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  • « La civilisation moderne n’est plus qu’une forme sophistiquée de barbarie »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Thibault Isabel au site Philitt. Rédacteur en chef de la revue Krisis, Thibault Isabel a déjà publié, aux éditions de La Méduse, un ouvrage passionnant consacré au cinéma, La fin de siècle du cinéma américain, ainsi que plusieurs essais ou recueils d'articles de philosophie politique, dont le dernier est intitulé A bout de souffle (La Méduse, 2012). Ces ouvrages peuvent être commandés sur le site personnel de l'auteur..

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    Thibault Isabel : « La civilisation moderne n’est plus qu’une forme sophistiquée de barbarie »

    PHILITT : La conduite saine du débat public en France est devenue quasiment impossible. Le pluralisme n’existe plus et les opinions jugées scandaleuses sont systématiquement diabolisées. Comment interprétez-vous cette forme de violence, qui pourrait paraître anachronique ? Une société civilisée n’est-elle pas plutôt celle qui ne craint pas la diversité des opinions ?

    Thibault Isabel : Tout dépend du modèle de civilisation que vous avez en tête. Du point de vue des civilisations modernes, l’État doit pacifier les mœurs. Dans la vie privée, c’est-à-dire dans l’intimité la plus stricte, vous avez le droit de faire ce que vous voulez, et nul ne peut vous adresser le moindre reproche. Mais, dans la sphère publique, vous devez autant que possible vous abstenir d’adopter des comportements clivants, d’afficher des préférences trop marquées, de brusquer les autres. Telle est la contrepartie de votre tranquillité privée. Comme dit l’adage : « Chacun chez soi, chacun pour soi, et les bons comptes feront les bons amis. » Bien sûr, vous pouvez vous exprimer dans ce qui reste d’arène médiatique (que les Grecs appelaient l’« agora »). Mais vous ne votez que dans la solitude de l’isoloir, à l’abri des regards indiscrets ! Le monde moderne fait en sorte de ramener le vote à un choix purement individuel, presque à un choix de consommation, qui ne concerne que vous.

    Au fond, notre époque se méfie de la liberté d’expression, qui attise les rivalités et les haines, et lui préfère la liberté de conscience, qui n’engage que les individus, seuls face à eux-mêmes. L’État a fait depuis longtemps le pari d’aseptiser notre environnement public, pour limiter les heurts entre individus et communautés. On pourrait multiplier les exemples de ce genre, comme le refus du scrutin proportionnel, la méfiance à l’égard des corps intermédiaires, la pénalisation du « politiquement incorrect », voire la tendance croissante des gouvernants à légiférer sur ce qu’il est bon de croire ou de penser en matière de vérité historique. Mais tout cela n’est en quelque sorte que la face émergée de l’iceberg. Le phénomène se manifeste à un niveau bien plus profond, dans les infrastructures anthropologiques de nos mentalités collectives.

    Le modèle antique, grec notamment, était d’une tout autre nature. On adorait les joutes verbales et les concours d’éloquence autant que le pugilat. Débattre et se battre, c’est la même chose, comme le rappelle l’étymologie. La culture du débat a donc disparu parallèlement à la culture du combat, au cours des derniers siècles. Mais cette évolution a surtout transformé notre manière d’être, en nous rendant beaucoup plus timorés. À mesure que le monde se pacifie, les joyeuses altercations d’autrefois prennent une allure traumatisante. S’opposer ne relève plus du jeu, mais du crime ; l’adversaire n’est plus un rival, mais un diable. On règle les problèmes en les dissimulant sous le tapis, au lieu de les prendre à bras le corps. Ceux qui sortent des sentiers battus sont ostracisés ou persécutés. Tout le système les prend en grippe.

    Nos démocraties actuelles souffrent d’une obsession liberticide pour la pacification et l’unité. On ne doit certes jamais laisser les pulsions humaines dépourvues d’encadrement, sous peine d’ouvrir la porte au chaos ; mais l’excès d’ordre est tout aussi nuisible : on y perd son âme vigoureuse de citoyen.

    Le sens commun a tendance à penser que la civilisation correspond à la disparition progressive de la violence. Vous dénoncez quant à vous cette croyance comme une illusion. Dans quelle mesure la civilisation implique-t-elle nécessairement l’usage de procédés violents ?

