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  • Le cas Homère...

    Les éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales viennent de publier sous le titre Le cas Homère, le texte de deux conférences du jeune Nietzsche à l'université de Bâle, consacrées à Homère.

     

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    " Qui appelle-t-on Homère ? Qui est à l’origine de l’Iliade et de l’Odyssée ? Ces deux questions rejoignent celles des origines et de l’évolution des langues et des civilisations. Ces deux textes, Homère et la philologie classique suivi de L’Agôn des Aèdes en Eubée, illustrent les idées de Nietzsche encore imprégné de ses études classiques.

    La publication de ces deux conférences de Friedrich Nietzsche autour de la figure d’Homère permet à la fois de faire connaître ce que Nietzsche devait à la philologie, qu’il enseignait, et ce qu’il a apporté, et, d’autre part, ce que l’on peut dire aujourd’hui de sa position sur la philologie, de son rapport à la philosophie. Il s’agit donc du discours inaugural Homère et la philologie classique, tenu à l’université de Bâle en 1869 à l’occasion de l’élection de Nietzsche comme professeur de cet athénée, et de la petite conférence pour la Société philologique de Leipzig en 1867, L’Agôn des Aèdes en Eubée.

    Dans Homère et la philologie classique, contre la déconstruction scientifique de la figure historique d’Homère et de l’Iliade et de l’Odyssée, Nietzsche revendique la valeur du chanteur aveugle et de l’unité des poèmes en tant que faits culturels incontournables. Les métamorphoses d’Homère nous révèlent l’esprit des siècles à travers lesquels cette tradition a pu se développer et a dû, à un certain point, parvenir à sa dissolution.

    Dans L’Agôn des Aèdes en Eubée, Nietzsche évoque une autre tradition très ancienne autour d’Homère : le célèbre agôn entre Homère et Hésiode en Chalcis à l’occasion des jeux funèbres en honneur du roi Alcidamas. En analysant les traces de ce récit dans les textes anciens, Nietzsche s’interroge sur la valeur de cette invention et sur les raisons cachées de ce mythe. "

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  • Macron et l'amnésie bienveillante des médias...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Natacha Polony, publiée sur Figaro Vox et consacrée à la bienveillance persistante, et qui plus est amnésique, des médias vis-à-vis d'Emmanuel Macron.

    On notera que Natacha Polony, qui faisait entendre dans les médias du système une voix discordante vient d'être évincée la même semaine de la chaîne Paris Première, où elle dirigeait une émission, et d'Europe 1, où elle était en charge de la revue de presse matinale...

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    Natacha Polony : «Macron et l'amnésie bienveillante des médias»

    Ne sentez-vous pas cet air nouveau, cette fraîcheur qui fait de la France un pays désirable et plein d'élan? Les commentateurs, cette semaine, rivalisaient d'originalité. On vante son «pouvoir d'attraction», cette façon de «secouer une torpeur». Tel ancien ministre de l'Économie semble nous dire, comme Jack Lang en mai 1981, que «la France est passée de l'ombre à la lumière». L'Europe aussi. Oui, même l'Europe, depuis Macron, «pense printemps».

    Ceux qui croyaient que le rôle des médias dans le débat démocratique est de mettre en perspective, de donner les éléments intellectuels et factuels qui permettent de percer la surface des événements, sont de doux utopistes. Intelligence: du latin inter-ligere : relier les choses entre elles (l'imbécile dit «je ne vois pas le rapport»). Mais il y a longtemps qu'on n'exige plus le latin dans le cursus honorum du commentateur professionnel. L'époque est à la séquence. L'une chasse l'autre. La présidence jupitérienne chasse la campagne électorale, la lumière chasse l'ombre du populisme, la célébration du Bien chasse la mobilisation générale et obligatoire contre l'épouvantail du Mal.

    Ainsi, avant, il fallait s'élever contre le risque d'une montée du «protectionnisme» qui allait jeter à bas des décennies de construction européenne. Le candidat Macron célébrait la mobilité des travailleurs en Europe, dont bénéficiaient les Français, et fustigeait la tentation du «repli». Aujourd'hui, le président déclare: «L'Europe est le seul espace qui ne se défend pas. Je ne suis pas protectionniste mais un défenseur de la juste protection.» D'aucun appelleraient cela le «protectionnisme intelligent». Mieux, dans sa première grande interview à plusieurs quotidiens européens, dont Le Figaro , il lance: «On ne peut pas continuer à faire l'Europe dans des bureaux, à laisser les choses se déliter. Le travail détaché conduit à des situations ridicules. Vous pensez que je peux expliquer aux classes moyennes françaises que des entreprises ferment en France pour aller en Pologne car c'est moins cher et que chez nous les entreprises de BTP embauchent des Polonais car ils sont payés moins cher? Ce système ne marche pas droit.» Applaudissements journalistiques. Tant mieux! Mais on réclame le droit de s'étonner.

    De même, avant, il fallait condamner Bachar, l'assassin de son peuple, et dénoncer l'autocrate Poutine qui le maintenait au pouvoir. Quiconque osait suggérer que la France, si elle veut peser, n'a pas vocation à s'aligner sur les faucons américains mais doit discuter aussi avec le maître du Kremlin était considéré par les éditorialistes comme un «ami des dictateurs», un «fan de Poutine et el-Assad». Le candidat Macron s'inquiétait d'ailleurs de cette dangereuse «allégeance». Aujourd'hui, le président reçoit Poutine et invite le président syrien à la table de négociations sans faire du départ d'Assad un préalable parce qu'on «ne (lui) a pas présenté son successeur légitime!». Admiration médiatique. Tant mieux! Mais on s'interroge.

    Que le président adopte une politique aux accents proches de ceux d'un Védrine, d'un Chevènement ou d'un Séguin, est plutôt rassurant. Mais l'amnésie journalistique ne l'est pas. Les mêmes se passionnent pour les affaires d'assistants parlementaires du MoDem mais se gardaient d'y mettre le nez quand l'unique combat était contre un FN dont la malhonnêteté était démontrée par… des affaires d'assistants parlementaires. Les mêmes découvrent une enquête pour favoritisme visant Business France, un organisme dirigé par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Pourtant, le 8 mars, Le Canard enchaîné publiait un petit article sur une soirée à la French Tech Night de Las Vegas organisée sans appel d'offres pour plus de 380.000 euros en janvier 2016 par Havas et Business France pour permettre au ministre de l'Économie de séduire - pardon, rencontrer - les entrepreneurs français du numérique. Mais l'article juste au-dessus, à propos d'un prêt de 50 000 euros accordé à Fillon par un ami, avait mobilisé leur attention.

    On s'amusera de cette amnésie «bienveillante». Surtout si elle permet que soit menée une politique qui serve les intérêts de la France et de ses classes moyennes et populaires. Mais une question subsiste. Est-il possible d'être porté au pouvoir sans professer les dogmes atlantistes et néolibéraux qui ont conduit le pays à la désindustrialisation et les classes populaires dans les bras du FN? Et puisqu'un dirigeant peut tenir un discours et son contraire, ces accents nouveaux mariant régulation et juste mesure diplomatique ne servent-ils qu'à donner des gages aux 60 % d'inscrits qui ont voté blanc ou se sont abstenus lors du second tour des législatives? Le système économico-politique qui impose depuis des décennies le libre-échange et la gouvernance technocratique reprend très vite ses droits face aux combattants de circonstance.

    Natacha Polony (Figaro Vox, 23 juin 2017)

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