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  • Forgerons et alchimistes...

    Les éditions Flammarion viennent de rééditer, dans leur collection de poche Champs, un essai de Mircea Eliade intitulé Forgerons et alchimistes. Historien des religions, penseur du mythe et du sacré, mais aussi romancier, Mircea Eliade, d'origine roumaine, est l'auteur d'une œuvre immense écrite pour une part importante en français.

     

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    " Bien connu pour son œuvre d’historien des religions, Mircea Eliade a été fasciné toute sa vie par l’alchimie. Ce livre en témoigne : il y montre que l’alchimie n’est pas une préfiguration moyenâgeuse de la chimie, vouée aux ténèbres de l’histoire, mais un phénomène culturel positif et digne d’ attention.
    L’alchimie s’enracine dans les croyances des sociétés traditionnelles, où les substances minérales revêtent un caractère sacré. Les minerais, tels des embryons, «croissent» dans le ventre de la Terre ; le fer issu des météorites a une dimension magique parce qu’il provient du ciel... En travaillant la matière, le forgeron, comme l’alchimiste, collabore au dessein secret de la Nature : il accomplit un rituel qui révèle le sens caché de l’univers.
    Explorant les mythes africains, grecs, indiens ou chinois, Eliade considère que l’expérience du sacré est universelle et constitutive de l’humain : elle est ce qui donne au monde sa signification. À cet égard, Forgerons et alchimistes constitue une excellente introduction à la pensée et aux travaux de ce grand érudit. "

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  • Petites frappes...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque les tirs de missiles de la coalition occidentale sur la Syrie...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès et, tout dernièrement, son Journal de l'année 1971 à l'année 1994.

     

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    Petites frappes

    On pouvait attendre de Macron qu’il ne poursuivît pas au Proche-Orient la politique étrangère de ses prédécesseurs. Le peuple syrien lui-même l’espérait, comme j’ai pu le constater, à Damas, en novembre dernier. Il est vrai qu’avec un vieux représentant de commerce socialiste tel que Le Drian aux Affaires étrangères, il ne pouvait en être autrement. Voilà donc la France jouant, une nouvelle fois, avec l’Angleterre, le rôle de roquet utile des États-Unis. Cet interventionnisme-là (quelques frappes aériennes sur les usines qui fabriqueraient des armes chimiques) relève évidemment de la gesticulation. La France et l’Angleterre apparaissent comme de petites frappes aux côtés du caïd yankee, qui valorise peut-être les red necks américains mais qui déconsidère son pays au point de faire passer certains dictateurs asiatiques pour des modèles de vertu.

    Une « ligne rouge » aurait été franchie, dans la Ghouta, qui justifierait ces attaques aériennes : Assad aurait fait lancer des gaz létaux sur des civils. On imagine mal pourquoi, avec l’appui des Russes, et au moment de remporter la victoire, il aurait eu besoin d’y recourir. Mais les Occidentaux en auraient la « preuve » : quelle est-elle, à part la parole de « rebelles » islamistes vaincus ? Est-il besoin de rappeler que les USA avaient envahi l’Irak sur la foi de telles « preuves », sans qu’on ait jamais trouvé les « armes de destruction massive » prétendument possédées par Saddam.

    Quelques remarques, donc :

    1/ La réaction « occidentale » (toujours le même trio, en vérité) relève de la symbolique humanitariste pour caniches en mal d’éthique : quelle différence entre le fait de mourir sous des obus ou à cause de gaz, diraient certains cyniques ?

    2/ Les gaz, nous n’y échappons pas, nous-mêmes, Occidentaux jouissant de la paix éternelle au sein d’une béatitude démocratique assurée par les droits de l’homme : gaz d’échappement, pics de pollution, aliments toxiques, herbicides cancérigènes que la Commission européenne refuse d’interdire, etc. …

    3/ Ces gaz peuvent aussi prendre une dimension métaphorique : ne sommes-nous pas en train de mourir de la pollution idéologique, post-littéraire, i.e. post-chrétienne ? Les crimes contre l’esprit sont eux aussi létaux. On pourrait donc demander à l’ONU des frappes sur Monsanto comme sur les officines qui fabriquent la fausse monnaie littéraire…

    Au nom de quoi attaque-t-on la Syrie, maintenant que l’État islamique est à peu près vaincu? Ce n’est en vérité ni par souci « humanitaire » ni par celui de vérité, mais bien pour marquer, au moment où Assad va gagner la guerre, que l’Occident a choisi le camp sunnite, c’est-à-dire les régimes islamo-fascistes d’Arabie saoudite, du Qatar, de Turquie. Et cela pour marquer son opposition à l’Iran et à Poutine. Rien de nouveau, donc. Certains régimes seraient donc plus acceptables que d’autres : il n’y a que les gogos, les bobos, les cathos de gauche et les protestants pour le croire, et bien sûr Plenel, qui avait applaudi au massacre de Munich, en 1972, et par qui Macron ose se laisser interviewer... On m’a banni, moi, pour avoir simplement dit la vérité sur la décomposition de l’Europe. Il est vrai que je ne suis pas gauchiste.

    Nous autres, veilleurs de l’aube, qui savons l’homme damné par la chute, nous refusons de croire à sa bonté non plus qu’à sa perfectibilité. Ses vices le gouvernent bien plus que ses vertus. On le voit chaque jour, notamment dans le cas de Tariq Ramadan qui est le Harvey Weinstein de l’islamisme. Non seulement la France et la Grande-Bretagne n’ont rien à gagner en s’aventurant de cette façon au Proche-Orient, mais elles ont tout à y perdre. Mieux eût valu laisser Trump jouer seul des muscles, et aller, Français et Anglais, bombarder Trappes, Molenbeek, Sarcelles, Notre-Dame-des-Landes et tous les wilayats des banlieues anglaises.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 14 avril 2018)

     

     

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