    Toute civilisation s’efforce jusqu’à un certain point de pacifier les mœurs : c’est d’autant plus vrai des civilisations modernes, qui s’articulent presque exclusivement autour de cet impératif. Pour nous sortir de l’anarchie du monde sauvage, l’État nous impose des lois, qui vont réguler la vie sociale. La violence interindividuelle se trouve dès lors proscrite. Si mon voisin m’insupporte, je n’ai plus désormais la liberté de le tuer. En tout cas, si je le tue, j’aurai à rendre des comptes à l’État, et je finirai en prison. Mais le processus de civilisation n’éradique pas pour autant la violence, qui est consubstantielle à la nature (et donc aussi à la nature humaine). L’État se contente de déplacer la violence, depuis la sphère interindividuelle vers la sphère collective. Il s’arroge ce que Max Weber appelait le « monopole de la violence légitime ». Je n’ai pas le droit de m’en prendre à mon voisin, quand bien même il me rendrait la vie insupportable ; mais l’État en a le droit, lui, si mon voisin est jugé coupable au terme d’un procès. Le condamné terminera alors ses jours derrière les verrous ou sur l’échafaud.

    Le monopole étatique de la violence nous préserve de certains vices antiques, mais favorise aussi certaines dérives des sociétés contemporaines. Autrefois, on avait surtout à craindre un mauvais usage de la violence par les individus. Aujourd’hui, il faut plutôt craindre un mauvais usage de la violence par l’État. Nous risquons moins d’être victimes d’un meurtre ; mais nous devons davantage prendre garde aux débordements sécuritaires du pouvoir, à la censure et à la limitation des libertés publiques.

    Vous avez souvent pris position en faveur des républiques antiques, contre les républiques modernes. Qu’est-ce qui vous déplaît dans la modernité politique ? Et pourquoi le rapport moderne à la violence vous semble-t-il insatisfaisant ?

    La modernité a évidemment beaucoup de qualités remarquables : la justice à charge et à décharge, la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, etc. Nous sommes parvenus à modérer l’excès d’impulsivité des civilisations antiques. Reste malgré tout à savoir si nous ne sommes pas allés trop loin !

    La civilisation moderne substitue un régime juridico-légal, fondé sur le droit, à un régime d’honneur, fondé sur la morale. La différence ne réside pas dans l’utilisation de la violence, qui est commune aux deux régimes ; la différence réside dans le caractère étatique ou interindividuel de la pression civilisatrice. Même les sociétés les plus anciennes étaient régulées. Néanmoins, leur système de civilisation reposait encore très peu sur la contrainte extérieure d’un État, puisque les structures politiques étaient locales et embryonnaires. L’homme était tout au plus régulé, à l’extérieur, par l’influence de sa communauté, et, à l’intérieur, par lui-même. L’un des inconvénients de ce système était d’encourager la violence des individus : quand vous devez vous auto-discipliner, il est clair que vous vous régulez moins que si la police vous surveille en permanence. L’avantage du système, en revanche, était de responsabiliser chacun d’une manière plus forte qu’aujourd’hui : la motivation et l’enthousiasme trouvaient à s’exprimer quotidiennement dans l’existence collective.

    C’est ce qui explique l’admirable vitalité des républiques antiques, si chère à la tradition européenne de l’humanisme civique. Nos républiques actuelles sont sclérosées par l’indifférence des citoyens, qui ne se sentent plus impliqués dans la vie publique. L’État représente pour nous quelque chose de lointain, d’impersonnel, d’anonyme : « le plus froid des monstres froids », comme disait Nietzsche. Et c’est ce qu’il est ! L’impersonnalité lointaine et anonyme de l’État moderne garantit sa neutralité dans l’exercice du monopole de la violence. Quand la violence interindividuelle était moins canalisée par les lois, moins encadrée par la répression policière, l’État offrait au citoyen davantage de prise directe sur les décisions de la cité. Le pouvoir n’était pas providentiel, mais mobilisateur. Il n’était pas transcendant, mais immanent. Il n’était pas bureaucratique, mais incarné.

    La modernité a pacifié les mœurs, en limitant les ardeurs citoyennes, toujours susceptibles de provoquer des tensions. Bien des comportements et des idées se sont donc trouvés bannis. Le goût de la dispute et du débat, l’apologie de l’héroïsme, le gouvernement de soi-même et l’exigence morale (plutôt que la soumission docile à la loi) sont tous des facteurs potentiels de violence ou de sédition, des facteurs de danger. Mais, s’ils ont leurs mauvais côtés, ils ont aussi leurs vertus. Et, en les éliminant de la civilisation humaine, la modernité nous a privés d’une part de notre énergie.

    Dans À bout de souffle, vous faites remarquer que, de manière assez paradoxale, les politiques sécuritaires se développent souvent à mesure que les démocraties se libéralisent. L’idéologie libérale produit-elle nécessairement de la violence ?

    Il n’existe que deux modes de régulation du comportement : soit par la morale, comme dans les sociétés peu étatisées de l’Antiquité, soit par la loi, comme dans les sociétés modernes hyper-administrées. On voit là deux modèles distincts de civilisation (tandis que la barbarie se caractérise quant à elle par l’absence de régulation, et donc aussi par le refus ou l’incapacité d’encadrer les pulsions).

