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michel guénaire

  • Identité nationale contre uniformisation des marchés...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Michel Guénaire à Atlantico . Avocat, Michel Guénaire a récemment publié un essai intitulé  Le retour des Etats - La révolution silencieuse contre la mondialisation (Grasset, 2013).

     

     

    Retour des états.jpg

     

    Identités nationales contre uniformisation des marchés : la révolte grandissante des peuples contre les élites dans la mondialisation
    Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/comment-remettre-etat-dans-role-et-pourquoi-c-est-urgent-900580.html#xrRJQMHCPkZmJQKI.99

     

    Identités nationales contre uniformisation des marchés : la révolte grandissante des peuples contre les élites dans la mondialisation

    Atlantico : Dans votre dernier livre, Le retour des Etats, vous défendez l'idée que la crise de la mondialisation oblige à repenser un monde où les Etats sont au centre du jeu. Peut-on aller jusqu'à parler de fin de la mondialisation ou "démondialisation "?

    Michel Guénaire : Je ne crois pas que l'on puisse parler d'une fin de la mondialisation, mais plutôt d'une transition. La mondialisation se poursuit, mais les acteurs changent. Ce ne sont plus les entreprises et les banques souveraines par leur richesse et leur liberté, aux côtés de nations contraintes de se plier à l'ordre néo-libéral, qui règlent la marche du monde. Ce sont des Etats qui expriment les intérêts de leur population contre la logique des marchés, et ce sont surtout des Etats de l'est du monde qui viennent défier les Etats de l'ouest du monde. La mondialisation n'est plus synonyme de l'adoption par tous les pays du monde du même régime politique, économique et social qu'ont promu les Occidentaux depuis trente ans. Elle se durcit. Elle est un jeu disputé. Elle obéit à la nouvelle loi d'un monde multipolaire réaliste, où des puissances comme la Chine, l'Inde et la Turquie, la Russie, l'Iran ou encore le Brésil, s'organisent avec une volonté propre et des initiatives diplomatiques déliées des préjugés des vieilles chancelleries européennes.

    Comment le retour des Etats se manifeste-t-il ?

    Le retour des Etats correspond à une défense des intérêts des peuples. Il se manifeste donc par des positions affranchies et volontaires au nom de ces intérêts. Derrière la défense de ses intérêts, il y a la prise de conscience que chaque nation doit retrouver le chemin de son développement et sa propre identité. La nouvelle géopolitique du monde est déterminée par un retour des Etats qui lui-même entraîne ou porte un retour des cultures. Le village planétaire redécouvre qu'il a des quartiers.

    Si face aux désordres engendrés par la crise, l'attachement des individus pour les Etats et leur besoin de protection se sont clairement manifestés, les chefs d’État, après avoir été longtemps complices du système financier se sont montrés relativement impuissants à le réguler. Le désir d’État des peuples est-il vraiment partagé par les élites politiques et économiques ?

    C'est la question. Les peuples ou les sociétés civiles aspirent à un rôle fort et recentré de leurs Etats, mais les élites nationales continuent de se satisfaire du monde émollient du libre-échange. Par intérêt à leur tour, ou par inconscience ? Disons que, dans le meilleur des cas, elles ne réfléchissent pas. Il est frappant de voir à quel point, particulièrement en Occident, et pour ne pas le citer, dans un pays comme la France, les responsables politiques restent aveuglément attachés au monde d'avant la crise de la mondialisation. Ils y voient toujours le seul horizon de leur politique. Voici pourquoi aussi je crois que le projet politique de demain naîtra de la société civile, et non d'un énième programme d'une classe politique déphasée ou dépassée.

    Alors que vous indiquez que le levier des monnaies, de la diplomatie et des ressources naturelles, sont la clef du destin des Etats, l'Union européenne ne semble pas avoir rompu avec l'angélisme de la mondialisation. L'Europe est-elle en train de sortir de l'Histoire ?

