parle d’un « horizon de la fatalité », je veux dire que le message implicite distillé aujourd’hui par à peu près tous les médias est que nous vivons dans un monde certes imparfait, mais qui reste quand même le meilleur sinon le seul possible. Beaucoup de nos contemporains ont intériorisé cette idée, à laquelle je ne crois pas un instant.

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous reprochez aux nouveaux censeurs de faire des Lumières un« socle de légitimité» qui leur permet d’imposer des formes inédites de Terreur. Quel regard portez-vous sur les Lumières ?

    ALAIN DE BENOIST : La philosophie des Lumières s’est voulue émancipationniste, et elle nous a effectivement libérés de certains dogmes religieux. Malheureusement, elle a aussi rendu possible d’autres formes d’aliénation humaine, ainsi que l’avaient bien vu Horkheimer et Adorno : disloca­tion des cultures enracinées et des valeurs partagées, soumission aux diktats de la Technique, esclavage du salariat (le remplacement du métier par l’emploi), obsession de la croissance et hybris de la marchandise, remplacement des inégalités de statut par l’explosion des inégalités économiques, etc. Son épine dorsale, l’idéologie du progrès, qui conviait à regarder toute l’histoire advenue avant nous comme un amas de traditions et de superstitions sans valeurs, est aujourd’hui entrée en crise. La peur de l’avenir a remplacé les « lendemains qui chantent ». Les Lumières ont joué leur rôle, mais elles ont aussi fait leurs temps (aux deux sens du terme).

    FRANÇOISE BONARDEL. De manière directe ou indirecte, c’est la modernité que vous attaquez dans la plupart de vos livres. La liberté de pensée que vous revendiquez ne fait pourtant pas de vous un antimoderne fidèle à une tradition spécifique. Est-ce là l’équation personnelle qui est à l’origine de bien des malentendus vous concernant, et qui fait qu’il est si difficile de vous situer sur l’échiquier intellectuel contemporain ?

    ALAIN DE BENOIST : Je suis très allergique aux étiquettes, c’est sans doute pour cela qu’il est difficile de me situer ! Cela dit, les « malentendus » dont vous parlez se dissipent vite si l’on prend la peine de me lire. Je suis en effet un critique d’une modernité essentiellement portée par l’économisme et l’individualisme qui caractérisent l’Homo œconomicus. Mais je n’ignore pas que je suis aussi un enfant de cette modernité. Disons seulement que, tout en étant conscient que beaucoup de choses « étaient mieux avant », je ne suis pas un adepte du restaurationnisme. Je crois plutôt à la possibilité d’un nouveau commencement.

    FRANÇOISE BONARDEL. Face à la tyrannie des minorités, vous affirmez que la véritable majorité « est dans le peuple. Elle est le peuple ». Les débats autour du « populisme » montrent pourtant que la notion de « peuple » est devenue problématique. Les classes populaires ne sont-elles pas les premières atteintes par la pensée unique ?

    ALAIN DE BENOIST : Je n’idéalise pas le peuple, que j’essaie d’envisager dans sa double dimension de l’ethnos et du demos. Vous avez raison de dire que cette notion est problématique, ce que je souligne moi-même dans mon livre sur le populisme (Le Moment populiste, 2017). Mais les élites sont plus subjuguées encore par l’idéologie dominante, parce que celle-ci correspond à leurs intérêts. Je reste sur ce point fidèle à Jean-Claude Michéa : c’est dans le peuple, dans les classes populaires, où les réactions spontanées sont plus saines, qu’il faut rechercher le sujet historique de notre temps.

    FRANÇOISE BONARDEL. Votre dernier livre est une invitation « au rassemblement des esprits libres et des cœurs rebelles »· Un hymne à la liberté en somme, dévoyée par le libéralisme. Pourriez­vous revenir sur cette question qui est présente dans la plupart de vos écrits ?

    ALAIN DE BENOIST : Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité. Son anthropologie reposant sur un homme hors-sol, dessaisi de ses appartenances et de ses héri­tages, se construisant lui-même à partir de rien, la seule liberté qu’il reconnaisse est la liberté individuelle. Les cultures, les peuples, les pays ne sont à ses yeux que des agrégats hasardeux d’individus. Je pense au contraire que la liberté est indissociable du commun : je ne peux pas être libre si mon pays ne l’est pas.