    Le libéralisme a cette particularité de nous affranchir de la morale. C’est sa raison d’être : il nous libère des impératifs éthiques. Nos rapports avec autrui ne sont plus régis par le bien ou le bon, mais par le calcul d’intérêt, ainsi que l’affirme la fameuse « théorie des choix rationnels ». Seulement, si l’intérêt nous guide plutôt que la morale, la vie sociale risque fort de devenir assez vite une foire d’empoigne. Face au reflux de la morale, il faut accréditer le règne des lois. Plus on libéralise les mœurs, plus on doit en même temps sécuriser la sphère sociale. La police est tenue d’intervenir pour départager les individus, car leur conduite n’est plus policée d’elle-même par le devoir. La violence d’État se substitue à la violence des hommes.

    L’État sécuritaire s’impose par conséquent pour garantir les libertés privées, dans un monde où l’on se détourne du devoir public. Cette disposition d’esprit débouche sur une société plus apaisée et moins exigeante. D’un point de vue strictement utilitaire, mieux vaut laisser libre cours à l’égoïsme des hommes, sans chercher à discipliner leur désir ; on se contentera plutôt d’enrégimenter la population sous l’action protectrice et maternante d’un pouvoir policier. En revanche, lorsqu’on compte sur le perfectionnement moral des citoyens, on les sollicite d’une manière épuisante, et l’on risque surtout de propager le chaos social en cas d’échec. Car le modèle ancien de la vertu est très difficile à établir, à tel point qu’il était presque condamné à disparaître au fil de l’histoire. La violence est toujours mieux contrôlée en pratique lorsqu’elle est surveillée ; les lois sont plus efficaces que l’élévation progressive des mœurs. Mais si l’efficacité apporte quantitativement davantage de bienfaits, d’un point de vue matériel, elle affadit qualitativement le caractère sur un plan existentiel. Le citoyen moderne jouit de plus de confort, grâce à l’État ; mais il a moins la possibilité d’épanouir sa vertu. On l’abandonne en quelque sorte à sa propre immaturité individuelle, à sa propre absence de morale et de structuration, pour le civiliser d’une façon artificielle, à travers la violence des contraintes juridiques et de la répression sécuritaire. La civilisation moderne n’est plus à certains égards qu’une forme sophistiquée de barbarie. Elle est à la fois excessive dans l’exigence extérieure d’ordre, et laxiste dans l’exigence intérieure de responsabilité.

    Pour rebondir sur l’actualité, comment expliquer que les sociétés compassionnelles que sont devenues les sociétés occidentales soient incapables de « penser » une autre violence que celle qui les frappe ? D’un côté, sentiment hypertrophié de la violence subie ; de l’autre, sentiment atrophié de la violence pratiquée, notamment en Orient.

    Votre remarque est très juste. Il existe en effet une exacerbation victimaire de la souffrance, en Occident, qui découle du nouveau régime anthropologique dans lequel nous sommes entrés avec l’essor de la modernité. Nous craignons démesurément la violence, à laquelle nous ne sommes plus habitués depuis que l’État en assume le monopole légitime. Toute expression trop directe des passions nous tétanise, nous effraie. Nous nous méfions de ce qui émeut et divise.

    Dans l’Antiquité ou au Moyen Âge, on avait beaucoup moins peur qu’aujourd’hui du danger, justement parce qu’il était quotidien. La rapine, la lutte, la chasse aux animaux ou même la chasse à l’homme faisaient partie des nécessités de l’existence et étaient inscrites dans les structures mêmes de la société. Cette familiarité à l’égard du danger se manifestait volontiers à travers un certain sadisme. Au XVIe siècle, à la Saint-Jean, on avait coutume de brûler vif une ou deux douzaines de chats, en guise de réjouissance populaire. Au contraire, la moindre vue de ce qui pourrait rappeler la violence nous devient désormais insupportable. Nous nous gaussons de notre absence de cruauté, que nous percevons comme un progrès moral ; toutefois, reconnaissons qu’il nous est devenu pénible d’observer un spectacle qui évoque la mort, même dépourvu de cruauté, de sorte que notre répugnance est peut-être moins due à notre charité qu’à notre pusillanimité. Accepterions-nous encore qu’un porc soit servi entier à table, rose et saignant, lors d’un banquet, et que sa dépouille soit découpée devant tous les convives : d’abord la tête, puis les pieds, etc. ? Nous préférons de nos jours, dans notre « bienveillance », que l’animal soit préparé dans l’arrière-salle d’une boucherie, puis servi sous une forme qui nous permette d’oublier qu’il était un être vivant.