    Si l'expression politique des grandes régions du monde repose sur l'instrument de l'Etat, l'Europe est effectivement en train de sortir de l'Histoire. L'Europe n'a pas le pouvoir décisionnel propre d'un Etat. Dans mon livre, je fais une proposition pour revenir à une Europe décidant par un nombre limité d’acteurs. En s’inspirant du Conseil de sécurité des Nations unies, je propose la constitution d’un Conseil européen de six membres : l’Allemagne et la France en seraient les deux membres permanents, quatre autres membres représenteraient quatre groupes d’Etats déterminées par zones géographiques. Cette nouvelle Europe des Six permettrait à l’Europe toute entière de franchir un pas. Celui d’une cohésion décisionnelle. Elle permettrait à la belle idée de la construction européenne d’atteindre son but. Celui d’une puissance active à côté des autres grandes puissances dans le monde.

    Selon vous, la voie de l'avenir ne ressemble pas à l'esquisse du traité de Rome. Dans le nouvel équilibre du monde qui se dessine quelle doit-être la place de l'Europe ?

    L'Europe doit prendre la place d'une région du monde organisée politiquement, ainsi que je viens de le dire. Ni plus, ni moins. L'Europe doit ainsi se réapproprier son modèle de développement, parce que ses peuples le lui demandent. L'Europe ne peut plus limiter ses interventions à la promotion des règles du libre-échange mondial. De ce point de vue, j'avance dans mon livre, comme corollaire de l'institution d'un Conseil européen de six membres, le retour de la Commission à un simple statut d'administration ou de secrétariat général du Conseil. L'un des égarements de la construction européenne aura été, durant ces trente dernières années, la bureaucratisation du fonctionnement des institutions européennes, dont la Commission aura été l'agent avec, il faut le souligner, la lâcheté complice des gouvernements nationaux.

    Vous précisez que le retour des Etats ne signifie pas nécessairement le retour de l’État planificateur des Trente Glorieuses ou celui de l’État-nation qui s'était fait l'arbitre des relations internationales après la Seconde guerre mondiale. Quel sera, selon vous, le visage de l’État du XXIe siècle ?

    Un Etat fort et recentré, disais-je tout à l'heure, mais d'abord et avant tout un Etat politique dans le meilleur sens du terme. Les responsables politiques européens ont dévergondé l'idée d'Etat depuis trente ans, en l'étendant dans des secteurs de la vie de la société où il n'avait rien à faire, mais surtout en le considérant ou en le faisant fonctionner comme un acteur marchand. L'Etat a des compétences et des moyens qui doivent lui rester propres. Il doit conduire une action qui doit lui être propre. L'Etat, ou les Etats de retour, ne sont pas des Etats providence mais des instruments de reconquête d'une volonté politique des nations.

    Michel Guénaire (Atlantico, 17 novembre 2013)

    Atlantico : Dans votre dernier livre, Le retour des Etats, vous défendez l'idée que la crise de la mondialisation oblige à repenser un monde où les Etats sont au centre du jeu. Peut-on aller jusqu'à parler de fin de la mondialisation ou "démondialisation "?

    Michel Guénaire : Je ne crois pas que l'on puisse parler d'une fin de la mondialisation, mais plutôt d'une transition. La mondialisation se poursuit, mais les acteurs changent. Ce ne sont plus les entreprises et les banques souveraines par leur richesse et leur liberté, aux côtés de nations contraintes de se plier à l'ordre néo-libéral, qui règlent la marche du monde. Ce sont des Etats qui expriment les intérêts de leur population contre la logique des marchés, et ce sont surtout des Etats de l'est du monde qui viennent défier les Etats de l'ouest du monde. La mondialisation n'est plus synonyme de l'adoption par tous les pays du monde du même régime politique, économique et social qu'ont promu les Occidentaux depuis trente ans. Elle se durcit. Elle est un jeu disputé. Elle obéit à la nouvelle loi d'un monde multipolaire réaliste, où des puissances comme la Chine, l'Inde et la Turquie, la Russie, l'Iran ou encore le Brésil, s'organisent avec une volonté propre et des initiatives diplomatiques déliées des préjugés des vieilles chancelleries européennes.

