Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Un maître caucasien ?...

    Les éditions Camion noir viennent de publier Georges Gurdjieff - Le maître caucasien, un essai  biographique de Christian Bouchet. On se souviendra que Louis Pauwels avait consacré un livre, intitulé Monsieur Gurdjieff, à ce personnage, dont il avait été l'un des nombreux disciples...

    Docteur en ethnologie et spécialiste des nouveaux mouvements magiques, Christian Bouchet est notamment l'auteur d'une étude consacrée à Aleister Crowley.

     

    Gurdjieff.jpg

    " Au début des années 1920, un étrange personnage apparut en Europe occidentale. En effet, en 1922, avec un groupe d’élèves qu’il avait sauvé du chaos de la révolution russe, Georges Ivanovitch Gurdjieff installa dans un château près de Fontainebleau une école de sagesse nommée Institut pour le développement harmonique de l'homme. Aidé par deux écrivains reconnus qui étaient ses principaux disciples - P.D. Ouspensky et A.R. Orage - il y attira un grand nombre d’intellectuels anglo-saxons qui virent y expérimenter une « quatrième voie » spirituelle, celle de l’homme rusé. Mais qui était Gurdjieff ? Un maître accompli, venu pour révéler la vérité ultime et réveiller l’humanité comme ses admirateurs le croyaient ou un faux prophète et un charlatan vivant au crochet de ceux qu’il abusait ? Et qu’enseignait-il au juste cet homme au physique de Tarass Boulba ? Une théorie particulièrement innovatrice ou une synthèse de systèmes déjà connus ? Que faisait-on dans ses groupes ? Qu’advint-il d’eux après le décès du maître ? Ce livre a pour objet de répondre à toutes ces questions et à bien d’autres. Il veut aussi combler un vide dans les études gurdjieffienne en France. En effet, on ne dispose dans notre langue d’aucune synthèse historico-théorique sur le maître caucasien. Si l’on trouve sur les rayons des libraires des essais biographiques ceux-ci sont partiels et partiaux ; quant aux exposés de sa pensée, ils restent descriptifs et ne mettent pas celle-ci en perspective dans l’histoire bien particulière des nouveaux mouvements magiques et de l’occultisme occidental. Par ailleurs, afin de permettre de juger Gurdjieff à travers les yeux de ses contemporains, un effort tout particulier a été apporté pour réunir un nombre conséquent d’opinions le concernant. Enfin, en dressant une bibliographie la plus précise possible, l’auteur, titulaire d'un doctorat d'ethnologie et connu pour ses études sur les Nouveaux mouvements magiques, a voulu donner au lecteur la possibilité d’utiliser ce travail comme un point de départ pour une exploration plus approfondie de la « quatrième voie ». "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Je ne suis pas Frenchie...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et consacrée à la perte de notre langue comme symptôme de notre perte d'identité...

     

    Richard Millet.jpg

    Je ne suis pas Frenchie.

          Le terme de « Français de souche » récemment employé par le chef de l’Etat pour tenter de renvoyer dos à dos les antisémites musulmans vivant en France et les indigènes français dont on voudrait passionnément qu’ils le fussent (selon une tradition d’antisémitisme « culturel » pourtant disparue avec la Deuxième Guerre mondiale), ce terme a « fait débat », comme le dit le langage publicitaire. Un débat qui s’est d’ailleurs résumé aux jappements de quelques politicards dont on avait oublié l’existence, et qui, c’est la fonction du « débat » dans l’« espace » démocratique, a pour fonction de faire oublier d’emblée ce qui « fait polémique ». Ce qu’il s’agissait d’oublier, en l’occurrence, c’étaient les propos, pourtant pleins de vérité, de Roger Cukierman, chef du Conseil représentatif des institutions juives de France, à propos de l’activisme antisémite d’origine musulmane (un activisme non pas djihadiste mais « ordinaire », comme on le martèle à propos des Français de souche). Depuis, l’ostentatoire réconciliation entre Cukierman et Boubakeur, pâtre pâteux de la mosquée de Paris, a permis à l’ordre spectaculaire de considérer que tout était réglé dans la meilleure des républiques possible.