    Le problème, c’est que toutes les populations du monde n’ont pas le même rapport à la violence. Si nous souffrons d’un excès de civilisation, qui nous rend angoissés et craintifs, voire parfois irresponsables à force de fermer les yeux sur le tragique des choses, d’autres souffrent d’un  manque de civilisation, qui les rend impulsifs et dépourvus d’empathie (ce qui relève d’une autre forme d’irresponsabilité). Cette divergence prend également une dimension sociale, à l’intérieur même de nos nations développées. L’intensité de la répression pulsionnelle que s’imposent les individus est en règle générale plus forte dans les milieux aisés, où l’on est habitué à des exigences professionnelles rigoureuses, mieux aptes à favoriser l’établissement de comportements régulés. La surveillance de la police est étroite dans les quartiers tranquilles, et la sécurité bien assurée, de telle sorte que la plupart des Occidentaux éprouvent une grande sensibilité face à la violence, qui ne fait pas partie de leur univers mental. De plus, l’accès à un certain confort rend prudent, tandis que la misère incite à la prise de risques. Il se trouve malheureusement que les inégalités sociales se creusent, depuis la fin du XXe siècle. On voit se constituer des poches urbaines ghettoïsées, où se concentrent des communautés qui n’ont rien à espérer de la vie et pour qui la violence n’est guère plus qu’un jeu. Cela provoque une confrontation entre deux mondes que tout oppose : un monde qui craint les altercations et un autre qui n’en a cure, au point même de les rechercher parfois, pour s’amuser.

    Une des particularités du monde moderne, écrivez-vous, est qu’il tend à dissimuler les morts, tandis que les sociétés traditionnelles les intégraient à la vie de la communauté. Pourquoi cette évolution ?

    L’h

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (35)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Atlantico : les données de la démographie allemande au regard de l’immigration :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/deficit-demographique-ou-difficultes-integration-graphique-qui-resume-dilemme-allemand-face-immigration-laurent-chalard-3176002.html?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

    Débat sur le modèle américain animé par Edouard Chanot (Radio Sputnik) entre Charles Gave, ancien élève de Milton Friedman, et Thibault Isabel, rédacteur-en-chef de la revue Krisis.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1355&v=F716LO3faQU

    La vente d’Alstom, « une opération de guerre économique ». Le bradage d’une grande affaire française à l’américain General Electrique et à l’allemand Siemens. Écouter l’émission de franceinfo du 26/09/2017 :

    https://www.egaliteetreconciliation.fr/La-vente-d-Alstom-une-operation-de-guerre-economique-47789.html

    Revisitant l’histoire en privilégiant le rôle de « l’État profond », Lucien Cerise nous donne ici une interprétation décapante de la révolution bolchevique de 1917 dont il sous-évalue manifestement les crimes, ce qui suffit à saisir son entretien avec des pincettes. Il explique en revanche très bien ce que sont les ressorts des sociétés libérales contemporaines :

    https://www.egaliteetreconciliation.fr/Cent-ans-apres-le-coup-d-Etat-bolchevique-47795.html

    Figaro vox publie une critique de Mathieu Bock-Côté du livre des conversations du « conservateur » Alain Finkielkraut et de la « progressiste » Elisabeth de Fontenay « En terrain miné ». Bock-Côté ne dissimule pas son parti-pris pour le premier et se livre à une bonne exploration du surmoi de la gauche fait de pirouettes rhétoriques, seules à même de les maintenir dans l’empire du Bien. À vrai dire, son choix coule de source pour les lecteurs de ce livre bancal :

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/09/26/31001-20170926ARTFIG00295-finkielkrautde-fontenay-une-amitie-polemique.php

    Extraits de la remarquable descente en flamme d’une « Histoire mondiale de la France » parue sous la direction de Patrick Boucheron par François Bousquet. Elle est parue dans la dernière livraison de la revue Éléments :

    http://blogelements.typepad.fr/blog/2017/09/histoire-mondiale-de-la-france-salauds-de-français-cochons-de-gaulois.html#more

    Julian Assange, un combattant de la liberté d’expression. Portrait tracé par l’OJIM :

    https://www.ojim.fr/portraits/julian-assange-master-hacker/?utm_source=Newsletter&utm_campaign=cdd0b5e8cd-mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_ca15a58a97-cdd0b5e8cd-71451037

    Le journalisme et les belles histoires bien racialisées quand ça arrange l'ethniquement correct. Réjouissante chronique d’Ingrid Riocreux :

    http://blog.causeur.fr/lavoixdenosmaitres/en-langage-de-journaliste-on-ne-dit-pas-quune-femme-est-noire-00602.html#ligne

    La fortune des 500 Français les plus riches a été multipliée par sept en 20 ans. La « discrimination » dont on ne parle pas :

    https://www.les-crises.fr/la-fortune-des-500-francais-les-plus-riches-multipliee-par-sept-en-20-ans-par-aubin-laratte/

     

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  • Attention, un Marx peut en cacher un autre !...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°172, juin-juillet 2018) est disponible en kiosque, avec une couverture percutante de Marsault !