    FRANÇOISE BONARDEL. Vous invitez à une sorte de fronde civique et intellectuelle, mais la grande question demeure : pourquoi est-il devenu si difficile, et si risqué, d’être courageux aujourd’hui ?

    ALAIN DE BENOIST : Le courage civil est plus rare que le courage militaire. Il comporte des risques que la plupart des riches et des puissants trouvent insupportables : perdre sa carrière, perdre son rang, perdre ses privilèges, perdre son argent. C’est toujours plus facile de rallier les « mutins de Panurge », comme disait notre cher Philippe Muray.

    FRANÇOISE BONARDEL. Parmi les procédés inquisitoriaux, il en est un qui consiste, dites-vous, à fouiller le passé d’un auteur pour y découvrir quelque péché de jeunesse « comme si la vie d’un homme pouvait être ramenée à un épisode de son existence »· Pensez-vous être resté fidèle à vous-même ou avoir évolué ?

    ALAIN DE BENOIST : La formule que vous citez est de Karl Marx. Le fait d’avoir évolué ne m’a jamais empêché d’être fidèle à moi-même. C’est en restant l’esprit en éveil, en gardant intacte sa capacité de curiosité, que l’on est le mieux fidèle à soi-même. Chez moi, cette évolution a, comme toujours, été marquée par des lectures décisives (Hannah Arendt, Günther Anders, Louis Dumont, Karl Polanyi, Charles Péguy, Martin Buber et tant d’autres), mais elle est aussi le reflet du monde extérieur. Je suis de ceux qui ont eu le triste privilège d’avoir vu disparaître en l’espace d’une génération une civilisation (française) et une religion (chrétienne). On peut y ajouter la fin du monde rural, l’arraisonnement du monde, le déchaîne­ment de l’axiomatique de l’intérêt, l’effondrement de la culture, la marchandisation planétaire, le règne de l’argent transformé en capital, la montée de l’indistinc­tion sous les effets de ce que j’ai appelé l’idéologie du Même. En trente ans, nous avons totalement changé de monde. On n’analyse pas ce qui vient en regardant dans le rétroviseur !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Françoise Bonardel (Causeur n°85; décembre 2020)

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  • Ernst Jünger - Carl Schmitt : une passion française...

     

    La revue Éléments et TV Libertés ont organisé un colloque consacré à Ernst Jünger et à Carl Schmitt à l'occasion de la parution de leur correspondance aux éditions Krisis/Pierre-Guillaume de Roux. A cette occasion, une table ronde, que vous pouvez découvrir ci-dessous, a réuni, autour de Thomas Hennetier, Julien Hervier, François Poncet et Alain de Benoist pour évoquer la place de la France dans la relation des deux écrivains.

     

                                           

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  • La place de l'homme dans la nature...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un nouvel essai d'Alain de Benoist intitulé La place de l'homme dans la nature - Réponse aux antispécistes.  Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et dernièrement La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020) ainsi que Ernst Jünger entre les dieux et les titans (Via Romana, 2020).

     

    De Benoist_La Place de l'homme dans la nature.jpg

    " « Quand nous consommons des huîtres, mangeons-nous des personnes ? » À première vue, la question fait sourire. C’est pourtant ce qu’avancent les plus fervents zélateurs de l’antispécisme. Depuis la publication de l’ouvrage Des animaux et des hommes, en 2011, cette idée fausse et sentimentale a fait son chemin. Dès lors, la réédition de ce texte, augmenté d’une postface inédite, s’imposait comme une entreprise d’hygiène mentale : jusqu’à preuve du contraire, l’animal n’est pas une personne. Sans postuler une rupture radicale entre les espèces, Alain de Benoist y revient sur les dangers de la confusion antispéciste. Avec force, il esquisse une troisième voie, échappant à toute forme de dualisme, proche de l’esprit des Anciens, pour expliquer les rapports complexes entre les êtres vivants. Un livre indispensable qui fournit un outillage rhétorique pour remettre les idées à l’endroit. "

     

     

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