          Jamais, quand bien même il serait reconnu que la haine la plus rigoureuse s’exerce à notre endroit,  la propagande ne fera crier : « Nous sommes tous des Français de souche ». C’est définitivement prohibé, quasi passible de la loi Gayssot. L’idéologie multiculturelle interdit tout recours à l’origine ethnique sauf, bien sûr, pour les « autres » (les Néo-Français, généralement musulmans, et éternellement flattés par le chic victimaire de leur origine), tout en souhaitant effacer toute idée de verticalité – cette traçabilité uniquement valable pour les animaux de boucherie dont une pieuse rumeur nous assure qu’ils disparaîtront bientôt de nos assiettes – mais non les poissons dont l’agonie est, heureusement, silencieuse et ne saurait donc inspirer de pitié anthropomorphique. Bref, il n’y aurait plus de Français de souche (j’allais dire de bouche, la langue ayant failli me fourcher), semble décréter le pouvoir par la voix, évidemment ironique, d’un président dont le patronyme fleure bon l’Europe tolérante, protestante et capitaliste.

          Si je ne puis plus être un Français de souche, ni même, osons-le, un Français dé-souché, ou un ex-Français de souche, je suis à peine invité à être un Français. Un Européen serait mieux vu ; un étranger davantage ; quant à un migrant, on le voit tous les jours, c’est le nec plus ultra – sauf pour les Roms, dont la condition migratoire est singulièrement passée sous silence, sans doute parce que chrétiens. Dans ces conditions, j’aurais plutôt tendance à me dire déraciné, quoique l’épithète sonne trop barrésienne. En vérité, je ne suis plus rien, me fait-on sentir de tous côtés, particulièrement « à l’international », où ce qui est français n’existe plus que dans un langage relevant non plus du franglais d’Etiemble, qui relevait du snobisme, mais du petit-nègre anglo-saxon : une composante de la nov-langue européenne. Ainsi puis-je espérer devenir ce que la propagande post-culturelle, appelle un  Frenchie  qui ne rêve que de franchir non pas la Manche mais le Channel, en affichant non plus ma caractéristique française mais ma French touch, non pendant la semaine de la mode mais au cours d’une fashion week, etc. Laissons à ce bellâtre de Louis Jourdan, qui vient de mourir à Hollywood, la gloire d’avoir incarné le « French lover ». Nous sommes tout autre chose, nous autres dissidents du sabir anglophone international.

          Car, plus de l’anglomanie, c’est de l’aliénation. Comment, dès lors, ne pas y voir une raison supplémentaire pour que l’immigration extra-européenne refuse de  s’intégrer ? Pourquoi s’assimiler à des indigènes qui n’ont d’autre souci que de mépriser une langue maternelle qu’on leur enseigne à peine et qui rêvent de s’exprimer en « américain », comme le font les pornographiques magazines féminins, les uns et les autres finissant par rejoindre les cohortes d’abrutis devenus des sous-Américains tout en demeurant in situ ? Le drame français (et sans doute européen) se joue dans cette constante déperdition entre le Néo-Français et le Sous-Américain, souvent réunis au cœur d’un même individu : ce vivre-ensemble-là est une aliénation sur laquelle l’islam a tôt fait d’apposer sa main disciplinante. L’islamisme communique d’ailleurs dans ce globish où il rejoint les slogans du capitalisme mondialisé : une langue non plus littéraire, depuis longtemps, ni même traditionnellement politique, mais leur simulacre, le puritanisme salafiste new look rejoignant le consumérisme des fashionistas et les « addictions » diverses, Elle et les Inrockuptibles fonctionnant ensemble dans une alliance objective avec Mediapart et les communiqués de l’Etat islamique, Tariq Ramadan et Madonna main dans la main pour dénoncer, rien moins, une Europe, particulièrement la France, qui rappellerait l’Allemagne nazie.

          Nous n’aurons bientôt plus que cet anglais-là pour dire ce que nous sommes devenus : pas même des Français émigrés hors de leur souche, mais restant coupables de n’être pas des sangs mêlés ni de religion exotique. De simples Français interdits de ce séjour minimal qu’est leur nom, le propre comme le générique, et dès lors appelés des loosers, oui, les grands perdants du grand remaniement ethnique et d’une dévastation culturelle dont les conséquences sont évidemment l’absence du propre et la perte de l’homme même*.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 1er mars 2015)

     

    *Manière de renvoyer au beau livre posthume de Jean-François Mattéi : L’homme dévasté, qui vient de paraître chez Grasset.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!