    A côté du dossier consacré au retour de Marx, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, de nombreux entretiens, les chroniques de Xavier Eman, d'Hervé Juvin, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Michel Marmin, de Laurent Schang et d'Yves Christen et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial           

    Les idées, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Marianne Durano : pour un féminisme intégral, propos recueillis par Iseult Prullé-Rousseau

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Secouons le cocotier avec Maulin

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Le carnet géopolitique d’Hervé Juvin : Un monde en voie de sous-développement ?

    Petit Paysan deviendra grand, par Ludovic Maubreuil

    Champs de bataille : Patton perd son pari à Metz (2), par Laurent Schang

    Feu sur... Jérôme Leroy, par Michel Marmin

    Bestiaires : humains et chimpanzés, par Yves Christen

    Sciences

    Le combat des idées

    Rencontre avec Marsault, le phénomène de la BD, par François Bousquet

    La colère de la jeunesse de la France périphérique, par Pascal Eysseric

    La révolte des 16-25 ans, par David L’Epée

    La révolution spirituelle manquée de Mai 68, par Michel Marmin et Olivier Germain-Thomas

    La grande illusion de l’argent gratuit, par Pierre Fouques

    Crise monétaire : la bulle des bulles, par Guillaume Travers

    Olivier Delamarche : demain la faillite mondiale ?

    Le bitcoin : le phénomène des crypto-monnaies, par Guillaume Travers

    La trahison du général de Villiers, par Philippe Christèle

    Hervé Juvin, l’anti-Commission Attali, par François Bousquet

    Spinoza superstar, par Jean-François Gautier

    L’année Maurras, par Aristide Leucate

    Alain de Benoist, l’écologie sans modération, par Falk van Gaver

    Nos trois romans coups de cœur, par Pascal Eysseric, Michel Marmin, David L’Épée

    Carl Gustav Jung, un prophète païen, par Thibault Isabel

    Dossier

    Karl Marx, le retour ?

    La marchandise est l’opium du peuple, par Alain de Benoist

    Preve, le marxiste « communautaire », par Rémi Soulié

    Denis Collin et Pierre-Yves Gomez : Marx au XXIe siècle

    Le futur de Marx, par Jérôme Maucourant et Bruno Tinel

    Stéphane Courtois : Le léninisme est-il un totalitarisme ?, propos recueillis par Pierre Fouques

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : La Servante écarlate, par Frédéric Dufoing

    Un païen dans l’Église : Saint-Pierre-et-Saint-Romain de Savennières, par Bernard Rio

    Philo : Qu’est-ce qu’une civilisation ?, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : Bruxelles, par Christopher Gérard

    C’était dans Éléments : une gauche pétainiste, par Jean-Claude Valla

    Éphémérides

     

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  • Tour d'horizon... (97)

     

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur la lettre Communication & Influence, Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication interroge Thibault de Montbrial, avocat et fondateur du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure

    Le sursaut ou le chaos : Thibault de Montbrial décrypte le terrorisme entre droit, sécurité et jeux d'influence

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    - sur le Figaro Vox, Périco Légasse, critique gastronomique attaché aux traditions culinaires, interrogé par Alexandre Devecchio, revient sur la question de la viande rouge, classé produit cancérogène par l'OMS...

    Périco Légasse : non à la barbaque américaine, vive la côte de bœuf française

     

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  • Actualité de Proudhon...

    Les éditions Autrement viennent de publier un essai de Thibaut Isabel, intitulé Pierre-Joseph Proudhon - L'anarchie sans le désordre, avec une préface de Michel Onfray. Rédacteur en chef de la revue Krisis, Thibaut Isabel est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages comme Le champ des possibles (2005), La fin de siècle du cinéma américain (2006) ou Le paradoxe de la civilisation (2010), tous publiés par les éditions la Méduse et disponibles sur le site de l'auteur.

     

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    " Le philosophe historien retrace la pensée politique de Pierre-Joseph Proudhon, anticapitaliste déterminé prônant une forme de démocratie libérale qu'il nomme anarchie. "

     

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  • Qui payera la crise ? Les classes populaires ou la finance mondiale ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thibault Isabel cueilli sur le site de L'Inactuelle et consacré aux conséquences économiques et sociales de la crise. Docteur ès lettres, rédacteur en chef pendant plusieurs années de la revue Krisis, Thibault Isabel a publié plusieurs essais ou recueils d'articles comme Le champ des possibles (La Méduse, 2005), La fin de siècle du cinéma américain (La Méduse, 2006) , Le paradoxe de la civilisation (La Méduse, 2010), Pierre-Joseph Proudhon, l'anarchie sans le désordre (Autrement, 2017) et dernièrement Manuel de sagesse païenne (Le Passeur, 2020).