    Comment le retour des Etats se manifeste-t-il ?

    Le retour des Etats correspond à une défense des intérêts des peuples. Il se manifeste donc par des positions affranchies et volontaires au nom de ces intérêts. Derrière la défense de ses intérêts, il y a la prise de conscience que chaque nation doit retrouver le chemin de son développement et sa propre identité. La nouvelle géopolitique du monde est déterminée par un retour des Etats qui lui-même entraîne ou porte un retour des cultures. Le village planétaire redécouvre qu'il a des quartiers.

    Si face aux désordres engendrés par la crise, l'attachement des individus pour les Etats et leur besoin de protection se sont clairement manifestés, les chefs d’État, après avoir été longtemps complices du système financier se sont montrés relativement impuissants à le réguler. Le désir d’État des peuples est-il vraiment partagé par les élites politiques et économiques ?

    C'est la question. Les peuples ou les sociétés civiles aspirent à un rôle fort et recentré de leurs Etats, mais les élites nationales continuent de se satisfaire du monde émollient du libre-échange. Par intérêt à leur tour, ou par inconscience ? Disons que, dans le meilleur des cas, elles ne réfléchissent pas. Il est frappant de voir à quel point, particulièrement en Occident, et pour ne pas le citer, dans un pays comme la France, les responsables politiques restent aveuglément attachés au monde d'avant la crise de la mondialisation. Ils y voient toujours le seul horizon de leur politique. Voici pourquoi aussi je crois que le projet politique de demain naîtra de la société civile, et non d'un énième programme d'une classe politique déphasée ou dépassée.

    Alors que vous indiquez que le levier des monnaies, de la diplomatie et des ressources naturelles, sont la clef du destin des Etats, l'Union européenne ne semble pas avoir rompu avec l'angélisme de la mondialisation. L'Europe est-elle en train de sortir de l'Histoire ?

    Si l'expression politique des grandes régions du monde repose sur l'instrument de l'Etat, l'Europe est effectivement en train de sortir de l'Histoire. L'Europe n'a pas le pouvoir décisionnel propre d'un Etat. Dans mon livre, je fais une proposition pour revenir à une Europe décidant par un nombre limité d’acteurs. En s’inspirant du Conseil de sécurité des Nations unies, je propose la constitution d’un Conseil européen de six membres : l’Allemagne et la France en seraient les deux membres permanents, quatre autres membres représenteraient quatre groupes d’Etats déterminées par zones géographiques. Cette nouvelle Europe des Six permettrait à l’Europe toute entière de franchir un pas. Celui d’une cohésion décisionnelle. Elle permettrait à la belle idée de la construction européenne d’atteindre son but. Celui d’une puissance active à côté des autres grandes puissances dans le monde.

    Selon vous, la voie de l'avenir ne ressemble pas à l'esquisse du traité de Rome. Dans le nouvel équilibre du monde qui se dessine quelle doit-être la place de l'Europe ?

    L'Europe doit prendre la place d'une région du monde organisée politiquement, ainsi que je viens de le dire. Ni plus, ni moins. L'Europe doit ainsi se réapproprier son modèle de développement, parce que ses peuples le lui demandent. L'Europe ne peut plus limiter ses interventions à la promotion des règles du libre-échange mondial. De ce point de vue, j'avance dans mon livre, comme corollaire de l'institution d'un Conseil européen de six membres, le retour de la Commission à un simple statut d'administration ou de secrétariat général du Conseil. L'un des égarements de la construction européenne aura été, durant ces trente dernières années, la bureaucratisation du fonctionnement des institutions européennes, dont la Commission aura été l'agent avec, il faut le souligner, la lâcheté complice des gouvernements nationaux.

    Vous précisez que le retour des Etats ne signifie pas nécessairement le retour de l’État planificateur des Trente Glorieuses ou celui de l’État-nation qui s'était fait l'arbitre des relations internationales après la Seconde guerre mondiale. Quel sera, selon vous, le visage de l’État du XXIe siècle ?