     

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    Thibault Isabel: “ Qui payera la crise? Les classes populaires ou la finance mondiale ? ”

    Le choc causé à l’économie mon­diale par la pandémie de Covid-19 a été à la fois plus rapide et plus grave que la crise finan­cière de 2008 ou même que la Grande Dépression de 1929. Au cours de ces deux épisodes, les mar­chés bour­siers se sont effon­drés d’au moins 50%, les mar­chés du crédit ont été paralysés avec des failli­tes en cascade, les taux de chô­mage ont franchi la barre de 10% et le PIB s’est contracté à un taux annua­lisé de 10% ou plus. Ce processus s’est étalé sur une durée de trois ans environ. En mars 2020, il n’a fallu que trois semaines pour laisser présager un bilan tout aussi désastreux.

    La crise du système.

    Ce serait mal analyser la situation de penser que cette crise est la conséquence exclusive de la pandémie de coronavirus. La pandémie n’a été qu’un élément déclencheur, venu enrayer la machine déjà bien grippée du système économique mondial. De nombreux experts nous alertaient depuis longtemps contre les risques d’éclatement des bulles financières, et les aberrations des marchés sont devenues patentes lorsqu’après une survalorisation délirante des actifs en janvier, ils ont été pris d’un mouvement de panique inouï face à l’annonce des premières mesures de confinement, ne connaissant un timide regain qu’à l’annonce de nouvelles interventions publiques, comme si le secteur privé attendait désormais tout des États pour le sauver.

    Le contexte est d’autant plus dramatique qu’au coût intrinsèque de la crise économique et financière va s’ajouter le coût de gestion de la crise sanitaire. Relancer une économie planétaire mise à l’arrêt pendant des mois représentera un effort titanesque, tandis que la plupart des États sont déjà lourdement endettés par la crise de 2008, qui n’a toujours pas été digérée par les comptes publics (alors que les marchés financiers engrangeaient à nouveau des bénéfices mirobolants depuis déjà plusieurs années). Selon les estimations actuelles, l’endettement des grands États occidentaux sera accru de l’ordre de 25% dans les trois prochaines années.

    Réformer la finance mondiale.

    Plusieurs observations en découlent.

    1/ Il ne saurait être question de relancer les économies nationales après la crise sans réformer radicalement le système, qui a largement démontré ses méfaits en accroissant les inégalités sociales d’une manière exponentielle et en témoignant d’une fragilité coupable qui pénalise l’économie réelle, les petites et moyennes entreprises, ainsi que les épargnes familiales.

    2/ Dans le contexte d’une mondialisation galopante, l’interconnexion des économies est devenue trop forte, ce qui rend incontrôlables les crises de toute nature – qu’elles soient sanitaires, financières, etc.

    3/ La perte de notre souveraineté industrielle, consentie au nom du libre-marché international, n’a pas apporté les opportunités économiques promises aux plus modestes et nous a affaiblis pour résister aux cataclysmes, comme en témoigne notre incapacité présente à produire des médicaments, des masques, des respirateurs en nombre suffisant.

    4/ Le système économique autorise des profits privés gargantuesques pour les grandes fortunes planétaires, mais, lorsque la situation se dégrade, il sollicite l’intervention publique des États, donc les contribuables, pour payer les erreurs du passé.

    5/ Tout cela amène aussi une considération d’ordre plus philosophique : la course à la consommation et au productivisme se conjugue avec la spéculation pour déboucher sur un mode de vie que chacun s’accorde de plus en plus volontiers à trouver dangereux et contre-productif, puisque le miroir aux alouettes de la « croissance » et des « bons chiffres de l’économie » ne sert que les classes fortunées, tandis que les classes populaires voient leurs conditions d’existence se dégrader à vue d’œil (baisse du pouvoir d’achat pour les produits de première nécessité, précarisation du travail, isolement de la France périphérique, etc.).

    Nous devrons oublier les vieilles recettes.

    Il va bien falloir rebâtir, et nous ne pourrons le faire à l’identique. De toute façon, les vieilles solutions ne fonctionneront plus, au vu des faibles marges de manœuvre qui nous restent. Emmanuel Macron lui-même avait déclaré le 16 mars : « Nous gagnerons, mais cette période nous aura beaucoup appris. Beaucoup de certitudes, de convictions seront balayées, seront remises en cause ». Dominique Strauss-Kahn faisait lui aussi son mea culpa, le 7 avril, dans les colonnes de Slate, en affirmant que les opposants de longue date à la mondialisation, jusqu’alors considérés comme « idéalistes », « doctrinaires » ou « pessimistes », avaient en fait « partiellement raison », car « il est fort probable que la crise conduise à des formes de relocalisation de la production, régionale sinon nationale ».

    L’aveu d’échec est courageux, mais on peut tout de même se demander s’il faut faire confiance à ceux qui nous ont conduit dans le mur pour nous indiquer désormais le bon chemin. En tout état de cause, les partisans du vieux monde vont surtout s’efforcer de sauver les meubles face à la faillite évidente du système qu’ils ont instauré.

    La pandémie nous donne une occasion unique d’envisager un réaménagement profond de notre tissu économique et social. Plus encore, elle nous l’impose. Il n’y aura pas de sortie confortable, et nous n’éviterons le pire qu’en préparant dès maintenant le changement de cap, en vue de réorienter l’épargne des ménages vers des dépenses permettant de construire une économie utile et soutenable. Reste à savoir comment et, surtout, qui va régler la facture.

    Qui va financer le plan de relance de l’économie ?

    C’est là que le bât blesse, en effet. Les belles déclarations d’intention des mondialistes néolibéraux de gauche comme de droite auront bientôt pour but de faire avaler des pilules très amères aux citoyens, à qui on demandera de se serrer la ceinture pour « réformer ».

    La crise que nous traversons constitue à la fois un choc de demande (les ménages consomment moins) et un choc d’offre (les entreprises produisent moins). Pour y faire face, les mesures mises en place par le gouvernement français sont essentiellement keynésiennes. Il s’agit donc d’investir des fonds publics pour soutenir la consommation et maintenir la production à flot. Ces mesures sont peu ou prou partagées par l’ensemble des pays européens et cautionnées par un relâchement des contraintes budgétaires du traité de Maastricht.

    Mais les politiques keynésiennes, sous couvert d’enracinement historique à gauche, contribuent en fait trop souvent à transformer la dette privée en dette publique, c’est-à-dire en dette des citoyens. Il n’est pas surprenant de ce point de vue que Nicolas Sarkozy, pourtant estampillé à droite, y ait eu massivement recours lors de la crise de 2008. Voilà où nous en sommes : les marchés s’engouffrent dans la spéculation et, en cas de fiasco généralisé, attendent benoîtement que les États payent la note en transférant la dette privée des secteurs financiers vers le secteur public pour éviter la faillite du système. Lors de l’éclatement de la crise des subprimes, les autorités en place n’ont pu empêcher la banqueroute générale qu’en endettant massivement leurs pays, après quoi les gouvernements ont dû appliquer les uns après les autres des mesures sévères d’austérité, pendant que la spéculation reprenait à plein régime.

    Soutenir les classes populaires et moyennes.

    Il est évident que l’État se doit aujourd’hui d’organiser un plan de relance ; mais, s’il le fait avec les méthodes habituelles de l’establishment, ces mesures se solderont en dernière instance soit par la diminution drastique des services publics (c’est-à-dire par la réduction des dépenses), soit par le renforcement des impôts (c’est-à-dire par l’augmentation des recettes), soit par l’inflation (dans l’hypothèse notamment où l’on ferait tourner la planche à billets pour limiter le coût de la dette). Aucun de ces scénarios n’est souhaitable. Si l’on décide de limiter les dépenses de l’État, ce sont les classes populaires qui en feront prioritairement les frais, puisqu’ils sont les principaux bénéficiaires de la dépense publique ; et, si l’on recourt à l’impôt ou à l’inflation, ce sont plutôt les classes moyennes qui paieront la facture, puisqu’elles assument l’essentiel de l’effort fiscal et s’appuient sur leur épargne familiale pour éviter la paupérisation – or, l’épargne des Français serait très fortement rognée par une politique inflationniste.

    Monter les classes populaires et les classes moyennes les unes contre les autres a été la stratégie du parti maastrichtien pendant des décennies : on voulait ainsi faire oublier que les seuls à ne jamais payer les crises, dans la durée, sont ceux qui les provoquent en profitant des déséquilibres du système, à savoir les acteurs du monde de la finance et les très grandes entreprises. Souvenons-nous que l’inflation galopante des années 1930, après la crise de 1929, a été pour beaucoup dans la ruine des classes moyennes en Europe, notamment en Allemagne, et que cette situation traumatisante a conduit aux calamités politiques que l’on connaît : fascisme, rivalités entre nations et Seconde Guerre mondiale. L’unité du pays ne pourra donc être obtenue que si les classes populaires et les classes moyennes sont-elles mêmes solidaires face à l’épreuve, et comprennent qu’elles ont un adversaire commun : le système bicéphale des marchés dérégulés et des monstres de la mondialisation, qui risquent de devenir tout puissant après la crise, quand nombre de TPE/PME et de commerces auront dû fermer leurs portes. C’est alors Amazon qui raflera la mise ; et c’est cela qu’il faut empêcher.

    Le principe « pollueur-payeur » en économie.