    Un Etat fort et recentré, disais-je tout à l'heure, mais d'abord et avant tout un Etat politique dans le meilleur sens du terme. Les responsables politiques européens ont dévergondé l'idée d'Etat depuis trente ans, en l'étendant dans des secteurs de la vie de la société où il n'avait rien à faire, mais surtout en le considérant ou en le faisant fonctionner comme un acteur marchand. L'Etat a des compétences et des moyens qui doivent lui rester propres. Il doit conduire une action qui doit lui être propre. L'Etat, ou les Etats de retour, ne sont pas des Etats providence mais des instruments de reconquête d'une volonté politique des nations.


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  • Tour d'horizon... (32)

    Périscope 2.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - dans Le Monde, l'avocat Michel Guénaire plaide pour un rapprochement de l'UMP et du Front national...

    Une refondation qui passe par l'intégration d'un FN dédiabolisé

    Marine Le Pen 3.jpg

    - sur Valeurs actuelles, Alain Moyne-Bressan, député de l'Isère, propose de créer un territoire autonome  pour les Roms entre la Bulgarie et la Roumanie afin de tenter de stabiliser ces populations...

    Un territoire pour les Rom ?

    Drapeau rom.jpg

     

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  • Vive le populisme !...

    Le nouveau numéro du Choc du mois (n°42, mai 2011), est disponible en kiosque. On pourra lire un premier dossier consacré à la "planète gay", comprenant, notamment, un entretien avec Dominique Fernandez et un autre avec Renaud Camus. Un deuxième dossier est consacré à la mue populiste du Front national de Marine Le Pen, avec, notamment, une analyse du politologue Christophe Boutin. Et on trouvera aussi un entretien avec Alain Soral ainsi qu'un entretien avec Michel Guenaire pour son livre Les deux libéralismes (Perrin, 2011)... Et comme toujours, les rubriques "Monde", "Société" et "Culture"...

    Bonne lecture !

     

    Choc042.gif

    Au sommaire :

    Le bloc-notes de François-Laurent Balssa

    Monde
    Printemps arabe
    La campagne de Lybie de Sarko le Petit
    Le régime de Moubarak devait tomber, il est tombé

    Anti-impérialisme
    Comprendre l’Empire : Entretien avec Alain Soral

    Voyage dans la planète gay
    Tu seras homo, mon fils
    Le look fashion te branche ?
    L’autre promotion canapé
    Quand les homos basculent à droite, très à droite
    Quelques questions à Renaud Camus
    Mariage gay, bonjour tristesse
    Sur l’homosexualité et la fin des Temps
    L’âge d’or de la littérature homosexuelle
    Entretien avec Dominique Fernandez

     

    Société
    L’extrême droite est morte ? Vive le populisme !
    Super Marine
    Les deux hémisphères du cerveau populiste français
    Le populisme face à la haine du peuple : Entretien avec Christophe Boutin
    Le virage à gauche du Front National
    Oskar, Slobodan et les minarets
    Chronique : Simone veille
    Reportage : Facteur dans le 9-3, c’est un apostolat
    Un libéral en guerre contre le néo-libéralisme - Entretien avec Michel Guénaire
    Les dessous de la « grève du zèle » des magistrats
    Le Siècle : des hommes d’influence
    Je suis bi et je t’emmerde : Binationaux une espèce mutante
    L’étrange défaite : De mai 1940 au 11 septembre 2001

    Culture
    Exposition
    Sous l’égide de Mars : Total design
    Littérature
    Les vies de Malaparte
    En hommage à Jaime Semprun
    Le plouc était philosophe…
    Réédition
    Le conseiller sans prince
    Littérature
    Béru, reviens !
    Cinéma
    Tous les soleils
    BD
    Solide
    Au bon goût d’avant
    DVD
    Messagères des dieux
    Cochonneries industrielles

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