    Pour y parvenir, néanmoins, on ne pourra se contenter de quelques rustines sur un navire qui prend l’eau de toute part. Il va falloir restructurer la coque de fond en comble. De même qu’en matière d’écologie, on applique le principe « pollueur-payeur », il faudra faire payer ceux qui ont provoqué les déséquilibres du système néolibéral mondialisé. Cela veut dire notamment : taxer les transactions financières et les revenus du capital, mettre en place un impôt universel pour lutter contre l’expatriation fiscale, taxer l’automatisation du travail, augmenter le montant de la taxe Gafam sur les services numériques ou encore taxer les grandes entreprises pour les coûts écologiques induits par leurs activités, non seulement pour renflouer les caisses de l’État, mais aussi pour réorienter le système de production et de consommation dans un sens conforme à l’équité et au bien commun. Au lieu de soigner simplement les symptômes, il est temps de s’en prendre aux vraies racines du mal.

    L’autre question à poser est celle de la dette, qui va exploser. Une politique d’endettement public s’avère inévitable dans l’immédiat, mais intenable à plus longue échéance. Plus les États s’endetteront, plus les taux d’intérêt de la dette s’envoleront, plus les acteurs économiques perdront confiance en l’avenir et limiteront leurs dépenses et leurs investissements. Les mesures de relance ne peuvent être que conjoncturelles : l’austérité va revenir très rapidement sur le devant de la scène, obligeant les gouvernements européens à fermer les cordons de la bourse.

    La meilleure option consistera donc à mutualiser la dette des États européens, afin de réduire les taux d’intérêt. Mais les tensions apparues dès mars autour des Eurobonds révèlent des désaccords profonds entre les pays du sud (France, Italie, Espagne), qui y étaient dès l’abord favorables, et les pays du nord (Allemagne, Pays-Bas), qui refusaient d’en entendre parler. Ces derniers profitent en effet de la différence des taux d’intérêt entre nations. Le méca­nisme d’exploi­ta­tion des pays les plus pau­vres par les Allemands et les Néerlandais se trouve au fon­de­ment de la poli­ti­que d’aus­té­rité bud­gé­taire, dont les bases ont été mises en place avec le « grand marché unique », à la fin des années 1980. L’Allemagne profite en outre de la politique monétaire européenne pour favoriser ses exportations et les Pays-Bas doivent leur prospérité à leur politique de paradis fiscal. En l’état actuel des choses, par conséquent, l’ordre maastrichtien met les pays européens sous tutelle de l’Allemagne et de ses alliés privilégiés.

    Le point de vue de la France profonde.

    Certes, il est inévitable de recourir provisoirement à la dette publique afin de financer le plan de relance, dès lors qu’il n’existe pas de remède miracle ni d’argent gratuit. Mais il faudra surtout se saisir de cette occasion pour engager une réforme du système à l’issue de laquelle le choc social de la mondialisation sera mieux amorti. La révolte des Gilets jaunes et de la France périphérique, très largement soutenue par l’opinion, a montré que le pays ne voulait plus des recettes politiques appliquées depuis des décennies par tous les partis qui se sont partagé le pouvoir. La France profonde, sans laquelle on ne pourra rien rebâtir, ne veut plus d’une politique néolibérale qui accorde toujours plus de souplesse aux grandes entreprises multinationales ; et elle ne veut plus davantage d’une simple politique d’assistanat à court terme, qui conduit à l’endettement de l’État sans empêcher le démantèlement de nos services publics fondamentaux.

    La France profonde souhaite qu’on laisse à chacun d’entre nous la possibilité de travailler dignement, dans des conditions décentes, pour un salaire honorable. C’était d’ailleurs très clairement le message porté sur les ronds-points, à l’hiver 2018-2019. Ni la droite ni la gauche de ces trente dernières années n’ont pris cette demande au sérieux. Et pour cause : rompre avec la logique de l’hypertrophie des marchés – dont on ne peut que colmater péniblement les failles avec l’hypertrophie sans fin des aides sociales – imposerait en même temps de réformer radicalement le système économique qui nous est imposé depuis les accords de Maastricht.

    Autrement dit, la réhabilitation de notre tissu économique de proximité n’est possible qu’à travers une prise de distance avec l’Union européenne, pour établir une coopération stratégique continentale à géométrie variable. C’est par ce moyen, et par ce moyen seulement, qu’il sera envisageable de renouer avec une politique protectionniste de plein emploi. Cette prise de distance rendra le recours à des systèmes de mutualisation des dettes beaucoup plus aisé – à défaut il est vrai de pouvoir compter sur le soutien de l’économie allemande –, mais elle marquera plus encore la fin des dogmes néolibéraux qui paralysent toute refonte de notre économie.

    Reconquérir notre indépendance politique et économique.

    La sortie de pandémie ne sera en effet salutaire que si nous profitons de l’immense chantier en cours pour apporter les réformes indispensables à une reprise en main souveraine de nos capacités industrielles et de notre système financier. Parmi les mesures les plus pressantes, le gouvernement devra bien sûr panser les plaies ouvertes par la crise, en nationalisant certaines entreprises industrielles pour

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